Le dieu Soleil Rê émerge du Noun, l’océan primordial…
Les Anciens Égyptiens sont étroitement reliés à leur terre et élaborent une création du monde à l’image de celle de leur pays, qualifié de don du Nil. Au moment de la crue du fleuve, seules quelques buttes de terre apparaissent au-dessus des eaux. Ainsi, le Noun mythique personnifie l’Océan originel, l’immensité aquatique primordiale. Au commencement des temps, Rê, divinité solaire et cosmique, émerge du Noun. Mais il existe différentes versions de la création du monde (cosmogonie) par le démiurge… Et la divinité solaire elle-même se manifeste sous différentes formes…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Publié le 24 janvier 2018 –

REPÈRES CHRONOLOGIQUES
Époque Thinite vers 3400 – 2980 avjc. Ancien Empire vers 2980 – 2475 avjc. Moyen Empire vers 2160 – 1788 avjc. Nouvel Empire vers 1580 – 1090 avjc. Troisième période intermédiaire vers 1090 – 663 avjc. Basse Époque vers 663- 525 avjc. Époque ptolémaïque 332 – 30 avjc. Chronologie détaillée de l’Égypte Ancienne
LA MYTHOLOGIE DE LA CRÉATION DU MONDE ET DES DIEUX
Dans chaque grand centre politique et sacerdotal de l’Égypte, les théologiens du sanctuaire principal de la cité élaborent leur tradition de la création du monde (cosmogonie), qui est l’œuvre d’une divinité démiurge. Ainsi, Ptah domine à Memphis, Amon-Rê à Thèbes, Atoum-Rê à Héliopolis, l’Ogdoade et le dieu Thot (assimilé à Hermès par les Grecs) à Hermopolis…

Parfois le dieu solaire à tête de faucon brandit la plume de Maât… La Maât, créée par Rê, incarne la norme universelle. Coiffée d’une plume, elle est déesse Vérité et Justice et veille au bon équilibre du Monde…
Un tertre, un lotus, un œuf…
Dans l’Égypte ancienne, comme en d’autres lieux, la mythologie et la Création du monde constituent l’essentiel de la pensée sacrée ancestrale… Ainsi, l’origine de l’être humain, de la royauté, des institutions et des rituels, est étroitement reliée aux mythes…
Différents épisodes mythiques de l’Égypte antique racontent la Création, après que le Soleil émerge de l’Océan primordial, le Noun. Et comment se forme un tertre ou une colline, un lotus ou encore un œuf…
Chaque capitale égyptienne place sa divinité principale au premier plan, en tant que Créateur. Parfois, en fonction des évolutions des centres du pouvoir, les théologiens n’hésitent pas à intégrer plusieurs cosmogonies et à faire de leur dieu local le démiurge…

Un lieu originel de la Création
Dans l’Égypte ancienne, comme ailleurs, chaque sanctuaire matérialise encore un Centre du monde, un lieu originel de la Création… Ainsi, l’émergence d’un premier endroit (la Terre) au-dessus du Noun (Océan primordial) et la première manifestation du Soleil évoquent le jaillissement de la Lumière, de la Vie et de la Conscience…
Sur un papyrus funéraire, la croix Ankh signifie Vie et le pilier Djed d’Osiris symbolise la Stabilité. Ils accompagnent la manifestation du Soleil sous sa forme de disque. Les déesses Isis et Nephtys et les cris des babouins saluent l’apparition de la divinité solaire…
D’après le disque solaire, le pilier Djed, la croix Ankh, et les déesses Isis et Nephtys, papyrus d’Ani, XIXe dynastie, Thèbes, Nouvel Empire ; et la naissance de l’Enfant-Soleil du lotus primordial, stèle d’inspiration égyptienne, ivoire rehaussé d’or, VIIIe siècle avjc, Arslan Tash, Syrie. (Marsailly/Blogostelle)
Les images symbolisent l’émergence du Soleil mais aussi le jaillissement de la Lumière, de la Vie et de la Conscience… Selon les versions de la cosmogonie égyptienne, les textes évoquent un tertre (ou colline) qui émerge du Noun, un Œuf originel qui contient l’Oiseau de lumière (Textes des Sarcophage) ou bien encore le Lotus qui jaillit des Eaux primordiales et porte le Soleil-Enfant…

Ptah, Rê-Atoum, Khnoum-Rê… émerge du Noun par sa volonté
Selon les époques, les régions et les cités, Amon-Rê, Ptah, Khnoum-Rê ou Atoum-Rê incarnent la divinité suprême et le créateur…
Ainsi Ptah domine à Memphis, Amon-Rê à Thèbes, le démiurge Atoum-Rê et Rê-Horakhty, Horus de l’Horizon à Héliopolis… Le créateur qui façonne le monde, demeurant dans le Noun, s’identifie même parfois au Noun lui-même.
Le dieu émerge du Noun par sa volonté, puis engendre la Création. Le Noun, océan ou marécage primordial, entoure le monde ainsi créé… Océans, mers, fleuves et rivières sont issus du Noun… On retrouve le thème universel des eaux primordiales dans la cosmogonie mésopotamienne et dans l’Inde védique…

La Création et l’avènement de Pharaon
Les mythes de l’Ancienne Égypte se dévoilent sous la forme d’allusions ou d’épisodes épars… On rencontre déjà des évocations mythiques dans les écrits sacrés les plus anciens, en particulier dans les Textes des Pyramides (vers environ 2500-2300 avjc), dès l’Ancien Empire.
Par la suite, les Textes des Sarcophages (vers environ 2300-2000 avjc), sous le Moyen Empire, et le Livre pour Sortir au Jour dit Livre des Morts (après 1500 apjc), sous le Nouvel Empire, reprennent les thèmes mythiques qui se rapportent à la Création (cosmogonie) et à l’avènement du premier Pharaon, Horus, fils d’Osiris et de la déesse Isis. Ces deux événements sont fondateurs dans la mythologie égyptienne…
À Memphis, Ptah l’Artisan a fondu le Double-Pays
Dans l’Ennéade de Memphis, le démiurge (grec dêmiourgos qui signifie artisan) est le dieu Ptah qui forme une triade divine avec la déesse Sekhmet et leur fils Nefertoum, le dieu nénufar… C’est par la pensée et par le verbe que Ptah se manifeste comme créateur. Il engendre huit autres divinités cosmiques. Les neuf dieux de Memphis forment l’Ennéade…

Ptah trônant porte un sceptre qui associe le pilier Djed d’Osiris et le sceptre Ouas des dieux, dont l’extrémité supérieure évoque la tête de Seth, mi-renard mi-canidé… Dans la mythologie égyptienne, Osiris et Seth sont à la fois antagonistes et complémentaires.
Ptah crée les dieux primordiaux et forme la Terre
Ptah, qui s’auto-engendre par la puissance de son esprit, conçoit le monde par la pensée et le procrée par la parole… Il est le dieu-artisan de toutes choses et le patron des artisans, en particulier des orfèvres…
Mais le sens premier du terme égyptien Celui qui a formé serait de fondre les métaux. Dans l’hymne à Ptah du Papyrus Berlin 3048, on loue Ptah comme le Créateur… Ptah modèle lui-même son corps, crée les dieux primordiaux, forme la Terre, les divinités et les êtres vivants…
- D’après Ptah enveloppé dans son habit moulant, bronze, or et électrum, vers 664 -332 avjc, XXVIe, Basse Époque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
ô Ptah!… dieu aux formes distinguées! Salut à toi! devant les dieux primordiaux que tu as créés après être venu à l’existence comme corps divin, qui a modelé lui-même son corps… Tu as formé la terre… dieu qui a fondu le Double-Pays.
Tu n’as pas eu de père qui t’ait engendré quand tu vins à l’existence, pas de mère qui t’ait enfanté… Lui (Ptah) qui a créé les dieux, les hommes et tous les animaux, qui a créé tous les pays, les rivages et la Très-Verte (la mer), en son nom de formateur du Pays!…
La cosmogonie Memphite
À Memphis, devenue capitale sous les Premières dynasties de pharaons, les théologiens mettent en lumière le dieu Ptah… Des artistes ont gravé dans la pierre un texte sacré, connu sous le nom de Théologie Memphite, sous le règne du roi Shabaka, sous la XXVe dynastie (vers 700 ans avjc environ).

Ptah crée par son cœur et par sa langue
Mais l’original de ce Document de théologie memphite remonte à la Ve dynastie, sous l’Ancien empire. Selon la cosmogonie Memphite, peut-être la plus ancienne, le dieu Ptah crée par son cœur et par sa langue, c’est à dire par son esprit et par son verbe… Mentionné par l’historien des religion Mircea Eliade, ce thème métaphysique rappelle celui du Logos (Le Verbe) dans la tradition chrétienne…
Celui qui s’est manifesté comme le cœur (Esprit), celui qui s’est manifesté comme la langue (Verbe), sous l’apparence d’Atoum, il est Ptah le très ancien…

Ptah est celui qui a fait exister les dieux
Ptah incarne ici le plus grand des dieux, il est celui qui a fait exister les dieux, avant que ces dieux ne pénètrent en leur corps visibles. Il est dit que les dieux entrent en toute sorte de plante, toute sorte de pierre, toute sorte d’argile, en toute chose qui pousse sur son relief (la Terre) et par lesquelles ils peuvent se manifester.
Selon cette mythologie, Atoum manifeste seulement une apparence de Ptah le Très Ancien... Atoum apparaît surtout comme celui qui engendre le premier couple divin…
Le dieu Ptah apparaît toujours enveloppé dans son habit moulant, coiffé simplement d’un sobre bonnet… On le nomme aussi Ta-tenen, qui signifie la terre qui se soulève…

Pah-Noun et de Ptah-Nounet
Dans la cosmogonie qui se rattache au dieu Ptah, on rencontre les formes masculine et féminine de Ptah-Noun et Ptah-Nounet. Ptah posséderait alors une nature androgyne ou double nature. On retrouve à Memphis le Noun, Océan primordial, comme dans les traditions mythiques d’Héliopolis et d’Hermopolis.
Le taureau Apis incarne la manifestation de Ptah sur la Terre
Le taureau Apis, au pelage noir et blanc, porte sur la tête le disque solaire et l’uræus, le cobra royal. Il incarne la manifestation de Ptah sur la Terre, image vivante du dieu. Les taureaux du sanctuaire d’Apis mènent une vie tranquille…
Apis se singularise en allant l’amble, marchant avec les deux pattes gauches ou droites vers l’avant, presque en même temps. Cette allure n’est pas naturelle chez cet animal. Selon la tradition égyptienne l’animal sélectionné pour devenir le taureau Apis possède des caractéristiques singulières…
Apis porte un pelage noir et blanc exempt de tout poil roux, il a des marques triangulaires sur le front, de rapace sur les épaules et une demi-lune sur les flancs. Les poils de sa queue sont fourchus et il a une bosse sous sa langue qui évoque le scarabée… Une fois reconnu, on mène ce taureau unique au sanctuaire d’Apis.

Les taureaux sacrés sont momifiés
À leur mort, les taureaux sacrés sont momifiés et leurs viscères sont placés dans des vases canopes. Les Apis sont ensuite inhumés dans de grands sarcophages de pierre regroupés dans leur nécropole, le Serapéum, à Saqqara… On érige aussi des stèles votives consacrées à Apis…
Le Serapéum se situe non loin de l’ancienne cité de Memphis, centre du culte de Ptah. Le culte du taureau Apis est connu depuis les débuts de la civilisation égyptienne, mais les tombes les plus anciennes découvertes remontent au Nouvel Empire, sous le règne d’Aménophis III. Plus tard, au IVe siècle apjc, après l’avènement du christianisme, on ferme la nécropole des Apis.
Noblesse et sobriété pour la figure du taureau Apis
Une grande sculpture du taureau Apis provient d’une chapelle du Serapeum de Saqqara, où se trouvent les catacombes des Apis. La chapelle se situe entre deux sanctuaires construits par les rois Nectanébo Ier et Nectanébo II, à la Basse Époque. L’artiste donne puissance, noblesse et sobriété à la figure du taureau Apis…
D’après le Taureau Apis, statue calcaire, peinte à l’origine, XXXe dynastie, sous les Nectanebo, catacombes des Apis, Serapeum de Saqqara, Basse Époque ; et un taureau Apis momifié, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Dans l’Ennéade d’Héliopolis, Atoum-Rê crée huit déités
À Héliopolis, capitale du culte solaire, les théologiens de la tradition égyptienne élaborent un groupe de neuf divinités égyptiennes, L’Ennéade. Ce groupe divin résume l’ensemble des puissances à l’œuvre dans l’univers. Atoum-Rê incarne le démiurge dont la substance engendre le premier couple divin…
Atoum-Rê émerge du Noun par sa propre volonté
Au commencement, Atoum-Rê émerge par sa volonté propre du Noun, marécage ou océan primordial. Noun signifie à la fois un principe – eaux primordiales obscurcies sous la forme d’une masse liquide inerte – et le dieu qui porte le dieu Soleil au-dessus des Eaux… À Héliopolis la colline de Sable du temple du dieu Soleil s’identifie à la colline primordiale…

Le démiurge Atoum-Rê crée de sa propre substance (sperme, salive, crachat…) le premier couple divin, Shou, le dieu Air (ou Atmosphère) et Tefnout la déesse Humidité. Shou et Tefnout engendrent ensuite Geb, le dieu Terre, et Nout, la déesse Ciel.
Puis Shou et Tefnout séparent Nout et Geb, nés enlacés. Nout et Geb donnent naissance au dieu Osiris, à la déesse Isis, au dieu Seth et à la déesse Nephthys. Ces neuf dieux forment l’ennéade.
Atoum, Le Caché, et Rê, dieu visible et souverain
Les textes sacrés évoquent encore le Serpent primordial qui demeure dans le Noun. Il incarne la première et la dernière image du dieu suprême Atoum, Le Caché. Le Livre pour Sortir au Jour (dit Livre des Morts) explique qu’Atoum redeviendra un serpent quand le monde retournera à l’état de chaos aquatique…

Atoum apparaît comme celui qui incarne la facette cachée du divin. Invisible dans le Noun, le dieu Atoum-serpent porte en lui toutes les potentialités. En revanche, le dieu Rê exprime la manifestation divine, créatrice, visible et souveraine…
Je suis Atoum, lorsque j’étais seul dans le Noun. Je suis Rê dans sa première manifestation, quand il commença à gouverner sa Création
L’ogdoade d’Hermopolis : des serpents et des grenouilles
C’est à Hermopolis, La ville des Huit, capitale du culte de Thot, que la tradition sacrée attribue le rôle souverain au dieu de la Lune, scribe divin et maître du temps… Le mythe conçoit une Ogdoade de huit divinités primordiales, sous la forme de quatre couples de déesses-serpents et de dieux-grenouilles.

Un lotus affleure à la surface du lac d’Hermopolis
À Hermopolis, en Moyenne Égypte, on élabore la doctrine de l’Ogdoade, fondée sur huit divinités primordiales auxquelles vient se joindre encore le dieu Ptah.
Du Lotus, qui émerge du lac primordial d’Hermopolis, sort l’Enfant sacro-saint, l’héritier parfait enfanté par l’Ogdoade, semence divine des tous premiers Dieux Antérieurs… Apparaît ainsi celui qui noua les germes des dieux et des hommes…

L’ogdoade crée un œuf
Les déités féminines et masculines primordiales de L’Ogdoade demeurent dans le Noun, océan originel et masse liquide informe. L’Ogdoade crée un œuf, puis le dépose sur un tertre, à Hermopolis.
De cet œuf jaillit le Soleil qui crée le monde… Ou encore un lotus ou un bouton de lotus apparaît sur les Eaux du lac de Hermopolis. De ce lotus jaillit l’Enfant-Soleil soleil qui crée le monde et les dieux…
Les quatre couples de l’ogdoade d’Hermopolis incarnent des principes… Ils sont Noun et Naounet, l’infini liquide ou océan primordial, Hehou et Hehet, l’espace infini ou la durée infinie, Kekou et Keket, les ténèbres, Niao et Niaout ou Imen et Imenet, le néant, l’insaisissable, ou bien Amon et Amonet, l’inconnaissable, le caché, le mystère…
D’après l’Ibis, oiseau des marais consacré au dieu Thot, bronze, bois et feuilles d’or, vers 332-30 avjc, Époque ptolémaïque ; et le dieu Thot sur la barque de Rê, sarcophage de Tachepenkhonsou, joueuse de sistre d’Amon-Rê, bois peint, vers 650 avjc, fin XXVe-début XXVIe dynastie, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
L’ibis-Thot et l’œuf originel…
On connaît une première évocation de l’œuf cosmique dans les Textes des Pyramides qui mentionnent l’Ibis-Thot... L’Ibis réside dans les marais du Delta, un endroit privilégié pour les oiseaux… Il est dit : va, tourne-toi vers les deux (moitiés) d’œuf, va à P, le lieu de Thot…
On retrouve ce thème sacré à Hermopolis où, selon des inscriptions de Petosiris (prêtre de Thot à Hermopolis au IVe siècle avjc), là reposent les moitiés de l’œuf avec tous les (êtres) qui en sont issus… On dit encore du dieu Soleil qu’il est sorti de l’œuf caché, enfant des huit dieux originels.
À Thèbes, Amon-Rê crée l’univers
Le grand dieu de Thèbes, c’est Amon-Rê, qui forme une triade divine avec la déesse Mout et leur fils Khonsou… L’oie est l’un des attributs d’Amon, nommé parfois grand caqueteur, ce qui le rattache au thème de l’œuf cosmique. Selon la tradition mythique, Amon serait à la fois l’un des huit dieux primordiaux et le créateur émergé du Noun…

ô Rê qui te trouves dans ton œuf
Parmi les variantes mythiques de la cosmogonie, on retrouve l’idée que le monde est issu d’un œuf… Le dieu Soleil éclot d’un œuf sous la forme du faucon : Je suis le grand faucon sorti de son œuf (Livre pour Sortir au Jour dit Livre des Morts).
Dans les Textes des Sarcophages du Moyen Empire, il est dit : ô Rê qui te trouves dans ton œuf… Certaines versions évoquent l’œuf du grand caqueteur.
Le volatile, parfois l’oiseau benou, pond alors un œuf sur un tertre primordial, émergé lui-même du Noun. Puis le dieu Soleil Rê sort de cet œuf cosmique et engendre le monde…

L’oiseau bénou, phénix d’Héliopolis, coiffé de sa couronne Atef… peint dans la tombe d’Inerkhaou, Directeur des travaux du Maître du Double Pays, dans le village des artisans de Deir el-Medineh…
L’oiseau benou, manifestation et ba de Rê
Une variante place à l’origine de la naissance du monde l’oiseau benou (le héron cendré), qui pond un œuf sur le tertre primordial. L’oiseau benou symbolise le ba de Rê par lequel le dieu solaire se manifeste…
On raconte encore comment le démiurge émet le cri d’un oiseau qui rompt le silence de l’Univers. Ce cri cosmique donne naissance à l’Ennéade (les neuf) et à l’Ogdoade (les huit)…
D’après la Création et le Soleil posé sur l’Horizon, papyrus funéraire de Khensumose, prêtre d’Amon-Rê, Livre des Morts, XXIe dynastie ; et une oie d’Amon ou Amon lui-même, toile enduite et bronze, Basse époque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Amon s’identifie à Rê sous la forme d’Amon-Rê
À l’origine, Amon apparaît comme une déité locale des vents de la Haute Égypte. Le dieu Amon prend ensuite une dimension universelle quand Thèbes devient la capitale. Amon règne alors sur le panthéon…
Amon s’identifie à Rê (Amon-Rê) et aussi au dieu de Memphis Ptah, le formateur. On l’associe parfois au bélier, symbole de la puissance procréatrice, et à l’oie, qui se rattache au thème de l’œuf et à la cosmogonie.
Amon, le taureau de sa mère
On évoque encore Amon comme dieu de la fertilité qualifié de taureau de sa mère. Le dieu-Soleil renaît chaque matin de la vache céleste, la déesse Hathor, ou de Nout, la déesse du Ciel. La nuit, englouti par sa mère, le dieu la féconde, avant que la déesse le remette au monde à l’aube…
Une version du mythe thébain évoque encore le serpent Amon, qui habite les Eaux de Noun, sous la forme particulière de Kem-atef : Celui qui a accompli son instant…

Khnoum, dieu potier, donne leur forme aux enfants…
Khnoum ou Khnoum-Rê, divinité à tête de bélier ou sous la forme du bélier, incarne une puissante force procréatrice. Il possède son sanctuaire principal à Éléphantine, accompagné des déesses Anouket et Satet…
Comme Ptah, Khnoum façonne les dieux et les êtres humains
Khnoum, protège la Première cataracte du Nil et veille sur les cavernes mythiques d’où jaillit la crue. Comme Ptah, Khnoum façonne les dieux et les êtres humains.
Khnoum donne encore leur forme aux enfants (embryons) sur son tour de potier avant de les placer dans le ventre maternel… De la même manière que pour le taureau Apis à Memphis, on inhume, à Éléphantine, les béliers consacrés au dieu Khnoum dans une nécropole dédiée… L’artiste de la momie dite l’Osiris, bélier de Khnoum utilise des tissus enduits, du bronze et du verre (pour les yeux)…
D’après le dieu Khnoum, temple de Satet, Éléphantine, XVIIIe dynastie, Nouvel Empire, Assouan ; Knoum-Rê à tête de Bélier, tombe de Séthi I, XIXe dynastie, Vallée des Rois, Nouvel Empire ; et le bélier, dit l’Osiris, bélier de Khnoum, Époque Ptolémaïque ou romaine, Éléphantine, Assouan ; Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
En Mésopotamie, les Eaux s’identifient à la Mère originelle qui engendre seule le premier couple : le Ciel, An, et la Terre, Ki. Puis An et Ki donnent naissance au dieu de l’Atmosphère En-lil. Selon certains écrits, En-lil sépare ses parents, le Ciel et la Terre…
Dans l’Inde védique, c’est le dieu de l’Orage Indra, qui sépare le Ciel de la Terre, fixe la voûte céleste, et lance son Vajra (son foudre) contre le dragon Vrtra qui retient les Eaux dans les ténèbres… En libérant les Eaux, Indra permet à la Vie, jusque-là en germe, d’émerger à l’existence… Le dieu magicien Varuna aide Indra à vaincre le dragon-serpent primordial et à libérer les Eaux captives du monstre…
RÊ DIEU SOLEIL DOMINE LE PANTHÉON ÉGYPTIEN
Rê crée l’univers, les dieux et la Vie. Principe qui existe par lui-même, le créateur divin de l’Égypte Ancienne émerge du Noun, océan ou marécage primordial. Dans la tradition d’Héliopolis, connue surtout grâce aux Textes des Pyramides, Rê engendre sa descendance divine et initie le premier jour…

Qui est le dieu Rê ?
Le centre du culte du dieu Rê se trouve à Héliopolis, où il est assimilé au démiurge Atoum ou Rê-Atoum, et à Horus sous la forme de Rê-Hor-akhty, soit Rê – Horus de l’Horizon. La divinité solaire est considérée comme le dieu du Ciel, et le souverain du panthéon et du Monde qu’il a créé.
Rê est encore le maître de l’ordre cosmique et le père de la Maât, principe métaphysique de l’équilibre universel (ou norme universelle), incarné par la déesse Vérité et Justice, qui porte une plume sur la tête… Rê, dieu cosmique, prend une forme anthropomorphe à tête de faucon sous les trait de Rê-Horakhty.

Roi des dieux, Rê s’unit à de multiples divinités locales
Les symboles culturels associés à Rê sont la pyramide et l’obélisque, dont les formes matérialisent les rayons solaires.
Divinité souveraine du royaume d’Égypte à partir de la Ve dynastie, sous l’Ancien Empire, Rê, le roi des dieux, va s’unir à de multiples divinités locales. Il se fond aussi à des dieux démiurges, tels Amon (Amon-Rê), Atoum (Atoum-Rê), Khnoum (Khnoum-Rê) ou encore Ptah…
Khepri, Rê, Khnoum- Rê ou Atoum-Rê
Pour les anciens égyptiens le dieu Soleil Rê est le souverain du panthéon. Mais la divinité solaire se manifeste sous plusieurs formes : le soir, le Soleil est Khnoum-Rê ou Atoum-Rê, à tête de bélier, symbole du Soleil qui disparaît au crépuscule… À l’aube, le Soleil prend la forme du scarabée Khepri, symbole du Soleil levant.

Rê illumine le monde de ses rayons
Le jour, Rê-Horakhty à tête de faucon, paré du disque solaire et de l’uræus-cobra royal illumine le monde de ses rayons. Sous le nom de Rê Horakhty, Rê-Horus de l’horizon, la divinité confond Rê et Horus… Sous les traits d’Amon Rê, roi de dieux, la divinité solaire porte le disque solaire surmonté de deux très hautes plumes…
J’ai beaucoup de noms et beaucoup de formes, et ma forme est dans chaque dieu… Je suis Khepre au matin, Rê à son midi, Atoum le soir… dit sa majesté Rê dans un récit mythique.

Dans la cosmogonie de l’Égypte ancienne, le dieu Rê engendre les divinités, le monde et crée le Premier Jour et la Première Fois. Grâce à la mythologie de Rê, le processus solaire cyclique se réactualise chaque jour. Quand Rê traverse le ciel sous la forme de Khepri-scarabée, il symbolise le Soleil en devenir… Quand le Soleil se lève à l’horizon, il recrée le monde et la vie…
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Bloc-notes + Des écrits sacrés ? Les Textes des Pyramides, qui remontent à l’Ancien Empire (entre 2980 – 2475 avjc) ; Les Texte des Sarcophages, depuis la fin de l’Ancien Empire et au Moyen Empire (vers 2160 – 1788 avjc) ; Le Livre pour Sortir au Jour (dit Livre des Morts), au Nouvel Empire (vers 1580 – 1090 avjc)… Un roman ? Sinouhé l’Égyptien, de Milka Waltari, les aventures de Sinouhé, médecin et espion du pharaon Aménophis IV (Akhénaton)… Un conte initiatique ? Her-Bak Pois Chiche, de Isha Schwaller de Lubicz, qui raconte l’éveil d’un jeune égyptien sous la XXe dynastie, dans la région de Thèbes (Karnak, Louxor)…