Les eaux, Sequena, les Lares, le zodiaque…
La piété populaire comme les réflexions les plus savantes nourrissent la vie culturelle en Gaule Romaine… Des milliers d’ex-votos sont déposés par les pèlerins dans les sanctuaires des sources et chacun honore ses divinités préférées à la maison. À côté des auteurs latins et de la mythologie gréco-romaine, on s’inspire aussi d’influences venues d’Égypte et d’Orient. Carte du ciel et calendrier se font œuvre d’art…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Février 2018 –

Bloc-notes + Un livre? La guerre des Gaule, les commentaires de Jules César, rédigés au Ier siècle avjc (entre 58 et 51 avjc). Une BD? Astérix le Gaulois (René Goscinny – Albert Uderzo). Une BD historique? Arelate, de Laurent Sieurac, avec Alain Genot, archéologue, Arles à l’époque de la Gaule romaine…
LE CULTE GAULOIS DES SOURCES
En Gaule, les sources conservent un grand pouvoir de fascination spirituelle sur la population. L’importance sacrée des Eaux relève d’un lointain héritage qui perdure dans les sanctuaires gaulois… Les sources sont l’objet de pèlerinages et on aménage parfois des ensembles cultuels monumentaux.
Prières et remerciements dans les sanctuaires
Des milliers d’ex-voto sont déposés sur les nombreux lieux sacrés de la Gaule… Les fidèles viennent déposer des objets votifs de toutes sortes dans les fana (singulier fanum, temple gaulois) comme dans les grands et spacieux sanctuaires collectifs…

On accompagne les prières et les remerciements de figurines personnelles, de statuettes de divinités, de petits animaux, de bijoux, de vaisselles, de pièces de monnaie… Les objets votifs sont façonnés en bois, en pierre ou encore en métal, en bronze, en argent, en or.
REPÈRES CHRONOLOGIQUES
– La Gaule Romaine, 52 avjc – début du IVe siècle apjc – Conquête de César en 52 avjc (défaite d’Alésia) – La Pax Romana IIe -IIIe siècle apjc – Édit de Milan de l’empereur Constantin en 313 apjc (liberté religieuse et développement du Christianisme) – Fin de l’Antiquité et invasions barbares : fin du IVe siècle apjc et Ve siècle apjc – VIe siècle apjc : les débuts du Haut Moyen Âge…
D’après une stèle d’Hercule, sanctuaire des sources d’Hercule, IIe siècle apjc, Deneuvre, Meurthe-et-Moselle, France ; et un ex-voto sculpté, portrait, hêtre, source des Roches, Ier siècle apjc, Chamalières ; France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Le sanctuaire des sources d’Hercule
On aménage le sanctuaire des sources d’Hercule vers 150 apjc… Quelques bassins en bois sont les réceptacles des sources grâce à un réseau de canalisations, lui aussi en bois, qui permet d’acheminer et d’évacuer les eaux. Au IIe siècle apjc, le sanctuaire d’Hercule voit sa fréquentation et sa notoriété augmenter…
Entre 175 et 185 apjc, le bois des bassins est remplacé par la pierre. On pose des toitures et on installe les premières statues. Après une période d’abandon et de renouveau à la fin du IIe siècle, le sanctuaire est finalement détruit vers 375 apjc au cours de la période chrétienne…

Lieux sacrés et déités guérisseuses
Les sanctuaires aménagés auprès des sources prennent parfois la forme d’un vaste ensemble monumental. Ils regroupent alors des temples, des thermes et un amphithéâtre…
Certains lieux sacrés sont consacrés plus particulièrement à des déités guérisseuses. Les pèlerins y déposent leurs offrandes et leurs ex-votos pour obtenir la bienveillance et la protection de ces divinités.
Deux sanctuaires gaulois possèdent des dépôts très importants : celui des Sources de la Seine, en Bourgogne, non loin de Dijon, et celui de Chamalières, en Auvergne, près de Clermont-Ferrand. On a déposé là de très nombreux ex-voto qui remontent au début du Ier siècle apjc…
En Gaule Romaine, les dépôts votifs prennent souvent la forme de figurines en bois sculpté et relèvent de pratiques très populaires…
D’après des ex-voto : une statuette de cheval en hêtre, source des Roches, Ier siècle apjc, Chamalières ; les figurines en bois d’un homme et d’une femme ; et un ex-voto qui prend la forme des yeux, plomb, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Plus de 1500 ex-votos à Chamalières
Sur le vaste sanctuaire des Sources de la Seine, en Bourgogne, les fidèles déposent plus de 300 effigies sculptées en bois de chêne… Ces figures représentent des personnages malades ou des pèlerins, nus ou vêtus…
On dépose aussi des ex-voto qui représentent des parties du corps humain, des planches anatomiques ou encore des animaux… Il existe aussi des petits ex-votos en bronze. Sur le site de Chamalières, les fidèles ont placé là plus de 1500 sculptures en bois destinées aux divinités guérisseuses…
SEQUANA, DÉESSE GAULOISE DE LA SEINE ET DE SES SOURCES
Les Gaulois honorent particulièrement Sequana pour ses pouvoirs de guérison. Les pèlerins qui se rendent aux sources de la Seine invoquent aussi la déesse gauloise pour exaucer leurs vœux. Sequana, déesse des sources de la Seine, est encore la protectrice de la tribu gauloise des Séquanes…

Sequana, la Seine
Selon l’Inrap, Sequana, le nom celte de la Seine, un puissant fleuve, provient du gaulois seg, qui signifie puissant, et de la terminaison ana, qui désigne un cours d’eau… La première crue de la Seine est mentionné par l’empereur Julien en 358 apjc dans Misopogon (ou L’Ennemi de la barbe)…
Les Eaux sacrées des Sources de la Seine
Les sources de la Seine se situent en Côte-d’Or, à 471 mètres d’altitude, dans un étroit vallon au fond duquel les eaux jaillissent. Les Gaulois sacralisent la source principale et élèvent en ces lieux un sanctuaire où ils honorent la déesse Sequana…
On élève le temple consacré à la déesse de la Seine à la fin du Ier siècle apjc. Cet édifice sacré prendra encore de l’ampleur aux IIe et IIIe siècles apjc.
D’après deux ex-votos en bois, culte des sources, Ier – IIIe siècle apjc, Bourgogne, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Malgré une sculpture sommaire, certaines figures taillées dans le bois dégagent une expression de profonde ferveur ou intériorité… Les yeux des personnages évoquent aussi parfois la cécité…
Des ex-votos en bois, en pierre ou en bronze
Des pèlerins en nombre se rendent aux Sources de la Seine dans l’espoir de guérir leurs maux et de recouvrer la santé. On puise alors l’eau sacrée avant de s’en asperger… Les croyants vouent à la divinité des centaines d’ex-votos en bois, en pierre ou en bronze en guise de remerciements ou de prières…
Une divinité de La Seine vêtue à la grecque…
Une statue en bronze dont l’élégante et gracieuse figure féminine représente la déesse de la Seine provient du sanctuaire des Sources de La Seine, en Bourgogne. L’artiste enveloppe Sequana dans un long et souple drapé, qui rappelle davantage la robe-tunique grecque que l’habit gaulois ou romain…

La déesse est couronnée par un diadème orné de perles et trône sur une barque pourvue de trous. La figure de proue affiche un canard avec un élément rond dans le bec, un fruit ou peut-être un œuf…
L’artiste réalise son œuvre d’art à la fois avec idéalisme et naturalisme, et fait preuve d’une grande finesse dans l’exécution. On note aussi une touche discrète qui relève peut-être de la tradition celtique, le canard…
D’après le char rituel de Dupljaja, avec palmipèdes, terre cuite, âge du Bronze, Serbie, Belgrade ; et une figuration de Sequana en bronze, la déesse gauloise des Sources de la Seine, vers 100 apjc, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Les Gaulois divinisaient les rivières et les fleuves
Le thème du palmipède et de l’Eau se rencontre déjà à l’Âge du Bronze, puis à l’époque celtique de l’Âge du Fer dans l’iconographie cultuelle ou sur des objets d’art. Les eaux, dans lesquelles on dépose parfois des objets précieux, sont très présentes dans l’univers sacré du monde celte…
Une autre image moulée dans le bronze, sans doute Sequana, montre aussi la déesse gauloise debout sur un canard, symbole du monde aquatique… Les Gaulois divinisaient les rivières et les fleuves, comme sans doute les peuples celtiques anciens.
D’après Sequana et sa barque palmipède, sanctuaire des Sources de La Seine, bronze, vers 100 apjc ; la statue d’une déesse fluviale gauloise, Ier siècle apjc, Dijon, et un masque d’Acheloos, dieu fluvial, bronze, Ier siècle avjc, Lezoux ; France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Des inscriptions identifient la déesse Sequana
Sur le site des Sources de la Seine, les archéologues ont découvert dans les zones marécageuses quelques 300 ex-voto préservés. Ces images sculptées en bois de chêne, entre 40 avjc et 20 apjc, sont des ex-votos destinés à obtenir une guérison ou la réalisation d’un vœux.
Ces nombreux ex-voto sont souvent taillés dans le bois, mais aussi dans la pierre ou encore coulés dans le bronze. Les fidèles les déposent dans le sanctuaire des sources, où l’on élèvera un temple consacré à la déesse celte et gauloise Sequena, divinité de la Seine… Parmi les ex-votos, on représente des parties malades du corps humain ou celles d’un animal.
Les lieux ont fait l’objet de campagnes de fouilles entre 1836 et 1967. On a découvert, là, la statuette identifiée par des inscriptions comme la déesse Sequana. Cette figure en bronze faisait partie du dépôt ou du trésor du sanctuaire consacré à la déesse de la Seine et aux Sources.
D’après un ex-voto, enfant, talisman et chien, calcaire ; un ex-voto, buste masculin, bois ; et un ex-voto, tête en bois, vers Ier siècle avjc- Ier siècle apjc, Source de la Seine, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
La légende de la Seine, une création littéraire…
Si l’existence du culte de la déesse celte et gauloise Sequena est attesté à partir de 1836, les ondes de la Seine avaient par ailleurs inspiré des écrivains dès le XVIIe siècle. Ainsi, Racine évoque La Nymphe de la Seine dans une ode à la reine.
Et au XVIIIe siècle, Bernardin de Saint-Pierre raconte dans son ouvrage L’Arcadie une légende de la Seine, fille de Bacchus, dont le sujet ne relève pas de la mythologie mais de la création littéraire… (voir à la fin de cet article)
DANS LES MAISONS, L’AUTEL DES LARES ET DES MÂNES PROTÈGE LE FOYER
La pratique cultuelle en Gaule imprègne la vie publique comme la vie personnelle… Les laraires sont des autels domestiques à l’intérieur des habitations. Ils abritent les Lares, divinités protectrices du foyer et de la maisonnée, et les dieux Mânes, qui se rattachent au culte des ancêtres…

Chaque maison possède son Laraire…
Le culte domestique en Gaule romaine ressemble au culte romain des ancêtres. L’autel domestique, le laraire, s’apparente à une chapelle miniature. Il se compose d’un ensemble de figurines, avec des images des Lares, des Mânes et des dieux favoris de la famille.
Le laraire (de lararium), parfois installé dans une niche, accueille les Lares et aussi les Pénates (de penus, garde-manger). Les Pénates veillent à la bonne conservation de la nourriture. Les Lares veillent sur les portes, les serrures, la maison, et assurent la prospérité du foyer et de la famille… Les statuettes des dieux Mânes matérialisent les esprits des aïeux…
D’après le culte domestique des Lares, mosaïque de Saint-Romain-en-Gal, IIIe siècle apjc, France ; et l’Autel domestique d’Argentomagus, en pierre, II-IIIe siècle apjc, France ; Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Vin, fruits, gâteaux, miel, encens… en offrande
On installe le Laraire dans le jardin, dans l’angle d’une pièce de la maison ou encore on lui dédie une petite cella (pièce). Parmi les divinités de l’autel domestique, on rencontre la déesse Fortune et sa corne d’abondance, des divinités protectrices de corporations ou de métiers, des déités tutélaires ou de l’Abondance…
Les Gaulois déposent des offrandes aux divinités sur l’autel familial : vin, fruits, lait, gâteaux, miel, encens… À côté des Lares et des Pénates, on honore aussi dans les maisons de la Gaule quelques dieux favoris et encore des déités cosmiques…
On aperçoit souvent des effigies de déesses mères, de Vénus ou d’Épona, à qui l’on offre des libations (des boissons). À l’époque de la Gaule Romaine, toutes ces divinités protègent la communauté de la maisonnée… On installe aussi dans les maisons des objets plus personnels qui peuvent posséder une signification votive (liée un vœux ou à une prière)…

Des figurines de Vénus proviennent de dépôts funéraires en Bretagne et en Pays de la Loire. Elles sont façonnées en terres cuites blanches…
On fabrique des figurines en série…
On dépose souvent dans les laraires des statuettes en céramique de déesses mères, qui allaitent un ou deux nourrissons, assises parfois dans un fauteuil tressé.
Ces Matrones divines apportent la fertilité, protègent les mères et les enfants… Pour répondre à la demande, ces images sacrées gauloises sont fabriquées en séries selon la technique romaine de la terre cuite moulée.
Vénus séduit les Gaulois et s’invite dans les foyers…
En Gaule, le culte de la déesse romaine de l’Amour, Vénus (Aphrodite pour les Grecs), est très répandu. On l’honore en particulier pour protéger les enfants. Il existe aussi des représentations personnelles de couples d’amoureux…
Les artistes réalisent de nombreuses images de Vénus, sous la forme de statuettes ou de figurines en ronde bosse, en pierre ou en métal. Ils façonnent encore des modèles en terre cuite blanche. La déesse est parfois associée à des symboles, comme des rouelles ou des astres…
D’après une Vénus, dite à gaine, terre cuite blanche, dos, Ier siècle apjc, Pays de la Loire ; un moule et une figurine de déesse mère, terre cuite, France ; et un objet votif ou personnel, dit Les Amants de Bordeaux, terre cuite, IIe-IIIe siècle apjc ; Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Dans l’Ouest de la France, on a réalisé des séries de figurines assez sommaires, les Vénus dites à gaine. Le style de ces représentations de Vénus et de Cupidon s’inspire des modèles romains. Ainsi, on représente Vénus à sa Toilette, Vénus sortant de l’eau… Parfois la déesse tient un linge ou sa longue chevelure…
L’autel domestique de Rezé
L’antique cité fluviale de Rézé, sur la Loire, est fondée entre 20 avjc et 10 apjc. Ratiatum se développe surtout au Ier siècle apjc. C’est une ville importante pour les Pictons, juste après leur capitale Limonum, l’antique cité de Poitiers.
On construit de nombreuses habitations à Ratiatum, un temple et des thermes publics… On installe des entrepôts et des magasins le long du port, et on aménage les quais à la fin du fin Ier siècle apjc. La cité de Rézé décline à partir du IIIe siècle apjc, au profit de Portus Namnetum, la Nantes antique.

Un laraire qui marie culte impérial et déités gauloises…
On façonne l’autel miniature de Rezé au début du IIe siècle apjc. Il serait l’unique modèle retrouvé en France dans son support mural. Ce petit laraire, conservé à Nantes, est sans doute à l’origine encastré dans l’un des murs extérieurs des thermes.
Le buste féminin d’une impératrice placé au centre de l’autel évoque le culte impérial romain, la protection et la prospérité apportées par Rome. D’autres figurines du Laraire de Rezé incarnent des divinités gauloises non identifiées. Ces petites statuettes sont fréquentes sur les autels domestiques gaulois.
On rencontre aussi le cochon, symbole de prospérité, et le chien, protecteur du foyer, qui est aussi un animal psychopompe, en relation à l’au-delà (et aux ancêtres?). Deux divinités aux formes plates représentent peut-être des déités à caractère cosmique ou un couple divin…
ZODIAQUE, CARTE DU CIEL, CALENDRIER… TRADITIONS ORIENTALES, GRÉCO-ROMAINES ET GAULOISES
Chez les citoyens les plus instruits, on rencontre des objets ou des décors savants en relation avec l’astrologie, dont l’iconographie suggère des influences égyptiennes. Très présent en Orient, le zodiaque se répand aussi dans le monde gréco-romain…

Le mot religion n’existe pas dans le monde celtique
Il est intéressant de remarquer que l’héritage celtique ne comporte pas de vocable pour signifier le concept de religion. Par contre, les peuples celtes et gaulois utilisent des termes comme pratique, coutume, foi, croire, adorer ou encore prier…
On connaît aussi l’importance essentielle du Soleil, du Feu, de l’Eau et de la Terre dans la tradition celtique et gauloise. Pour les peuples Celtes et Gaulois, ces éléments sacrés sont intimement liés à leur vision spirituelle du monde.
Sciences médicinales et Savoir
L’image de Cernunnos entouré d’Apollon et de Mercure évoque peut-être le souvenir des connaissances attribuées aux grands dieux du panthéon celtique. Le dieu Gaulois s’associe à l’Apollon guérisseur (sans doute) et au Mercure romain, dieu savant et habile…
Dans la tradition celte et gauloise, les druides détiennent le savoir médicinal et toutes les connaissances, à l’image de leur dieu suprême, le Dieu-Druide Polytechnicien qui possède toutes les sciences et les habiletés…
Selon César, la science des druides, gardiens de la tradition et des connaissances, s’étend à la cosmogonie et à l’astronomie…

Les druides gaulois gardent leur doctrine secrète
Les druides ne sont pas seulement des prêtres, ils enseignent et rendent la justice. Ils sont soumis à une très longue période de formation. Organisée et hiérarchisée sous l’égide d’un chef unique élu, l’assemblée des druides se réunit tous les ans dans la forêt des Carnutes (région de Chartres).
La littérature mythique de l’Irlande ancienne (récits épiques et légendaires, vies des saints…) évoque la grande importance sociale des druides, dont l’autorité surpasse celle du roi. Gardiens de la tradition, les druides gaulois conservent secrètement leurs connaissances et leur doctrine.
Rappelons que dans la culture celtique l’écriture est proscrite pour tout ce qui relève du domaine sacré. L’enseignement des druides est prodigué uniquement oralement. Et selon César (dans ses Commentaires) leur science s’étend à la cosmogonie et à l’astronomie…
D’après les tablettes de Grand, ses compartiments et ses figures égyptiennes, diptyque en ivoire, IIe siècle apjc, Grand, Vosges, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Une savante carte du ciel gravée sur ivoire
Sur les tablettes zodiacales de Grand, un diptyque composé de deux panneaux pliants, et gravé sur ivoire au IIe siècle apjc, on peut apercevoir un zodiaque qui se déploie autour des figures centrales du Soleil et de la Lune.
Les 12 signes astrologiques sont mentionnés en grec… Cette savante carte du ciel représente le zodiaque sous la forme de 4 cercles concentriques…
Ainsi, on aperçoit le Soleil et la Lune, les 12 signes astrologiques et les 36 décans, qui sont représentés comme des divinités égyptiennes et dont les noms sont inscrits en grec. Chacun des 12 signes du zodiaque se divise en trois décans (un décan = 10 jours). L’artiste rehausse les figures gravées en creux, de rouge, de noir et d’or…

Le disque zodiacal de Chevroches…
À l’époque de la Gaule Romaine, entre les Ier et IVe siècle apjc, une ville importante se développe à Chevroches, dans la Nièvre. L’atelier de métallurgie de la cité antique est particulièrement actif aux IIIe et IVe siècles apjc. À cette époque, les artisans conservent alors des stocks de métal destinés à la refonte…
Le disque de Chevroches représente les 12 signes du zodiaque et les 36 décans astrologiques, le tout finement incisé et ciselé. L’artiste travaille sur une tôle de bronze martelée de seulement 0,5 millimètres d’épaisseur.
Il réalise un disque hémisphérique en bronze d’environ 10 centimètre de diamètre. Cet objet unique dans le monde gallo-romain réunit astrologie et astronomie…

… Instrument de calcul et carte du ciel
Le disque de Chevroches s’apparente à un instrument de calcul qui permet de dresser une carte du ciel. Le cercle se divise en douze compartiments égaux…
… Chaque compartiment contient trois mots superposés inscrits en caractères grecs. La ligne extérieure du cercle correspond aux douze mois égyptiens, la ligne médiane aux signes du zodiaque et la ligne intérieure aux douze mois romains avec des abréviations…

Le calendrier gaulois de Coligny
Découvert en 1897 dans l’Ain, le calendrier fragmentaire de Coligny témoigne lui aussi de la complexité du savoir traditionnel gaulois. Mais cet objet ne révèle pas de nom de divinité identifiable avec certitude. Et les indications restent trop obscures pour reconnaître les fêtes sacrées annuelles… Un autre calendrier trouvé en Gaule situerait la fête d’Épona le 15 décembre.
Un document en langue gauloise
Gravé dans le bronze, le calendrier de Coligny est à ce jour le plus long document en langue gauloise connu. Mais un certain nombre de mots sont encore à déchiffrer…
Du point de vue de l’astronomie, ce calendrier, à la fois lunaire et solaire, est exceptionnel. On peut y découvrir l’ajout de mois intercalaires pour tenter de faire concorder les phases de la Lune et l’année solaire…
D’après le calendrier gaulois de Coligny, table en bronze, IIe siècle apjc, Rhône-Alpes, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
L’une des premières représentations du Ciel européen remonte à l’âge du Bronze, voir aussi l’article L’Âge du Bronze, arts, richesses et prestige
Des fêtes sacrées tout au long de l’année
Deux mentions de mois, samon et giamon, nous renvoient au début de l’été et au début de l’hiver… Dans la tradition irlandaise, des fêtes religieuses se déroulent au début de chaque trimestre.
On célèbre Lugnasad, la fête du dieu Lug, le 1er août, en installant des feux sur les hauteurs. La fête de Samain, le 1er novembre, correspond à la fête des morts, et on célèbre Imbolc, une fête de la purification, le 1er février… Au moment de la fête de Beltene, le 1er mai, on fait passer le bétail entre deux feux pour le protéger des mauvais esprits…

Pour célébrer la fête du dieu Lug, Lugnasad, le 1er août, on installe des feux sur les hauteurs…
Certains ont rapproché le nom de Beltene et celui du Belenos gaulois. Le folklore des pays celtiques conserve sans doute des réminiscences de ces fêtes saisonnières ancestrales. Et en France, les feux de la Saint-Jean y puisent peut-être leur origine…
Bloc-Notes + Découverte d’un disque astrologique antique à Chevroches (Nièvre) rae.revues.org/1269 Source RAE (revue Archéologique de l’Est).
En Gaule Romaine, aux IIe siècle apjc, on pratique surtout l’incinération. À partir de la deuxième moitié du IIIe siècle apjc, c’est l’inhumation qui prédomine… Vers la fin du IIe siècle apjc et surtout au IIIe siècle apjc, les cultes orientaux se diffusent en Gaule, dont les Mystères de Mithra… Les coutumes funéraires et les croyances évoluent… Article suivant Coutumes funéraires en Gaule Romaine
LA LÉGENDE LITTÉRAIRE DE LA NYMPHE DE LA SEINE, FILLE DE BACCHUS
Bernardin de Saint-Pierre, Arcadie, 1792 (extrait)
Dans son Arcadie, Bernardin de Saint-Pierre fait raconter à Céphas la légende de la Seine…
… Cérès, avait suivi dans les Gaules la déesse des blés lorsqu’elle cherchait sa fille Proserpine par toute la terre. Quand Cérès eut mis fin à ses courses, la Seine la pria de lui donner, en récompense de ses services, ces prairies que vous voyez là-bas.
La déesse y consentit, et accorda de plus à la fille de Bacchus, de faire croître des blés partout où elle porterait ses pas. Elle laissa donc la Seine sur ces rivages, et lui donna pour compagne et pour suivante la nymphe Héva, qui devait veiller près d’elle, de peur qu’elle ne fut enlevée par quelque dieu de la Mer, comme sa fille Proserpine l’avait été par celui des Enfers.
Un jour que la Seine s’amusait à courir sur ces sables en cherchant des coquilles, et qu’elle fuyait, en jetant des grands cris, devant les flots de la mer qui quelquefois lui mouillait la plante des pieds, et quelquefois l’atteignaient jusqu’aux genoux, Héva aperçut sous les ondes, les cheveux blancs, le visage empourpré et la robe bleue de Neptune (…)

… A sa vue Héva jeta un grand cri, et avertit la Seine, qui s’enfuit aussitôt, vers les prairies… … Mais le dieu de la Mer avait aperçu la nymphe de Cérès, et, touché de sa bonne grâce et de sa légèreté, il poussa sur le rivage ses chevaux marins auprès d’elle. Déjà, il était près de l’atteindre, lorsqu’elle invoqua son père Bacchus et Cérès sa maîtresse.
L’un et l’autre l’exaucèrent : dans le temps que Neptune tendait les bras pour la saisir, tout le corps de la Seine se fondit en eau, son voile et ses vêtements verts, que les vents poussaient devant elle, devinrent des flots couleur d’émeraude ; elle fut changée en un fleuve de cette couleur, qui se plaît encore à parcourir les lieux qu’elle a aimé étant nymphe.
Ce qu’il y a de plus remarquable, c’est que Neptune, malgré sa métamorphose, n’a cessé d’en être amoureux (…) Mais si le dieu des Mers a conservé son amour pour la Seine, la Seine garde encore son aversion pour lui.
Deux fois par jour, il la poursuit avec de grands mugissements, et chaque fois la Seine s’enfuit dans les prairies en remontant vers sa source, contre le cours naturel des fleuves. En tout temps, elle sépare ses eaux vertes des eaux azurées de Neptune…
Article suivant Coutumes funéraires en Gaule Romaine
Sommaire Rome antique-Gaule romaine
Bloc-notes + Jacques Bernardin Henri de Saint-Pierre (1737-1814), L’Arcadie, sur gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k101904r
Et Jean Racine, La Nymphe de la Seine à la Reyne,ode, 1660 apjc, sur gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8612046f