Mésopotamie et Suse
Dès les IXe et VIIIe millénaire avjc, les peuples du Levant néolithique bâtissent les premiers villages et les premières cités de l’histoire de l’Humanité, telles Jéricho et Çatal Höyük. Sur le plateau iranien, Suse et sa nécropole naissent à la fin du Ve millénaire avjc. Aux VIe – IVe millénaire avjc en Mésopotamie, les artistes de Samarra et de Halaf, créent des modèles originaux de céramiques. Les architectes construisent des temples à Obeid et à Eridu. À la fin du IVe millénaire avjc, l’écriture naît à Sumer…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour septembre 2024 –

REPÈRES CHRONOLOGIQUES. Néolithique : VIIIe – IVe millénaire avjc. LEVANT, VIIe -VIe millénaire avjc : Jérico, Çatal Höyük. MÉSOPOTAMIE, VIe – IVe millénaire avjc : Samarra, Halaf, Obeid, Eridu, Tépé Gaura en Assyrie. IVe millénaire avjc : SUSE, Tépé Sialk et Luristan. L’écriture à SUMER vers 3300 avjc. Chronologie Orient ancien
LES ARTISTES DE SAMARRA ET DE HALAF
En Mésopotamie et dans la vallée du Haut Tigre, les populations commencent à cultiver les plaines irrigables. Différentes aires culturelles se développent alors en divers endroits selon un mode de vie néolithique. De Samarra à Halaf, les artistes créent des modèles inédits de céramiques…

De Hassuna à Samarra
Au tout début de la période, en Assyrie entre 5700 ans et 5400 ans avjc, les artisans façonnent des poteries assez grossières dans la région de Hassuna. Les peuples pratiquent l’élevage mais ne connaissent pas encore l’irrigation.
Hassuna, Samarra et Halaf sont des centres particulièrement innovants. La culture de Samarra, site actuel de Tell-es-Sawwan, supplante celle de Hassuna. Vers 5500 ans avjc, les habitants de Samarra maîtrisent l’irrigation. Les artistes de Samarra se distinguent par la création de fines céramiques à décors tournoyant

Les maisons de Samarra
Dans les régions de Mésopotamie, les constructeurs commencent à élaborer une forme d’architecture qui préfigure un canon mésopotamien. Les habitants de Samarra vivent dans des maisons indépendantes, de plan quadrangulaire, construites en briques crues,
Deux salles centrales et des chambres
Créatifs, les bâtisseurs de Samarra associent une recherche d’équilibre et d’harmonie à un souci fonctionnel. Ils aménagent l’espace de vie dans les maisons en deux grandes salles entourées de chambres. Ils posent ainsi les fondements de l’architecture mésopotamienne, que l’on retrouvera ensuite à l’époque de Sumer.

Albâtre et céramique
Les statuettes en albâtre de Samarra
À Samarra, les artistes créent des céramiques peintes et sculptent l’albâtre… Les habitants inhument les défunts, accompagnés d’un mobilier funéraire, dans des tombes. On dépose là quelques vases en pierre et des statuettes en albâtre.
Le plus souvent, les sculptures sont des figures féminines nues, aux formes simplifiées et aux visages très schématiques. Quelquefois, on dépose aussi des représentations d’hommes nus.


D’après une statuette féminine, albâtre et bitume, nécropole de Samarra, vers 5800 avjc, Tell es-Sawwan ; une figurine en albâtre, 5800-5500 avjc, Bagdad ; Irak actuel, Mésopotamie, VIe millénaire avjc, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Certaines figures féminines et masculines mesurent seulement quelques centimètres de haut, de 4 à 5 centimètres. D’autres statuettes peuvent atteindre 13 à 15 centimètres. Certaines sont parées d’un collier, avec des yeux incrustés qui donnent de la force au regard et confèrent une présence…
Vaisselle en céramique peinte
Vers 5000 ans avjc environ, les artistes de Samarra façonnent de belles coupes assez profondes en céramique. Ils rehaussent leurs modèles de décors peints variés. Des figures stylisées semblent tournoyer : motifs géométriques, caprinés (chèvres, bouquetins…), oiseaux, femmes à la chevelure en désordre… viennent animer le décor de terres cuites élégantes et raffinées.



D’après une coupe, silhouettes à longues chevelures ; coupe à motifs géométriques et coupe peinte, motifs oiseaux ; terre cuite peinte, Samarra, vers 5000 avjc, Tell es-Sawwan, Irak actuel, Mésopotamie néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Un art savant de la composition
Les artistes de Samarra jouent sur des schémas géométriques simples pour organiser la mise en scène de leur décor. Le mouvement tournoyant des motifs stylisés se déploie le plus souvent en étoile, en croix ou encore selon le dessin du svastika (ou swastika).
Voir aussi l’article Le Sacré : le symbolisme du triskèle, du svastika et du labyrinthe
L’ensemble des compositions crée un savant mélange de thèmes abstraits mariés à des motifs naturalistes stylisés. Le tournoiement du décor suggère un mouvement circulaire qui possède peut-être alors une signification symbolique ou sacrée, au-delà de la considération esthétique…

La culture de Halaf
Les céramiques des artistes de Halaf
Au Ve millénaire avjc, non loin de la frontière turque, dans les plaines de la Syrie du Nord, s’épanouit la florissante culture de Halaf (site actuel de Tell Halaf en Syrie).
Dans cette région, les habitants construisent de simples maisons rondes, sortes de tholos (monument circulaire), dont la forme circulaire s’inspire probablement de l’ancestrale tente des nomades. Les artistes créent des petites statuettes et des céramiques au profil caréné.



D’après des céramiques peintes, motifs solaires et palmipèdes, vaguelettes et damiers, style de Halaf, vers 5000-4000 avjc, Irak actuel, Mésopotamie, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Un décor stylisé et peint en couleurs
Les potiers de Halaf appliquent un décor peint polychrome sur leurs modèles en céramique. Ils composent des décors avec des motifs de bucranes (crâne et cornes de bovidé), s’inspirent d’un monde végétal à la fois luxuriant et irréel ou encore élaborent des rosaces.
Parmi le répertoire, des motifs solaires et palmipèdes stylisés, des vaguelettes et des damiers composent des décors complexes. Un esprit de stylisation poussé à l’extrême anime le dessin. Cet art de Halaf connaît son apogée vers 4500 ans avjc.


D’après des figurines féminines, terre cuite modelée et peinte, vers 4500 ans avjc, culture de Halaf, Syrie, Ve millénaire avjc, Mésopotamie, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
L’ART NÉOLITHIQUE D’OBEID À SUSE
Au cinquième millénaire avjc, les artistes mésopotamiens créent des figurines en terre cuite et gravent des cachets. Vers 4000 ans avjc, une civilisation néolithique s’épanouit aussi sur le plateau iranien avec la cité de Suse…
Statuettes féminines et cachets gravés
Figurines de déesses – mères en terre cuite
Parmi les représentations de la plantureuse déesse-mère, on rencontre parfois une étrange figure féminine à tête de serpent qui allaite un enfant… Le serpent se rattache symboliquement à l’univers souterrain, au terreau fertile et au monde des morts. Il s’agit probablement d’une divinité chthonienne de la fertilité…



D’après une déesse à tête de serpent allaitant un enfant, Ur, et une figurine féminine, période d’Obeid, Tello ; terres cuites, Ve millénaire avjc, Irak actuel, Mésopotamie. Un vase, motif serpent, terre cuite peinte, 4200 – 3800 avjc, nécropole de Suse, Iran actuel ; néolithique, Orient ancien. (Marsailly/Blogostelle)
Les représentations féminines dominent dans les cultures néolithique, pour lesquelles la femme se rattache à la symbolique de la terre nourricière…
Voir aussi l’article Au néolithique, les premiers cultivateurs sacralisent la végétation – Une mythologie reliée à la Terre nourricière…
« Maître des animaux »
Sur les cachets d’argile, des décors gravés en miniatures s’inspirent souvent du monde animal et du mythique Maître des Animaux. Parfois accompagné de serpents, ce personnage masculin archaïque pourvu de cornes arbore une tête de bouc ou bouquetin.

Les puissances de la nature
On rencontre ce personnage dans toutes les contrées de l’Orient Ancien. En Mésopotamie, cette figure symbolise sans doute les puissances de la Nature qui vivifient le monde animal, les fauves et le gibier. En Inde néolithique, un personnage assis en tailleur gravé sur des sceaux rappelle aussi l’iconographie du « Maître des Animaux »…
Voir aussi l’article Les sculpteurs et graveurs des cités de l’Indus




D’après des céramiques à décors géométriques ; figurine de taureau, 4000-3500 avjc et capriné, 5000 – 4500 avjc ; terre cuite peinte, Tello, période d’Obeid, Ve millénaire avjc, Irak actuel, Mésopotamie, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
D’OBEID À TEPE-GAURA EN MÉSOPOTAMIE
Vers 4400 ans avjc, la culture d’Obeid, du nom d’un village néolithique, supplante celle de Halaf. Les artistes créent une céramique de qualité dans les nuances de vert ornée de motifs géométriques et modèlent des figurines…

Briques crues, pisé et bois, céramiques peintes…
À Obeid et à Tepe-Gaura (ou tepe Gawra), les architectes utilisent des briques crues, du pisé et du bois pour construire des maisons à terrasse. Les angles de ces maisons rectangulaires sont orientés vers les quatre points cardinaux…
Certaines habitations, sans doute des résidences royales ou destinées à de hauts personnages, se distinguent des autres par le soin apporté à leur construction élaborée.


D’après des vestiges d’habitations, Obeid, 5000-4000 avjc, Irak actuel, Mésopotamie, période néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
LES BÂTISSEURS ÉLÈVENT DES TEMPLES
De Obeid à Eridu, l’architecture mésopotamienne prend ses marques et inaugure une véritable conception de l’organisation urbaine…
Le temple d’Eridu, cité du dieu Enki-Ea
Vers 4000 ans avjc, les bâtisseurs mésopotamiens érigent le temple d’Eridu, ville du grand dieu sumérien Enki (Ea akkadien). Dans la mythologie sumérienne, on considère Eridu comme la première cité à recevoir la royauté descendue du Ciel…
Pour le grand dieu sumérien Enki (Ea akkadien) voir l’article Le Sacré en Mésopotamie : Ea, dieu de l’Abîme, des Eaux Douces et de la Sagesse et Des divinités coiffées de tiares à cornes….

Le temple d’Eridu (situé actuellement en Irak) s’élève sur une terrasse construite en escalier. Ce schéma annonce les futures tours mésopotamiennes à étages, les ziggurats (ou ziggourats).
Voir aussi l’article La ziggurat mésopotamienne s’élance vers le Ciel…
Architecture mésopotamienne
Pour l’élévation de leurs édifices sacrés, les constructeurs mésopotamiens conçoivent un plan rectangulaire et des constantes architecturales voient le jour…
Des temples mésopotamiens à nef centrale
Vers 4000 ans avjc, l’architecture traditionnelle mésopotamienne prend forme. Elle se distingue par plusieurs éléments : un plan rectangulaire – 4 angles orientés selon les 4 points cardinaux – une salle centrale (nef) et des pièces latérales (sur les côtés) – accès par un escalier sur le toit.

Un décor inspiré des bottes de roseaux
Les temples mésopotamiens possèdent un chevet plat, une entrée coudée. une nef centrale et des salles sur les côtés avec des vestibules. Un escalier conduit les visiteurs au premier étage. et sur le toit.
Les architectes prévoient aussi de nombreuses portes pour faciliter les allées et venues des nombreux participants aux activités cultuelles. Des pilastres en saillie ou en renfoncement portent un décor qui évoque les bottes de roseaux des huttes ancestrales. Les artistes exploitent les jeux de l’ombre et de la lumière.

Les édifices de Tépé-Gaura
Sur le site de Tepe-Gaura (ou tepe Gawra, Irak actuel), les bâtisseurs mésopotamiens érigent trois édifices dont la construction est particulièrement soignée. Ces ouvrages d’architecture sont sans doute des espaces sacrés ou des résidences de chefs. On retrouve en ces lieux le principe du plan rectangulaire, de la nef centrale, des salles sur les côtés et de l’entrée coudée.
L’ORIGINALITÉ DES CÉRAMIQUES DE SUSE
La ville de Suse et sa nécropole sont fondées dès la fin du cinquième millénaire avjc. Les artistes de Suse créent de belles céramiques à pâte fine, à décor brun peint sur un fond blanc crème…

Motifs d’oiseaux et de bouquetins
Dans un style assez proche de celui des modèles que l’on rencontre partout en Mésopotamie, on retrouve à Suse des motifs stylisés de bouquetins, d’échassiers, de canidés, des effets géométriques…
Mais les motifs de prédilection des artistes de Suse sont les fauves, les caprinés et les serpents. Les potiers dessinent aussi des oiseaux stylisés et jouent sur la répétition de motifs géométriques, notamment des zigzags…

Des décors stylisés et géométriques
Vers 4000 ans avjc, à l’époque de la fondation de Suse, la céramique apparaît comme le support privilégié des artistes pour s’exprimer. Ces pièces de terre cuites sont alors déposées dans les tombes.
La coupe profonde et le boisseau sont les deux formes les plus exploitées dans les créations de Suse. Ces modèles en céramique sont animés de décors animaliers et géométriques et se distinguent par des compositions fondées sur la symétrie.



D’après une coupe à décor d’oiseaux stylisés ; coupe à composition symétrique, vers 4000 avjc et un vase caréné, 4200-3800 avjc ; céramique peinte, nécropole de Suse, Iran actuel, Orient ancien, période néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Des compositions symétriques
L’une des coupes présente deux scènes symétriques, qui semblent se répondre à l’envers et à l’endroit. Deux arbres évoquent la végétation, entre lesquels apparaît un personnage stylisé, peut-être une divinité ou un être humain. En face, apparaissent deux arbres mais le personnage a disparu…
Une autre céramique à motif de tortue illustre l’art de la composition symétrique des artistes de Suse. Un vase caréné porte des motifs de hachures évoquant des plumes…

Boisseau à décor en registres
Sur un boisseau, haut vase qui correspond à une mesure de blé, provenant de la nécropole de Suse, le décor organisé en registre met en lumière une frise d’échassiers au long cou, une série de chiens courants, et plus bas, un bouquetin barbu qui porte des cornes gigantesques…
La ligne élancée du boisseau favorise la répartition des motifs très stylisés et géométriques. Dans un esprit décoratif qui n’exclut pas une dimension symbolique de l’ensemble. Les cornes du capriné semblent contenir ou circonscrire un motif circulaire au cœur duquel on aperçoit un épi de blé.

La disposition des motifs évoque un mouvement circulaire dans les deux sens. Les oiseaux et les canidés semblent se mouvoir dans un sens opposé. Ce mouvement tournoyant évoque peut-être une notion de cycle, comme celui des saisons et celui de la végétation, rappelant le moment de la récolte du blé…
Des cachets ornés de scènes miniatures
Images cultuelles et « Maître des Animaux »
Sur le plateau iranien comme en Mésopotamie, l’iconographie évoque les forces de la nature, personnifiées parfois par un personnage à tête de bouquetin ou de bouc, dont le bas du corps est revêtu d’écailles…


D’après le thème du Maître des Animaux, glyptique, cachets d’argile, vers 3800 avjc, Suse et Luristan, butin de Suse ; Iran, Orient ancien, période néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Des fauves à la chasse
On retrouve ce personnage mythique à Suse, où les artistes de la glyptique gravent des cachets ornés de scènes miniatures, parmi lesquelles figure un possible Maître des Animaux. Les artistes composent aussi des scènes de culte et la mise en scène de fauves à la chasse.
Le thème iconographique des fauves attaquant leurs proies, antilopes ou caprinés, va perdurer très longtemps dans l’Art Oriental. Le fauve, chasseur par excellence, incarne la force et la puissance. Par ailleurs, l’image orientale de l’animal sauvage abattu symbolise une victoire royale sur des ennemis invincibles…


D’après un fauve à la chasse, sceau du Luristan, glyptique, vers 3800 avjc, butin de Suse et une scène cultuelle, glyptique, vers 3800 avjc, Suse ; Iran, Orient ancien, période néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
INVENTION DE L’ÉCRITURE À SUMER
C’est dans le Sud du pays de Sumer que naît l’écriture, vers 3300 ans avjc… Au IVe et IIIe millénaires avjc, la vie culturelle et économique florissante favorise les grandes découvertes…
Roue, tour de potier, tablettes d’argile…
Les mésopotamiens inventent la roue, le tour de potier, la technique du cuivre moulé et… l’écriture. À Sumer, on écrit sur des tablettes d’argile, sur la pierre, puis plus tard sur le métal et le papyrus…

Les Sumériens, précurseurs en Mésopotamie
Cité, temple, roi-prêtre, scribes…
Les peuples mésopotamiens se concentrent dans des cités, comme à Uruk, une ville prospère qui commerce pour se fournir en pierres et en métaux. C’est au cours de cette même période que les canons de l’architecture sumérienne se précisent.
Les bâtisseurs construisent des temples destinés à la divinité tutélaire de la cité. Le temple joue aussi le rôle de centre administratif et du pouvoir, incarné par un « roi-prêtre » ou roi divinisé, à la fois chef politique et chef spirituel. L’administration s’organise et les scribes consignent de nombreuses informations…

Tablettes d’argile et calames de roseau
Dans un premier temps, il apparaît aux Sumériens que l’invention de l’écriture devient nécessaire pour faciliter l’administration de la cité et la gestion des activités commerciales.
Les Sumériens utilisent alors l’argile, le limon du fleuve Euphrate, pour façonner des tablettes sur lesquelles ils impriment des signes à l’aide d’un calame de roseau dans la terre crue.

Dans la région de Suse (Iran actuel), qui entretient des liens étroits avec la Mésopotamie sa voisine, on adopte le système d’écriture sumérien. Les spécialistes parlent alors d’écriture proto-élamite…
SUMÉRIEN, AKKADIEN, CUNÉIFORME, ARAMÉEN
Au commencement, l’écriture comporte 800 signes pour exprimer le langage sumérien. Chaque signe représente un mot dit logogramme ou une idée, idéogramme.
Signes composés et symboles-racines
Puis, pour exprimer davantage de choses, les Sumériens créent des signes composés qui permettent d’associer plusieurs éléments, mots et idées, logogrammes et idéogrammes.
Les Sumériens inventent aussi des signes autour d’un même symbole – racine pour exprimer une famille de choses dont les sens sont proches. Mais il fallait rendre plus précis et plus clair encore le sens des écrits, sujets encore à trop d’interprétations…

De la méthode globale à la méthode syllabique…
Pour noter des phrases et créer des éléments de grammaire, les Sumériens inventent des signes-sons, des phonogrammes : l’idéogramme devient son. L’écriture devient syllabique et les signes se schématisent de plus en plus…
Documents mésopotamiens
De nombreux documents mésopotamiens en d’autres langues sont établis au cours du troisième millénaire avjc à partir de l’écriture sumérienne, dont le système est très complexe. Parfois, les écrits transposent certaines langues de familles et de structures différentes comme le hittite indo-européen…

L’akkadien devient la langue diplomatique…
Les textes de la vie profane sont inscrits dans l’argile. Pour les textes sacrés, votifs ou très importants, les Mésopotamiens utilisent la pierre ou le métal comme supports.
Vers 2200 avjc, les scribes de la cité d’Agadé utilisent le système sumérien pour transcrire leur langue sémitique, l’akkadien. Au IIe millénaire avjc, l’akkadien devient la langue diplomatique internationale…
Alphabet cunéiforme au IIe millénaire avjc
Le cunéiforme, alphabet fondé sur des consonnes
Le premier alphabet composé connu, fondé sur des consonnes, est l’alphabet cunéiforme. On le rencontre au deuxième millénaire avjc (vers 1400 ans avjc) à Ugarit, sur la côte syrienne.


D’après l‘écriture cunéiforme, texte relatif à l’astronomie, tablette d’argile, Ier millénaire avjc, Mésopotamie et écriture cunéiforme, vers 865-860 avjc, Ier millénaire avjc, Assyrie ; Orient ancien. (Marsailly/Blogostelle)
Les signes simplifiés en nombre restreints du cunéiforme permettent de transcrire la langue sémitique locale. En Égypte, le pharaon Akhenaton (Aménophis IV) utilise l’écriture cunéiforme pour communiquer avec ses vassaux sur la côte de Syrie-Palestine…
Du cunéiforme à l’Araméen
Au premier millénaire avjc, les peuples araméens se répandent en Mésopotamie. Ils possèdent une forme d’écriture alphabétique plus simple à utiliser, davantage accessible à tous. Les Araméens écrivent sur papyrus, un support léger et facile à transporter. Peu à peu, l’écriture linéaire de l’Araméen supplante l’ancestrale écriture cunéiforme…

Avec l’invention de l’écriture, on entre dans la période historique… Au troisième millénaire avjc, c’est la grande époque de la civilisation de Sumer, dont le mode de vie social et culturel se retrouve adopté par différents peuples de l’Orient Ancien. Au cours de cette période, les populations érigent de puissantes cités en Mésopotamie…
Article suivant : En Mésopotamie, la civilisation sumérienne se déploie du Tigre à l’Euphrate et de Sumer à Suse
Une aventure ? L’épopée de Gilgamesh (Mésopotamie) : des tablettes du XIIIe siècle avjc racontent l’épopée du roi Gilgamesh en quête d’immortalité… (il aurait régné vers 2600 avjc sur la cité d’Uruk (ou Ourouk )… Un livre ? L’Histoire commence à Sumer, de Samuel Noah Kramer (1956).
Exposition L’histoire commence en Mésopotamie, Louvre-Lens, 2 novembre 2016 – 23 janvier 2017 : louvrelens.fr/documents/10181/121770/Dossier_pedagogique_Mesopotamie_BD.pdf/a8ac2280-e606-4039-9037-0bf4113f7d09?type=pdf
