Le Sacré en Inde. Au cœur du Mahâbhârata, Krishna enseigne à Arjuna la Bhagavad-Gîtâ, chant poétique et mystique

D’après Krishna et Arjuna, Bhagavad-Gîtâ, Mahâbhârata, mythologie hindoue, Histoire du Sacré. (Marsailly/Blogostelle)

La Bhagavad-Gîtâ, la sagesse selon Vishnu

Le Mahâbhârata comprend la Bhagavad-Gîtâ (Chant du Bienheureux Seigneur) enseignée par Krishna à Arjuna. La querelle entre Pandava et Kaurava aboutit à une guerre fratricide. Soutenus par Krishna, les Pandava reconquièrent le royaume Kuru-Bhârata.  Arjuna incarne à la fois le guerrier exemplaire et le héros confronté au doute, en quête de sagesse. L’épopée du Mahâbhârata s’achève par l’ascension au Ciel des Pandava…

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour octobre 2023 –

D’après Arjuna et Krishna en cocher, Bataille de Kurukshetra, Mahâbhârata, vers 1780, gouache et or, école Pahari, Kangra, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Arjuna et Krishna en cocher, Bataille de Kurukshetra, Mahâbhârata, vers 1780, gouache et or, école Pahari, Kangra, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Le MahâbhârataUne épopée mythique sacrément compliquée (1), L’excellence guerrière d’Arjuna se rattache aux dieux Indra et Shiva (2) et Au cœur du Mahâbhârata, Krishna enseigne à Arjuna la Bhagavad-Gîtâ, chant poétique et mystique (3)

BATAILLE MYTHIQUE ENTRE PANDAVA ET KAURAVA

Récit poétique remanié au fil du temps, le Mahâbhârata évoquerait de hauts faits guerriers qui se seraient déroulés vers 2 200 ans avjc, avant l’époque védique. Deux familles royales, Pandava et Kaurava, pourtant issues d’une même lignée, se disputent le pouvoir…

D’après L'avatar de Visnu, probable Krisna et les cinq frères Pandava, 1776 - 1777, manuscrit sanscrit, rituels de vénération à Vishnu, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après L’avatar de Visnu, probable Krisna et les cinq frères Pandava, 1776 – 1777, manuscrit sanscrit, rituels de vénération à Vishnu, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Les Pandava, héritiers du roi Pandu, et les Kaurava, fils du roi Dhritarâshtra, se livrent une guerre fratricide impitoyable après que les Kaurava tentent d’usurper la souveraineté de leurs cousins Pandava…

Krishna, huitième avatar de Vishnu, tente d’apaiser le conflit entre Kaurava et Pandava. Mais confronté à une bataille inévitable, Krishna ordonne à ses armées de rallier l’un des deux camps, tandis que lui-même se ralliera à l’autre clan en tant que conseiller.

D’après Krishna offrant son soutien aux Pandava, Mahâbhârata, 1830-1840, pigments et or sur papier wasli, Kangra, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna offrant son soutien aux Pandava, Mahâbhârata, 1830-1840, pigments et or sur papier wasli, Kangra, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Les Pandava et Arjuna choisissent Krishna et les armées de Krishna rejoignent Duryodhana, fils du roi Kaurava Dhritarâshtra. Une illustration du Mahâbhârata représente à trois reprises le roi Pandava Yudhishthira…

Assis sur son trône dans son palais, à l’extérieur des murailles en discussion avec ses frères Pandava et au sommet d’une tour dorée, les mains jointes devant Krishna offrant son soutien aux Pandava. À l’horizon d’une plaine verdoyante, l’armée de cavaliers de Krishna se tient prête…

D’après Krishna et son frère Balarama rencontrant les Pandava, Mahâbhârata, peinture narrative attribuée à Purkhu et son atelier, 1800-1820, Punjab Hills, Kangra, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna et son frère Balarama rencontrant les Pandava, Mahâbhârata, peinture narrative attribuée à Purkhu et son atelier, 1800-1820, Punjab Hills, Kangra, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

La perspective d’une guerre fratricide…

Lors d’une partie truquée de dés organisée par l’envieux Duryodhana Kaurava, Yudhishthira et les Pandava perdent leurs possessions, leur royaume et leur liberté. La servitude des Pandava est finalement remplacée par un exil de douze ans et une treizième année durant laquelle ils devront vivre incognito, sous peine de mort.

D’après Dhritarâshtra, roi Kaurava aveugle, et le conseiller Sanjaya lui relatant la bataille de Kurukshetra, encre, gouache et or, manuscrit Panjabi, 1820 -1840 ; Inde du Nord ; et Duryodhana, aîné des Kaurava, montrant ses milliers de guerriers à son maître d’armes Drona, chef de l’armée contre les Pandava, Ramanarayanadatta astri ; Mahâbhârata. (Marsailly/Blogostelle)

En savoir plus sur l’exil des Pandava : voir l’article L’excellence guerrière d’Arjuna se rattache aux dieux Indra et Shiva 

Au terme de cet accord, les Pandava retrouveront leurs possessions perdues. Les Pandava réussissent à en honorer les termes et devraient donc recouvrer leurs terres et leur royaume. Les Pandava rentrent à Hastinâpura pour réclamer leurs biens. Mais Duryodhana et les Kaurava s’y refusent. La perspective d’une guerre fratricide devient inévitable…

D’après Arjuna et Krishna sur leur char de combat, bataille de Kurukshetra, Mahâbhârata, miniature, 1820, gouache et or, école Pahari, Kangra, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Arjuna et Krishna sur leur char de combat, bataille de Kurukshetra, Mahâbhârata, miniature, 1820, gouache et or, école Pahari, Kangra, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Krishna tente de se rendre chez les Kaurava pour arranger les choses…  Krishna et Kuntî tentent aussi de convaincre Karna, excellent guerrier, de rejoindre maintenant le camp Pândava. Mais Karna, demi-frère des Pandava, avait été mis à l’écart par la caste familiale.

Krishna et Kuntî expliquent à Karna que selon le Dharma (norme ou ordre universel), il reste l’aîné des fils de Pandu. Pourtant Karna refuse de rejoindre le clan Pandava. Il choisit de rester fidèle au camp Kaurava et à son cousin Duryodhana qu’il considère comme son ami.

D’après Arjuna tuant son demi-frère Karna, Bataille de Kurukshetra, Mahâbhârata, aquarelle, XIXe siècle, Népal. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Arjuna tuant son demi-frère Karna, Bataille de Kurukshetra, Mahâbhârata, aquarelle, XIXe siècle, Népal. (Marsailly/Blogostelle)

Karna s’engage cependant à tuer uniquement Arjuna au cours de la bataille à venir pour que sa mère, Kuntî, conserve ainsi cinq fils. Finalement, c’est Arjuna qui tuera Karna au cours de la bataille de Kurukshetra…

Pandava et Kaurava se préparent donc à la guerre… Quand Arjuna et Duryodhana sollicitent l’aide de Krishna, Krishna affirme vouloir respecter la neutralité dans cette affaire. Il propose de mettre son armée et des armes au service d’un camp et de se mettre lui-même au service de l’autre camp, seul et sans arme. 

D’après Krishna et son cocher Arjuna face à Karna sur son char, bataille de Kurukshetra, Mahâbhârata,1820, aquarelle sur toile, Himachal Pradesh ou Jammu-et-Cachemire, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna et son cocher Arjuna face à Karna sur son char, bataille de Kurukshetra, Mahâbhârata,1820, aquarelle sur toile, Himachal Pradesh ou Jammu-et-Cachemire, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Duryodhana veut renforcer ses troupes et opte pour le soutien de l’armée de Krishna.  Yudhiṣṭhira choisit l’aide de Krishna en personne, parce que là où est Krishna est la victoire. Krishna pose comme condition qu’il ne participe pas lui-même directement à la bataille, il devient le cocher d’Arjuna… et le guide spirituel du héros…

 Les deux armées et leurs alliés se dirigent vers la plaine de Kuru où doit se dérouler la grande bataille de Kurukshetra. Avant les combats, chaque camp commence par effectuer des rituels pour obtenir les grâces des dieux. Puis les deux armées se font face…

D’après Krishna et son cocher Arjuna face à Karna sur leur char de combat, bataille de Kurukshetra, détails, Mahâbhârata, 1820, aquarelle sur toile, Himachal Pradesh ou Jammu-et-Cachemire, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Le Kaurava Duryodhana prépare une embuscade contre Krishna. Cependant, du côté Pandava, Arjuna est troublé par le doute : doit-il combattre et tuer ses cousins, des proches, ses anciens maîtres d’armes, des amis?  Au moment de souffler dans la conque qui annonce le début du combat, Arjuna suspend son geste, hésitant…

Arjuna est désespéré à l’idée de se battre contre des proches et demande à Krishna de l’éclairer. Le Bhagavat (Divin Seigneur) lui répond en posant deux principes de la spiritualité hindoue : la dévotion (bhakti) et l’accomplissement du devoir personnel (svadharma) sans attachement aux bénéfices de ses actes.

D’après Krishna enseignant la Bhagavad-Gîtâ à Arjuna, Mahâbhârata, miniature, 1875, peinture, école du Cachemire, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna enseignant la Bhagavad-Gîtâ à Arjuna, Mahâbhârata, miniature, 1875, peinture, école du Cachemire, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Krishna parle longuement à Arjuna et lui enseigne la Bhagavad-Gîtâ (Le Chant du Bienheureux). Krishna invite ensuite Arjuna à passer à l’action. Sur le champ de bataille, Krishna intervient plusieurs fois pour encourager Arjuna à poursuivre son combat. 

Comme ses frères et ses cousins Kaurava, Arjuna appartient à la caste des guerriers, les kshatriya, son devoir est de se battre. Le jeune Pandava prie Krishna de se manifester sous sa forme divine. Krishna, huitième avatar du dieu Vishnu accepte…

D’après Krishna et Arjuna, Bataille de Kurukshetra, Mahâbhârata, manuscrit, XVIIIe siècle, A Tribute to Hinduism, de Sushama Londhe. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna et Arjuna, Bataille de Kurukshetra, Mahâbhârata, manuscrit, XVIIIe siècle, A Tribute to Hinduism, de Sushama Londhe. (Marsailly/Blogostelle)

Krishna se manifeste sous sa forme divine universelle et subjugue toute l’assistance. Il émane de Krishna la vision de la Trimurti, une apparition cosmique à la fois surnaturelle et terrifiante, avec armes et créatures célestes, alors qu’une pluie de fleurs tombe du ciel…

La trinité hindoue, Trimurti, réunit Brahma le créateur, Vishnu le préservateur et Shiva le transformateur initiant ainsi l’avènement d’une ère nouvelle. Selon les obédiences hindoues, Vishnu et Shiva s’identifient à la divinité suprême…

D’après Krisna révélant sa nature cosmique à Arjuna, avec émanation de la divine Trimurti, Bhagavad-Gîtâ, Manuel de dévotion de tradition vishnouite (extraits de textes divers), sanscrit, 1875, Inde ancienne. Marsailly/Blogostelle)

LA BHAGAVAD-GÎTÂ AU CŒUR DU MAHÂBHÂRATA

Ouvrage d’un poète ou aboutissement d’une œuvre collective, le Mahâbhârata met en lumière Krishna, huitième avatar de Vishnu. Les armées Kaurava et Pandava se préparent à la guerre. Les Pandava reçoivent l’aide de Krishna qui enseigne La Bhagavad-Gîtâ (Chant du Bienheureux Seigneur) au héros Arjuna…

D’après Krishna et Arjuna, Bhagavad-Gîtâ, sanscrit et miniature, 1824, folio du Mahâbhârata et avatars de Vishnu, Aurangabad, Maharashtra, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna et Arjuna, Bhagavad-Gîtâ, sanscrit et miniature, 1824, folio du Mahâbhârata et avatars de Vishnu, Aurangabad, Maharashtra, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Dialogue initiatique entre Krishna et Arjuna

Le Mahâbhârata comprend la célèbre Bhagavad-Gîtâ, Chant du Bienheureux Seigneur, récit mystique composé entre le IIIe siècle avjc et le Ier siècle. Intégré dans le sixième livre du Mahâbhârata, La Bhagavad-Gîtâ se compose de 700 stances épiques (śloka) organisées en 18 chants (chants XXV à XLII du sixième livre du Mahâbhârata).

La Bhagavad-Gîtâ expose l’enseignement métaphysique et mystique donné par Vishnu sous la forme de Krishna à Arjuna, prince et héros de la guerre qui oppose les Kaurava et les Pandava, deux clans rivaux et apparentés de la race lunaire régnant à Hastinâpura.

Voir l’article Le Mahâbhârata, “grande” geste de la lignée Bhârata

D’après Krishna conseillant les Pandava, Mahâbhârata,1830-1850, gouache, style Paithan, Andhra Pradesh-Karnataka, fin XIXe-début XXe siècle, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna conseillant les Pandava, Mahâbhârata,1830-1850, gouache, style Paithan, Andhra Pradesh-Karnataka, fin XIXe-début XXe siècle, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)

Poème didactique, La Bhagavad-Gîtâ expose plusieurs concepts spirituels fondamentaux de l’hindouisme. L’enseignement donné par Krishna au héros Arjuna se déploie sous la forme d’un dialogue. Sur le champ de bataille de Kurukshetra (la plaine de Kuru), Krishna – Bhagavad (Divin Seigneur) se présente comme le conducteur de char et le guide spirituel d’Arjuna…

La discussion entre Krishna et Arjuna aborde le principe de l’action désintéressée, comment accomplir son devoir éthique, la réalisation de soi par la connaissance, la méditation et la dévotion à la divinité (bhakti) comme moyen d’atteindre le salut libérateur…

D’après Arjuna et Krishna en cocher, Bataille de Kurukshetra, Bhagavad-Gîtâ, manuscrit du XVIIIe-XIXe siècle ; et La Bhagavad-Gîtâ, sanscrit, XIXe siècle ; Mahâbhârata, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Ainsi Krishna enseigne au héros Arjuna un abrégé de diverses doctrines métaphysiques et spirituelles hindoues. La relation entre Krishna et Arjuna renvoie à l’essence de l’unité du Brahman et d’Atman, deux principes fondamentaux dans l’hindouisme.

Dans Les Veda, Brâhman apparaît déjà comme l’Être Suprême, le principe immuable et impérissable qui fonde l’Être et toute forme d’existence. Atman symbolise Le Soi ou L’Âme universelle, l’Être spirituel indestructible sur le plan cosmique et individuel…

Voir aussi les articles Le Sacré en Inde : Prajâpati, Brâhman et Atman et Du rite à la métaphysique

D’après Krishna et Arjuna, Bhagavad-Gîtâ ou Gîtâ Upadesam, manuscrit illustré, sanskrit-écriture devanagari, fin XVIIIe siècle, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna et Arjuna, Bhagavad-Gîtâ ou Gîtâ Upadesam, manuscrit illustré, sanskrit-écriture devanagari, fin XVIIIe siècle, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Krishna “le noir”, un maître de sagesse

Dans la Bhagavad-Gîtâ, Krishna apparaît comme un maître de sagesse. Il révèle aux êtres humains la supériorité bénéfique de l’acte sans désir sur le chemin vers la délivrance.

Écrite en sanskrit, probablement aux environs de notre ère, la Bhagavad-Gîtâ, nommée aussi Gîtâ, inspire de multiples interprétations et commentaires fondés sur diverses approches philosophiques, éthiques et spirituelles de l’Inde ancienne.

D’après Krishna et Arjuna, Bhagavad-Gîtâ ou Gîtâ Upadesam, manuscrit illustré, sanskrit-écriture devanagari, fin XVIIIe siècle, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna et Arjuna, Bhagavad-Gîtâ ou Gîtâ Upadesam, manuscrit illustré, sanskrit-écriture devanagari, fin XVIIIe siècle, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Krishna arbore les attributs de Vishnu : le disque ou chakra (symbole cyclique), la massue (symbole de sa puissance de connaissance), la conque, dont le son Aum renvoie à l’origine de l’existence, et la fleur de lotus, image de l’univers et symbole de renaissance…

Krishna ne parvient pas à apaiser la querelle qui oppose les Kaurava et les Pandava. Il décide alors d’intervenir auprès des deux belligérants. Pour cela, Krishna demande à ses armées de rallier l’un des camps et lui-même ira soutenir l’autre camp.

D’après Krishna conversant de la guerre avec Yudhishthira et ses frères Pandava, Mahâbhârata, 1750-1800, aquarelle, royaume de Guler, Punjab Hills, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna conversant de la guerre avec Yudhishthira et ses frères Pandava, Mahâbhârata, 1750-1800, aquarelle, royaume de Guler, Punjab Hills, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Krishna se manifeste comme le conseiller et l’allié des Pandava et d’Arjuna, tandis que les armées de Krishna rejoignent Duryodhana, chef de file des cent Kaurava, fils du roi aveugle Dhritarâshtra.

Dans le Mahâbhârata, Krishna peut se comporter en chef de clan humain. Il favorise la victoire des Pâṇḍava sur les Kaurava en utilisant parfois la ruse, voire en se montrant déloyal. 

Dans la Bhagavad-Gîtâ, intégrée au cœur du récit épique du Mahâbhârata, Krishna agit par contre comme une divinité sous les traits du cocher d’Arjuna, tel un guide spirituel et un maître de sagesse…

D’après Arjuna, Bhîsma et Krishna, Manuel de dévotion vishnouite, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Arjuna, Bhîsma et Krishna, Arjuna ou Hymne à Vishnu par Bhîsma, Manuel de dévotion de tradition vishnouite (extraits de textes divers), sanscrit, 1875, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Les premiers livres du Mahâbhârata décrivent les causes lointaines du conflit entre Pandava et Kaurava. La Bhagavad-Gîtâ débute aux derniers moments qui précèdent la bataille inéluctable de Kurukshetra.

Arjuna, troisième des cinq fils de Pându, en réalité fils du dieu Indra et de Kuntî, première épouse de Pându, doit faire face à une guerre opposant les uns aux autres proches parents et amis.

Le héros se sent envahi par le doute et les armes lui tombent des mains devant les troupes de ses envieux et belliqueux cousins Kaurava…

D’après Le camp Pandava, Arjuna et le sage Vyâsa, Mahâbhârata, Kangra, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Le camp des Pandava, Arjuna, reçoit la visite du sage Vyâsa, Mahâbhârata, peinture attribué à Purkhu, 1800-1820, Kangra, Punjab Hills, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Arjuna confie ses angoisses à Krishna, son parent et son conducteur de char. Dans un premier temps, l’avatar de Vishnu conserve ses apparences humaines et Krishna discute avec Arjuna : le sage ne demeure pas inactif mais accomplit sereinement son devoir selon son rang et selon la loi du Dharma (ordre universel).

Krishna présente à Arjuna son devoir de kshatriya et finit par le convaincre de tenir son rang et de combattre. Krishna invite Arjuna à l’action, le poussant à dépasser ses hésitations et ses limites pour accomplir son dharma de guerrier…

D’après Krishna exhortant Arjuna au combat, Bhagavad-Gîtâ, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)  
D’après Krishna exhortant Arjuna au combat, Bhagavad-Gîtâ, Mahâbhârata, 1800-1850, gouache et or, école Pahari, Kangra, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)  

Dans l’hindouisme et le bouddhisme, le Dharma est la loi ou norme universelle qui régit l’ordre des choses sur le plan cosmique, dans la nature et dans l’existence individuelle. Le dharma englobe un ensemble de lois sociales, familiales et personnelles fondées sur un devoir moral et un chemin de vie. 

Selon une légende, Harishchandra, roi du Koshala dans le Mahâbhârata, souverain noble, sage et juste, a sacrifié royaume, famille et richesse pour honorer sa parole et sa vérité. Harishchandra incarne une grande valeur morale qui aurait inspiré le Mahatma Gandhi…

D’après le rishi Vishvamitra, rêve du roi Harishchandra, Mahâbhârata, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le rishi Vishvamitra apparaissant en rêve roi du Koshala, Harishchandra, Mahâbhârata, gouache, style Paithan, Andhra Pradesh-Karnataka, fin XIXe-début XXe, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)

Puis Krishna révèle peu à peu sa divinité universelle, celle de Viṣhṇu-Vâsudeva, dieu cosmique et Absolu personnifié. Sous sa forme divine cosmique, Krishna s’adresse à Arjuna : « Fais le bien sans espoir, celui qui demeure fidèle à sa loi plaît à Dieu, se délivre de tous les maux, et en mourant s’identifie avec mon essence… »

D’après Arjuna et Krishna cosmique, Vishnu-Vâsudeva, Bhagavad-Gîtâ, Jaipur, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna révélant sa forme cosmique à Arjuna, Vishnu-Vâsudeva, Bhagavad-Gîtâ, Mahâbhârata, miniature, milieu XIXe siècle, gouache et or, école de Jaipur, Rajasthan, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

 Par ailleurs, Krishna initie Arjuna à la doctrine védique, aux mystères de la création et aux lois de la transmigration. Krishna explique que l’âme est immortelle.

« L’âme ne connaît ni la naissance ni la mort. Vivante, elle ne cessera jamais d’être. Non née, immortelle, originelle, éternelle, elle n’eût pas de commencement, et jamais n’aura de fin. Elle ne meurt pas avec le corps ». (La Bhagavad-Gîtâ II.20)

La Bhagavad-Gîtâ exalte le Dieu suprême, les devoirs de caste et les moyens pour le sage d’atteindre la libération hors du cycle des renaissances. L’enseignement de Krishna de la Bhagavad-Gîtâ se retrouve dans les conceptions spirituelles de l’hindouisme, du bouddhisme et du jaïnisme.

D’après Krishna et Arjuna dialoguant, Bhagavad-Gîtâ, Mahâbhârata, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Le Dialogue entre Krishna et Arjuna, champ de bataille de Kurukshetra, Bhagavad-Gîtâ, aquarelle et or, 1820, Mahâbhârata, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La Bhagavad-Gîtâ exalte la Voie de l’action mais précise que la Connaissance (Veda) doit précéder l’action. Désintéressé, l’être en quête de sagesse renonce aux illusions des sens et des désirs vains. Il ne cherche pas à tirer de ses actions des bénéfices personnels.

« Tu es commis à agir, mais non à jouir du fruit de tes actes. Ne prends jamais pour motif le fruit de ton action; n’aie pas d’attachement non plus pour le non-agir… Ils sont à plaindre ceux qui ont le fruit pour mobile… » (Bhagavad-Gîtâ)

D’après le roi Yudhishthira discutant avec ses frères Pandava, Mahâbhârata, Inde Moghole. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le roi Yudhishthira discutant avec ses frères Pandava, Mahâbhârata, 1598, miniature, Ibrahim Kahar, gouache et rehauts or sur papier, fin XVIe siècle, Inde Moghole.  (Marsailly/Blogostelle)

Sur une représentation du XVIe siècle, le roi Yudhishthira échange sous forme de question-réponse avec ses frères Pandava, Arjuna, Bhîma, Nakula et Sahadeva, sur la préséance qu’ils accordent à la vertu, à la richesse et au désir…

La Bhagavad-Gîtâ loue les âmes des sages et mentionne celles des êtres qui aspirent à la sagesse et à la libération. Ce Chant du Seigneur évoque aussi les âmes qui espèrent des plaisirs et des jouissances en sacrifiant à certaines divinités…

D’après le roi Yudhishthira discutant avec ses frères Pandava, Mahâbhârata, 1598, miniature, Ibrahim Kahar, gouache et rehauts or sur papier, fin XVIe siècle, Inde Moghole.  (Marsailly/Blogostelle)

La Bhagavad-Gîtâ évoque encore les âmes des ignorants et celles de ceux qui bravent la loi des Veda en sacrifiant aux démons. Les sanscrit Veda signifie Connaissance. La quête du sage hindou est d’atteindre l’union avec l’essence divine par la contemplation qui libère l’être du cycle des réincarnations.

Voir aussi l’article Le sacré en Inde, la quête des rishis et des sages

 Krishna « le noir« 

 Selon la tradition hindoue, Krishna naît à Mathurā, en Uttar Pradesh, dans le Nord de l’Inde, à la fin du « troisième âge » du Monde. Krishna, dont le nom signifie « Noir » (Krsna), se distingue par la teinte sombre de sa peau. Le Mahâbhârata raconte l’histoire de Krishna sur terre.

D’après Krishna et son frère Balarama contre le roi de Magadha, Mahâbhârata, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna en dhoti jaune et son frère Balarama (Balabhadra) représenté 5 fois bataillant contre le roi de Magadha, Jarasandha, Mahâbhârata, 1810-1820, pigments et or, papier wasli, Kangra ou Garhwal, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

La mythologie raconte que Vishnu s’arracha deux cheveux, un blanc et un noir. Le cheveu blanc dans la matrice de Rohini engendre le frère de Krishna, Balarama. Le cheveu noir donne naissance à Krishna dans la matrice de Devakî.

Ainsi, Krishna est le fils de Vasudeva et Devakî et Balarama celui de Vasudeva et Rohini. Rohini et Devakî sont les épouses de  Vasudeva. La sœur de Vasudeva, Kuntî, mariée au roi Pandu, est la mère des frères Pandava.

D’après Krishna et Balarama, visite à maître spirituel, Kangra, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna et son frère Balarama, visite à Sandipani, maître spirituel, gouache et or, série Harivamsa dispersée, attribuée à Purkhu et son atelier, Kangra, vers 1815, Pendjab, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Dans les représentations, Krishna « Le noir  » (Krsna), huitième incarnation de Vishnu, présente une carnation noir ou bleu. Par ailleurs, Krishna combat et terrasse les démons comme le prince Râma, septième avatar de Vishnu, dans le Râmâyana…

Voir aussi l’article Le prince Râma, héros divinisé du Râmâyana, libère le monde des démons

LES PANDAVA VICTORIEUX ET LA FIN D’UN RÈGNE

Soutenus par Krishna, Arjuna et les Pandava sont victorieux dans la Bataille de Kurukshetra. Les Pandava reconquièrent le royaume Kuru-Bhârata et sa capitale Hastinâpura. Les Pandava règnent tranquillement avant de se retirer, au terme de leur vie, dans les montagnes de l’Himalaya, avant leur ascension au Ciel…

D’après La Bataille de Kurukshetra dans la plaine de Kuru, Mahâbhârata, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Bataille de Kurukshetra dans la plaine de Kuru, Mahâbhârata, 1800-1820, aquarelle et or, Kangra, Himachal Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Les Pandava remportent la guerre

La bataille fratricide entre Kaurava et Pandava dure dix-huit jours. Bhîsma, dit l’ancêtre, grand-oncle des Kaurava et des Pandava, prend la tête des guerriers Kaurava.

Le dixième jour, Bhîsma est vaincu mais ne quitte pas ce monde tout de suite. Le sage a le pouvoir de décider l’instant de sa mort. Avant de mourir, Bhîsma enseigne plus tard l’art de la royauté à Yudhishthira, l’aîné des Pandava.

D’après La Bataille de Kurukshetra opposant Kaurava et Pandava, Mahâbhârata, Angkor Vat, art Khmer. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Bataille de Kurukshetra opposant Kaurava et Pandava, Mahâbhârata, bas-relief, temple Angkor Vat, XIIe siècle, art Khmer, Cambodge. (Marsailly/Blogostelle)

C’est ensuite Drona, le maître d’arme commun des cousins Kaurava et Pandava dans leur jeunesse qui dirige l’armée Kaurava. S’ensuit une série d’épisodes au cours desquels, dans les deux camps, les uns et les autres n’hésitent pas à utiliser des procédés déloyaux pour terrasser l’adversaire…

Au cours de cette impitoyable guerre de Kurukshetra, remportée finalement par le clan Pandava, rares sont les survivants. Il ne reste guère plus que les cinq frères Pandava et Krishna.

D’après un général Kaurava au combat, bas-relief,  temple Angkor Vat, XIIe siècle, art Khmer, Cambodge ; et les adieux d’Abhimanyu à son épouse Uttara avant la guerre, gravure populaire sur page en tissu, lithographie, vers 1895, Calcutta. Bataille de Kurukshetra, Mahâbhârata. (Marsailly/Blogostelle)

Draupadî perd tous ses enfants. Arjuna perd son fils Abhimanyu, dont la mère est la sœur de Krishna. Du côté Kaurava, la famille est décimée et Gândhârî perd ses cent fils… Mère éplorée, Gândhârî maudit Krishna qui n’a pas fait cesser cette impitoyable guerre malgré sa nature divine.

D’après le combat entre Abhimanyu, fils d’Arjuna, et le Kaurava Dushasana, Mahâbhârata, Kangra, Inde Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le combat entre Abhimanyu, fils d’Arjuna, et le Kaurava Dushasana, Mahâbhârata, manuscrit, 1803, aquarelle, Kangra, Himachal Pradesh, Inde Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Gândhârî souhaite voir Krishna perdre à son tour sa famille. Krishna accepte cette malédiction qui annonce la fin de sa dynastie. Krishna meurt une trentaine d’années plus tard d’une flèche dans le talon…

Règne et renoncement des Pandava

Après la guerre, le souverain Kaurava Dhritarâshtra, son épouse Gândhârî et la mère des frères Pandava, Kuntî, se retirent dans la forêt. L’aîné des Pandava, Yudhiṣṭhira, roi d’Indraprastha, est couronné roi d’Hastinâpura, capitale du royaume Puru-Bhârata.

D'après les cinq Pandava et leur épouse Draupadî, Mahâbhârata, détail, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après le roi Pandava Yudhiṣṭhira, ses frères Bhîma, Arjuna, Nakula et Sahadeva, et leur épouse Draupadî, Mahâbhârata, vers 1740, peinture attribuée à Manaku, école Basohli, Punjab Hills, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle) (Marsailly/Blogostelle)

Les Pandava règnent durant 36 ans, avant d’abdiquer en faveur du petit-fils d’Arjuna, Parikshit. Parikshit est le fils d’Abhimanyu, fils d’Arjuna et de la sœur de Krishna, Subhadrâ, une autre épouse d’Arjuna par ailleurs marié à Draupadî.

Les Pandava décident donc de se retirer, renonçant à tout au terme de leur vie. Le sage Vyâsa, qui a tout prévu, s’adresse à Arjuna : « Il est temps pour vous d’entreprendre votre ultime voyage. Je ne vois rien de mieux pour vous, ô vaillants Bhârata… »

D’après Le sage Vyâsa dictant le Mahâbhârata à Ganesh, dieu scribe de la connaissance, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Le sage Vyâsa dictant l’épopée du Mahâbhârata à Ganesh, dieu scribe de la connaissance, aquarelle et or, XVIIe siècle, Mewar, Rajasthan, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Après ce renoncement, vêtus de simples haillons, les Pandava et Draupadî partent pour les montagnes de l’Himalaya. Les Pandava vivent leurs derniers jours en gravissant vers le ciel les pentes montagneuses. Là, ils s’éteignent un par un, leurs âme aspirant à rejoindre le séjour des bienheureux…

Les Pandava entament leur ascension au Ciel sous leur forme corporelle accompagnés d’un chien. Mais les frères Pandava et Draupadî échouent dans cette montée, sauf l’aîné Yudhishthira et le chien. Alors que chacun trébuche, Yudhishthira évoque les raisons de cet échec…

D’après Les Pandava dans l'Himalaya, mort de Draupadî, Mahâbhârata, version bengali. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Les Pandava dans l’Himalaya, mort de Draupadî, Mahâbhârata, version bengali, Bardhaman edition, gravure sur bois et impression, XIXe siècle, Bengale. (Marsailly/Blogostelle)

Draupadî aurait aimé Arjuna davantage que ses autres époux, Nakula et Sahadeva auraient accordé trop de valeur à leur apparence, les excellents guerriers Bhima et Arjuna n’auraient  pas résisté à s’enorgueillir… Yudhishthira, lui, aurait tout fait pour éviter les massacres dans la guerre fratricide qui oppose Pandava et Kaurava…

Le chien manifeste alors sa véritable nature de Yama, dieu et juge des morts, souverain des enfers. Yama guide Yudhishthira jusque dans le monde souterrain où séjournent ses frères Pandava et leur épouse Draupadî pour une ultime mise à l’épreuve…

D’après le Pandava Yudhishthira visitant les Enfers, Mahâbhârata, fin XIXe siècle, version tardive du Razmnâma moghol de la fin du XVIe siècle, Jaipur, Rajasthan, Inde Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Puis Yama accompagne à nouveau Yudhishthira au Ciel, en précisant que tout roi doit connaître le monde souterrain au moins une fois. Les dieux expliquent à Yudhishthira que ses frères Pandava et Draupadî finiront eux aussi par le rejoindre au Ciel…

Les descendants d’Arjuna  

Les Pandava ont abdiqué en faveur de Parikshit, fils d’Abhimanyu et petit-fils d’Arjuna. Des années plus tard, après la mort du roi Parikshit, son fils Janamejaya lui succède sur le trône du royaume Kuru. Janamejaya est donc l’arrière-petit-fils d’Arjuna…

D’après le roi Parikshit et le rishi Shuka, Parikshit mordu par le naga Takshaka, Bhâgavata Purana, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le roi Parikshit questionnant le rishi Shuka (fils de Vyâsa) et Parikshit mordu par le naga Takshaka, 1780-1785, album Bhâgavata Purana, Tamil Nadu-Karnataka, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)

Parmi des illustrations du roi Parikshit l’une d’elle représente le souverain, debout, discutant avec le rishi Shuka. Shuka est le fils de Vyâsa, sage, poète et compilateur légendaire du Mahâbhârata.

Dans la tradition hindoue, le rishi désigne un sage et un saint possédant la connaissance (Veda en sanskrit). Premier monument littéraire de l’Inde ancienne, Les Veda se composent d’un ensemble de textes sacrés rédigés en sanscrit archaïque.

Les Quatre Veda  sont le Rig veda (Veda des strophes), le Yajur veda (Veda des formules), le Sâma veda (Veda des mélodies) et l’Atharva veda (Veda de la magie). Le Védisme correspond aux périodes anciennes du Brahmanisme.

D’après le roi Kuru Parikshit, debout, questionnant le rishi Shuka, et Parikshit mordu par le serpent-naga Takshaka, 1780-1785, album Bhâgavata Purana, Tamil Nadu-Karnataka, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)

De l’autre côté, alors en compagnie de moines (bhikshu) sous un dais végétal, le roi Parikshit assis sur des tiges de darbha (herbe sacrée) se fait mordre mortellement par le naga-serpent Takshaka…

Furieux, le roi Janamejaya veut venger son père Parikshit, mordu mortellement par le roi nâga Takshaka. Janamejaya, décidé à anéantir le peuple des serpents-nâga, organise donc un impitoyable sacrifice (Sarpa Satra).

D’après Le Sacrifice des serpents-nâga par le roi Janamejaya, 1605, aquarelle et or, Adi Parva – Livre du Commencement, Mahâbhârata Razmnâma, début XVIIe siècle, Inde moghole. (Marsailly/Blogostelle)

C’est au cours de cette grande cérémonie sacrificielle organisée par Janamejaya que le Mahâbhârata est récitée pour la première fois par un disciple du sage Vyâsa nommé Vaishampâyana. Le Mahâbhârata révèle à l’assistance l’histoire des Pandava, des Kaurava et de la lignée Kuru – Bhârata.

D’après le sage Vyâsa contant l’histoire de Harishchandra au roi Janamejaya, Mahâbhârata, style Paithan, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le sage Vyâsa contant l’histoire de Harishchandra au roi Janamejaya, Mahâbhârata, peinture narrative, gouache, style Paithan, Andhra Pradesh-Karnataka, fin XIXe-début XXe siècle, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)

Face au risque d’anéantissement des serpents-nâga décidé par le roi Janamejaya, un érudit, Astika, né d’une mère nâgini et d’un père brahmane, intervient. Les brahmanes appartiennent à la caste sacerdotale héréditaire, la première dans la hiérarchie, devant celle des guerriers, les kshatriya.

Janamejaya écoute les paroles du sage et libère finalement le roi naga Takshaka emprisonné. Janamejaya fait aussi cesser le massacre des serpents-nâga. Après cet épisode, serpents-nâga et les gens de Kuru vivent en paix…

D’après le roi Parikshit mordu par le roi naga Takshaka, 1605, aquarelle et or, Adi Parva – Livre du Commencement, Mahâbhârata Razmnâma, Inde moghole. (Marsailly/Blogostelle) 

Janamejaya fait donc preuve de sagesse… Les serpents jouent un rôle important dans le mythe cosmogonique du Barattage de La Mer de Lait, dans lequel le corps immense du nâga Vâsuki permet des créations miraculeuses…

Les génies serpents Nâga (masculin) et Nâgini (féminin), souvent représentés avec un buste humain et un corps de serpent, se rattachent aux milieux souterrains et aquatiques. Ils symbolisent aussi la fertilité.

Le Mahâbhârata s’achève par la mort de Krishna, la fin de sa dynastie et la montée au Ciel des frères Pandava et de leur épouse Draupadî. Le Mahâbhârata précise que Karna et les Pandava, fils de Pandu, comme les 100 fils Kaurava du roi aveugle Dhritarâshtra finissent par achever leur ascension vers le paradis céleste (svarga) et atteindre “ l’état de divinités”. Là, tous réunis et libérés de leur colère, ils recouvrent paix et sérénité…

RÉCITS MYTHIQUES HINDOUS. 1. Le Barattage de la Mer de Lait, récit cosmogonique hindou – 2. Le Râmâyana célèbre les exploits du prince Râma et Râma, héros divinisé du Râmâyana, libère le monde des démons – 3. Le Mahâbhârata une épopée mythique sacrément compliquée ; L’excellence guerrière d’Arjuna, grand héros du Mahâbhârata, se rattache aux dieux Indra et Shiva et  Au cœur du Mahâbhârata, Krishna enseigne à Arjuna la Bhagavad-Gîtâ, chant poétique et mystique

Sommaire HISTOIRE DU SACRÉ

REPÈRES CHRONOLOGIQUES. Au cours de l’époque védique, entre 1500 avjc et le IIIe siècle avjc, sont rédigés en sanskrit : le Rig-Veda, les Brâhmana et les Upanishad (qui constituent le Vedanta). Et aussi de tradition védique : le Barattage de la Mer de Lait et le Mahâbhârata (IVe siècle avjc – IVe siècle), qui comprend La Bhagavad-Gîtâ (IVe – IIIe siècle avjc). Plus tardif : le Râmâyana, poème en sanscrit (IIIe siècle avjc – IIIe siècle). 

La Bhagavad-Gîtâ À partir du livre d’un auteur anonyme du IIe siècle avjc,
traduit du Sanskrit par Émile-Louis Burnouf : davidmaccartney.com/livres/La_Bhagavad-Gita.pdf

BNF :  Le Mahâbhârata, poème épique de KRISHNA-DWAIPAYANA  gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5820787t/f3.item.texteImage

Unesco, Le Râmâyana et le Mahâbhârata unesdoc.unesco.org/images/0007/000783/078371fo.pdf – et (www.)  alexandra-david-neel.fr/bonus-2/symbolisme/symbolisme-indien/le-mahabharata/ – et archive.org/details/mahabharata00ramauoft

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Le Mahâbhârata comprend dix-huit parva (chapitres ou livres). 1. Adiparvan – Le Livre des commencements. 2. Sabhaparvan – Le Livre de l’assemblée. 3. Aranyakaparvan – Le Livre de la forêt. 4. Virataparvan – Le Livre de Virâta. 5. Udyogaparvan – Le Livre des préparatifs. 6. Bhishmaparvan – Le Livre de Bhîsma. 7. Dronaparvan – Le Livre de Drona. 8. Karnaparvan – Le Livre de Karna. 9. Shalyaparvan – Le Livre de Shalya. 10. Sauptikaparvan – Le Livre de l’attaque nocturne. 11. Striparvan – Le Livre des femmes. 12. Shantiparvan – Le Livre de l’apaisement. 13. Anushasanaparvan – Le Livre de l’enseignement. 14. Ashvamedhikaparvan – Le Livre du sacrifice royal. 15. Ashramavasikaparvan – Le Livre du séjour en forêt. 16. Mausalaparvan – Le Livre des pilons. 17. Mahaprasthanikaparvan – Le Livre du grand départ. 18. Svargarohanaparvan – Le Livre de la montée au paradis.

Publié par Maryse Marsailly

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