Fanum gaulois et temple romain…
En Gaule Romaine, divinités gauloises et dieux romains cohabitent dans les fana et les temples… De nombreuses déités sont honorées dans les sanctuaires collectifs. Les dédicaces votives ou funéraires nous renseignent parfois sur leur profil et leurs attributs. Les dieux apparaissent sur les mosaïques, les peintures murales et les objets d’art. On façonne des effigies en bois, en terre cuite, en pierre, en argent ou en bronze…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour mai 2017 –

Bloc-notes+ Un livre? La guerre des Gaule, les commentaires de Jules César, rédigés au Ier siècle avjc (entre 58 et 51 avjc). Une BD? Astérix le Gaulois (René Goscinny – Albert Uderzo). Une BD historique? Arelate, de Laurent Sieurac, avec Alain Genot, archéologue, Arles à l’époque de la Gaule romaine…
PLUS DE 400 LIEUX DE CULTES PÉRENNISENT LA VIE SPIRITUELLE GAULOISE
Les Gaulois nous ont laissé le nom de quelque unes de leurs divinités. Des noms qui évoquent une source, une montagne, une colline, un lieu naturel particulier, une tribu… Il existe en Gaule de nombreux lieux de culte spécifiques à la tradition gauloise, même si les Gaulois adoptent des dieux romains, comme le très populaire Mercure…
Mercure, le coq, le bouc et la tortue…
Provenant d’un sanctuaire, le dépôt-trésor de Berthouville est consacré à Mercure, dieu gréco-romain adopté par les Gaulois… À côté d’une statuette du dieu arborant un grand caducée, on peut le voir sur une belle coupe en argent.

Mercure tient sa bourse et son caducée, il est accompagné de ses attributs symboles : le coq, le bouc et la tortue. Ce Messager des dieux sur l’Olympe, maître de l’écriture et de l’art oratoire, déité du passage et des carrefours, protège voyageurs et pèlerins, commerçants et voleurs, et préside aussi à la médecine…
REPÈRES CHRONOLOGIQUES
– Époque gallo-romaine, 52 avjc – début du IVe siècle apjc – Conquête de César en 52 avjc (défaite d’Alésia) – La Pax Romana IIe -IIIe siècle apjc – Édit de Milan de l’empereur Constantin en 313 apjc (liberté religieuse et développement du Christianisme) – Fin de l’Antiquité et invasions barbares : fin du IVe siècle apjc et Ve siècle apjc – VIe siècle apjc : les débuts du Haut Moyen Âge…
D’après le Bouc et le coq, symboles gaulois du dieu Mercure, figurines en métal, vers le IIIe siècle apjc, Gaule Romaine, France, et un coq girouette. (Marsailly/Blogostelle)
Le coq gaulois va devenir un emblème… on le retrouve fiché tout en haut des églises sur beaucoup de girouettes des villages de France…
Mercure invente la Lyre
Mercure, Hermès chez les Grecs, est réputé pour son habileté, son inventivité et son savoir… La tortue renvoie à la mythologie gréco-romaine et à l’invention de la lyre façonnée dans une carapace de tortue, puis offerte par Mercure à Apollon. Le bouc et le coq se rattacheraient plutôt à la tradition gauloise et aux anciennes divinités celtiques souvent cornues…
Protection, fertilité, don de guérir…
La personnalité et la fonction sacrée de beaucoup de dieux gaulois restent énigmatiques, faute de documents : les druides pratiquaient une transmission exclusivement orale de la tradition et de leur doctrine…
Mais il semble qu’une majorité des divinités traditionnelles gauloises se rapportent à la Fertilité de la Terre, à la Fécondité, à la Protection d’un clan ou d’une tribu pour les dieux tutélaires ou encore au pouvoir divin de guérison… En Gaule, Mercure comme Apollon sont invoqués pour recouvrer la santé…

De nombreux cultes gaulois locaux
Même dans les régions du Sud de la Gaule ou la culture romaine s’est imposée très tôt, les Gaulois conservent leurs traditions spirituelles… En Gaule Narbonnaise, on recense pas moins de 110 noms de divinités dont certaines n’apparaissent que très rarement.
Il semble qu’il existe un nombre très important de cultes locaux spécifiquement gaulois, surtout dans les campagnes qui abritent des petits sanctuaires isolés, comme celui de Vaugrenier dans le Var.
Dans les campagnes toujours, les rites, les cultes et les fêtes ancestrales gauloises perdurent… C’est le cas de la Fête des Morts et du culte rendu à Taranis que l’on voit représentés sur la mosaïque de Saint-Romain-en-Gal, qui provient de Vienne en région Rhône-Alpes.
D’après le thème de La Fête des Morts, mosaïque Saint-Romain-en-Gal, IIIe siècle apjc, et le Sacrifice au dieu gaulois Taranis, Vienne, Rhône-Alpes, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Des sanctuaires gaulois dans les cités…
Il existe aussi en Gaule Narbonnaise des sanctuaires consacrés à des cultes de tradition gauloise en pleine ville. La Fontaine à Nîmes, Glanum-Saint-Remy-de-Provence ou Gaujac dans le Gard possèdent des lieux sacrés pour honorer les dieux gaulois hérités du monde celtique… à côté des temples consacrés au culte impérial romain.
Des lieux sacrés : sources, bois, collines…
Ainsi, on connaît plus de 400 lieux de cultes en Gaule Romaine, qui souvent perpétuent des lieux sacrés plus anciens, remontant à l’époque de La Tène, à l’âge du Fer… Comme à Ribemont dans la Somme ou à Mirebeau en Bourgogne.
Dès l’époque néolithique, on implante des monuments sacrés sur des hauteurs, comme on peut le voir avec un certain nombre de mégalithes… Parfois, on choisit d’ériger un temple sur en un lieu atypique… Les sanctuaires de la Gaule sont fréquemment installés aux abords d’une source, d’un bois, d’une grotte, d’une falaise ou d’une colline…
On privilégie aussi les endroits de passages… Plus tard, certains de ces lieux sacrés vont se retrouver christianisés. Les croyances évoluent… mais les lieux sacrés semblent conserver leur puissance spirituelle et symbolique au fil du temps…

Selon César, Minerve préside aux œuvres de l’esprit… La déesse romaine de la sagesse, de l’intelligence et de la Guerre (Athéna pour les Grecs) est toujours représentée en guerrière… Minerve inspire en Gaule un vaste répertoire iconographique : sculptures, peintures, mosaïques, objets d’art, vaisselle…
Des influences romaines et gauloises réciproques
Les Gaulois adoptent les divinités romaines et s’approprient certaines d’entre-elles en les affublant de surnoms gaulois, qui personnalisent des dieux romains comme Jupiter, Apollon ou Mercure… Les surnoms sont nombreux et les artistes réinterprètent parfois des divinités romaines dans un style gaulois…
Les épithètes mettent en lumière des qualités ou des caractères particuliers proprement gaulois… Mars, Vénus, Minerve ou encore Hercule, grand héros divinisé dans la mythologie grecque (Héraclès) et romaine sont honorés en Gaule. Croyances gauloises et cultes romains composent un terreau d’influences réciproques, qui semblent s’harmoniser. Et les Gaulois continuent de pratiquer un culte à leurs dieux sous la forme qu’ils veulent…
LA SYMBOLIQUE DU CHIFFRE 3
Parmi les représentations sacrées en Gaule Romaine, on rencontre très fréquemment le chiffre 3 sous la forme de trios ou triades. Ce chiffre possède sans doute une signification mythique et sacré, comme sur les fréquentes figurations des Mères, les Matres ou avec Cernunnos tricéphale…

Le symbole de la triscèle…
On peut rattacher la symbolique du chiffre 3 au motif de la triscèle ou triskèle… Ces glyphes que l’on rencontre dans l’iconographie celtique possèdent 3 jambes. Ils sont parfois interprétés comme des évocations de la Fille, de la Mère et de l’Aïeule, ce qui renvoie à l’idée de génération et de cycle de la vie…, au cycle Naissance, Vie, Finitude…
La trilogie ancestrale des Mères
On rencontre la symbolique du chiffre 3 sur les images sculptées de la Triade divine des Mères, appelées aussi les Matres. Cette trilogie ancestrale relève de la tradition gauloise et celtique, et figure parmi les déités incontournables sur l’autel de la maisonnée, à côté d’Épona et de Vénus…

Les Parques, les Moires et les Nornes…
On retrouve cette thématique avec les 3 Parques romaines qui président à la destinée de chacun, comme les Moires dans la mythologie grecque… ou encore avec les 3 Nornes associées à l’arbre mythique Yggdrasil dans la tradition nordique. Dans le monde du Sacré, le principe cyclique renvoie aussi à l’idée cosmogonique du perpétuel recommencement, au principe de génération sur le plan cosmique…
Le trio Cernunnos, Apollon et Mercure
Sur une stèle gallo-romaine du IIe siècle apjc, on peut voir Cernunnos entouré de deux comparses pour former un trio : Apollon et Mercure. L’iconographie renvoie là encore au chiffre 3… Apollon et Mercure sont très appréciées des Gaulois. Ces deux divinités gréco-romaines apparaissent en Gaule comme des déités protectrices très populaires…

D’après la stèle de Cernunnos, dieu gaulois, qui forme ici un trio avec Apollon et Mercure, relief en pierre, IIe siècle apjc, Reims, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Voir aussi les articles
Un panthéon gaulois et romain en Gaule (1)
et Un panthéon gaulois et romain en Gaule (2)
Un dieu cornu aux Trois Visages
Selon la tradition gauloise, Cernunnos possède trois visages… La multiplication symbolise la puissance et l’omniscience du dieu cornu. On retrouve ce thème symbolique avec Mercure tricéphale (à trois têtes)…
La position en tailleur et l’image du dieu à plusieurs faces relèvent de la tradition celtique, la présence du cerf également, symbole de fertilité sans doute, comme le taureau et le bélier, qui sont des animaux puissamment reproducteurs…
D’après un Mercure Tricéphale : on retrouve le thème du dieu à trois visages comme pour Cernunnos… ; et un détail du Pilier des Nautes, Trio de dieux gaulois, Ier siècle apjc, Paris, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
La position en tailleur : de l’Inde au monde celtique
Il est intéressant de noter que l’on rencontre aussi dans l’Inde ancienne la position en tailleur et les cornes, dès le néolithique dans la vallée de L’Indus. On pense aussi à l’image de la divinité suprême, Brâhma ou Çiva, qui affiche trois faces visibles… Par ailleurs, on connaît la triade Brâhma, Vishnu et Çiva, la Trimurti, une image des facettes multiples du principe divin. Sur le chaudron de Gundestrup, le dieu celtique à ramure de cerf trône également en tailleur…
D’après Cernunnos à coiffe de cerf, entre Apollon et Mercure, relief, Ier-IIIe siècle apjc, Gaule Romaine ; le dieu celte cornu, chaudron de Gundestrup, âge du Fer, Ier siècle avjc, Danemark ; et le sceau au Yogi assis en tailleur, Mohenjo-Daro, civilisation de l’Indus, vers 2500-1800 avjc. (Marsailly/Blogostelle)
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Les sculpteurs et graveurs des cités de l’Indus
Les Eaux, la forêt, la nature… nourrissent l’âme celte
La Triade Capitoline
Dans la culture romaine, la thématique du chiffre 3 s’exprime sous la forme de Minerve, Jupiter et Junon qui composent la Triade Capitoline, protectrice de Rome et de la famille impériale… Une trilogie en relation à la fois à l’idée de génération, de lignée, et de souveraineté fondée sur la puissance guerrière, le savoir et la sagesse. Dans la culture romaine du pouvoir, la propagande politique s’appuie sur le mythe et sur les dieux…
MAGNIFICENCE ROMAINE ET TRADITION GAULOISE DISTINGUENT LES SANCTUAIRES COLLECTIFS
Les lieux de culte collectif en Gaule Romaine prennent parfois des dimensions monumentales. En plus du temple, on y construit des thermes, un théâtre ou un amphithéâtre, des boutiques, des galeries… Héritiers des sanctuaires celtiques de la Tène, les fana gaulois affichent des proportions plus modestes et s’apparentent à des chapelles de campagne…

Culte collectif et culte personnel
À l’époque de la Gaule Romaine, les pratiques cultuelles populaires sont variées… Vers 400 apjc, on rencontre trois sortes d’espaces dévoués au culte : le petit fanum gaulois, le temple gallo-romain, ou encore le vaste et somptueux ensemble sacré qui regroupe sanctuaire, thermes, boutiques, amphithéâtre…
Ces différents lieux sacrés sont destinés au culte collectif… Mais il existe aussi en Gaule une forme de culte individuel que l’on pratique à la maison, sous la forme d’autels miniatures, les laraires. On y installe les Lares, protecteurs de la maison, les Manes, esprits des ancêtres, et ses dieux favoris…
Le laraire abrite diverses divinités parmi lesquelles on rencontre souvent Mercure, Apollon, des déités cosmiques, des déesses mères et Vénus, populaire chez les gaulois, pour qui la déesse de l’amour veille surtout sur les enfants…
Des groupes statuaires comme à Rome
Comme dans les temples romains en Italie, les édifices cultuels de la Gaule Romaine abritent des groupes statuaires et des statues installées sur des socles. Ces grands sanctuaires collectifs permettent d’importer l’art de vivre et l’idéal romain dans les cités et jusque dans les campagnes de la Gaule…

Cérémonies sacrées et rites gaulois
Les sanctuaires gallo-romains confortent le processus de romanisation sans donner l’impression de l’imposer… Les populations des villes n’hésitent d’ailleurs pas à s’y rendre… Il existe aussi en pleine campagne, à la lisière de deux cités, des conciliabula. Ce sont de vastes espaces où se rassemblent plusieurs peuples et où l’on peut organiser des cérémonies ou des rites gaulois…
Le péribole, enclos sacré
Dans les campagnes, le sanctuaire de Genainville en Île de France, celui de Villards d’Héria dans le Jura ou le sanctuaire des Sources de la Seine en Bourgogne sont des lieux de culte collectifs… Les plus grands sanctuaires possèdent plusieurs édifices destinés à la pratique du culte à l’intérieur d’un enclos ou d’une enceinte sacrée, le péribole.

Les différents bâtiments s’élèvent sur des terrasses aménagées. Les temples sont séparés les uns des autres par des espaces de circulation qui prennent la forme de vastes places ou de larges voies… Les sources et les bassins qui se rattachent aux sanctuaires laissent imaginer des rites d’immersion (peut-être pour les malades ?). La présence de vasques suggère aussi des rituels d’ablution ou de purification…
Des processions ?
Les galeries de circulation construites autour des temples sont peut-être destinées à l’organisation de processions…, comme les niches cultuelles qui peuvent recevoir les statues des dieux, aménagées le long des larges voies des sanctuaires. On honore en ces lieux des divinités gauloises et des dieux romains.
Les portiques, utiles aux pèlerins pour se reposer, servent peut-être aussi de réceptacles pour le dépôt des offrandes et des ex-votos… En Gaule Romaine, temples, chapelles, autels, portiques, bassins, thermes ou encore théâtres et boutiques accueillent des fidèles nombreux…

On oriente l’entrée du fanum au Levant
Comme à l’époque de l’âge du Fer, l’entrée du temple gaulois, le fanum, est orienté à l’Est, tourné vers le Soleil Levant. Pour entourer la cella qui n’est pas très grande et qui abrite la statue du dieu, on élève un déambulatoire couvert. Le déambulatoire peut s’appuyer sur la nef ou bien il est séparé de la cella par une cour à ciel ouvert.
Inspirés par la forme des anciens sanctuaires celtiques, les fana conservent le traditionnel plan centré, carré, circulaire ou polygonal… et l’ensemble de l’espace sacré est clos par une enceinte. Si les temples des campagnes perpétuent la tradition gauloise, ils sont édifiés en pierre et décorés selon les techniques romaines, ce qui leur apporte une touche de monumentalité…
Par contre on ne connaît pas avec précision le déroulement des cérémonies sacrées qui ont lieu dans les sanctuaires de la Gaule, petits ou grands. Les rites, les sacrifices aux dieux, la liturgie et le rythme des cultes demeurent très mal connus faute de documents…

Le petit sanctuaire gaulois de Saint-Maur
À l’époque de la Gaule romaine, l’ancestral sanctuaire de Saint-Maur, dans l’Oise, continue d’être fréquenté. On l’enrichit même d’un vaste ensemble de constructions… Le sanctuaire originel possède un modeste enclos quadrangulaire. Ses petites dimensions laissent imaginer des cérémonies rituelles autour de l’enclos plutôt qu’à l’intérieur…
Au centre de l’espace sacré, délimité par l’enclos, on construit un temple en bois au plan carré, tourné vers l’Est… Le dessin de l’ensemble forme donc un carré dans un carré, le tout orienté au Soleil Levant. Le fossé du sanctuaire de Saint-Maur est rempli d’armes gauloises déposées là au IIe siècle avjc, à l’époque de La Tène…
La conception de ce lieu sacré rappelle les sanctuaires celtiques plus anciens de Gournay ou de ou Ribemont en Picardie. Sur le sanctuaire de Saint-Maur, on expose les offrandes sur une palissade installée derrière le fossé. Puis au Ier siècle avjc, on aménage un second fossé distant du premier d’une dizaine de mètres… Puis, au Ier siècle apjc, on dépose là une statue en bronze…
Voir aussi l’article Objets d’art et sanctuaires celtes

La statuette dite du Dieu Guerrier relie le monde culturel celtique à celui de la Gaule Romaine…
Un dieu Gaulois avec torque et bouclier
La statuette en bronze du Dieu Guerrier de Saint-Maur est façonnée au Ier siècle apjc. L’artiste bronzier réalise là une œuvre d’une grande prouesse technique… Il assemble 22 pièces de métal pour composer cette statue de 50 centimètres de haut.
Ce vigoureux guerrier est armé d’un grand bouclier ovale de type celtique et porte une large ceinture à boucle décorée de bossettes sur une sorte de cuirasse. L’artiste utilise aussi de la pâte de verre pour façonner les yeux et les pieds du dieu… Ce personnage très gaulois est barbu et moustachu, il possède une longue chevelure ramenée en arrière à l’aide d’un bandeau…
Le Dieu de Saint-Maur est paré d’un imposant collier à tampons, le torque traditionnel gaulois. C’est un insigne de mérite et un symbole de pouvoir (souverain, magique et (ou) spirituel). Le torque celtique est l’attribut des guerriers, de l’aristocratie, des héros, des dieux… Ce bijou a peut-être aussi une signification magique ou prophylactique (protecteur)…
D’après des ex-votos en bois, hêtre, source des Roches, Ier siècle apjc, Chamalières ; et le visage du dieu de Saint-Maur en bronze ; France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Le style des statues sculptées dans le bois
L’aspect un peu brut dans le dessin du dieu au bouclier de Saint-Maur rappelle le style des statues sculptées dans le bois que l’on dépose dans les sanctuaires des sources…
On retrouve une attitude frontale, un regard fixe, une silhouette empreinte de raideur et un rendu assez fruste des proportions du personnage… Un art de la taille du bois et une expression artistique gauloise peut-être transposés dans le bronze pour façonner le dieu de Saint-Maur…
Le bois, le métal, l’ivoire et la pierre…
Les artistes gaulois sont très réputés pour leur habileté dans les arts du métal et de la chaudronnerie… Sur le décor en ivoire d’un canif, le traitement vigoureux des traits du dieu Pan rappelle lui aussi le style des effigies sculptées dans le bois, comme les ex-votos…
D’après un ex-voto en bois ; et le visage sculpté du dieu Pan, ivoire, décor de canif, Ier – IIIe siècle apjc, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
La statuaire se développe en Gaule Romaine
L’existence d’une statuaire de tradition celtique et gauloise sur bois est très probable. Mais les sculptures qui remontent à la période de la Tène, avant la conquête romaine, sont en bois périssables, aujourd’hui bien souvent disparues…
À l’époque de la Gaule Romaine, la sculpture traditionnelle sur bois continue d’exister… Même si au cours de cette même période la statuaire en pierre et la terre cuite se développent intensément pour garnir les temples, les bâtiments officiels, les tombes ou encore les autels domestiques dans les habitations…
LES FANA SONT DES SANCTUAIRES GAULOIS IMPLANTÉS EN PLEINE CAMPAGNE
En Gaule, on rencontre un modèle particulier de lieu cultuel : le fanum, ou fana au pluriel. Souvent isolé, le fanum est un sanctuaire rural de tradition gauloise… Les fana sont tous implantés sur des endroits considérés comme sacrés depuis longtemps : bois, sources, sommet, lieu de passage…

Le fanum, symbolise l’esprit gaulois
En Gaule Romaine, on construit des petits temples ruraux en maçonnerie à partir du Ier siècle apjc, souvent à l’emplacement de sanctuaires plus anciens. Les fana contribuent à pérenniser la tradition gauloise… Consacrés surtout à des divinités gauloises ancestrales ils accueillent aussi parfois des divinités romaines populaires et adoptées par les gaulois…
Une galerie de circulation
Une galerie entoure la cella du fanum et permet ainsi aux fidèles de circuler autour du sanctuaire. On matérialise aussi l’espace sacré par un mur d’enceinte… Ce temple rural est le réceptacle de nombreux ex-votos. Comme d’autres sanctuaires collectifs, les fana accueillent fidèles et pèlerins…
Des chapelles rurales
Les fana affichent des dimensions bien plus modestes que celles des sanctuaires collectifs des grandes cités. Ces petits temples à plan centré entourés d’une enceinte dessinent souvent un double carré…
D’après le temple circulaire du Fâ de Barzan ; et les vestiges des thermes antiques, IIe siècle apjc, Charente Maritime, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Chaque fanum comprend une cella, la salle principale du sanctuaire et une galerie de circulation ouverte ou couverte. Parfois, on rajoute des constructions annexes. Les fana, à l’image de leurs lointains prédécesseurs mégalithiques, ponctuent les campagnes de la Gaule comme le feront plus tard les églises et les chapelles des villages…
Le fanum, demeure du dieu
Certains vestiges de fana sont en bois et remontent à une période antérieure au Ier siècle apjc, à l’époque de La Tène. Comme leurs prédécesseurs celtiques, les fana en pierre de la Gaule Romaine sont orientés à l’Est, tournés vers le Soleil Levant…
Le fanum typique comporte une cella de 5 mètres à 9 mètres de côté et une galerie de 2 mètres à 3 mètres de large. À l’intérieur du temple, on dispose des socles destinés à supporter une ou plusieurs statues des dieux.
D’après un plan centré quadrangulaire, l’élévation et la galerie d’un Fanum Gaulois ; et le temple circulaire du Fâ de Barzan, et sa galerie de circulation, maquette, IIe siècle apjc, Charente Maritime, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Les sanctuaires associés à une source disposent d’un récipient pour recueillir l’eau de la source. On se rend au fanum pour honorer ou faire un sacrifice à un dieu… De nombreux pèlerins viennent aussi déposer des objets votifs pour appuyer une prière ou remercier les dieux…
La plupart des fana gaulois sont des petits sanctuaires isolés dans la campagne, consacrés à des divinités gauloises ou à certains dieux romains. Mercure, Mars ou encore Apollon sont populaires… Sur les lieux de culte de la Gaule Romaine, on dépose offrandes et ex-votos, et parfois même des trésors…
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