Les Ors de l’art Rocaille…
L’histoire de la Galerie Dorée et de l’hôtel particulier qui l’abrite remonte au XVIIe siècle… C’est en 1640 que Louis Phélypeaux de La Vrillière, secrétaire d’État aux finances de Louis XIV, confie à l’architecte François Mansart l’élévation de son Hôtel particulier à Paris… Au XVIIIe siècle, le Comte de Toulouse, fils illégitime de Louis XIV et de Madame de Montespan, acquiert cette prestigieuse résidence en 1713, rebaptisée alors Hôtel de Toulouse. Le nouveau propriétaire confie à Robert de Cotte, architecte du roi, la mission de réaménager les lieux… En 1808, l’Hôtel de Toulouse devient le siège de la Banque de France…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour avril 2019 –

XVIIe SIÈCLE, LES TRÉSORS DE LA GALERIE DE L’HÔTEL DE LA VRILLIÈRE
La Galerie Dorée, à Paris, déploie ses fastes au cœur de l’ancien Hôtel de La Vrillière-Toulouse (siège actuel de la Banque de France)… Au commencement, Louis Phélypeaux de La Vrillière fait appel à François Mansart pour construire son hôtel particulier parisien…

Une galerie d’apparat de 40 mètres de long
En 1640, François Mansart (1598-1666) est donc chargé de construire l’hôtel particulier de Louis Phélypeaux de la Vrillière, secrétaire d’État aux finances de Louis XIV. Cet hôtel prend ainsi le nom de la Vrillière…
L’architecte français imagine une galerie d’apparat de 40 mètres de long sur 6, 50 mètres de large et 8 mètres de haut… Cet espace prestigieux est destiné à accueillir la collection de toiles de maîtres de son illustre propriétaire. La galerie est alors conçue pour accueillir dix tableaux…
Une résidence entre cour et jardin
L’hôtel de La Vrillière se déploie entre cour et jardin, avec un corps de logis principal, deux ailes latérales et une cour d’honneur… C’est en 1631, bien avant la construction de sa résidence parisienne, que Louis Phélypeaux de La Vrillière commande au peintre italien Guido Reni (1575-1642) L’Enlèvement d’Hélène par Paris… Il décide ensuite de commander d’autres tableaux aux artistes réputés d’Italie pour sa collection personnelle…
D’après le buste de Jules Hardouin-Mansart, Galerie Dorée, Hôtel de Toulouse ; l’hôtel de La Vrillière, construit par François Mansart, dessin de Jean Marot, 1650 apjc ; et un portrait de Louis Phélypeaux de la Vrillière, sur une estampe de Balthazar Montcornet, 1654 apjc, XVIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
… Cinq toiles de la collection de Louis Phélypeaux de La Vrillière, signées Le Guerchin, Nicolas Poussin, Guido Reni, Alessandro Turchi et Pierre de Cortone, sont conservées au Louvre. Cinq autres tableaux originaux de la collection de La Vrillière, démantelée à la Révolution française, sont dispersés dans les musées de Caen, Lille, Lyon, Marseille et Nancy…
REPÈRES CHRONOLOGIQUES
– Louis XIII : 1610 – 1643 apjc – Régence Anne d’Autriche. – Louis XIV : 1643 – 1715 apjc. – Régence Philippe duc d’Orléans : 1715 – 1717 apjc. – Louis XV : 1715 – 1774 – Louis XVI : 1774 – 1792 apjc. – Révolution Française 1789 apjc… Napoléon Ier, empereur : 1804 – 1814 apjc. – Création de la Banque de France par Napoléon Bonaparte en 1800 apjc.
VÉRONÈSE, GUIDO RENI, LE GUERCHIN, PIERRE DE CORTONE… ET NICOLAS POUSSIN
Louis Phélypeaux de La Vrillière apprécie les peintres italiens…
Parmi les grands peintres exposés dans la galerie de la Vrillière, on rencontre les italiens Véronèse (1528-1588), un artiste dans le courant maniériste, Guido Reni (1575-1642) de l’école de Bologne, Le Guerchin (1591- 1666) de l’école de Ferrare, ou encore Pierre de Cortone (1597 -1669), l’un des maîtres de l’art baroque…

L’histoire romaine à l’honneur…
Les thèmes de prédilection des œuvres picturales de la collection de La Vrillière se rapportent à l’histoire romaine et à ses grands personnages, mis en lumière notamment par Plutarque (46 -120 apjc), écrivain grec devenu citoyen romain et auteur de l’ouvrage Les Vies des hommes illustres…
En 1635, Louis Phélypeaux de La Vrillière fait appel au Guerchin (1591-1666) et acquiert Les adieux de Caton d’Utique à son fils (Marseille). Tribun, fervent défenseur de la République romaine et philosophe stoïcien, Caton finit par se suicider à Utique (région de l’actuel Tunis), en Afrique…
Les écoliers de Nicolas Poussin
La peinture française est incarnée par Nicolas Poussin (1594 -1665), le champion du classicisme français au XVIIe siècle… En 1637, Louis Phélypeaux de La Vrillière reçoit son tableau de Nicolas Poussin (1594-1665), Camille livre le maître d’école de Faléries à ses écoliers…

… Nicolas Poussin s’inspire de Marcus Furius Camillus dit Camille (IVe siècle avjc), un général romain qui assiège la ville étrusque de Faléries. Plutarque raconte comment Camille fait preuve de grandeur d’âme et décide de punir le maître d’école qui lui abandonnait ses élèves en otages… Voir aussi l’article Qui êtes-vous Nicolas Poussin?
La mort de Cléopâtre
Louis Phélypeaux de La Vrillière poursuit sa collection entre 1637 et 1643… L’illustre personnage achète La mort de Cléopâtre à Alessandro Turchi (1578-1649)… Le peintre interprète l’histoire à sa manière… Il choisit de raconter dans un même tableau la mort d’Antoine et celle de Cléopâtre (voir aussi les articles Égypte antique)…

… Dans la version de Plutarque, Antoine meurt le premier, trompé par le messager de Cléopâtre. La reine d’Égypte perd alors le goût de vivre et se refuse à assister au triomphe d’Octave… elle choisit de mettre fin à ses jours à l’aide d’un serpent…
Le thème de Rémus et Romulus
Deux toiles de Pierre de Cortone (1596-1669), César remet Cléopâtre sur le trône d’Égypte (Lyon) et Romulus et Rémus recueillis par Faustulus rejoignent ensuite la collection. Passionné d’art, Louis Phélypeaux de La Vrillière s’offre encore deux œuvres du Guerchin en 1643 et 1645, Coriolan supplié par sa mère, une allégorie de l’amour filial qui fait fléchir l’orgueil d’un général romain, et Hersilie séparant Romulus et Tatius…

…Dans la tradition romaine, Romulus et Rémus, fils jumeaux de la vestale (prêtresse vouée à Vesta, à Rome) Rhéa Silvia et du dieu Mars, sont à l’origine du mythe fondateur de Rome… Selon le récit mythique, l’oncle de Rhéa Silvia, Amilius, renverse et tue son frère Numitor pour s’emparer de son trône…
… Amilius fait mettre à mort Rhéa Silvia et ordonne de noyer les deux enfants. Sauvés des eaux par les dieux, Romulus et Rémus sont allaités par une louve, puis élevés par un berger. Romulus finit par tuer son frère Rémus lors d’une rixe sur l’Aventin, avant de fonder la ville de Rome en 753 avjc… Il est également à l’origine de l’enlèvement des Sabines, parmi lesquelles il épouse Hersilie…

Une galerie inspirée de celle du Palais Farnèse
En 1655, huit tableaux de la collection Louis Phélypeaux de La Vrillière sont en place dans la galerie élevée par François Mansart, dont la source d’inspiration serait de la galerie des Carrache, au palais Farnèse à Rome.
Vers 1660, la collection s’enrichit encore d’un tableau de Pierre de Cortone, Auguste et la sibylle, et d’une œuvre de Carlo Maratta (1625-1712), L’empereur Auguste fait fermer les portes du temple Janus. Là encore, les sujets picturaux son imaginés autour de l’histoire romaine…
LA FRESQUE MYTHOLOGIQUE DE FRANÇOIS PERRIER
En 1645, Louis Phélypeaux de La Vrillière fait appel au peintre et graveur français, François Perrier, membre fondateur de l’Académie royale de peinture et de sculpture, maître du célèbre Le Brun.
D’après Le char solaire d’Apollon, fresque de François Perrier, Galerie Dorée, Hôtel La Vrillière-Toulouse (banque de France), Paris, France, XVIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
Le dieu romain des arts, Apollon
François Perrier (1590-1650) peint une immense et monumentale fresque sur la voûte de la galerie de l’hôtel de La Vrillière. L’iconographie picturale s’inspire de la mythologie romaine, autour de la figure centrale d’Apollon, dieu solaire, divinité des arts et protecteur des arts…
Le zodiaque et les Heures du Jour et de la Nuit
Au centre du plafond, Apollon apparaît sur son char entouré de putti (ces petits angelots charmants et dodus)… Autour de la composition d’Apollon (le Hélios grec, dieu Soleil), se déploient les signes du zodiaque. On rencontre aussi les Heures du Jour et de la Nuit, symbolisés par les Dioscures et la déesse Aurore…
D’après Aurore et les Dioscures, fresque de François Perrier, Galerie Dorée, Hôtel La Vrillière-Toulouse (banque de France), Paris, France, XVIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
L’Eau, le Feu, l’Air et la Terre…
La fresque du décorateur rayonne plus loin encore autour d’Apollon sur le thème des quatre Éléments : l’Eau, le Feu, l’Air et la Terre… qui fournissent encore le prétexte à de nouvelles scènes mythologiques… Ainsi, le dieu marin Neptune armé de son trident et son épouse Amphitrite (une Néréide) renvoient à l’élément Eau…
… Jupiter, monté sur un aigle, tient son foudre et symbolise le Feu, il séduit Sémélé dont il aura un fils, Dionysos, dieu de la vigne, du vin et de l’ivresse… La déesse Junon, monté sur un char tiré par deux paons, et Éole, le dieu du vent, se rattachent à l’élément Air…

Les fruits de la Terre…
L’enlèvement de Proserpine par Pluton, qui l’emmène dans le monde souterrain des Enfers, se rapporte à l’élément Terre. Parmi le décor, la corne d’abondance symbolise les fruits de la Terre, qui renaît chaque printemps quand Proserpine, à la belle saison, rejoint le monde d’en haut et sa mère Déméter, déesse des moissons…

XVIIIe SIÈCLE, LA GALERIE DE L’HÔTEL DE TOULOUSE DEVIENT LA GALERIE DORÉE
À la demande du Comte de Toulouse, qui acquiert l’hôtel en 1713, Robert de Cotte, architecte de Louis XIV et intendant des bâtiments du Roi, rénove et réaménage les appartements de Hôtel de Toulouse… Pour la grande galerie, on sollicite aussi le sculpteur et décorateur François-Antoine Vassé…

Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse…
Le comte de Toulouse fait appel à l’architecte Robert de Cotte (1656 -1735)… Ce dernier débute entre 1685 et 1708 en assistant son beau-frère, Jules Hardouin-Mansart, lui-même petit-neveu de François Mansart.
À La mort de Jules Hardouin-Mansart, Robert de Cotte lui succède en 1708 comme Premier Architecte du Roi. Il va reprendre nombre de projets pour le roi Louis XIV…

Des leçons de musique dans la Galerie Dorée…
Le nouveau propriétaire des lieux, Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, aime les arts et la musique… Il prend ses leçons auprès du musicien et compositeur François Couperin (1668-1733)… dans la Galerie Dorée, dont l’acoustique est propice aux concerts… François Couperin est alors un organiste et un claveciniste réputé…
Salle d’apparat, salle de réception et de bal, la galerie de l’hôtel de Toulouse brille de tous ses feux… Les tableaux de la collection de Louis Phélypeaux de La Vrillière sont intégrés au décor rocaille de Hôtel de Toulouse…
D’après la Galerie Dorée de l’Hôtel de Toulouse (Banque de France), un portrait de Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, par Hyacinthe Rigaud, 1708 apjc ; et l’enfilade de la Galerie Dorée, Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
FRANÇOIS-ANTOINE VASSÉ, UN ARTISTE DES DORURES ET DE L’ART ROCAILLE
Le sculpteur et décorateur François-Antoine Vassé, un maître du style rocaille, magnifie encore la galerie de l’hôtel particulier devenu l’Hôtel de Toulouse…
L’artiste crée en 1717 des boiseries sculptées et dorées qui se fondent dans un programme ornemental lumineux, en blanc et or… La galerie de l’Hôtel de Toulouse prend alors son nom de Galerie Dorée…

Les dix toiles de la collection de La Vrillière s’intègrent dans les boiseries
Les nouveaux décors de la Galerie Dorée élaborés par François-Antoine Vassé (1681-1736) se marient aux lambris blancs et rehaussent l’ensemble de lumières… Les dix toiles de maître de la collection de Louis Phélypeaux de La Vrillière sont encastrées dans les boiseries et se font face…
… Ainsi, cinq tableaux sont exposés le long de chaque côté de la galerie. On installe aussi six grands miroirs destinés à réfléchir la lumière du jour, qui pénètre les lieux grâce à des larges fenêtres disposées en symétrie… Le jeux des miroirs contribuent également à renforcer la somptueuse mise en scène du décor…
D’après la voûte et les décors de la Galerie Dorée ; et les boiseries sculptées de François-Antoine Vassé, dont Diane Chasseresse, Hôtel de Toulouse, Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
De belles envolées baroques…
Les thèmes de la marine et de la chasse
François-Antoine Vassé s’inspire des thèmes de la marine et de la chasse… Ces deux sujets sont emblématiques des hautes fonctions du Comte de Toulouse, Amiral de France et Grand Veneur du Roi. La déesse Diane, majestueuse chasseresse, trône au dessus de l’entrée…
… L’iconographie de cette œuvre sculptée et dorée renvoie à l’épisode d’Actéon… Le jeune homme aperçoit la déesse en train de se baigner dans une source. Furieuse, Diane le transforme en cerf et le fait dévorer par les chiens de sa meute… Les bois de cerfs du trophée doré sont en corne véritable…

À l’autre extrémité de la Galerie Dorée, une proue de vaisseau, allégorie du triomphe de la Marine, déploie ses ors au dessus de la cheminée…
Sculptures et motifs rocailles glorifient le comte de Toulouse…
Tout au long de la galerie de l’hôtel de Toulouse, on peut admirer des frises sculptées et dorées sur le thème de la chasse au niveau des soubassements… et des scènes marines sculptées sous les tableaux…
Les motifs de coquilles et les ornements inspirés du monde végétal et minéral signent un style rocaille… et font échos au deux œuvres sculptées majeures et emblématiques des lieux, la déesse Diane et la Victoire de la Marine, qui se font face d’un bout à l’autre de la Galerie Dorée…
D’après l’Allégorie de la Victoire de la Marine, ouvrage sculpté de François-Antoine Vassé, Galerie Dorée, Hôtel de Toulouse (Banque de France), Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
C’EST QUOI L’ART ROCAILLE ?
Un répertoire de motifs ornementaux
L’art Rocaille est un style ornemental qui s’inspire du monde végétal, minéral et aquatique, très en vogue au XVIIIe siècle… Il se distingue par une profusion de motifs disparates, souvent asymétriques, où se mêlent le naturel et l’irréel… dans des compositions en fait très rigoureuses.
Les lignes de l’art rocaille dessinent des formes très découpées voire déchiquetées. L’ensemble compose une luxuriante extravagance… Ce monde ornemental trouve sa source dans les décors des jardins maniéristes de la fin de la Renaissance…

Rochers, plantes et coquillages…
Les artistes exploitent les lignes tourmentées des rochers ou des coquillages, ou encore les enroulements complexes de plantes grimpantes ou envahissantes, réelles ou imaginaires, qui confèrent au décor une impression fantastique ou féerique…
Les prémices de l’art Rocaille apparaissent à l’époque de la Régence d’Anne d’Autriche et sous le règne de Louis XIV… C’est vers 1730, sous le règne de Louis XV, que l’esprit rocaille se diffuse et atteint son apogée dans les années 1738-1745…
Quand François Boucher sublime l’art rocaille…
L’art rocaille exploite tous les arts pour servir d’ambitieux programmes décoratifs, empreints de préciosité et d’une subtile profusion … C’est François Boucher (1703-1770 ), illustrateur, graveur, décorateur et peintre reconnu en son temps, qui incarne peut-être le mieux l’esprit rocaille à la française à l’époque de Louis XV…
D’après Pastorale ou Jeune berger dans un paysage (1739 – 1745), François Boucher et Léda et Rocaille, gravures de Claude Duflos le Jeune, d’après François Boucher, France, style Rocaille, XVIIIe siècle ; et les ors Rocaille de la Galerie Dorée, Hôtel de Toulouse (Banque de France), Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
La transformation de Jupiter en cygne pour séduire Léda fonde le mythe des Dioscures, Castor (fils mortel) et Pollux (fils de Zeus et immortel)… Symboles de la Nuit et du Jour, les jumeaux inséparables seront métamorphosés en étoiles dans la constellation des Gémeaux…
De l’art Rocaille français au Rococo européen…
Des artistes publient alors de nombreuses estampes, qui composent des répertoires de formes… Ce style ornemental né en France va se propager dans toutes l’Europe avec des variantes stylistiques, et sur une durée plus ou moins longue selon les contrées…
En Allemagne et en ailleurs en Europe, on parle de rococo… En France, au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, on oublie l’exubérance rocaille et les artistes s’inspirent à nouveau des valeurs et de l’esprit du classicisme… Découvrir aussi L’art au XVIIIe
L’ÉBÉNISTE CHARLES BOULLE TRAVAILLE POUR LE COMTE DE TOULOUSE
Le grand ébéniste André Charles Boulle (1642-1732) réalise au moins trois meubles destinés à enrichir la décoration de la Galerie Dorée, à la demande probable du Comte de Toulouse…

Régulateur et baromètres, des objets d’art
André Charles Boulle imagine alors un régulateur et une paire de baromètres, dont l’un affiche aussi un thermomètre… Le terme de régulateur désigne à la fin du XVIIIe (et encore au XIXe siècle) une horloge qui donne une heure de référence, et permet ainsi de régler montres ou pendules…
Thème marin et motifs rocailles
Pour la Galerie Dorée, le sculpteur François Antoine Vassé, dessinateur général de la Marine royale, imagine un décor inspiré des thèmes de la chasse et de la marine à la gloire du comte de Toulouse…
Pour respecter l’harmonie d’ensemble du décor de la Galerie Dorée, André Charles Boulle reprend et réinterprète le thème marin et les motifs rocailles pour ornementer le Régulateur (au Louvre) et les Baromètres destinés à l’hôtel de Toulouse (banque de France)…
D’après la Galerie Dorée, motifs antiques ; Saturne et sa faux (le Temps) et les Eaux du Verseau (le Renouveau), François Antoine Vassé, Hôtel de Toulouse, Paris, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
Le Régulateur et sa Renommée
André Charles Boulle réalise Le Régulateur à l’aide de plusieurs matériaux : chêne, ébène, marqueterie de laiton, écaille et corne… et bronze doré. Conçu sans doute pour s’intégrer à la Galerie Dorée, ce précieux chef-d’oeuvre, qui repose sur un socle à griffes de lion dorées, s’élance sur plus de deux mètres de haut…
… Le décor du cadran évoque Saturne-le Temps, armé de sa faux, et la Renommée soufflant dans sa trompette… André Charles Boulle élabore une marqueterie d’écaille et de cuivre, et innove en utilisant du bronze doré pour agrémenter ses pièces d’ameublement de touches sculpturales…

Baromètres et motifs de homards
Les deux baromètres d’André-Charles Boulle, destinés sans doute à s’intégrer eux aussi dans le nouveau décor de la Galerie Dorée, sont mentionnés dans trois inventaires (1744 -1756 et 1793)…
Là encore, le décor renvoie à la charge d’Amiral de France confiée en 1683 apjc par Louis XIV à son fils naturel, le comte de Toulouse… On retrouve sur les baromètres des éléments de décors analogues aux bois sculptés et dorés de la galerie: proue, coquillage, coquille, ancre, homard… interprétés par l’ébéniste dans le bronze et la marqueterie.
XIXe SIÈCLE, LA BANQUE DE FRANCE ACQUIERT L’HÔTEL DE TOULOUSE
Sous la Révolution Française, à la mort du Duc de Penthièvre, fils du comte de Toulouse, l’Hôtel de Toulouse est saisi comme bien national en 1793 apjc. La Galerie Dorée fait alors office d’entrepôt pour les stocks de papier de l’Imprimerie Nationale…

Napoléon Bonaparte crée la Banque de France en 1800 apjc
À l’époque des révolutionnaires, les toiles de maîtres de la collection de La Vrillière sont découpées et transférées dans différents musées…
Peu de temps après sa création par Napoléon Bonaparte en 1800 apjc, avec deux cents familles actionnaires, la Banque de France, une banque privée à cette époque, acquiert l’Hôtel de Toulouse en 1808 apjc. Le siège de la Banque de France s’installe alors dans l’Hôtel de Toulouse… où il réside toujours.
Au cours du XIXe siècle, on réalise des travaux d’agrandissement et de conservation de l’hôtel de Toulouse…
RESTAURATIONS ET COPIES AU XIXe SIÈCLE
On utilise la technique de marouflage
La Galerie Dorée s’affaisse… et les fresques de la voûte réalisées par François Perrier à l’époque de Louis Phélypeaux de La Vrillière ne peuvent pas être sauvegardées… On décide alors de les remplacer par des copies, sous forme de toiles marouflées.
Les artistes peintres et les restaurateurs utilisent parfois la technique de marouflage. Il s’agit de fixer une surface légère sur un support plus solide et plus rigide grâce à une colle forte appelée maroufle, qui durcit en séchant.
D’après les peintures inspirées par le monde Antique, et l’Abondance et ses pièces d’or… Hôtel de Toulouse (Banque de France), Galerie Dorée, Paris, France. (Marsailly/Blogostelle)
Des restauration à la feuille d’or
Les dorures et les bois sculptés réalisés à l’origine par François-Antoine Vassé pour la Galerie Dorée sont conservés, restaurés et redorés à la feuille d’or au XIXe siècle. C’est entre 1870 et 1875 que l’on entreprend la reconstruction et la conservation des décors de l’Hôtel de Toulouse…
On installe des copies des toiles originales
On démonte et on réinstalle les boiseries et les sculptures de plâtre de la Galerie Dorée … à part la cheminée d’origine, remplacée par une autre en marbre rouge en 1813 apjc. Un buste sculpté de Jules Hardouin-Mansart, coiffé de la haute perruque des architectes, trône sur la cheminée…
… Mais les musées se refusent à restituer la collection de tableaux du comte de La Vrillière… En 1866, on fait faire finalement des copies des toiles originales pour les installer dans la Galerie Dorée. Les boiseries d’époque Régence et de style rocaille seront inscrites au titre des monuments historiques en 1926 apjc.
D’après les Allégorie de l’Asie et de l’Europe, Galerie Dorée, Hôtel de Toulouse, Paris, France, XIXe siècle, et le buste de Mansart. (Marsailly/Blogostelle)
Les allégories des quatre continents
Au XIXe siècle, on installe aussi aux quatre angles de la Galerie Dorée les statues en bois du sculpteur français Gabriel-Jules Thomas (1824 – 1905), des élégantes cariatides drapées d’or… (ou caryatides, statues féminines, plus rarement masculines, jouant le rôle de colonne ou de pilastre et soutenant parfois sur leur tête une corniche, une architrave, un balcon…)
Ces sculptures en chêne remplacent des originaux en pierre installés vers 1720, disparus sous la Révolution. Les quatre statues évoquent les quatre continents : l’Amérique et l’Afrique à l’entrée et, en face à l’autre bout, l’Europe et l’Asie qui encadrent la cheminée…
D’après le décor de la Galerie Dorée, voûte et Victoire de la Marine, Hôtel de Toulouse (Banque de France), Paris, France. (Marsailly/Blogostelle)
Le temps passe… et dans les années 1950, on nettoie la Galerie Dorée avant de la peindre… en vert. Septembre 2015 : lambris blancs rehaussés d’or, boiseries dorées, bois sculptés, fresque… la Galerie Dorée complètement restaurée retrouve ses couleurs et sa splendeur d’origine…
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Bloc-Notes + : Journées du patrimoine la restauration de la Galerie Dorée de la Banque de France (Culture.fr) La restauration des boiseries de la Galerie Dorée : Les Ateliers de La Chapelle ; Sous les ors de la Galerie Dorée de la Banque de France(pdf) La Critique Parisienne. 14 000 visiteurs ont profité des Journées du Patrimoine 2015 pour venir admirer les Ors de la Galerie Dorée…
Bloc-notes + Art Rocaille : étude de La Pastorale, François Boucher (source musée des Beaux-Arts de Caen, pdf) : mba.caen.fr/sites/default/files/boucher-pastorale-xviiie_siecle-caen-mba-20121.pdf