Dessins signés Lopez
Dessin, peinture, illustration… Frédérick Lopez, alias Fredlobo Lopez, met en lumière des personnalités du cinéma, de la musique et d’autres encore, dont ses amis… L’artiste revisite l’art du portrait, inspiré par un regard sensible, par un désir ardent d’exprimer spontanément la vie dans un visage. Son crayon affûté travaille les ombres et les lumières, l’énergie et les traits palpables d’une expression. Frédérick modèle ses sujets, à la fois dessinateur et « croqueur » sur le vif… Entretien.
Propos recueillis par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour août 2022 –
Novembre 2018, dans une brasserie parisienne…
Qui êtes-vous Frédérick?
Fredlobo Lopez, souriant… – J’ai 45 ans, je vis en couple, je suis père de famille… Je travaille dans la presse depuis vingt ans… Ma grande passion, c’est le dessin… J’aime dessiner, cela est pour moi l’occasion de me remettre en question, d’apprendre, et puis, surtout, de m’améliorer sans cesse… Le dessin exige essentiellement de la précision… Dès que cela est possible, dès que j’ai du temps de libre, je travaille…
Quelle a été votre formation artistique?
Le dessinateur poursuit… – Après un bac littéraire et artistique, j’ai étudié les arts plastiques durant trois ans. Ensuite, je me suis orienté vers une école privée, pour travailler le dessin en profondeur et recevoir des cours traditionnels. On travaillait de façon intensive, avec des cours d’histoire de l’art, des études de nus, des exercices d’exécution…
… Le reste du temps, on avait aussi beaucoup de travaux à réaliser à la maison… Cette période d’apprentissage m’a passionné, parce que j’ai vécu ce moment d’études… disons… comme une « vie d’artiste »… Oui, c’était un peu la vie de bohème…
Comment l’idée de réaliser des portraits vous-est-elle venue?
Fredlobo Lopez, un peu hésitant… – Au début, j’étais un peu stressé… Le portrait, pour moi, me paraissait plus simple à travailler… J’ai choisi un thème qui, à la fois, me correspondait et me donnait la possibilité de réaliser des dessins plus facilement… C’est-à-dire, surtout, en fonction du temps de liberté dont je disposais…
Il est vrai que, généralement, je ne m’éternise pas sur un dessin… je ne peux pas dessiner à plein temps. Il me fallait un sujet que je pouvais reprendre sans problème, le lendemain, le surlendemain ou quelques jours plus tard, … et cela sans me « prendre la tête »… Parfois même, le temps de quelques traits de dessin, quand la concentration est là…
Comment choisissez-vous vos modèles?
L’artiste très détendu raconte… – Le portrait me permet de me sentir encore plus proche de mes sujets… c’est plus agréable de dessiner un portrait quand le modèle est une personne que l’on apprécie, célébrité ou ami(e)…
… Je ne dessine pas de personnalité politiques… bon…. en fait, cela peut arriver quelquefois dans ma vie professionnelle… Je dessine par passion, je m’inspire de personnages que j’apprécie personnellement ou qui m’intéressent. Pour moi, chaque portrait, c’est comme dessiner un « ami »… J’essaie vraiment de dessiner des portraits « vivants », pas trop lisses…
Pouvez-vous nous expliquer votre démarche artistique, la philosophie personnelle qui guide votre travail?
Fredlobo Lopez réfléchi… l’air concentré et pudique à la fois… – Ma démarche dans le dessin, c’est comme un chemin de vie, c’est apprendre… et on va dire ça : tenter de progresser…, dans mon travail sur le dessin comme en mon for intérieur, tel un « apprenti»…
Et encore, comment dire… c’est essayer de modeler mes portraits jusqu’à ce que j’atteigne un résultat fiable, qui corresponde à mes attentes, notamment dans le ressenti, dans le rendu de la peau, dans l’expression du visage, dans la vivacité du regard…
Je travaille beaucoup les détails, comme les rides, le grain de la peau, la texture qui me permet de donner vie à un visage… Et puis j’aime particulièrement travailler mes portraits en noir et blanc…
… Parfois, j’ai un peu l’impression d’être un « psychopathe » en travaillant les textures… c’est comme une sorte de transe, une volonté vraie de ne pas forcément trop accentuer le côté hyperréalisme, de laisser s’exprimer le côté un peu vif, spontané du trait, d’éviter un aspect trop lisse en donnant libre cours à l’instinctif…
Vos portraits évoquent une mise en lumière photographique, voire cinématographique, quel rôle donnez-vous à la lumière dans vos dessins?
L’artiste sourit, enthousiaste… – Bien sûr, la lumière est essentielle dans mes dessins… Je travaille très souvent d’après des photographies… Mais parfois, même sur des photos de qualité, le rendu de l’âge du personnage et de ses traits particuliers n’est pas forcément là, sensiblement présent, du moins à mes yeux…
Oui… il y a une recherche sur la lumière dans mes dessins… J’imagine parfois que je travaille sur une sculpture, sur un travail de terre glaise… et donc, véritablement, sur une mise en volume…
… C’est un challenge, parce que le dessin en noir et blanc, généralement, peut aboutir à un effet de « trop plein », sans nuances sensibles… Donc, le défi, est de s’appliquer à modeler un visage, à faire ressortir véritablement son expression, à lui donner vie… Tout cela anime mon humble volonté « d’apprenti »…
Quel sens donnez-vous à votre recherche? Peut-on dire que le travail sur vos dessins se rapproche de la philosophie de la calligraphie?
Fredlobo Lopez, songeur… – En travaillant en noir et blanc, je m’efforce de faire ressortir des traits ou des détails particuliers, une texture particulière, ou encore une expression particulière… Par exemple, je vais travailler sur des rides d’expression qui ne sont pas toujours apparentes sur la photographie du modèle…
Oui, c’est vrai…, c’est un travail tout de même assez complexe… C’est une recherche pour laquelle il faut sans cesse se remettre en question… Il faut aussi, parfois, savoir prendre du recul, faire une pause…

… Comme pour la calligraphie, le travail sur le trait exige à la fois une grande précision d’exécution, une grande concentration, de multiples recommencements… pour aboutir au jaillissement d’un trait vif, spontané, non calculé… Il s’agit d’obtenir un trait précis et puissant, qui animera un portrait vivant…
Vous avez également travaillé en couleur, mais il nous semble que le noir et blanc, comme l’illustre votre Série Noire sur Behance, soit votre prédilection du moment, pourquoi?
Dynamique, le dessinateur explique… – Mon activité d’illustrateur m’amène à travailler en couleur et en noir et blanc… Cependant, Le choix du noir et blanc correspond avant tout à un désir de me concentrer sur la force du dessin, sur le rendu, sur les tons… et bien sûr sur la technique de la peinture digitale… Cela est pour moi essentiel, même si je réalise aussi des illustrations en couleur…
Pour moi, le dessin, la couleur, le ton… cela donne parfois un rendu un petit peu « superficiel », comme cela peut se ressentir avec les images de la mode… La couleur est là… et bien sûr, on peut voir un visage ressemblant… Mais, d’un autre côté, l’expression d’un visage et le traitement des textures de la peau ne sont pas aussi intéressants à travailler en couleur qu’en noir et blanc…
… Pour mes « portraits en série » , en noir et blanc, je recherche le « vivant » en profondeur, l’étude des traits, des tons et des nuances… C’est très agréable de travailler le noir et blanc pour laisser émerger une certaine manière d’être de la personne, pour faire ressortir un caractère physique ou psychologique particulier… bref, j’aspire à donner une âme au portrait que je dessine.
Quels est, selon vous, la touche qui distingue votre signature stylistique ?
Fredlobo Lopez, plongé dans ses pensées, confie… – Je pense que ma touche personnelle … disons… possède quelque chose de problématique… avec à la fois un côté très léger, un « coup » de trait très vif, énergique, qui n’est pas forcément complètement maîtrisé… peut-être même un peu maladroit parfois…
Même si mes portraits présentent un effet proche de l’hyperréalisme, je pense que l’on perçoit quand même qu’il s’agit d’un dessin. On peut ressentir la texture du papier… C’est une sorte de mélange des deux, avec une peinture digitale hyperréaliste et, en même temps, des subtilités que seul le dessin peut apporter…



Dessins de Fredlobo Lopez, détails, Eva Green et Kylian Mbappé. © Fredlobo Lopez-courtesy de l’artiste pour Blogostelle.
… Voilà, comment dire… c’est de l’énergie… le résultat d’une opposition entre les exigences d’une exécution précise et rigoureuse, dont l’esprit rappelle celui de la calligraphie et, au contraire, des touches de maladresse, plus proches de l’esprit du croquis, de l’improvisation et de la spontanéité…
… Comme, par exemple, quelques nuances de lumière dans une mèche de cheveux, des éclats lumineux dans les yeux, et donc dans le regard, quelques touches hâtives sur un grain de peau ou sur un détail de la morphologie…
Le cinéma vous inspire particulièrement, avez-vous un film préféré ou une scène cinématographique préférée… et pourquoi?
Passionné Fredlobo Lopez poursuit… – J’aime énormément le cinéma… C’est difficile pour moi de donner un exemple particulier parce que j’apprécie beaucoup de choses…
Bon… parmi mes coups de dans mon cœur, je peux citer en exemple Raging Bull, de Martin Scorsese. Un film en noir et blanc qui me plaît particulièrement aujourd’hui… Son univers exprime quelque chose dans l’ambiance, dans les lumières et dans les visages qui correspond à mon état d’esprit en ce moment…
Quel est le style musical – ou un interprète en particulier – qui vous fascine particulièrement?
– Sans hésiter Serge Gainsbourg… Moi, j’ai toujours été fasciné par Serge Gainsbourg, j’aime sa musique, ses textes, sa culture… Il est une référence… J’aime aussi Charles Aznavour qui, malheureusement, nous a quitté (NDLR: le 1er octobre 2018)…
Et bien sûr, j’aime la musique et les musiciens… dont je « croque » parfois le portrait à ma manière, comme celui du rappeur Eminem ou celui d’Iggy Pop. Le portrait d’Iggy Pop et celui de Léonard Cohen tiennent une place particulière. Ils font partie, pour moi, de mes portraits les plus aboutis, notamment dans mes recherches sur le trait et le modelé, sur le rendu de l’expression individuelle et sur le ressenti du « vivant »…

Parmi les créations artistiques de tous les temps, avez-vous une œuvre préférée?
Fredlobo Lopez sourit… – J’aime beaucoup le peintre Gustav Klimt, dont la touche artistique m’impressionne… oui, notamment son travail sur la couleur… Et aussi Jean-Michel Basquiat, que j’ai découvert récemment, un grand peintre aussi, un peu à l’opposé du premier, mais c’est vraiment un artiste que j’apprécie…
Connaissez-vous une œuvre d’art ou un monument qui relève de l’art sacré et qui vous touche en particulier?
Fredlobo Lopez raconte volontiers… – La cathédrale de Chartres me plaît particulièrement… Je l’ai d’ailleurs peinte, mais pour des raisons personnelles… c’était, avant tout, pour en faire cadeau à une personne proche qui vit non loin de là…
Oui, on ressent quelque chose à l’intérieur de cette magnifique et impressionnante cathédrale… une sorte d’’apaisement… Sinon, j’aimerais, un jour peut-être, travailler sur le thème du Christ en croix qui, pour moi, symbolise la condition humaine…

Dessiner ou peindre, cela apaise-t-il l’être humain qui se cache derrière l’artiste?
L’artiste sourit… et avec un clin d’œil… – Quand je dessine, oui… il m’arrive de ressentir un apaisement… Mais il y a des moments où je ressens aussi de l’agacement… parce que je ne peux pas travailler aussi vite que je le voudrais…
Parfois, je commence une illustration ou une peinture… puis je me plonge dans mon travail jusqu’au bout… sans m’interrompre… et même jusque tard dans la soirée, pour terminer ce que j’ai commencé… parce que, en ces instants, je sens que je suis concentré… Ce sont ces moments que je préfère, en fait. Mais je suis aussi un peu feignant, parfois… et là, c’est un peu agaçant…
… Mais, comme je le disais tout à l’heure, il faut savoir aussi faire des pauses, prendre du recul. Par contre, je ressens une forme de paix quand j’atteins mon but tant recherché… Quand je réussis, vraiment, finalement, à peindre ou à dessiner ce que je voulais, à exprimer pleinement ce qui est « dans ma tête »…
Comment imaginez-vous votre avenir de dessinateur?
Fredlobo Lopez, confiant et souriant… – J’espère surtout continuer à dessiner, bien sûr… J’ai envie de réaliser d’autres œuvres en noir et blanc, mais aussi de reprendre le travail sur la couleur, bientôt… pour aller plus loin, pour expérimenter davantage encore la couleur… Parce que je suis très heureux de dessiner…
… J’ai le sentiment d’avoir véritablement trouvé mon style… Le dessin est le moyen d’expression qui me convient, aussi bien au niveau technique que sur le plan des résultats obtenus. Et puis, il est vrai que si j’aime m’impliquer dans mes dessins parce que cela est essentiel pour moi, mon travail commence à être un peu plus visible…
C’est un début de reconnaissance… Et cela est agréable, aussi, de recevoir des compliments, même si je dessine avant tout pour le plaisir, motivé par une passion… Et sans savoir, par ailleurs, où me mènera ce chemin…
Merci Frédérick…
Pour retrouver les dessins de Frédérick ou le contacter : @fredlobo Lopez sur Behance : behance.net/fredlobolo3728 ; Instagram @fredlobo Lopez instagram.com/fredlobolopez/ et Facebook facebook.com/lobo.comicbox
C’est quoi le Digital Painting ? Il s’agit de peinture numérique, un art pour lequel les artistes exploitent des techniques traditionnelles, comme le crayon, le fusain, l’aquarelle, les acryliques, la peinture à l’huile, l’impasto (empâtement huile ou acrylique)… le tout traité à l’aide d’outils numériques et d’une tablette graphique.
L’art du portrait… florilège

L’art du portrait a traversé les âges, depuis les figures-archétypes de l’être humain aux temps reculés de la préhistoire, les portraits idéalisés ou symboliques des époques antiques et médiévales, les portraits emblématiques, réalistes, soumis à de multiples expériences, de la Renaissance à l’époques moderne… Au centre de cette composition, Clint Eastwood, dessin de Fredlobo Lopez. © Fredlobo Lopez-courtesy de l’artiste pour Blogostelle…
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