L’art au XVIIIe siècle, l’éclosion de l’esprit néoclassique

D'après l'art au 18e siecle, le Néoclassique, histoire de l'art. (Marsailly/Blogostelle)

XVIIIe siècle : le retour héroïque du “bel antique”

L’art au XVIIIe siècle (sixième volet)… Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les artistes renoncent aux ors et à la luxuriance de l’art rocaille (dit aussi rococo) et reviennent à une esthétique classique, plus sobre, plus solennelle et plus monumentale. Un goût nourri pour l’antique puise alors son inspiration auprès des maîtres de la Renaissance et dans l’Antiquité. Les artistes, les collectionneurs et les aventuriers voyagent… L’art néoclassique finit par s’imposer… Morceaux choisis…

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière révision mai 2019 –

La Douce Mélancolie, de Joseph-Marie Vien, 1756, huile sur toile, France, XVIIIe siècle, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
La Douce Mélancolie, de Joseph-Marie Vien, 1756, huile sur toile, France, XVIIIe siècle, style néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

REPÈRES CHRONOLOGIQUES
Le XVIIIe siècle, en France : Louis XIV : 1638 – 1715. Régence de Philippe II, duc d’Orléans : 1715-1723 (minorité de Louis XV) – Louis XV : 1715 – 1774 – Louis XVI : 1774-1792 – Révolution Française 1789 – Première République. Convention : 1792-1795 (Robespierre, La Terreur 5 septembre 1793 – 28 juillet 1794) – Directoire : 1795 – 1799 – Consulat : 1799-1804 – Premier Empire : Napoléon Ier : 1804-1814.

L’ART NÉOCLASSIQUE SE NOURRIT À ROME

Au XVIIIe siècle, Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), archéologue, antiquaire et historien de l’art allemand, exalte la manière simple et noble du bel antique. Par ailleurs, des collectionneurs, des marchands d’art et des artistes contribuent à diffuser une nouvelle esthétique classique, fondée sur les modèles de l’art antique… L’art néoclassique prend de l’ampleur…

D’après la déesse Vénus accordant Hélène pour épouse à Pâris, de Gavin Hamilton, 1782-1784, huile sur toile, XVIIIe siècle, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après la déesse Vénus accordant Hélène pour épouse à Pâris, de Gavin Hamilton, 1782-1784, huile sur toile, XVIIIe siècle, néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Winckelmann publie son Histoire de l’Art de l’Antiquité
Johann Joachim Winckelmann, auteur de l’Histoire de l’Art de l’Antiquité (1764) , Anton Raphaël Mengs (1728-1779), l’un des grands artistes-peintres alors actifs en Europe ; des amateurs d’art éclairés comme le comte de Caylus…

…, le peintre et marchand d’art britannique Thomas Jenkins (1722-1798) ; des artistes comme le peintre écossais Gavin Hamilton (1723-1798) et le restaurateur italien Bartolomeo Cavaceppi (1716-1799), qui font du commerce d’antiques, tous nourrissent l’érudition dans le domaine de l’antiquité…

D’après Vénus présentant Hélène à Pâris, de Gavin Hamilton, vers 1777-1780, huile sur toile, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après Vénus présentant Hélène à Pâris, de Gavin Hamilton, vers 1777-1780, huile sur toile, XVIIIe siècle, néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Gavin Hamilton, archéologue et peintre
L’écossais Gavin Hamilton, archéologue chevronné, marchand d’art et peintre, s’installe à Rome à la fin des années 1750. Pour une clientèle britannique, il réalise quelques toiles de grandes dimensions en s’inspirant de sujets antiques.

Sa touche néoclassique sublime des sujets puisés dans l’Iliade du poète Homère, notamment la rencontre d’Hélène et de Pâris, avant que n’éclate la guerre de Troie…

Ainsi, Gavin Hamilton peint Vénus présentant Hélène à Pâris, vers 1777-1780, peut-être pour le comte de Shelburne. Il réalise aussi, pour le décor du Casino de la villa Borghèse, à Rome, Vénus accordant Hélène pour épouse à Pâris, vers 1782-1784…

D’après Le Parnasse, Apollon, Mnémosyne et les neuf muses, d'Anton Raphaël Mengs, vers 1760-1761, fresque, Villa Albani, Rome, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Le Parnasse, Apollon, Mnémosyne et les neuf muses, d’Anton Raphaël Mengs, vers 1760-1761, fresque, Villa Albani, Rome, XVIIIe siècle, néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Anton Raphaël Mengs, un artiste international
Anton Raphaël Mengs séjourne longtemps à Rome… Cet artiste international du XVIIIe siècle débute son apprentissage en Allemagne avant de poursuivre sa formation à Rome. Il étudie la Renaissance, notamment Raphaël et le Corrège, et l’art antique. Convaincu par le point de vue de Johann Winckelmann, Raphaël Mengs embrasse l’esprit néoclassique…

Vers 1760-1761, Raphaël Mengs peint sa fresque grandiose, Le Parnasse, avec Apollon, Mnémosyne et les neuf muses, pour un plafond de la villa Albani, à Rome… Le bel Apollon, dieu grec des arts, de la poésie et de la musique, arbore sa lyre au centre de la composition, auprès de Mnémosyne, la mère des muses…

D’après Le Jugement de Pâris, d'Anton Raphaël Mengs, 1757, huile sur toile, XVIIIe siècle, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après Le Jugement de Pâris, d’Anton Raphaël Mengs, 1757, huile sur toile, XVIIIe siècle, néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Le sujet relève de la mythologie grecque. Mnémosyne, déesse de la mémoire, est aimée de Zeus. Elle donne ainsi naissance aux neuf muses…

Calliope incarne la poésie épique, Erato la poésie lyrique, Melpomène la tragédie, Thalia la comédie, Clio l’histoire, Polymnie la rhétorique, Euterpe la musique, Terpsichore la danse et Urania l’astronomie.

Corésus et Callirhoé de Fragonard
Jean-Honoré Fragonard, qui a séjourné en Italie et en Hollande, compose Le Grand prêtre Corésus qui se sacrifie pour sauver Callirhoé, présenté comme morceau d’agrément à l’Académie royale, à Paris.

Le sujet, traité de manière inédite en peinture, est tiré de La Périégèse de la Grèce (dit Description de la Grèce ou L’Itinéraire de la Grèce), de Pausanias. Cet auteur grec du IIe siècle apjc rapporte l’histoire de Corésus et Callirhoé…

D'après Le sacrifice du Grand prêtre Corésus pour sauver Callirhoé, de Jean-Honoré Fragonard, huile sur toile, Salon de 1765, inspiré de Pausanias, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après Le sacrifice du Grand prêtre Corésus pour sauver Callirhoé, de Jean-Honoré Fragonard, huile sur toile, Salon de 1765, inspiré de Pausanias, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Par ailleurs, au XVIIIe siècle, on connaît l’histoire de Corésus et Callirhoé grâce à un opéra d’André-Cardinal Destouches et son livret de Pierre-Charles Roy (créé en 1712, rejoué entre 1731 et 1743, puis 1773).

Dans la cité de Calydon, ravagée par la maladie, on décide de sacrifier la jeune Callirhoé pour mettre fin à cette terrible épidémie. Mais le grand prêtre Corésus, amoureux de la jeune fille, se sacrifie à sa place…

Souffle baroque et atmosphère classique
Cette composition théâtrale, empreinte d’amour, de drame et d’héroïsme, permet à Fragonard d’allier souffle baroque et atmosphère classique… Le maître de Fragonard, Charles Natoire, directeur de l’Académie de France à Rome, avait dessiné un Corésus et Callirhoé (musée Chéret à Nice).

Un autre dessin, attribué à Luca Giordano, se trouve au Louvre. On connaît un troisième dessin de François Boucher La Mort de Callirhoé… De son côté, Fragonard propose une peinture inédite de Corésus et Callirhoé…

D’après La Fontaine (réservoir d'eau), de Jean Simeon Chardin, 1733, huile sur toile, XVIIIe siècle France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Fontaine (réservoir d’eau), de Jean Simeon Chardin, 1733, huile sur toile, XVIIIe siècle France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

L’originalité inédite de Chardin
En France, l’art néoclassique prend de l’ampleur sous le règne de Louis XVI, puis s’épanouit encore sous l’Empire… Vers 1760, le style Rocaille, qui distingue l’art en France sous le règne de Louis XV, incarné notamment par la personnalité de François Boucher, est remis en question par un renouveau artistique réformateur.

Cependant, Jean Simeon Chardin innove très tôt avec un art original et sobre, qui porte déjà en lui les germes de la modernité : dans des natures mortes comme dans des scènes de genre, dont les compositions évoquent la vie des petites gens… Ainsi, Chardin semble ignorer les univers rocailles alors en vogue alors pour cultiver une originalité inédite…

D’après La Fontaine, de Charles-Nicolas Cochin, 1739, Eau-forte d'après Jean Siméon, gravure, XVIIIIe siècle France, XVIIIe siècle, période Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Fontaine, de Charles-Nicolas Cochin, 1739, Eau-forte d’après Jean Siméon, gravure, XVIIIIe siècle France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Le courant néoclassique traverse l’Europe…
Entre 1760 et 1840 environ, un mouvement de retour au classicisme traverse l’Europe… Au XVIIIe siècle, ce courant s’appuie sur une culture de l’antiquité et s’exprime de différentes manières. L’art néoclassique se fond parfois, plus ou moins, avec d’autres conceptions artistiques.

Aristocrates, amateurs d’art et artistes se rendent à Rome et voyagent en Italie… L’art antique gréco-romain et les chefs-d’oeuvre de la Renaissance italienne deviennent une source d’inspiration très tendance dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle…

Denis Diderot et Charles-Nicolas Cochin prônent l’esprit classique
Le nouvel art néoclassique est notamment soutenu par le penseur des lumières, Denis Diderot. Ce courant novateur est également défendu par le dessinateur, graveur et critique d’art Charles-Nicolas Cochin Fils (1715-1790), qui rejette l’art Rocaille et connaît les récents ouvrages d’archéologie liés à des chantiers de fouilles en Italie…

D’après Le bal donné pour le mariage de Louis Dauphin avec Marie-Thérèse, infante d’Espagne, en 1745, 1746, époque Louis XV, et le Frontispice de l’Encyclopédie, Salon 1765, graveur Bonaventure-Louis Prévost ; dessins de Charles-Nicolas Cochin ; France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Charles-Nicolas Cochin, actif à Paris, graveur de Louis XV et proche de Diderot, voyage en Italie (1749-1751) avant d’être reçu à l’Académie. Il est connu pour ses dessins et gravures de fêtes et de bals, ses illustrations des Fables de La Fontaines… Il est l’auteur aussi du frontispice de l’Encyclopédie de Diderot…

Des fouilles archéologiques à Herculanum et à Pompéi
À l’époque, l’étude de l’art classique s’enrichit grâce aux retours des fouilles archéologiques menées dans les cités romaines antiques d’Herculanum et de Pompéi, en Italie. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, Charles III de Bourbon monte sur le trône du royaume de Naples.

D’après le Recueil d'antiquités - égyptiennes, étrusques, grecques et romaines- , du comte de Caylus, 1752-1767, France, XVIIIe siècle, période Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le Recueil d’antiquités – égyptiennes, étrusques, grecques et romaines- , du comte de Caylus, 1752-1767, France, XVIIIe siècle, période néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Charles III de Bourbon est l’héritier, par sa mère Elisabeth Farnèse, de la spectaculaire collection d’œuvres d’art de la famille Farnèse. Charles III décide de créer un musée, destiné aussi à célébrer la famille royale, et projette de faire de Naples une grande capitale culturelle européenne.

Le roi de Naples initie la construction de la Villa Royale de Capodimonte en 1738. Cette même année, commencent les fouilles du site antique d’Herculanum, puis celles de Pompéi, en 1748, et celles de Stabies en 1749. En France, Le comte de Caylus, amateur d’art, mécène, antiquaire et écrivain publie son Recueil d’antiquités…

D’après le Recueil d’antiquités – égyptiennes, étrusques, grecques et romaines- , du comte de Caylus, 1752-1767, France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Aristocrates, amateurs d’art et artistes voyagent
On met au jour quantité d’œuvres d’art et d’objets antiques qui sont alors exposés dans la villa royale de Portici, où le roi Charles III décide de créer en 1750 le Museum Herculanense. Les découvertes archéologiques sont publiées dans des recueils illustrés qui, traduits en plusieurs langues, circulent…

Par ailleurs, Charles III de Naples fait élever un palais à la mode antique, dont les formes classiques, sur les modèles de l’art antique, marquent une rupture avec l’art baroque, Rocaille et rococo…

DE SINGULIERS AVENTURIERS VOYAGEURS…

Casanova, de Venise à Paris…
L’aventurier vénitien Giovanni Giacomo Casanova (1725-1798, dit Jean-Jacques Casanova de Seingalt, voyageur et écrivain, est célèbre pour ses nombreuses conquêtes féminines… Ce libertin séjourne dans plusieurs capitales européennes, dont Paris (entre 1750 et 1752, et 1757 -1759), où il fréquente la franc-maçonnerie et introduit la loterie…

D’après le portrait présumé de Giacomo Casanova, d'Anton Raphaël Mengs, vers 1760-1768, huile sur toile, XVIIIe siècle, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le portrait présumé de Giacomo Casanova, d’Anton Raphaël Mengs, vers 1760-1768, huile sur toile, XVIIIe siècle, néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Entre-temps, accusé de propagande antireligieuse et de moeurs dissolues, Casanova est emprisonné le 26 juillet 1755 dans les geôles du palais des Doges, à Venise.

Casanova reste enfermé dans les plombs jusqu’au soir du 31 octobre, quand il s’échappe par les toits, avant de rejoindre la salle Carrée où un gardien du palais, le prenant pour un personnage égaré, le laisse partir. Casanova sort ainsi par la porte della Carta

… L’aventurier s’enfuit à Munich, puis à Paris. Casanova raconte ses voyages, ses amours et son évasion dans ses Mémoires, rédigées en Bohême… Comme le comte de Cagliostro et le comte de Saint-Germain, Casanova est l’un des grands aventuriers voyageurs du XVIIIe siècle…

D’après Giuseppe Balsamo, dit comte de Cagliostro, de Jean-Antoine Houdon, 1786, marbre, XVIIIe siècle, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Giuseppe Balsamo, dit comte de Cagliostro, de Jean-Antoine Houdon, 1786, marbre, XVIIIe siècle, néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Les comtes de Cagliostro et de Saint-Germain…
Magie, alchimie, occultisme, mystère, imposture, mystification, intrigues, aventures et voyages…, distinguent la vie de Cagliostro, auteur d’un rite maçonnique égyptien, et de Claude Louis Saint-Germain, dit comte de Saint-Germain (1707-1778).

Cagliostro, accusé de pratiquer l’alchimie, la sorcellerie et l’hérésie, est emprisonné au château Saint-Ange, à Rome, en 1789. On lui reproche aussi son appartenance à la franc-maçonnerie.

D’après le comte de Saint-Germain, Claude-Louis-Robert, de Jean-Joseph Taillasson, 1777, huile sur toile, château de Versailles, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le comte de Saint-Germain, Claude-Louis-Robert, de Jean-Joseph Taillasson, 1777, huile sur toile, château de Versailles, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

En France, le comte de Saint-Germain participe à des soupers de Louis XV et de la marquise de Pompadour, avant de devenir secrétaire d’État au département de la Guerre, en 1775, sous Louis XVI… Ces personnages énigmatiques à la sulfureuse réputation alimentent rapidement des récits légendaires…

DES SCULPTURES CLASSIQUES DES HOMMES ILLUSTRES DE LA FRANCE

Le rôle du directeur des Bâtiments du roi de France
En France, au XVIIIe siècle, c’est le directeur des Bâtiments du roi, dont rôle se renforce de plus en plus, qui insuffle la politique artistique du royaume. Ainsi, les influences du marquis de Marigny, sous Louis XV, et celles du comte d’Angiviller, sous Louis XVI, sont très importantes.

 D’après le marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du roi sous Louis XV, portrait de Louis Tocqué, huile sur toile, vers 1750-1760, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du roi sous Louis XV, portrait de Louis Tocqué, huile sur toile, vers 1750-1760, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Le marquis de Marigny sous Louis XV
Le marquis de Marigny – Abel Poisson, marquis de Vandière, puis de Marigny et de Ménard (1727-1781) -, frère de Madame de Pompadour, est directeur général des Bâtiments du roi entre 1751 et 1773. Il initie, entre autres, la place Louis XV. Sur un portrait de Louis Tocqué, le marquis de Marigny tient à la main son projet pour l’École militaire…

Le comte d’Angiviller sous Louis XVI
Sous le règne de Louis XVI, Charles Claude Flahaut de La Billarderie, comte d’Angiviller est nommé, en 1774, premier directeur général des Bâtiments… Le comte d’Angiviller s’emploie plus particulièrement à imposer la peinture d’histoire et le grand genre.

D’après Charles Claude de Flahaut, comte d'Angiviller, directeur des Bâtiments du roi sous Louis XVI, de Jean-Baptiste Greuze, 1763, huile sur toile, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Charles Claude de Flahaut, comte d’Angiviller, directeur des Bâtiments du roi sous Louis XVI, de Jean-Baptiste Greuze, 1763, huile sur toile, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Le comte d’Angiviller favorise aussi des commandes imposantes de tapisseries à la fabrique des Gobelins. Il est encore le commanditaire de la série de sculpture Les Hommes illustres de la France dite aussi Les Grands Hommes de la France…

La série des “Grands Hommes”, du marbre à la porcelaine
Les statues monumentales des Grands Hommes de la France sont destinées à la Grande Galerie du palais du Louvre, pour ainsi honorer et perpétuer la mémoire des personnalités Françaises les plus illustres. Le directeur des Bâtiments de Louis XVI fait appel, en 1776, à des sculpteurs de l’Académie…

D’après Blaise Pascal, biscuit de porcelaine selon le marbre d’Augustin Pajou du Salon de 1779 ; Fénelon, biscuit de porcelaine, modèle de Félix Lecomte ; et Vauban (Sébastien Le Prestre de), biscuit de porcelaine, selon un modèle en plâtre de Charles-Antoine Bridan, 1783 ; série des Grands Hommes de la France, manufacture de Sèvres, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Puis, en 1782, le comte d’Angiviller demande à chacun des sculpteurs de la série Les Grands Hommes de la France de façonner un modèle réduit en terre cuite pour la manufacture de Sèvres afin de réaliser des réductions en biscuit de porcelaine.

Ainsi, vingt-trois illustres personnages en porcelaine – sur les vingt-sept sculptés dans le marbre – sont réalisés à Sèvres, entre 1783 et 1789, avant la fin de l’Ancien Régime, tels Pascal, Fénelon, Vauban, La Fontaine…

D’après le mathématicien philosophe Blaise Pascal, d’Augustin Pajou, marbre, Salon de 1785, série des Grands Hommes de la France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le mathématicien philosophe Blaise Pascal, d’Augustin Pajou, marbre, Salon de 1785, série des Grands Hommes de la France, XVIIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)

Blaise Pascal par Augustin Pajou
Le sculpteur Augustin Pajou représente Blaise Pascal, grand homme vêtu de son habit du XVIIe siècle. Le penseur est concentré sur un travail de géométrie gravé sur une tablette. L’artiste rend hommage à ce mathématicien, qui est aussi un philosophe, en évoquant sa plume et ses écrits, notamment les Lettres à un provincial et Pensées sur la religion…

Le sculpteur Pierre Julien immortalise La Fontaine
Au Salon de 1785, le sculpteur Pierre Julien présente une statue de Jean de La Fontaine sculptée dans le marbre. Commandée en 1781, son modèle en plâtre est exposé au Salon de 1783. Cette oeuvre monumentale doit rejoindre la série les Grands hommes de la Grande Galerie du Louvre…

D’après Jean de La Fontaine, de Pierre Julien, 1785, marbre, série des Grands Hommes de la France, XVIIIe siècle, période Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Jean de La Fontaine, de Pierre Julien, 1785, marbre, série des Grands Hommes de la France, XVIIIe siècle, période Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

La Fontaine et ses fables…
Pierre Julien sculpte Jean de La Fontaine (1621-1695 apjc) portant une longue perruque, vêtu à la mode de son temps. L’artiste présente ce grand homme de lettres quelques feuillets à la main, sur lesquels sont inscrits les premiers vers de la fable Le Renard et les Raisins.

Certains personnages des histoires poétiques de La Fontaine sont évoqués sur le socle de la statue, sculptés en bas-relief. En outre, Jean de La Fontaine est accompagné du Renard, le flatteur de la célèbre fable Le Corbeau et le Renard… L’écrivain semble plongé dans une rêverie créatrice, installé en pleine nature…

D’après Jean de La Fontaine, de Pierre Julien, 1784, terre cuite ; La Fontaine, biscuit de porcelaine, réduction du plâtre de Pierre Julien, Salon de 1783, manufacture de Sèvres et et Jean de La Fontaine, porcelaine colorée, modèle de Pierre Julien de 1784 ; série des Grands Hommes de la France, XVIIIe siècle, période néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Pierre Julien sculpte son Gladiateur
Dans la peinture comme dans la sculpture, les artistes qui cultivent le goût de l’antique s’inspirent alors de sujets et de modèles tirés des antiquités grecque et romaine. Comme pour Pierre Julien et son Gladiateur mourant, qui figure parmi les morceaux de réception de l’Académie royale de peinture et de sculpture.

D’après Le gladiateur mourant, de Pierre Julien, marbre, 1779, XVIIIe siècle, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Le gladiateur mourant, de Pierre Julien, marbre, 1779, XVIIIe siècle, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

La virtuosité du sculpteur, la fine maîtrise de l’exécution, la justesse du rendu de l’expression, de l’attitude, de la gestuelle, mais encore la délicatesse des détails et des accessoires font de Pierre Julien un maître de l’art néoclassique…

EN FRANCE, JOSEPH-MARIE VIEN PEINT À L’ANTIQUE

Joseph-Marie Vien étudie les modèles antiques
L’artiste français Joseph-Marie Vien (1716-1809), dessinateur, graveur et peintre, s’impose comme un précurseur de l’art néoclassique.

Vien compose des scènes antiques en cherchant à s’approcher le plus possible des réalités historiques. Cet engouement pour l’antiquité – nommé goût grec – nourrit aussi les arts décoratifs à la même époque…

D’après L'Athénienne vertueuse, de Joseph-Marie Vien, 1762, XVIIIe siècle, France, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après L’Athénienne vertueuse, de Joseph-Marie Vien, 1762, XVIIIe siècle, France, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Joseph-Marie Vien décroche tous les postes académiques. Ainsi, il est : « membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture, directeur de l’Académie de France à Rome », ainsi que « directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture » et « Premier peintre du Roi ». Son art consacre l’étude des modèles antiques…

“L’athénienne” de Jean-Henri Eberts
En 1773, le banquier Jean-Henri Eberts, propriétaire du tableau de Vien, L’Athénienne vertueuse, se serait inspiré de cette scène d’offrande avec son trépied grec antique pour imaginer et dessiner un guéridon. Il nomme sa création athénienne. Ce meuble de style néoclassique est décliné aussi en support de cassolette, de réchaud ou de jardinière…

D’après une athénienne (trépied inspiré de l'antique), selon un dessin de Jean-Henri Eberts, 1773, pin sculpté et doré, laiton et bronze doré, XVIIIe siècle, France, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une athénienne (trépied inspiré de l’antique), selon un dessin de Jean-Henri Eberts, 1773, pin sculpté et doré, laiton et bronze doré, XVIIIe siècle, France, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Joseph-Marie Vien, un peintre précurseur
En France, pour son Anachorète endormi, Joseph-Marie Vien reprend le thème baroque de la Vanité, mais le traitement réaliste de la musculature du personnage rappelle l’art de la Renaissance…

Dans La Douce Mélancolie, l’inspiration venue de l’antique et l’esprit néoclassique anime déjà l’œuvre de cet artiste précurseur d’un retour au classicisme…

Joseph-Marie Vien peint d’après nature
Joseph-Marie Vien fait son apprentissage à Paris chez Charles-Joseph Natoire et décroche le Prix de Rome en 1744. En Italie, il étudie la sculpture antique, les peintres de la Renaissance italienne et les artistes de l’école de peinture de Bologne.

D’après L’ermite endormi, de Joseph-Marie Vien, 1750, présenté au Salon de 1753, à Paris, collection de Louis XVI ; et L’Anachorète endormi, 1751 ; , huiles sur toile de Joseph-Marie Vien, France, XVIIIe siècle, période néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Joseph-Marie Vien aspire à un retour à la grande manière… Et, au salon de 1753, son Ermite endormi (au musée du Louvre) fait sensation. On admire notamment l’exactitude du trait et du rendu d’après nature. Vien atteint l’apogée de sa carrière quelques années plus tard, grâce à ses sujets inspirés de l’antiquité…

Vien peint sa Marchande d’Amours
Au salon de 1763, la Marchande d’Amours de Joseph-Marie Vien inaugure une redécouverte de la peinture antique et séduit les critiques, parmi lesquels figure Denis Diderot. L’art de Vien se distingue par sa simplicité et sa grâce et par ses couleurs pures

… Ses peintures à la grecque illustrent le bon goût à l’antique, caractérisé par la simplicité des compositions, la pureté des lignes et des formes, la sobriété des couleurs…. Sur ce tableau, des références à l’Antiquité sont présentes dans les décors, les architectures, les mobiliers, les drapés…

D’après La Marchande d’Amours, de Joseph-Marie Vien, 1763, château de Fontainebleau, huile sur toile France, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Marchande d’Amours, de Joseph-Marie Vien, 1763, château de Fontainebleau, huile sur toile France, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Diderot salue “la figure assise drapée comme l’antique…”
Denis Diderot commente ainsi La Marchande d’Amours de Vien : c’est une élégance dans les attitudes, dans les corps, dans les physionomies, dans les vêtements ; une tranquillité dans la composition ; une finesse !… tant de charme partout, qu’il est impossible de les décrire…

Les accessoires sont d’ailleurs d’un goût exquis et du fini le plus précieux. Ce morceau en tout est d’une très belle exécution : la figure assise est drapée comme l’antique ; “… Diderot poursuit : “ Voilà une allégorie qui a du sens, et non pas cet insipide Exercice des Amours de Van Loo... C’est une petite ode tout à fait anacréontique…

… (qui rappelle les odes d’Anacréon, 560 avjc – 478 avjc, poète lyrique grec, dont les odes légères célèbrent l’amour et la joie de vivre, NDLR) “… “L’harmonie des couleurs, si importante dans toute composition, était essentielle dans celle-ci ; aussi est-elle portée au plus haut degré

D’après Les Adieux d'Hector et Andromaque, de Joseph-Marie Vien, 1786, Paris, France, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Les Adieux d’Hector et Andromaque, de Joseph-Marie Vien, 1786, Paris, France, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Vien peint des sujets tirés de l’oeuvre de Homère
En 1772, Madame du Barry, emportée par l’engouement collectif pour le nouveau style néoclassique, renvoie même à Fragonard des peintures commandées pour son pavillon de Louveciennes… avant de les remplacer par des œuvres de Joseph-Marie Vien…

De son côté, le directeur des bâtiments du Roi, le comte d’Angiviller, commande à Vien une série de scènes en grand format d’après les œuvres du poète grec Homère. L’artiste peint en 1786 Les Adieux d’Hector et Andromaque, selon L’Iliade (chant 06, Bellérophon, Adieux d’Andromaque et d’Hector).

D’après L’embarquement de Sainte Marthe en Provence, de Joseph-Marie Vien, 1747-1751, église Sainte Marthe, Tarascon, France, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après L’embarquement de Sainte Marthe en Provence, de Joseph-Marie Vien, 1747-1751, église Sainte Marthe, Tarascon, France, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Un cycle sur la vie de sainte Marthe 
Puis, à la fin de sa carrière, Joseph-Marie Vien revient à ses thèmes anacréontiques (inspiré par Anacréon.) » et réalise des séries de dessins.

Par ailleurs, l’artiste peint des toiles d’art sacré, notamment un cycle sur la vie de sainte Marthe à Tarascon, qui illustre son esthétique néoclassique, dont le style détrône celui de la peinture Rocaille représentée par François Boucher…

Après la disparition de Joseph-Marie Vien, à l’âge de 93 ans, beaucoup de ses élèves perpétuent l’art à l’antique de leur maître. Notamment Jacques-Louis David, qui soutiendra son professeur pour traverser les troubles de la Révolution. Et dans la peinture, David mènera l’esprit néoclassique à son apogée…

D’après la Prédication de Sainte Marthe, de Joseph-Marie Vien, 1747-1751, église Sainte Marthe, Tarascon, France, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la Prédication de Sainte Marthe, de Joseph-Marie Vien, 1747-1751, église Sainte Marthe, Tarascon, France, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Un hommage de David à Joseph-Marie Vien
C’est le plus célèbre des élèves de Joseph-Marie Vien, Jacques-Louis David, qui peint, à la demande de Napoléon Ier, le Sacre de l’empereur et le couronnement de l’impératrice Joséphine dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804.

Dans cette fastueuse composition, David rend hommage à son professeur, Joseph-Marie Vien, en le représentant dans l’une des loges. Tel un reporter photographe, David représente les nombreuses personnalités présentes à la cérémonie. Le peintre en ajoute cependant quelques unes, absentes en réalité ce jour là, pour des raisons politiques et diplomatiques…

D’après Le Sacre de Napoléon et Joséphine, de Jacques Louis David, 1806 - 1807, huile sur toile, France, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Le Sacre de Napoléon et Joséphine, de Jacques Louis David, 1806 – 1807, huile sur toile, France, XVIIIe siècle, Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

« J’y dessinais l’ensemble d’après nature”
Il faudra trois ans à David pour peindre Le Sacre de Napoléon, après avoir bénéficié d’une loge à Notre-Dame de Paris, d’où il a pu suivre la cérémonie, il raconte dans son autobiographie : J’y dessinais l’ensemble d’après nature, et je fis séparément tous les groupes principaux…

Je fis des notes pour ce que je n’eus pas le temps de dessiner, ainsi on peut croire, en voyant le tableau, avoir assisté à la cérémonie. Chacun occupe la place qui lui convient, il est revêtu des habillements de sa dignité…

L’ART VIRTUOSE DU SCULPTEUR EDME BOUCHARDON

Edme Bouchardon (1698-1762) figure parmi les plus illustres artistes sous le règne de Louis XV. Le sculpteur se détourne de l’art Rocaille pour expérimenter, en précurseur, le retour à un idéal antique et au classicisme…

 D’après L’Amour se faisant un arc dans la massue d’Hercule, d'Edme Bouchardon, marbre,1750, XVIIIe siècle, France, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après L’Amour se faisant un arc dans la massue d’Hercule, d’Edme Bouchardon, marbre,1750, XVIIIe siècle, France, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

“Le goût simple et noble de l’antique”
Ses contemporains voient en Bouchardon un chef d’école et un artiste qui a amené le goût simple et noble de l’antique, comme le résume Charles-Nicolas Cochin, qui le considère aussi comme le plus grand sculpteur et le meilleur dessinateur de son siècle…

Références antiques et fidélité à la nature
Dans dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, on présente Edme Bouchardon comme l’héritier de Pierre Puget et de François Girardon, deux grands sculpteurs renommés au XVIIe siècle…

D’après L’Amour se faisant un arc dans la massue d’Hercule, 1750, et L’étude pour L’Amour se faisant un arc, 1750 ; marbre et sanguine, d’Edme Bouchardon, XVIIIe siècle, France, néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Bouchardon dessine à la sanguine
L’impressionnante esthétique d’Edme Bouchardon crée un équilibre entre les références antiques et la fidélité à la réalité naturelle. Ainsi, le sculpteur sublime son art et ses modèles. Bouchardon pratique aussi le dessin à la sanguine avec le même bonheur…

Les grands collectionneurs et amateurs de son temps recherchent ses nombreux dessins, ses terres cuites et ses sculptures… Par ailleurs, Bouchardon renforce sa notoriété grâce à un bon réseau d’éditeurs, de libraires et d’amateurs d’art influents en Europe…

D’après le Faune Barberini, selon le modèle antique, 1730 ; un Homme nu assis et la Nymphe endormie selon un modèle antique à Rome, vers 1723-1732 ; marbre et sanguines d’Edme Bouchardon, ;  XVIIIe siècle, France, néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

L’art néoclassique idéalise le monde antique
L’art néoclassique exalte avec sensibilité la vertu morale ou héroïque exemplaire, et renoue avec l’idée antique de la perfection de la nature. Ce mouvement artistique tend à illustrer un monde meilleur, mais proche de l’utopie, telle celle de l’Arcadie mythique, terre idyllique du bonheur. Au XVIIIe siècle, le monde antique apparaît idéalisé, voire rêvé…

D’après une Allégorie de l’été, jeux d’enfants, d'Edme Bouchardon, bas relief, décor de la fontaine de Grenelle, XVIIIe siècle, France, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une Allégorie de l’été, jeux d’enfants, d’Edme Bouchardon, bas relief, décor de la fontaine de Grenelle, XVIIIe siècle, France, néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Vassé, brillant élève de Bouchardon
Avec L’Amour assis sur le bord de la mer, le sculpteur Louis-Claude Vassé, qui figure parmi les quelques élèves d’Edme Bouchardon, s’inspire du chef-d’œuvre de son maître, L’Amour se faisant un arc dans la massue d’Hercule.

Ainsi, Vassé représente lui aussi un adolescent, dont l’attitude, la stature, le traitement du visage et de la chevelure, l’épuration des lignes, la souplesse dans le travail du marbre et la touche naturalisme rappellent l’art de Bouchardon. Toutefois, Louis-Claude Vassé Vassé accentue encore l’idéalisation de son sujet…

D’après L’Amour assis sur le bord de la mer et les colombes de Vénus, de Louis-Claude Vassé, 1755, marbre XVIIIe siècle, France, style Néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après L’Amour assis sur le bord de la mer et les colombes de Vénus, de Louis-Claude Vassé, 1755, marbre XVIIIe siècle, France, néoclassique. (Marsailly/Blogostelle)

Le Cupidon de Vassé s’affaire à une noble mission en rassemblant les colombes du char de sa mère, la déesse Vénus. Si Bouchardon anime l’expression du jeune dieu de l’Amour d’un sourire quasi moqueur, Vassé préfère lui donner un visage grave, beau et attentif.

L’œuvre de Vassé se distingue encore par un sens inné de la séduction, qui mène à son apogée la pureté de la ligne, le travail souple du marbre…, le tout dans un esprit purement néoclassique…

Au tournant du XVIIIe siècle et du XIXe siècle, le peintre Jacques-Louis David mène l’art néoclassique à son point d’orgue. Dans le domaine de la sculpture, Antonio Canova domine à Rome. Ces artistes virtuoses revisitent de façon inédite les canons de l’Antiquité.  Par ailleurs, les créateurs interprètent l’esprit néoclassique de différentes manières et les amateurs d’art deviennent influents…

Article suivant L’art au XVIIIe siècle, Jacques-Louis David, Antonio Canova et la palette néoclassique…

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Publié par Maryse Marsailly

Blogostelle : Histoire de l'Art et du Sacré. Civilisations, chefs-d'œuvre, mythes, symboles..., tout un univers s'exprime dans les œuvres d'art.

2 commentaires sur « L’art au XVIIIe siècle, l’éclosion de l’esprit néoclassique »

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