Le symbolisme du Feu. 2. Culte du feu, culte solaire, manifestation divine…

D'après le symbolisme du feu, mythes, traditions, Histoire du Sacré. (Marsailly/Blogostelle)

Du feu rituel au feu spirituel

Garde du feu sacré, culte solaire et solstices, régénération, feu céleste, manifestation divine, révélation, feu infernal, feu terrestre…, le symbolisme du feu englobe une riche palette de significations. Sur le plan spirituel, le feu symbolise l’esprit divin, la puissance créatrice, l’efficience des rituels, la foi, la lumière céleste…

MINI-SOMMAIRE. Le symbolisme du Feu : 1.  Les déités précolombiennes du feu et du soleil. 2. Culte du feu, culte solaire, manifestation divine… 3. Feu cosmique, rituel et spirituel, salamandre et phénix… 

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Décembre 2022 –

D’après Les Rois Mages adorant le feu divin, Marco Polo, Le Devisement du monde ou Livre des Merveilles, 1299, manuscrit enluminé, Maître de la Mazarine et collaborateurs, 1410-1412, Paris. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Les Rois Mages adorant le feu divin, Marco Polo, Le Devisement du monde ou Livre des Merveilles, 1299, manuscrit enluminé, Maître de la Mazarine et collaborateurs, 1410-1412, Paris. (Marsailly/Blogostelle)

FEU PURIFICATEUR ET RÉGÉNÉRATEUR

L’usage rituel du feu apparaît dans nombre de traditions dans le monde. Le feu renouvelle le cosmos, régénère les terres ou l’être humain. C’est par le feu que l’on transmet des offrandes ou des prières aux dieux, aux défunts, aux ancêtres. Le feu sacré, entretenu en permanence, brûle dans les temples…

D'après le temple-autel Ateshgah (“maison du feu”), culte hindou et zoroastrien du feu, édifié au XVIIe - XVIIIe siècle sur un sanctuaire plus ancien, région de Bakou, Azerbaïdjan. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le temple-autel Ateshgah (“maison du feu”), culte hindou et zoroastrien du feu, édifié au XVIIe – XVIIIe siècle sur un sanctuaire plus ancien, région de Bakou, Azerbaïdjan. (Marsailly/Blogostelle)

La garde du feu sacré

Chez les Étrusques, les Grecs et les Romains, le feu est l’agent prépondérant des rituels funéraires : du feu destructeur de la crémation aux représentations et aux torches ou lampes placées dans les tombeaux. Le feu symbolise alors la renaissance, la lumière, l’héroïsme… 

Feu sacré dans temples grecs

La garde du feu sacré se pratique de l’ancienne Rome à Angkor… Les Grecs antiques allumaient des feux de joie et des torches aux fêtes de Prométhée, de Dionysos, de Déméter. Le feu sacré brûle dans les temples d’Apollon, à Athènes et à Delphes, dans les sanctuaires de Déméter, d’Athéna et même de Zeus. 

D’après Zeus armé de son foudre, amphore, Grèce antique. (Marsailly/Blogostelle)

Le foudre de Zeus-Jupiter

Par ailleurs, le dieu gréco-romain Zeus tient en main son foudre, une arme héritée des anciens dieux de l’orage, du tonnerre, du feu de la foudre et de la pluie. L’aigle, symbole royal, est également l’un des attributs du dieu souverain du panthéon grec. Le foudre se compose d’un faisceau de dards, parfois en zigzag ou spiralé, pour évoquer la foudre et les éclairs…

D’après Zeus-Jupiter et son foudre, bronze, Benvenuto Cellini, 1545, Florence, XVIe siècle, Renaissance italienne ; Jupiter tonnant, dit Jupiter de Smyrne, marbre, IIe siècle apjc, restauration en 1686 de Pierre Granier, France, statue antique ; et Jupiter et son foudre, bronze, modèle de Benvenuto Cellini moulé par Pietro da Barga, fin XVIe siècle, Florence, Renaissance italienne. (Marsailly/Blogostelle)

Un feu perpétuel 

Dans toutes les villes grecques, des édifices publics abritent le foyer où brûle le feu perpétuel (les prytanées) : des lampes restent allumées et entretenues en permanence. Comme les Grecs, les Romains adoptent ce culte du feu sacré dans les temples de Vesta…

D'après Les Vestales, la garde du feu sacré, huile sur toile, attribuée à Jean-Baptiste Siméon Chardin, 1760-1770, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Les Vestales, la garde du feu sacré, huile sur toile, attribuée à Jean-Baptiste Siméon Chardin, 1760-1770, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Les vestales de Rome

Dans la Rome antique, les vestales sont les prêtresses, vierges et chastes, chargées de veiller au feu sacré de la déesse du foyer dans les temples de Vesta.

Une fois par an, au mois de mars, les vestales rallument le feu et veillent à ce qu’il brûle pour le reste de l’année. Ce feu sacré et protecteur ne doit pas s’éteindre, au risque de provoquer un malheur sur la cité de Rome…

Le culte de Zarathoustra

Dans l’Iran antique, au sommet du panthéon perse trône Ahura- Mazda, le “Seigneur sage”. Le feu est un symbole essentiel du mazdéisme, doctrine religieuse révélée par Zoroastre vers 660 avjc. 

D'après des autels du feu, culte d'Ahura Mazda, vestiges du Kuh-e Hussein, Nach-i-Roustem, province du Fars, empire Perse, Iran antique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après des autels du feu, culte d’Ahura Mazda, vestiges du Kuh-e Hussein, Nach-i-Roustem, province du Fars, empire Perse, Iran antique. (Marsailly/Blogostelle)

Le réforme zoroastrienne présente Ahura- Mazda comme le souverain unique de la création. Le mazdéisme se fonde sur la lutte entre deux principes opposés : la lumière et les ténèbres. La liturgie zoroastrienne repose sur le culte du Feu. Le feu est le fils d’Ahura-Mazda.

De nos jours encore, les communautés zoroastriennes, en Iran, et Parsi, en Inde, pratiquent encore ce culte du feu. Dans le culte de Zarathoustra (nommé mazdéisme ou zoroastrisme), les feux sacrés ne sont jamais éteints…

Le culte du feu donne lieu à des pratiques rituelles et religieuses chez les anciens peuples indo-européens, iraniens et précolombiens... (Marsailly/Blogostelle)
Le culte du feu donne lieu à des pratiques rituelles et religieuses chez les anciens peuples indo-européens, iraniens et précolombiens… (Marsailly/Blogostelle)

Le feu purificateur et régénérateur

Renouvellement du cycle annuel

Du monde occidental au monde oriental, extrême-oriental et sud-américain, on retrouve le symbolisme du feu purificateur et régénérateur dans des rites célébrant le renouvellement d’un cycle annuel ou temporel.

Dans les rituels précolombiens, les cultes du feu et du Soleil s’accompagnent de sacrifices humains pour “nourrir” le soleil et les dieux, et ainsi régénérer et préserver le monde. En Chine ancienne, le rituel d’intronisation royal s’accompagne de bains et de fumigations sous le signe de feux purificateurs.

D’après le dieu du feu, Xiuhtecuhtli, scène d'offrande, codex Borgia, manuscrit pictographique mixtèque, civilisation aztèque. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le dieu du feu, Xiuhtecuhtli, scène d’offrande, codex Borgia, manuscrit pictographique mixtèque, civilisation aztèque. (Marsailly/Blogostelle)

Voir aussi l’article Le symbolisme du Feu (1). Les déités précolombiennes du feu et du soleil

Le feu nouveau dans la tradition Shintô

Au Japon, la tradition Shintô (“voie des dieux” ou “ voie du divin”) célèbre le nouvel an avec des feux purificateurs et des braises propitiatoires afin d’écarter les mauvaises influences de l’année passée. Le feu purificateur des rituels shinto (“kiri-b”i) est allumé traditionnellement en frottant deux morceaux de bois de hinoki (un type de cyprès).

Dans nombre de cultures ancestrales, le feu rituel est purificateur et régénérateur. (Marsailly/Blogostelle)
Dans nombre de cultures ancestrales, le feu rituel est purificateur et régénérateur. (Marsailly/Blogostelle)

Les feux celtiques de Beltaines

Dans la culture irlandaise celtique, le feu se rattache au symbolisme solaire. Les druides allument de grands feux le 1er mai à l’occasion des fêtes de Beltaines (“Feu de Bel”). Ce rituel annuel célèbre la fin de la saison sombre (automne-hiver) et l’avènement de la saison lumineuse (printemps-été), le renouveau de la végétation et de la vie. 

Les feux de Beltaines protègent le cycle de l’année à venir et les troupeaux, en particulier des épidémies. On fait alors circuler le bétail entre les feux sacrés purificateurs…

D’après Cautopatès, porteur de torche, Soleil Couchant, culte de Mithra, mithraeum de Sidon, marbre, IVe siècle, Phénicie, Liban, époque Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Cautopatès, porteur de torche, Soleil Couchant, culte de Mithra, mithraeum de Sidon, marbre, IVe siècle, Phénicie, Liban, époque Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Feu, culte solaire et solstices

Dans le culte antique de Mithra, le porteur de torche Cautopatès, flambeau vers le bas, évoque le Soleil Couchant. Cautès, torche vers le haut, symbolise le Soleil Levant.

Le culte de Mithra se rattache au cycle solaire et aux solstices d’hiver et d’été. Le sacrifice de Mithra, immolant le taureau, engendre la régénération de la Nature, des animaux et de la végétation…

Voir les articles :  Le Sacré, les Mystères de Mithra dieu Salvateur (1) et Le Sacré, les Mystères de Mithra dieu Salvateur (2)

D’après Cautès, porteur de torche, Soleil Levant, culte de Mithra, mithraeum de Sidon, marbre, IVe siècle, Phénicie, Liban, époque Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Cautès, porteur de torche, Soleil Levant, culte de Mithra, mithraeum de Sidon, marbre, IVe siècle, Phénicie, Liban, époque Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Par ailleurs, les feux de joie de la Saint-Jean, christianisés, trouvent leur origine dans les célébrations antiques et païennes des solstices (lumière montante et descendante), originellement en lien avec le culte du soleil et les feux rituels du renouveau.

FEU ET MANIFESTATION DIVINE

Sur le plan spirituel, le feu symbolise la puissance des rituels, la foi, la lumière et la connaissance. Le feu, comme le soleil, symbolise la clarté, la purification, la fécondité de l’esprit et l’illumination. Dans la Bible, le feu symbolise le jugement et la purification, mais il évoque aussi la présence de Dieu.

D’après le Buisson ardent, épisode biblique de Moïse, Sébastien Bourdon, 1643, huile sur toile, France, XVIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le Buisson ardent, épisode biblique de Moïse, Sébastien Bourdon, 1643, huile sur toile, France, XVIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Lumières célestes

Dans le rituel chrétien, la célébration du “feu nouveau” a lieu pendant la nuit de Pâques. Le “feu nouveau” symbolise le Christ ressuscité, la lumière qui jaillit de la nuit. Dans la religion catholique, le feu de de la Pentecôte apparaît aux apôtres sous la forme de langues de feu.

Les Langues de Feu de la Pentecôte se rapportent au renouveau grâce à la Bonne Nouvelle qui doit se répandre dans le monde. Ces langues de feu évoquent également une inspiration céleste et fulgurante…

D'après La Pentecôte, Jean Restout, 1732, huile sur toile, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Pentecôte, Jean Restout, 1732, huile sur toile, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Le chariot de Feu de l’apothéose d’Élie renvoie au feu céleste et à la bénédiction divine. Selon Saint Martin, l’être humain est feu et il doit dissoudre son enveloppe pour s’unir à la source divine dont il est séparé. 

Le feu de la foi et de l’épreuve

Le Christ et les saints de la religion chrétienne sont représentés avec une auréole ou un nimbe, symbole divin de rayonnement, de gloire et de lumière. Le feu de la foi consume, purifie… mais ne brûle pas.

D’après L’épreuve du feu, saint François d’Assise devant le sultan, Domenico Ghirlandaio, 1483-1485, fresque, chapelle Sassetti, basilique Santa Trinita, Florence, XVe siècle, Renaissance italienne. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après L’épreuve du feu, saint François d’Assise devant le sultan, Domenico Ghirlandaio, 1483-1485, fresque, chapelle Sassetti, basilique Santa Trinita, Florence, XVe siècle, Renaissance italienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Le feu symbolise le feu de la foi et le feu de l’épreuve… Selon saint Bonaventure (XIIIe siècle), François d’Assise propose “l’Épreuve du feu” au sultan d’Égypte et aux religieux sarrasins, qui eux fuient les flammes.

Comme l’illustre une scène peinte par Giotto di Bondone et par Domenico Ghirlandaio. L’épreuve du feu devient le symbole de la mission, de la foi et de la bravoure de saint François d’Assise en Égypte. 

D'après L'épreuve du feu, saint François d’Assise et le sultan, Giotto di Bondone, fresque, 1325, chapelle Bardi, basilique Santa Croce, Florence, XIVe siècle, Renaissance italienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après L’épreuve du feu, saint François d’Assise et le sultan, Giotto di Bondone, fresque, 1325, chapelle Bardi, basilique Santa Croce, Florence, XIVe siècle, Renaissance italienne. (Marsailly/Blogostelle)

Par ailleurs au Moyen Âge, les ordalies font appel au jugement divin sous la forme d’épreuves par l’eau ou par le feu pour déterminer l’innocence ou la culpabilité des accusés au tribunal de justice…

Feu et Apocalypse

Le feu chrétien, c’est encore le feu dans L’Apocalypse. Dernier des livres du Nouveau Testament, L’Apocalypse de Jean (96-97 apjc) vise à soutenir la foi et l’espérance des chrétiens. Apocalypse vient du mot grec apocalypsis qui signifie « révélation”.

D'après le feu de la Bête à sept têtes, miniature, L'Apocalypse de Namur, 1320-1330, manuscrit enluminé, XIVe siècle, Belgique, art médiéval. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le feu de la Bête à sept têtes, miniature, L’Apocalypse de Namur, 1320-1330, manuscrit enluminé, XIVe siècle, Belgique, art médiéval. (Marsailly/Blogostelle)

Ce récit visionnaire, poétique et énigmatique évoque des fléaux, une fin du monde, la lutte du Bien contre le Mal… Finalement, Dieu sauve l’humanité et Jésus revient : “Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus”.  

 Une conclusion faisant échos à Ésaïe (65:17) : “Car je vais créer de nouveaux cieux ; Et une nouvelle terre ; On ne se rappellera plus les choses passées ; Elles ne reviendront plus à l’esprit…”

D’après la grande montagne embrasée par le feu, La Seconde trompette, miniature, L'Apocalypse de Namur, 1320-1330, manuscrit enluminé, XIVe siècle, Belgique, art médiéval. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la grande montagne embrasée par le feu, La Seconde trompette, miniature, L’Apocalypse de Namur, 1320-1330, manuscrit enluminé, XIVe siècle, Belgique, art médiéval. (Marsailly/Blogostelle)

… Et à Pierre (2 Pierre 3:13) : “Nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera”.  Les théologiens interprètent davantage ces visions et écrits mystérieux comme un combat intérieur plutôt qu’un réel cataclysme annoncé… 

Le feu chtonien, enfer et monde souterrain

Le feu infernal

Le feu possède des aspects dangereux quand il détruit, ravage tout sur son passage ou encore asphyxie par ses fumées. On rencontre dans diverses traditions le feu dévastateur de la guerre ou le feu dévorant des passions. 

D’après les flammes de l’Enfer, Divine Comédie, William Blake, 1824-1827, encre et aquarelle, début XIXe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après les flammes de l’Enfer, Divine Comédie, William Blake, 1824-1827, encre et aquarelle, début XIXe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Le feu est aussi le feu du châtiment et de l’enfer… Ce feu destructeur s’oppose au feu spirituel, qui peut consumer pour purifier, renouveler, régénérer et illuminer Mais l’enfer brûle ses hôtes sans les consumer mais exclut toute régénération.

Des légendes chrétiennes racontent par ailleurs comment le Christ et les saints redonnent vie aux corps humains par le feu de la forge… Dans la Divine Comédie, le voyage de Dante le mène des glaciers et des flammes de l’enfer au Purgatoire et au Paradis…

Voir aussi l’article Divine Comédie (3 ) : Dante nous mène des tréfonds de l’Enfer aux plus hautes sphères célestes

D’après les flammes de l’Enfer, le mont du Purgatoire et le Paradis au sommet, Divine Comédie de Dante Alighieri, manuscrit de Frédéric de Montefeltro, 1478-1482, miniature ; et le chaudron de l’Enfer, Le Jugement dernier, Fra Angelico, fresque, 1431-1435, couvent San Marco, Florence ; XVe siècle, Renaissance italienne.  (Marsailly/Blogostelle)

En outre, le feu terrestre renvoie aux entrailles du monde souterrain (chthonien), à la fois dangereux et porteur de fertilité. Ainsi, la maîtrise du feu s’associe parfois à une activité risquée, voire maléfique ou diabolique. 

D'après Lucifer et L'Enfer, Giovanni da Modena (Giovanni di Pietro Falloppi), 1410, Saint Petronius, Bologne, XVe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Lucifer et L’Enfer, Giovanni da Modena (Giovanni di Pietro Falloppi), 1410, Saint Petronius, Bologne, XVe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Forge et maîtres du feu

Le feu de la forge, à la fois céleste et souterrain, est considéré aussi comme l’instrument du démiurge et des démons. On connaît l’image de Lucifer, le “porteur de lumière”, dont la chute s’achève dans les tréfonds de l’enfer.

Dans certaines cultures traditionnelles, par exemple en Afrique, les forgerons peuvent être craints et installés à l’écart des villages. Ces maîtres du feu sont à la fois respectés et redoutés…

D’après La forge de Vulcain, Giorgio Vasari, 1555-1557, fresque, Palazzo Vecchio, XVIe siècle, Florence, Renaissance italienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La forge de Vulcain, Giorgio Vasari, 1555-1557, fresque, Palazzo Vecchio, XVIe siècle, Florence, Renaissance italienne. (Marsailly/Blogostelle)

Héphaïstos et Zeus

Dans la mythologie gréco-romaine, Héphaïstos-Vulcain, le maître du feu et de la forge, peut aider ou piéger les autres dieux de l’Olympe grâce à l’excellence de son savoir-faire. Par ailleurs, Zeus-Jupiter, souverain du panthéon gréco-romain, a pour attribut un Foudre, une arme qui se rapporte au feu et à l’orage…

Voir aussi l’article : Le Sacré. Forge et métallurgie, un labeur mythique

D’après Prométhée apportant le feu aux hommes, Pierre Paul Rubens, 1636, huile sur bois, XVIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Prométhée apportant le feu aux hommes, Pierre Paul Rubens, 1636, huile sur bois, XVIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

 Prométhée dérobe le feu sacré…

Dans la mythologie gréco-romaine, Prométhée, créateur de l’humanité, dérobe le feu sacré de l’Olympe pour en faire don aux être humains. Furieux, Zeus punit Prométhée… 

Le souverain de l’Olympe condamne le titan à être attaché à un rocher sur le mont Caucase. Chaque jour, un aigle dévore son foie, qui repousse durant la nuit. Prométhée est également celui qui enseigne la métallurgie et autres arts et techniques aux humains…

D’après Prométhée apportant le feu aux hommes, Jan Cossiers, 1636-1638, huile sur toile, XVIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Prométhée apportant le feu aux hommes, Jan Cossiers, 1636-1638, huile sur toile, XVIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Divinités du Feu et de l’Orage dans l’Orient ancien

Le dieu-Soleil Shamash et Gibil le Feu

En Mésopotamie, à la fin du IIIe millénaire avjc, les graveurs d’Agadé mettent en scène diverses divinités.  La grande Déesse aux Épis, le dieu des Eaux Douces Ea et le puissant Dieu-Soleil Shamash et ses flammes dominent le panthéon mésopotamien. 

Toutes ces divinités manifestent leur pouvoir sur la végétation… Le feu se manifeste encore sous la forme de Nergal, Soleil brûlant de l’été, et de Gibil, personnification du Feu.

D'après la Victoire de Nergal, Soleil brûlant de l’été, et de Gibil, le Feu, 2350 - 2200 avjc, période d'Agadé, IIIe millénaire avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la Victoire de Nergal, Soleil brûlant de l’été, et de Gibil, le Feu, 2350 – 2200 avjc, période d’Agadé, IIIe millénaire avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Voir aussi les articles Le Sacré en Mésopotamie : la grande déesse aux Épis et le puissant dieu-Soleil et Des divinités coiffées de tiares à cornes…   

Déités du Feu, de la Lumière et de l’Orage…

À Babylone, sur la stèle du roi Meli-Shipak, le dieu du Feu et de la Lumière, Nushku, apparaît sous la forme d’un bélier et d’une lampe. Le fils de Nushku est Gibil, le feu.

Le dieu de l’Orage, de la pluie et de la fertilité, Adad, manifeste sa présence par le foudre et le taureau. Le foudre, symbolisant la puissance du dieu et de la foudre qui s’abat selon sa volonté, est l’attribut universel des dieux de l’orage, maîtres à la fois du feu et de l’eau…

D'après des dieux-foudres, déités de l’Orage, dragon et homme-oiseau, 2300 avjc, période d’Agadé, IIIe millénaire avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après des dieux-foudres, déités de l’Orage, dragon et homme-oiseau, 2300 avjc, période d’Agadé, IIIe millénaire avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Le dieu japonais Kagutsuchi, kami du feu

Par ailleurs au Japon, à une époque où les maisons sont en bois et en papier, des rites visent à apaiser Kagutsuchi, dieu du feu dans le shintoïsme, pour se prémunir d’incendies ravageurs…

Si le pouvoir de destruction de Kagutsuchi (“kami” du feu) est redouté, le feu est  vénéré comme agent purificateur. Ainsi, au début de la nouvelle année, les fidèles ramènent dans leur foyer des torches du nouveau feu allumé par le prêtre du temple lors des « fêtes du feu » (Hi-matsuri)…

D'après Izanami et Izanagi, parents du dieu du Feu Kagutsuchi, créant les archipels du Japon, par Kobayashi Eitaku, vers  1885, ère Meiji, peinture et encre sur soie, XIXe siècle, Japon ancien. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Izanami et Izanagi, parents du dieu du Feu Kagutsuchi, créant les archipels du Japon, par Kobayashi Eitaku, vers  1885, ère Meiji, peinture et encre sur soie, XIXe siècle, Japon ancien. (Marsailly/Blogostelle)

Izanami met au monde Kagutsuchi

Au Japon, deux livres sacrés, le Kojiki (rédigé vers 712) et le Nihongi (vers 720), relatent  la cosmogonie shinto. Ainsi, le shintoïsme explique la création de l’Univers grâce à l’intervention de puissances supérieures pour ordonner peu à peu un immatériel chaos…

Selon le Kojiki (“Recueil des choses anciennes”), ouvrage sacré et mythique, Kagutsuchi est le fils d’Izanagi et d’Izanami, le couple primordial à l’origine de la création du monde et du Japon. Quand sa mère, Izanami, met au monde Kagutsuchi, elle meurt brûlée, envoyée au Yomi, le royaume des morts… 

D'après Hara, le mont Fuji au matin, de Andō Hiroshige, série Cinquante-trois étapes du Tokaido, 1833-1834, gravure sur bois, XIXe siècle, Japon ancien. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Hara, le mont Fuji au matin, de Andō Hiroshige, série Cinquante-trois étapes du Tokaido, 1833-1834, gravure sur bois, XIXe siècle, Japon ancien. (Marsailly/Blogostelle)

Kagutsuchi et la création des volcans

Dévasté par son chagrin, le père de Kagutsuchi, Izanagi, tue son fils et le découpe en huit morceaux qui deviennent huit volcans. Certaines légendes racontent aussi que du sang de Kagutsuchi naissent plusieurs kami, déités ou esprits supérieurs surnaturels. Dans le shintoïsme, les kami “peuplent tous les lieux et habitent toutes choses”… 

La déesse japonaise du Soleil

La déesse du Soleil Amaterasu (“celle qui illumine le ciel ”), souveraine de l’univers, est la  reine des kami. Dans la tradition japonaise, Amaterasu est considérée comme l’ancêtre des empereurs du japon.  Amaterasu s’identifie au soleil levant et au pays. La déesse du Soleil  apparaît sur le drapeau japonais sous la forme du  disque solaire.

D'après Amaterasu, déesse du Soleil, sortant de la grotte, de Shunsai Toshimasa, gravure sur bois (nishiki-e), encre et couleur sur papier, XIXe siècle, Japon ancien. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Amaterasu, déesse du Soleil, sortant de la grotte, de Shunsai Toshimasa, gravure sur bois (nishiki-e), encre et couleur sur papier, XIXe siècle, Japon ancien. (Marsailly/Blogostelle)

Ailleurs dans le monde, la tradition hindoue met en lumière le feu rituel, le feu cosmique et le feu de l’ascèse. Sur le plan spirituel, le symbolisme du feu se rapporte encore au cœur et à l’esprit, ainsi qu’à la subtilité du feu intérieur, un thème universel. La salamandre et le phénix symbolisent « le feu qui ne brûle pas »

Article suivant : Le symbolisme du Feu (3). Feu cosmique et rituel, feu spirituel, salamandre et phénix…

Publié par Maryse Marsailly

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