Le Sacré en Égypte ancienne, la déesse Isis obtient le nom secret du dieu Soleil Rê 

D'après la déesse Isis, Égypte ancienne, Histoire de l'art et du sacré. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse Isis, magicienne, épouse d’Osiris et mère d’Horus

Deux thèmes mythiques importants se rattachent à la déesse Isis. Dans le cycle mythique du dieu Osiris, la déesse par en quête du corps de son époux assassiné et donne le jour à Horus, premier pharaon mythique… Dans la mythologie de Rê, la déesse magicienne Isis réussit à obtenir le nom secret du dieu solaire, et renforce ainsi considérablement sa puissance divine et son savoir. Épouse et mère exemplaire, la déesse Isis incarne le trône d’Égypte, siège royal et légitime…

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour novembre 2021 –

D'après la déesse Isis, le signe de l'or et l'anneau de l'infini, détail, sarcophage d'Aménophis II, vallée des rois, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis, le signe de l’or et l’anneau de l’infini, détail, sarcophage d’Aménophis II, vallée des rois, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

REPÈRES CHRONOLOGIQUES. Époque Thinite vers 3400 – 2980 avjc. Ancien Empire vers 2980 – 2475 avjc. Moyen Empire vers 2160 – 1788 avjc. Nouvel Empire vers 1580 – 1090 avjc. Troisième période intermédiaire vers 1090 – 663 avjc. Basse Époque vers 663- 525 avjc. Époque ptolémaïque 332 – 30 avjc. Chronologie détaillée de l’Égypte Ancienne

LES « EXCELLENTES VERTUS » DE LA DÉESSE ISIS

Les artistes de l’Égypte Ancienne présentent la déesse Isis sous les traits d’une divinité féminine dont la coiffe, de forme singulière, suggère qu’elle incarne le trône et la royauté. Magicienne, épouse, mère, divinité bienfaitrice et salvatrice, la déesse Isis, dont la parole ranime celui qui ne respire plus, possède le mystère sacré de la vie et de la mort …

D'après la déesse Isis, tombe de Horemheb, XVIIIe dynastie, Thèbes, Nouvel Empire. Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis, tombe de Horemheb, XVIIIe dynastie, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse Isis, fille de Geb et de Nout

Qui est la déesse Isis? Nous ne connaissons pas à ce jour l’origine précise de cette divinité, Aset ou Iset, en grec Isis. Dans l’Ennéade d’Héliopolis, la déesse Isis est la fille du dieu Terre Geb et de la déesse Ciel Nout. Geb et Nout engendrent aussi Osiris, Seth et la soeur d’Isis, Nephtys, épouse de Seth.

La déesse Isis est l’épouse d’Osiris, à qui est confié la souveraineté sur la Terre et les êtres humains. La plus grande particularité de la déesse Isis se rapporte au trône d’Égypte dont elle transmet l’héritage légitime à son fils Horus …

D'après la déesse Isis coiffée du trône, et son époux Osiris, tombe d'Ani, papyrus Livre des Morts, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis coiffée du trône, et son époux Osiris, tombe d’Ani, papyrus Livre des Morts, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

En outre, le couple que la déesse Isis forme avec Osiris se rattache à la fertilité des terres, à la crue fertilisante du Nil, aux récoltes, à la maternité, et aussi au monde chtonien (souterrain) et funéraire…

La mythologie d’Isis l’associe au serpent, au scorpion et au pouvoir de guérison. La déesse possède encore une puissante magie et un grand savoir, dont celui de redonner la vie ou de la protéger.

L’épouse d’Osiris sait les secrets de la vie et de la mort

Dans le mythe d’Osiris, la déesse Isis rassemble le corps dépecé de son époux, dont la dépouille est ensuite enveloppée dans des bandelettes. Avec l’aide d’Anubis, dieu embaumeur à tête de chacal, elle participe ainsi à créer la première momie.

D'après la déesse Isis allaitant, et offrande de la reine Cléopâtre VII, stèle calcaire, vers 51-30 avjc, époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis allaitant, et offrande de la reine Cléopâtre VII, stèle calcaire, vers 51-30 avjc, époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse magicienne redonne ensuite le souffle de la vie à Osiris. Le dieu ressuscité devient le souverain de l’au-delà. La déesse Isis possède donc les secrets du mystère de la vie et de la mort, dont le cheminement mène à la résurrection…

La déesse Isis appartient à la lignée solaire…

Au commencement des temps, le dieu Soleil émerge du Noun, marécage primordial qui précède la Création. La facette créatrice de Rê engendre les dieux et les déesses : il initie la théogonie, c’est-à-dire la généalogie des dieux. La déesse Isis appartient donc à la lignée divine du Soleil…

D’après la déesse Isis, le signe de l'or et l'anneau de l'infini, sarcophage, quartzite rouge, tombeau d'Hatchepsout, Vallée des Rois, Thèbes, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis, le signe de l’or et l’anneau de l’infini, sarcophage, quartzite rouge, tombeau d’Hatchepsout, Vallée des Rois, Thèbes, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Rê règne sur le monde et sur les dieux

Le dieu solaire s’empare de la souveraineté du monde après une lutte dont il sort victorieux. Les enfants des révoltés sont livrés à Rê sur la terrasse de la ville de Schmoun. Ainsi, le dieu Rê, roi sur les hommes et les dieux ensembles, règne longtemps en paix…

Personne ne porte atteinte à la suprématie et à la domination de Rê, en pleine possession de ses forces. Le dieu solaire souverain gouverne les cieux et le monde, les dieux et les êtres humains. Un jour, la déesse Isis emploie la ruse pour obtenir le nom secret de Rê, qu’elle convoite pour parfaire sa puissance divine …

Puis Rê vieillit… Avec l’âge, les membres du dieu solaire se raidissent, ses os deviennent de l’argent, sa chair de l’or et ses cheveux du lapis-lazuli. Ses sujets comme les rois terrestres commencent alors à se montrer indociles. Mais cela est une autre histoire…

Pour le mythe de la colère de Rê, qui envoie Hathor-Sekhmet sur la Terre, voir l’article Le Sacré en Égypte ancienne, Hathor, déesse de la beauté, vache céleste ou Sekhmet déesse lionne

D’après le dieu Rê et la déesse Isis, avec un sceptre papyrus, bas-relief du temple de Dendérah ; et la déesse Isis ailée, cuve du sarcophage de Djedhor, XXXe dynastie, époque Ptolémaïque ; et la déesse Isis et Horus, temple d’Isis de Philae, XXXe dynastie, île d’Aguilkia, Assouan ; Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse Isis, le serpent venimeux et la blessure de Rê

La déesse Isis n’hésite pas à utiliser la ruse…

Dans un récit sacré, la déesse Isis est qualifiée de plus rusée que des millions d’hommes et que des millions de dieux et des millions d’esprits. Comme le dieu Rê, la déesse Isis possède la connaissance de ce qui existe dans le Ciel et sur la Terre.

La seule chose que la déesse Isis ne sait pas encore, c’est le nom secret de Rê… Le dieu solaire aux multiples noms conserve jalousement son nom véritable, sur lequel sa force, sa suprématie et son pouvoir sont fondés.

Ce nom secret confère une grande puissance magique à celui ou à celle qui le connaît. Désireuse d’obtenir par tous les moyens le nom véritable de Rê, la déesse Isis utilise donc la ruse…

D'après la déesse Isis, tombe de Horemheb, XVIIIe dynastie, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis, tombe de Horemheb, XVIIIe dynastie, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

L’épouse d’Osiris pétrit un serpent-bâton

Pour arriver à ses fins, la déesse Isis pétrit un serpent qui prend la forme d’un bâton. La grande magicienne utilise de la terre et du feu vivant, une substance issue du dieu Rê lui-même (salive, liquide, sang … ?).

La déesse dépose ensuite le bâton-serpent sur le sol… Alors que Sa majesté Rê chemine dans ses Deux Terres, le bâton s’anime et le serpent mord le dieu solaire. Instantanément le venin s’empare de sa chair

Le venin consume le dieu solaire

Sa majesté Rê souffre beaucoup, car le redoutable venin provient de son propre feu vivant… Le dieu Soleil dit alors Je n’ai jamais ressenti une douleur pareille à celle-ci, il n’y a rien de plus douloureux que ceci…

D’après la déesse Isis et serpents, bronze, Ier siècle apjc, époque Ptolémaïque-Romaine, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis et serpents, bronze, Ier siècle apjc, époque Ptolémaïque-Romaine, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

D’après la déesse Isis et serpents, bronze, Ier siècle apjc, époque Ptolémaïque-Romaine ;  et la déesse Isis et sa coiffe en forme de trône, bois stuqué peint, IVe-Ier siècles avjc, époque Ptolémaïque ; Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Le dieu Soleil poursuit … Je suis un grand, fils d’un grand, je suis une semence, qui est issu d’un dieu. Je suis un grand magicien, fils d’un grand magicien. Mon père a devisé mon nom…

« J’ai beaucoup de noms et beaucoup de formes, et ma forme est dans chaque dieu… »

D'après la déesse Isis et sa coiffe en forme de trône, bois stuqué peint, IVe-Ier siècles avjc, époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis et sa coiffe en forme de trône, bois stuqué peint, IVe-Ier siècles avjc, époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse Isis propose son aide à Rê souffrant

Le dieu Rê, brûlant de douleur, se retrouve presque aveugle… Il fait venir les enfants des dieux, parmi lesquels figure la déesse Isis… La déesse magicienne, capable de guérir morsures de serpent et piqûres de scorpion, propose son aide à Rê pour qu’il recouvre ses forces.

Le récit décrit la déesse Isis avec ses excellentes vertus, et dont la bouche est souffle de vie, dont la sentence chasse le mal et dont la parole ranime celui qui ne respire plus

D'après la déesse Isis et Horemheb, XVIIIe dynastie, tombe de Horemheb, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis et Horemheb, XVIIIe dynastie, tombe de Horemheb, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Le dieu Rê énumère ces multiples noms…

La déesse Isis peut débarrasser le dieu solaire du mal qui le dévore grâce à son savoir et à ses talents de magicienne.

Mais pour cela, elle demande à Rê de lui révéler son nom véritable, car celui sur le nom duquel on prononce une conjuration, demeure en vie, explique la déesse … Le dieu Soleil énumère alors ces nombreux noms…

“Je suis celui qui fit ciel et terre”…

Sa majesté Rê poursuit… Je suis celui qui fit ciel et terre, noua les montagnes et créa ce qui est dessus… je suis celui qui fit l’eau… qui fit le taureau pour la vache… Je suis celui qui fit le ciel et le mystère des deux horizons, j’y ai placé les âmes des dieux…

D’après le dieu Soleil Rê-Horakhty, Hathor, Isis et Osiris, dieux d'Héliopolis, époque de Ramsès III, papyrus Harris, XXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le dieu Soleil Rê-Horakhty, Hathor, Isis et Osiris, dieux d’Héliopolis, époque de Ramsès III, papyrus Harris, XXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Rê dit encore… je suis celui qui ouvre les yeux ainsi se produit la lumière ; … celui qui ferme les yeux ainsi se produit l’obscurité ; … sur l’ordre de qui le flot du Nil se répand, dont le nom n’est pas connu des dieux…

“Celui dont le nom est prononcé, celui-là vit”

Je suis celui qui fit les heures ainsi naquirent les jours. Je suis celui qui ouvrit les fêtes de l’année, qui créa le fleuve… Je suis celui qui créa le feu vivant… Je suis Khepre au matin, Rê à son midi, Atoum le soir…

Mais le venin ne fut pas chassé et le grand dieu n’était pas guéri… La déesse Isis insiste encore et dit à Rê : ton nom n’est pas parmi ceux que tu m’as dit ! Dis-le-moi et alors le venin sortira. Celui dont le nom est prononcé, celui-là vit…

D'après les déesses Isis et Nephtys, pilier Djed, Ankh, disque solaire, papyrus d'Ani, XIXe dynastie, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après les déesses Isis et Nephtys, pilier Djed, Ankh, disque solaire, papyrus d’Ani, XIXe dynastie, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Les déesses Isis et Nephtys saluent l’émergence du Soleil, dont le disque jaillit du signe Ankh (Vie), supporté par le pilier Djed d’Osiris, symbole de stabilité…

Rê transmet son nom secret à la déesse Isis

Le venin brûlait fort, il était plus violent que la flamme et le feu… Finalement, épuisé, le dieu Rê n’a plus la force de résister à l’intensité de sa douleur. Le souverain solaire s’adresse alors à la déesse Isis en ces termes…

Prête-moi ton oreille, ma fille, afin que mon nom passe de mon sein dans ton sein !

Le dieu Soleil révèle enfin son nom secret à la déesse Isis, qui ainsi acquiert un immense pouvoir. L’astucieuse déesse Isis utilise son savoir en matière de magie divine et Rê recouvre sa santé, sa vitalité et sa vigueur…

D'après la déesse Isis, le signe de l'or et l'anneau de l'infini, sarcophage d'Aménophis II, vallée des rois, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis, le signe de l’or et l’anneau de l’infini, sarcophage d’Aménophis II, vallée des rois, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse Isis tient dans les mains l’anneau, symbole des années sans nombre, l’infini. Elle se tient agenouillée sur le signe or. Dans l’Égypte Ancienne, l’or se rattache au Soleil, à la lumière divine, à la chair des dieux et à la croyance en l’immortalité…

LA GRANDE ISIS, DÉESSE-MÈRE ET PROTECTRICE

Le plus souvent, la déesse Isis est coiffée du hiéroglyphe de son nom, un trône à haut dossier. Parfois, comme Hathor, elle porte le disque solaire encadré de cornes de vache, telle une coupe, réceptacle du Soleil, ou encore elle revêt la coiffe vautour. Les artistes façonnent de nombreuses statuettes de la déesse Isis allaitant l’enfant Horus…

D'après la déesse Isis, sa coiffe-trône, fragment de sarcophage, toile stuquée, IVe-Ier siècles avjc, époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis, sa coiffe-trône, fragment de sarcophage, toile stuquée, IVe-Ier siècles avjc, époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse Isis transmet la royauté légitime

Un sceptre orné d’une fleur de papyrus

Les anciens Égyptiens vouent une grande vénération à la mère d’Horus, premier pharaon mythique, à qui la déesse Isis transmet la royauté légitime. Souvent représentée allaitant son enfant, l’épouse d’Osiris se manifeste à la fois comme une mère exemplaire et comme une épouse fidèle…

La déesse Isis tient le sceptre Ouas des divinités, long bâton fourchu en bas et surmonté d’une figure de canidé qui rappelle celle du dieu Seth, symbole de puissance. La mère d’Horus tient parfois aussi un sceptre orné d’une fleur de papyrus.

Le papyrus

Le papyrus est la plante emblématique de la Basse-Égypte et de la déesse Cobra, Ouadjet, dite celle du papyrus, patronne du Nord. Le nom de la déesse Ouadjet se rattache à ouadj, hiéroglyphe du papyrus, qui désigne aussi la couleur verte….

Le papyrus, per-peraâ en égyptien, est une plante alors abondante dans le Delta du Nil. Sur diverses représentations la déesse Isis reçoit des offrande de papyrus.

D’après la déesse Isis, offrande de papyrus, Ramsès II et Nefertari, XXe dynastie, temple d’Hathor, Abou Simbel, Nouvel Empire ; une scène d’offrandes de papyrus, stèle de Dédia, vouée à la triade d’Abydos, Osiris, Isis et Horus, diorite, XVIIIe dynastie, Nouvel Empire ; et le motif égyptien de la fleur de papyrus, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Le papyrus permet, dans l’antiquité, de fabriquer du papier, mais aussi des nattes ou des sandales. Le terme papier provient d’ailleurs du latin papyrus (pluriel papyri).

Le Cobra symbolise une force divine foudroyante qui protège pharaon et le royaume d’Égypte… Ce redoutable serpent évoque aussi la puissance de la déesse Isis…

La dépouille de vautour et le lotus

Comme Hathor ou Mout, la déesse Isis peut être couronnée du disque solaire entre deux cornes de vache, de la dépouille de vautour et de l’uraeus, des attributs des grandes déesses Le vautour est l’emblème de Nekhbet, déesse de Haute-Égypte et patronne du Sud, dont la fleur emblématique est le lotus.

D’après la naissance du jeune Soleil qui émerge du lotus, entre Ouadjet et Nekhbet, temple d'Hathor, Dendérah, de Pépi Ier aux rois ptolémaïques, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la naissance du jeune Soleil qui émerge du lotus, entre Ouadjet et Nekhbet, temple d’Hathor, Dendérah, de Pépi Ier aux rois ptolémaïques, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Papyrus et lotus enlacés composent le Sema-Taouy, symbole de la réunion du Nord et du Sud, de la Basse et Haute Égypte. Le lotus comme le papyrus se rattachent encore à la symbolique de l’émergence du Soleil et de la vie, qui jaillissent du Noun, l’océan primordial. Ces fleurs évoquent l’émergence du premier jour et la renaissance qui réactualise ce premier jour…

le nœud d’Isis est considéré comme un talisman

Une coiffe en forme de trône et Tit, le nœud d’Isis

Seule la déesse Isis porte sur la tête le hiéroglyphe Ast en forme de trône à haut dossier. Parmi ses autres attributs singuliers, elle possède aussi le nœud d’Isis, nommé Tit. Ce symbole de fécondité et de puissance de couleur rouge ressemble à un nœud de ceinture.

Le nœud Tit évoque le sang, la vitalité et la puissance de la magie de la déesse (Livre pour sortir le Jour, dit Livre des morts). Sous la forme d’amulettes ou de bijoux prophylactiques (qui prémunissent contre le mal ou les maladies), le nœud d’Isis est considéré comme un talisman de haute protection.

D’après le nœud d'Isis, tombe de Ramsès Ier, XIXe dynastie, Vallée de rois, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le nœud d’Isis, tombe de Ramsès Ier, XIXe dynastie, Vallée de rois, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Le nœud Tit se rattache à la symbolique des liens et de la magie. La couleur rouge évoque celle du sang, symbole de l’énergie vitale… Modèle divin de l’épouse et de la mère nourricière, la déesse Isis possède en outre une puissante magie protectrice…

Le nœud d’Isis s’associe au pilier Djed d’Osiris

n rencontre encore le nœud d’Isis dans les décors peints, comme dans la tombe de Ramsès Ier, ou gravé en relief sur les temples, comme à Dendérah. Dans l’iconographie de l’Égypte Ancienne, le nœud d’Isis Tit est fréquemment associé au pilier Djed d’Osiris.

D’après la déesse Isis, Osiris et le pilier Djed, temple du roi Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie ; un nœud d’Isis, Tit, amulette au nom de Sarbykhyna dit Iby, XVIIIe dynastie ; et un nœud d’Isis, Tit, talisman en cornaline, vers 1250 avjc ; Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Le pilier Djed d’Osiris, symbole de la stabilité

Dans la tradition égyptienne, on considère le pilier Djed comme la colonne vertébrale du dieu Osiris, qui évoque l’axe universel de la stabilité. Ces deux symboles protecteurs, emblèmes de vie, de fécondité, de permanence et d’équilibre du monde, renvoient donc à la dimension cosmique du couple divin Isis et Osiris…

D’après les nœuds d’Isis et le pilier Djed, temple de Dendérah, période Ptolémaïque ; la déesse Isis et le pilier Djed, détail, temple du roi Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire ; et le nœud d’Isis et le pilier Djed, dans les mains du grand serviteur de Paser, vizir de Thèbes sous Ramsès II, diorite, Nouvel Empire ; Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Osiris ressuscité, rejeton de Nout en tant que Rê

Selon la légende d’Osiris, la déesse Isis retrouve les morceaux épars du corps de son époux avant de lui redonner le souffle de la vie avec l’aide d’Anubis et de Nephtys. Assassiné et mutilé par son frère, le dieu Seth, Osiris sera vengé par son fils Horus. Osiris ressuscité devient le maître du royaume de l’au-delà et le maître de l’éternité.

D’après Horus, Osiris, Isis, triade d'Abydos, stèle de Dédia, détail, monolithe en diorite, XVIIIe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Horus, Osiris, Isis, triade d’Abydos, stèle de Dédia, détail, monolithe en diorite, XVIIIe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Mais, d’autres textes mythiques égyptiens racontent pourtant que c’est Horus qui rassemble les membres dispersés de son père Osiris… et c’est la déesse Ciel Nout qui lui redonne vie, comme elle redonne la vie chaque matin au Soleil…

« Redresse-toi Osiris tes deux sœurs Isis et Nephtys se prosternent ; Redresse-toi celui dont les mystères sont cachés qui éclaire la Douat de la lumière de ses yeux ; Redresse-toi Orion, maître de la vie ! Ton fils Horus te donne son sceptre Djâm ; Redresse-toi enfant Khepri, rejeton de Nout en tant que Rê « 

(Livre pour Sortir au Jour dit Livre des Morts)
D’après la déesse Isis, tombe du prince Amonherkhepshef, fils de Ramsès III, Vallée des Reines, XXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis, tombe du prince Amonherkhepshef, fils de Ramsès III, Vallée des Reines, XXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Nephtys, sœur d’Isis et divinité funéraire

Nephtys, déesse funéraire dont le nom signifie La Dame ou La Maîtresse du Château ou de la Maison, ou encore La Dame du Temple, porte une coiffe en forme de coupe qui évoque celle d’un autel. Son nom et sa coiffe évoquent son rôle de divinité-prêtresse.

Selon Plutarque (IIe siècle apjc), dans son traité De Iside et Osiride, Nephtys aurait donné naissance à Anubis, reconnu ensuite par la déesse Isis…

Les déesses Isis et Nephthys pleurent Osiris

Sur les images funéraires, les déesses Isis et Nephthys dirigent le deuil, jouent le rôle des pleureuses, accomplissent les rites et veillent sur la dépouille momifiée d’Osiris.

D'après Nephtys et sa coiffe en forme d'autel, tombe de Thoutmôsis IV, XVIIIe dynastie, vallée des Rois, tombe de Thoutmôsis IV, vallée des Rois, Thèbes, Égypte XVIIIe dynastie, Nouvel Empire. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Nephtys et sa coiffe en forme d’autel, tombe de Thoutmôsis IV, XVIIIe dynastie, vallée des Rois, tombe de Thoutmôsis IV, vallée des Rois, Thèbes, Égypte XVIIIe dynastie, Nouvel Empire. (Marsailly/Blogostelle)

Les deux sœurs sont souvent représentées aux pieds et à la tête de la momie d’Osiris, dont l’embaumement est présidé par le dieu Anubis. Le dieu funéraire procède au rite de l’ouverture de la bouche sur la momie d’Osiris. Ce thème mythique et sacré fonde le modèle funéraire égyptien…

Le rituel de l’ouverture de la bouche

On pratique également ce rituel de l’ouverture de la bouche et d’autres encore sur les statues des dieux et celles des défunts, afin que tous les organes du corps puissent continuer de remplir leurs fonctions vitales quand l’énergie immortelle (le ka) du dieu ou du défunt habite sa statue…

D’après les déesses Isis et Nephtys, à la tête et aux pieds d’Osiris momifié, temple d’Hathor, de Pépi Ier aux rois ptolémaïques, Dendérah ; les déesses Isis et Nephtys en pleureuses, terre cuite peinte, époque Ptolémaïque ; et des pleureuses, peinture, tombe de Ramose, XVIIIe dynastie, Thèbes, Louxor, Nouvel Empire ; et  Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Quand elles veillent sur la dépouille d’Osiris, les déesses Isis et Nephtys se lamentent les bras levés vers ciel, dans l’attitude conventionnelle des pleureuses.

FÉCONDATION CÉLESTE

Isis s’unit à Osiris pour donner naissance à Horus

La déesse Isis se manifeste encore sous la forme d’un oiseau milan, qui vient se placer au-dessus du corps momifié d’Osiris.

D’après la déesse Isis-oiseau milan, fécondée par Osiris, chapelle de Sokar-Osiris, temple funéraire de Sethi Ier, XIXe dynastie, Abydos, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis-oiseau milan, fécondée par Osiris, chapelle de Sokar-Osiris, temple funéraire de Sethi Ier, XIXe dynastie, Abydos, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Cette image évoque la fécondation céleste ou mystique de la déesse, qui donnera le jour au fils d’Osiris, Horus. Ce thème apparaît sur un relief de la chapelle de Sokar-Osiris, dans le temple funéraire de Sethi Ier, pharaon sous la XIXe dynastie, à Abydos.

Abydos, où repose la tête d’Osiris, est le centre principal du culte de la triade Osiris-Isis et Horus. On élève là un cénotaphe (monument funéraire fictif) et le plus grand sanctuaire dédié à Osiris…

D’après la déesse Isis-oiseau milan, chapelle de Sokar-Osiris, temple funéraire de Sethi Ier, XIXe dynastie, Abydos, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis-oiseau milan, chapelle de Sokar-Osiris, temple funéraire de Sethi Ier, XIXe dynastie, Abydos, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Les figurines votives de la déesse Isis

Des statuettes en bronze ou en faïence

Les artistes égyptiens façonnent de très nombreuses statuettes en bronze ou en faïence bleue de la déesse Isis, le corps moulé dans sa longue robe de style archaïque.

Souvent, la déesse, qui incarne l’archétype divin de l’épouse et de la mère, allaite son fils Horus… Les fidèles vouent ces figurines à la déesse dans les sanctuaires et de nombreux exemplaires sont déposés dans des cachettes.

À partir du Ier millénaire avjc, puis aux époques tardives, l’épouse d’Osiris prend une dimension inédite. Le culte d’Isis et le modèle de cette maternité universelle se propage tout autour du bassin méditerranéen.

D'après la déesse Isis allaitant l’enfant Horus, faïence bleue, époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis allaitant l’enfant Horus, faïence bleue, époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La mère d’Horus allaite son enfant

Les artistes représentent la déesse Isis dans une attitude hiératique, qui rappelle que cette grande divinité féminine incarne le trône d’Égypte et la légitimité de la souveraineté royale qu’elle transmet à son fils Horus, héritier de son père Osiris.

Les figurines de la déesse Isis allaitant présentent toutes un style assez comparable. La déesse, coiffée de cornes et du disque solaire comme les déesses-mères Hathor ou Mout, avec qui elle se fond porte son enfant sur les genoux.

Parfois aussi couronnée de sa coiffe trône, la déesse Isis porte sa longue robe archaïque et moulante. L’attitude souvent très hiératique de sa silhouette contraste plus ou moins avec la tendre gestuelle qui émane de la mère donnant le sein à son enfant…

LA DÉESSE ISIS AILÉE

D’après la déesse Isis ailée, coiffée du disque solaire et des cornes de vache, bronze ; et la déesse Isis ailée protégeant Horus, bronze ; vers 663- 525 avjc, Basse Époque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La maternité, icône universelle

Certaines statuettes représentent encore la déesse Isis ailée, qui protège Horus…

Cette image universelle de la déesse mère pourrait être le prototype de l’iconique Vierge à l’enfant chrétienne. Pourtant, l’image de la mère et de l’enfant existe par ailleurs dans le monde et dans le temps…

On peut voir, par exemple, une statuette de femme portant son enfant dès l’époque néolithique dans l’Inde ancienne, à l’époque de la civilisation de l’Indus. Et, aux temps reculés de la Préhistoire, les artistes représentent notamment des femmes enceintes, gravées ou sculptées…

D’après la déesse Isis allaitant, statuette, sérapéum de Saqqara, bronze, Basse Époque ; la déesse Isis et Cléopâtre VII, stèle calcaire, vers 51-30 avjc, époque Ptolémaïque ; et la déesse Isis ailée, protectrice de son fils Horus, XXVIe dynastie, chapelle d’Osiris, Karnak, Basse Epoque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Cependant, dans l’iconographie de l’Égypte ancienne comme dans le monde artistique chrétien, cette image féminine de la maternité sacrée atteint une diffusion et une popularité inédite…

Le culte d’Isis se propage au-delà des frontières de l’Égypte

Le plus important sanctuaire de la déesse Isis se trouve à l’origine dans l’île de Philae, non loin d’Assouan. Le sanctuaire sera transféré sur l’île d’Aguilkia en 1974, sauvé des eaux grâce à l’intervention de l’égyptologue française Christiane Desroches-Noblecourt et au concours de l’Unesco.

D’après la déesse Isis allaitant Horus, bronze et incrustations en argent, VIIe siècle avjc, Basse Époque, Égypte Ancienne ; et une Vierge Noire à l’Enfant, Meymac, Corrèze, France, XIIe siècle, art médiéval ; et la déesse Isis et le roi Nectanebo II, relief calcaire peint, XXXe dynastie, Sérapeum de Saqqara, Basse époque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Les Grecs assimilent la déesse Isis à Déméter (Cérès pour les Romains) et la vénèrent particulièrement à l’époque hellénistique, entre la fin du IVe siècle avjc et la fin du Ier siècle avjc (vers 330 avjc – 31 avjc.). Puis à l’époque romaine, on continue de l’adorer dans tout l’empire. La déesse Isis acquiert une dimension universelle…

Comme les pharaons qui s’identifient au dieu Soleil, les reines d’Égypte incarnent la grande déesse égyptienne (Hathor, Isis, Mout…), en s’appropriant sur les images ses attributs divins : coiffe vautour, cornes, disque solaire, cobra-uraeus, sistre, lotus, papyrus…

D'après la reine Nerfertari, coiffe vautour, sistre et lotus, épouse de Ramsès II, temple Abu Simbel, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la reine Nerfertari, coiffe vautour, sistre et lotus, épouse de Ramsès II, temple Abu Simbel, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

De nombreuses images expriment la ferveur des anciens égyptiens pour la déesse Isis… Mais le rôle de mère, de nourricière et de protectrice de la grande déesse égyptienne s’incarne aussi sous les traits d’autres importantes divinités féminines. Pourtant, la déesse Isis assimilera les vertus des autres grandes déesses, qui finalement vont se fondre en elle…

Article suivant : Le Sacré en Égypte ancienne, la déesse Isis et les multiples visages de la déesse égyptienne

Sommaire Histoire du sacré

Des écrits sacrés ? Les Textes des Pyramides, qui remontent à l’Ancien Empire (entre 2980 – 2475 avjc) ; Les Texte des Sarcophages, depuis la fin de l’Ancien Empire et au Moyen Empire (vers 2160 – 1788 avjc) ; Le Livre pour Sortir au Jour (dit Livre des Morts), au Nouvel Empire (vers 1580 – 1090 avjc) …

Un roman ? Sinouhé l’Égyptien, de Milka Waltari, les aventures de Sinouhé, médecin et espion du pharaon Aménophis IV (Akhénaton)… Un conte initiatique ? Her-Bak Pois Chiche, de Isha Schwaller de Lubicz, qui raconte l’éveil d’un jeune égyptien sous la XXe dynastie, dans la région de Thèbes (Karnak, Louxor)…

À découvrir les superbes images de kairoinfo4u :  flickr.com/photos/manna4u/

Publié par Maryse Marsailly

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