L’art sacré au XVIIIe siècle, peintres et sculpteurs créent des chefs-d’œuvre d’art religieux

D'après l'art au 18e siecle, religieux, histoire de l'art. (Marsailly/Blogostelle)

L’art religieux au siècle des Lumières (II)

L’art au XVIIIe siècle (neuvième volet)… En France, depuis l’époque de la Régence et jusque la Révolution, des artistes reconnus ou non exécutent des commandes d’art religieux. Des peintres et des sculpteurs de l’Académie profitent des églises ouvertes à tous pour rendre visibles leurs œuvres de manière permanente. À la fin du siècle, la période révolutionnaire repense le sacré… Morceaux choisis…

Lire L’art religieux au siècle des Lumières (première partie)

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour mai 2021 –

D’après L'adoration des anges ou La Nativité, de Carle Van Loo, 1751, huile sur toile, église Saint-Sulpice, Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après L’adoration des anges ou La Nativité, de Carle Van Loo, 1751, huile sur toile, église Saint-Sulpice, Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

REPÈRES CHRONOLOGIQUES
Le XVIIIe siècle, en France : Louis XIV : 1638 – 1715. Régence de Philippe II, duc d’Orléans : 1715-1723 (minorité de Louis XV) – Louis XV : 1715 – 1774 – Louis XVI : 1774-1792 – Révolution Française 1789 – Première République. Convention : 1792-1795 (Robespierre, La Terreur 5 septembre 1793 – 28 juillet 1794) – Directoire : 1795 – 1799 – Consulat : 1799-1804 – Premier Empire : Napoléon Ier : 1804-1814.

LES ARTISTES “EXPOSENT” DANS LES ÉGLISES

Des peintres renommés pour l’église Saint-Sulpice
Pour le décor de la chapelle de l’Enfance de Jésus (actuelle chapelle de l’Assomption) de l’église Saint-Sulpice, à Paris, on fait appel à plusieurs peintres renommés, tels Jean-Baptiste Pierre (1714 – 1789), Noël Hallé (1711-1781) et Carle Van Loo (1705-1765), dont les œuvres sont exposées lors des Salons de 1750 et 1751.

D’après L'adoration des anges ou La Nativité, de Carle Van Loo, détail, 1751, huile sur toile, église Saint-Sulpice, Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après L’adoration des anges ou La Nativité, de Carle Van Loo, détail, 1751, huile sur toile, église Saint-Sulpice, Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

La Vierge lumineuse de Van Loo
De son côté, Charles André Van Loo dit Carle Van Loo (1705-1765) réalise L’adoration des anges (dit aussi Nativité). Cette toile est considérée comme l’une des plus achevées de l’artiste. Ce tableau, exposé au Salon de 1751, est destiné à l’autel de la chapelle de l’Enfance de Jésus de l’église Saint-Sulpice.

Une esquisse en grisaille
Van Loo représente sa scène de Nativité dans un esprit Rocaille décoratif, avec de doux coloris et des angelots… Cependant, le peintre apporte à son œuvre une simplicité de la composition et une monumentalité inédite annonçant déjà une touche néoclassique.

D’après L’Adoration des anges, de Carle Van Loo, 1750-1751, esquisse, grisaille ; et L’Adoration des bergers, de François Boucher, 1758-1760, esquisse, craie noire, plume encre brune et lavis ;  France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Van Loo élabore une étude préparatoire de son oeuvre en grisaille (peinture monochrome en camaïeu gris)… L’artiste, qui s’impose en France comme un maître de la peinture religieuse, illustre l’importance de l’esquisse dans le domaine de la peinture décorative et religieuse. François Boucher et Jean-Honoré Fragonard réalisent eux-aussi des esquisses…

D’après L'Adoration des bergers, de Jean-Honoré Fragonard, vers 1775, esquisse lavis brun, tracé pierre noire, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après L’Adoration des bergers, de Jean-Honoré Fragonard, vers 1775, esquisse lavis brun, tracé pierre noire, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Rome, rendez-vous incontournable
En Italie, Giovanni Battista Tiepolo réalise lui aussi des esquisses avant de réaliser ses œuvres achevées, comme pour la Vierge du Carmel apparaissant à saint Simon Stock.

Edme Bouchardon s’inspire des modèles de Camillo Rusconi, l’un des grands sculpteurs de Rome, pour dessiner saint André à la sanguine… Au XVIIIe siècle, Rome reste un rendez-vous incontournable pour les artistes, dans l’art religieux aussi…

D’après la Vierge du Carmel apparaissant à saint Simon Stock, de Giovanni Battista Tiepolo, esquisse, vers 1746 – 1749, huile sur toile, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Les artistes rivalisent dans les Salons… et dans les églises
Dans la France du XVIIIe siècle, les plus grands peintres consacrent surtout le faste et les raffinements des fêtes galantes, la profusion ornementale de l’art Rocaille, l’art du portrait, puis plus tard un art néoclassique inspiré de l’antique.

Les plus talentueux artistes de l’Académie rivalisent dans les Salons ouverts périodiquement au public… Mais pourtant, c’est dans les églises que les œuvres d’art restent visibles en permanence. Et les artistes le savent, notamment les peintres d’histoire, dont les principaux commanditaires sont les congrégations religieuses et les paroisses.

D’après La Lapidation de Saint-Étienne, esquisse, portail de la cathédrale Saint-Bénigne, Dijon, et Saint André selon Camillo Rusconi, sanguine, dessins d’Edme Bouchardon ; et La Nativité et l’Adoration des Mages, de Charles de la Fosse, 1715, pour la cathédrale Notre-Dame de Paris ; France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Les églises accueillent un large public…
Les églises accueillent un large public, plus large que celui des Salons, ce qui permet aux artistes de donner à leurs toiles ou à leurs sculptures une plus grande visibilité.

Certains artistes acceptent même parfois de modérer leur salaire pour profiter de la vitrine que leur offre ces lieux sacrés. Mais tous créent des chefs-d’œuvre, souvent de grandes dimensions pour les peintures.

D’après Saint Pierre en prière, de Jean Restout, 1728, huile sur toile, église Saint-Jacques-du-Haut-Pas, Paris, XVIIe siècle ; L’Annonciation, de Daniel Hallé, 1659, commande de Jean III de Choisy, chancelier du duc d’orléans, Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy et L’Immaculée Conception, saint Sébastien et saint Roch, peintre anonyme, maître autel de Notre-Dame de Vic, Vic-d’Oust, Pyrénées, baroque, XVIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Le saint Thomas Beckett de Jean-Baptiste Pierre
Jean-Baptiste Pierre, peintre du roi et directeur de l’Académie de France à Rome, figure parmi les protégés de Madame de Pompadour. L’artiste est aussi un surintendant des Gobelin très impliqué. En 1748, il peint Le Meurtre de saint Thomas Beckett, archevêque de Cantorbéry.

D’après Le Meurtre de saint Thomas Beckett, de Jean-Baptiste Marie Pierre, 1748, huile sur toile, église Notre-Dame-de-Bercy, Paris ; Sainte Marthe triomphant de la Tarasque, de Van Loo, et Les funérailles de Sainte Marthe, de Joseph-Marie Vien, collégiale Sainte Marthe, Tarascon ; France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

En 1164, Thomas Beckett s’oppose au roi Henri II d’Angleterre. Il refuse de subordonner la justice de l’Église à celle du royaume. Il est alors assassiné dans sa cathédrale, en décembre 1170, par des chevaliers du roi. Thomas Beckett est canonisé en 1173 et son tombeau devient un lieu de pèlerinage.

De la fin du règne de Louis XIV au règne de Louis XV…
À la fin du règne de Louis XIV, au début du XVIIIe siècle, on réalise déjà de grands décors peints, comme celui de la coupole de l’église des Invalides, achevé en 1707, et celui de la voûte de la chapelle du château de Versailles, achevé en 1709.

On commande aussi un cycle de huit toiles sur le thème marial (Marie), entre 1715 et 1717, destiné au chœur de Notre-Dame de Paris…

D’après La visitation de la Vierge ou Le Magnificat, de Jean Jouvenet, 1716, huile sur toile, pour la cathédrale Notre-Dame de Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Visitation de la Vierge ou Le Magnificat, de Jean Jouvenet, 1716, huile sur toile, pour la cathédrale Notre-Dame de Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Ainsi, La Visitation de la Vierge ou Le Magnificat, de Jean Jouvenet, propose un style dont l’empreinte solennelle de la composition s’allie à une palette lumineuse originale et à un sens du mouvement inédit. Très admiré, ce cycle marial va influencer les peintres qui vont travailler pour les églises de Paris au début du XVIIIe siècle.

LA MISE EN SCÈNE DU SACRÉ

La mise en scène du Sacré
En France, les décors des églises évoluent au cours du XVIIIe siècle, comme pour Notre-Dame de Paris. Ainsi, on dédie le chœur de la cathédrale à l’iconographie mariale et la nef à celle des Apôtres.

Ce renouveau artistique s’inscrit dans l’esprit de la Contre-réforme, invitant les fidèles à s’émouvoir devant les images et à ressentir leur foi. On reprend ce modèle de décor de Notre-Dame de Paris à Saint-Germain-des-Prés…

D’après La Vierge en gloire, de François Lemoine, 1732, esquisse, huile sur toile, voûte de la Chapelle de la Vierge, Église de Saint-Sulpice, Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Vierge en gloire, de François Lemoine, 1732, esquisse, huile sur toile, voûte de la Chapelle de la Vierge, Église de Saint-Sulpice, Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Toiles en grand format et compositions décoratives
La peinture religieuse dans la France du XVIIIe siècle illustre la vitalité, encore, des commandes d’art religieux et la féconde originalité des artistes… C’est alors à Paris que se concentre une grande part de la création et de l’expression artistique dans tous les domaines.

Des décors grandioses
Si l’art Sacré du XVIIIe siècle se réfère à la tradition picturale du XVIIe, les artistes innovent néanmoins… Leur grande maîtrise technique leur permet de composer et d’exécuter des toiles en très grand format et de réaliser aussi des décors grandioses de plafonds dont les perspectives multiples animent un art achevé du trompe l’œil…

D’après Adam et Ève chassés du Paradis terrestre de, Charles-Joseph Natoire, 1740, huile sur toile, France, XVIIIe siècle (Marsailly/Blogostelle)
D’après Adam et Ève chassés du Paradis terrestre, de Charles-Joseph Natoire, 1740, huile sur toile, France, XVIIIe siècle (Marsailly/Blogostelle)

Le décor perdu de la chapelle des Enfants-Trouvés
Sous le règne de Louis XV, l’architecte Germain Boffrand construit, entre 1746 et 1750, l’hospice des Enfants-Trouvés sur le parvis de Notre-Dame de Paris. Cette institution de bienfaisance gérée par l’Ordre des Filles de la Charité se rattache à l’hôpital général de Paris. On y accueille des nourrissons abandonnés.

Les murs nus et lisses de la chapelle sont confiés à deux peintres vénitiens, Gaetano Brunetti et son fils Paolo Antonio. Ces artistes d’architectures réalisent une basilique en trompe l’œil, dont le plafond imite une voûte antique à caissons, décorée par des plantes et ouverte sur le ciel.

D’après le décor de la Chapelle des Enfants trouvé, Charles-Joseph Natoire, vers 1752-1759, gravure Etienne Fessard  Paris, France, XVIIIe siècle (Marsailly/Blogostelle)
D’après le décor de la Chapelle des Enfants trouvé, Charles-Joseph Natoire, vers 1752-1759, gravure Etienne Fessard  Paris, France, XVIIIe siècle (Marsailly/Blogostelle)

Dans ce décor à l’Italienne, le peintre français Charles-Joseph Natoire exécute une Nativité dans les panneaux définis par les architectures en trompe l’œil. Les bergers quittent l’étable de Marie, Joseph et Jésus, alors que les rois mages arrivent…

L’artiste représente aussi les religieuses et leurs petits protégés, qui semblent contempler la crèche depuis des fenêtres feintes. Malheureusement ce somptueux décor, victime de l’humidité, disparaît. Nous conservons son souvenir grâce au graveur Étienne Fessard…

D’après La Gloire, décor de la Chapelle des Enfants trouvé, Charles-Joseph Natoire, vers 1752-1759, gravure Etienne Fessard  Paris, France, XVIIIe siècle (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Gloire, décor de la Chapelle des Enfants trouvé, Charles-Joseph Natoire, vers 1752-1759, gravure Etienne Fessard  Paris, France, XVIIIe siècle (Marsailly/Blogostelle)

Et l’hospice des Enfants-Trouvés finit par être détruit lors de l’agrandissement du parvis de Notre-Dame en 1878, au XIXe siècle.

De savants effets illusionnistes
À partir des années 1720, la mise en scène des décors d’église mise sur davantage de mixité des arts décoratifs, de la peinture et de la sculpture.

Le peintre Noël-Nicolas Coypel et le sculpteur Jean-Baptiste Lemoine élaborent un vaste décor en trompe-l’œil pour l’église Saint-Sauveur. Cet engouement pour de grands décors au plafond, sur les voûtes et sur les coupoles motive des commandes.

D’après L'Assomption, coupole de la chapelle de la Vierge, de Jean-Baptiste Pierre, 1756, l’église Saint-Roch, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après L’Assomption, coupole de la chapelle de la Vierge, de Jean-Baptiste Pierre, 1756, l’église Saint-Roch, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Jean-Baptiste Pierre (1713-1789) peint une Assomption pour la coupole de la chapelle de la Vierge, à l’église Saint-Roch. Grâce à de savants effets, illusionnistes, les artistes cherchent ainsi à prolonger la dimension spatiale des églises. Mais, déjà au XVIIe siècle, le goût pour la mise en scène distingue l’art Sacré baroque…

LA GENÈSE À VERSAILLES

La Pendule de la Création du monde
La Pendule de la Création du monde est un chef-d’œuvre inspiré d’un thème biblique de la Genèse… Claude-Siméon Passemant (1702-1769), ingénieur-mécanicien du Roi, conçoit le mouvement de cet instrument, dont les mécanismes sont réalisés par l’horloger Joseph-Léonard Roque (? -après 1789).

D’après La Pendule de la création du monde, de François-Thomas Germain, 1754, bois, bronze argenté et doré, époque Louis XV, Versailles, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Pendule de la création du monde, de François-Thomas Germain, 1754, bois, bronze argenté et doré, époque Louis XV, Versailles, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Le style Rocaille de Germain François-Thomas
L’orfèvre Germain François-Thomas (1726-1791), quant à lui, réalise le travail de sculpture et du bronze dans un style Rocaille, en vogue sous Louis XV…

C’est Le gouverneur de Pondichéry, Joseph-François Dupleix (1696-1763), qui commande à l’origine cet incroyable objet d’art présenté à Louis XV, à Versailles, en 1754… En haut, le cadran solaire de la pendule de la Création indique l’heure, le jour et le mois.

D’après La Pendule de la création du monde, de François-Thomas Germain, 1754, bronze argenté et doré, époque Louis XV, Versailles, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Pendule de la création du monde, de François-Thomas Germain, 1754, bronze argenté et doré, époque Louis XV, Versailles, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Cette composition d’horlogerie hors du commun est pourvu de mécanismes de haute précision qui recréent les mouvements de la Terre, les phases de la lune et celles des planètes. La rotation de la Terre déroule le fil des heures et le pivotement de son axe crée les saisons…

Le jaillissement de la Lumière biblique
Le décor de la caisse de la pendule évoque les quatre éléments, Terre, Eau, Air et Feu. Ces quatre éléments se rapportent aux commencements de la Genèse, à la suite du jaillissement de la Lumière, symbolisé par les rayons de la Gloire qui entourent le cadran de la pendule.

D’après La Pendule de la création du monde, de François-Thomas Germain, 1754, bronze argenté et doré, époque Louis XV, Versailles, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Pendule de la création du monde, de François-Thomas Germain, 1754, bronze argenté et doré, époque Louis XV, Versailles, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Que la lumière soit ! Et la lumière fut (Genèse)… Un long rayon descend vers le globe terrestre gravé sur du laiton argenté, et indique exactement où, à chaque moment, le soleil se trouve à son zénith…

LES PHILOSOPHES DES LUMIÈRES REPENSENT LA RELIGION

“La destruction des jésuites en France”
Au XVIIIe siècle en France, le débat philosophique tend à remettre en question la place de la religion dans la société et la conception de la divinité. Les penseurs des Lumières évoquent désormais discrètement un Être suprême assez abstrait et lointain et évoque la Nature. On refuse désormais le monopole de l’Église et des jésuites sur l’éducation et l’enseignement…

D’après La Résurrection du Christ, de Pierre Peyron, 1784, huile sur toile, église Saint-Louis-en-L’Île, Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Résurrection du Christ, de Pierre Peyron, 1784, huile sur toile, église Saint-Louis-en-L’Île, Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

En 1765, l’encyclopédiste d’Alembert rédige et publie Sur la destruction des jésuites en France… Par ailleurs, en 1773, le pape Clément XIV dissout la Compagnie de Jésus, le puissant ordre des jésuites fondé par Ignace de Loyola. Cet événement est alors considéré comme une victoire des Lumières et de la Raison…

Une Constitution civile du Clergé
Par ailleurs, l’Assemblée constituante adopte la Constitution civile du Clergé (12 juillet 1790), condamnée par le pape Pie VI, opposé à l’élection des curés et des évêques par les fidèles. 

L’Église de France se retrouve alors coupée en deux, avec des prêtres assermentés ou constitutionnels et des prêtres réfractaires. L’unité de l’Église de France sera rétablie par le Concordat de 1801.

D’après saint François de Sales donnant à sainte Jeanne de Chantal la règle de l'ordre de la Visitation, de Noël Hallé, église Saint-Louis-en-l'Île, Paris, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Saint François de Sales donnant à sainte Jeanne de Chantal la règle de l’ordre de la Visitation, de Noël Hallé, église Saint-Louis-en-l’Île, Paris, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Robespierre impose culte de l’Être suprême et fêtes républicaines
Robespierre le Montagnard instaure un culte de l’Être suprême fondé sur la vertu et la justice selon ses critères révolutionnaires… Ainsi, le décret du 18 floréal an II (7 mai 1794) proclame que le peuple français reconnaît l’existence de l’Être suprême et de l’immortalité de l’âme.

Quatre célébration républicaines, grandes fêtes civiques, sont alors instituées à la gloire des journées de triomphe de la Révolution : le 14 juillet 1789 (prise de la Bastille), le 10 août 1792 (chute des Tuileries et de la monarchie), le 21 janvier 1793 (exécution de Louis XVI)  et le 31 mai 1793 (chute des Girondins). Par ailleurs, une fête inaugurale de la Nature et de l’Être suprême a lieu à Paris le 8 juin 1794…

D’après L'Adoration des bergers, de Jean-Honoré Fragonard, vers 1775, huile sur toile (pendant du tableau Le verrou), commande du marquis de Véri, amateur d'art, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après L’Adoration des bergers, de Jean-Honoré Fragonard, vers 1775, huile sur toile (pendant du tableau Le verrou), commande du marquis de Véri, amateur d’art, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Les œuvres d’art Sacré disséminées sous la Révolution
Après la Contre-réforme, la peinture religieuse du XVIIe siècle s’était développée de manière inédite. Puis, au XVIIIe siècle, les commandes de l’art Sacré se poursuivent… À la fin du siècle, les révolutionnaires vident les églises de leurs œuvres.

D'après La Résurrection du Christ, de Louis Jean François Lagrenée, 1761, huile sur toile, détails, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Résurrection du Christ, de Louis Jean François Lagrenée, 1761, huile sur toile, détails, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Beaucoup d’œuvres d’art religieux sont détruites, d’autres sont sauvées et éparpillées en divers lieux pour y être stockées, comme au Louvre, au Château de Versailles, dans quelques musées, dans certaines églises et cathédrales.

Plus tard, au début du XIXe siècle, des toiles sont remises en place dans des églises, mais très peu retrouvent leur emplacement d’origine. Le plus souvent, les attributions des tableaux ont été perdues…

D’après La Résurrection du Christ, de Louis Jean François Lagrenée, 1761, huile sur toile, détails, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

À la fin du siècle, les révolutionnaire républicains décident de laïciser l’État. Même si un désamour de la pratique religieuse voit le jour, l’art Sacré va toutefois perdurer au XIXe siècle, avec notamment de nombreux tableaux de dévotion…

La France des Lumières couve en son sein la Révolution de 1789 et la Déclaration des droits de l’homme. Féministe d’avant-garde, Olympe de Gouges s’élève elle aussi contre l’esclavage. Des artistes reconnus ou anonymes de la fin du XVIIIe siècle expriment alors l’esprit révolutionnaire. Les œuvres louent la République et illustrent l’héroïsme civique…

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Publié par Maryse Marsailly

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