Les artistes de l’Égypte ancienne créent des symboles vivants…
Il était une fois l’Égypte des Pharaons (3) … Sous l’Ancien Empire, les artistes taillent des statues colorées, composent des bas-reliefs peints et inscrivent des hiéroglyphes. Ils créent ainsi un univers d’images vivantes… Textes sacrés, hymnes, dédicaces, prières, titulatures, listes funéraires… trouvent leur place dans l’expression artistique. Les scribes égyptiens œuvrent sous le patronage du dieu Thot…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour janvier 2018 –

Selon la tradition de l’Égypte Ancienne, c’est Thot, dieu de la Sagesse, de la Lune et scribe des dieux qui transmet les hiéroglyphes, les arts et les lettres aux êtres humains… Cela fait de lui le patron des scribes qu’il inspire…
ON EMPORTE DES VICTUAILLES POUR L’ÉTERNITÉ
Dans les tombeaux comme dans les temples égyptiens, de très nombreux bas-reliefs se rapportent à l’agriculture, à l’élevage et à l’alimentation. Ainsi, des offrandes et des victuailles en abondance garnissent les tables des défunts dans leur demeure d’éternité. Dans les chapelles des mastabas, la statue du défunt perpétue sa personne et sa mémoire…

Un amoncellement de nourriture pour le défunt
Sur les compositions funéraires, des textes accompagnent les images… Pour représenter le repas du défunt dans l’Au-delà, les artistes exploitent une palette restreinte de couleurs. Ainsi, le rouge, le jaune, le vert et le noir donnent vie à de fins et délicats reliefs peints…
On promet aux défunts mille pains, mille bières, mille cuisses de bœuf, viandes et volailles, eau fraîche, lait et vin etc… Souvent, la divinité apparaît aussi comme dispensatrice de nourriture.
On représente encore des scènes de chasse et de pêche qui renouvellent perpétuellement gibier et poissons pour se nourrir. S’y ajoute des représentations où l’on cultive la terre, où l’on moissonne, où l’on engrange les récoltes ou encore où l’on élève du bétail… Un amoncellement de denrées et des tables funéraires bien garnies sont ainsi prévues pour l’éternité…
D’après des porteurs de victuailles et une scène de chasse oiseaux et de pêche, mastaba d’Akhhétep et de son fils Ptahotep, Ve dynastie, Ancien Empire, Saqqara, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
REPÈRES CHRONOLOGIQUES
Époque Thinite vers 3400 – 2980 avjc. Ancien Empire vers 2980 – 2475 avjc. Moyen Empire vers 2160 – 1788 avjc. Nouvel Empire vers 1580 – 1090 avjc. Troisième période intermédiaire vers 1090 – 663 avjc. Basse Époque vers 663- 525 avjc. Domination Perse : 525-332 avjc. Époque ptolémaïque 332 – 30 avjc. Conquête Romaine : 30 avjc- 395 apjc. Période Copte : IVe avjc à XIIe siècles apjc. Conquête arabe : 641 apjc. Chronologie détaillée de l’Égypte Ancienne
Un monde hors du temps et de l’espace…
Sur la stèle de la princesse Nefertiabet, une parente du roi Khéops, l’artiste représente la défunte attablée. Elle est accompagnée de listes qui précisent l’ensemble de ses ressources en nourriture et en effets personnels : pièces de vaisselle, objets de toilettes, bijoux, linges, encens…
L’image essentielle représente Nefertiabet devant une table, sur laquelle reposent des pains dorés en forme de cônes. La défunte porte une tenue rituelle en peau de léopard, assise sur un tabouret à motifs de pattes de taureau et de papyrus. Nefertiabet semble évoluer dans un monde hors du temps et de l’espace…

Des textes hiéroglyphiques
Sur la stèle de Nefertiabet, une grande partie de la composition repose sur des textes hiéroglyphiques. La défunte regarde vers la droite, dans le même sens que l’inscription au-dessus de sa tête qui l’identifie comme La fille du roi, Néfertiabet…
Les artistes soignent la mise en scène des inscriptions en hiéroglyphes comme ils le font pour les figures humaines ou divines… Ce sont les hiéroglyphes d’animaux qui indiquent le sens de lecture de l’écriture. Sur la stèle de Nefertiabet, l’inclinaison des textes se dirige vers la défunte, qui bénéficie des offrandes énumérées par les hiéroglyphes…
Des milliers d’offrandes pour Nefertiabet
Sur la stèle de Nefertiabet, différentes inscriptions précisent la nature des denrées et des objets destinés à garantir à la défunte une survie agréable dans l’au-delà : linges, fards, nourriture, douceurs gourmandes, boissons…
Des idéogrammes fournissent le linge et la vaisselle, du pain, des viandes et volailles, des cuisses de bœuf, du canard, de la bière et des libations (boissons)… Sans oublier des lustrations (pour la purification rituelle)… L’ensemble des offrandes se chiffre en milliers, comme le précise les signes mille, mille, mille !… Aisance et bien-être sont garantis pour l’éternité…

Aisance et gastronomie dans l’au-delà…
Souvent aussi, pour rassasier le défunt et renforcer ses vœux, on dépose en offrande des aliments réels dans la tombe. Les archéologues ont ainsi retrouvé des restes desséchés de pain, de fruits ou de légumes… Mais on fait appel aux artistes pour perpétuer et multiplier les offrandes.
La magie des images « vivantes »…
En plus des scènes variées des bas- reliefs, les artistes créent des modèles peints en terre cuite ou en calcaire, des objets, ou encore illustrent des activités. Ces créations possèdent une puissance dont la magie les rend vivantes...
Comme pour les reliefs peints ou gravés, la finalité de ces ouvrages d’art permet de garantir dans l’au-delà une nourriture abondante et des bienfaits aux défunts. Par exemple, on façonne une oie dans le calcaire, prête à se faire rôtir, un mets fin, signe d’aisance et de raffinement…
Les traditions artistiques funéraires égyptiennes, accompagnées d’images et de hiéroglyphes perdurent tout au long de la civilisation de l’Égypte Ancienne…

On déguste des oies rôties et on mange du bon pain frais
Certains bas-reliefs représentent des élevages de volatiles ou le gavage des oies. On assiste encore au plumage, à la cuisson et à la dégustation des volailles… Parmi les modèles sculptés et peints, on représente encore des artisans au travail…
Certains préparent de la viande, d’autres fabriquent la bière ou pétrissent la pâte du pain. En Égypte Ancienne, au cours des repas, on présente les légumes sur du pain, qui ainsi sert de support ou d’assiette. Le boulanger, qui utilise différentes farines, fabrique donc des pains aux formes variées : plates, rondes, triangulaires, coniques…
Le pain permet de servir des portions individuelles. Les différentes sortes de pains portent des noms variés. Quand le boulanger travaille du pain destiné au repas d’une divinité, il le moule et le lisse très soigneusement…
D’après une femme qui fabrique de la bière, Ancien empire ; une oie sculptée, prête pour la cuisson, calcaire peint, Ancien Empire-Première période intermédiaire, Saqqara ; et un boulanger au travail, calcaire, Saqqara, vers 2980 – 2475 avjc, Ancien Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
LA STATUAIRE PERPÉTUE LA SURVIE DES DÉFUNTS
Au cours de l’Ancien Empire, à partir de la IIIe dynastie, les rois élèvent leurs pyramides à la grandeur éternelle… Les proches, les dignitaires et les courtisans reposent dans leurs mastabas auprès de pharaon. À côté d’une grandiose architecture, les artistes de la statuaire créent des figures hiératiques, idéalisées et intemporelles…

Les artistes sculptent des personnes isolées ou des couples dans la pierre, symbole de pérennité, ou dans du bois d’acacia. L’acacia et le sycomore représentent l’arbre sacré ou l’arbre de Vie dans l’Égypte ancienne…
Un couple enlacé…
Grâce au talent de l’artiste, les statues de Raherka et de son épouse Merseankh, serrés l’un contre l’autre, évoquent l’intimité et l’affection d’un couple… Cela malgré le style conventionnel et hiératique qui distingue l’art de la statuaire sous l’Ancien Empire… Comme les pharaons sur leur trône, les personnages individuels présentent une certaine rigidité, souvent adossés à un pilier…
Des hiéroglyphes sur le socle de la sculpture précisent le titre et l’identité des défunts. Raherka, l’inspecteur des scribes du chacal, était sans doute un haut responsable de l’administration… et sa femme Merseankh, qualifiée de son épouse, la connue du roi, devait avoir ses entrées dans la résidence royale…

Le rouge pour les garçons, le jaune pour les filles…
Les visages et les silhouettes sont idéalisés… Sur les statues de Raherka et Merseankh l’artiste exprime les formes féminines et la musculature masculine par un modelé subtil. Le sculpteur différencie ses deux personnages, représentés dans la force de l’âge, grâce à la couleur de leur carnation : l’ocre rouge pour l’époux, l’ocre jaune pour l’épouse…
Le rouge et l’ocre jaune distinguent les hommes et les femmes selon des canons conventionnels. Le code couleur comprend aussi le noir des perruques et du fard qui rehausse les regards. Le blanc et la sobriété sont de mise pour les tenues. Pour les bijoux, on rencontre souvent le bleu qui évoque la préciosité des pierres ou du lapis lazuli…

LE SOURIRE DU SCRIBE ACCROUPI…
Les scribes et les hauts fonctionnaires détiennent le savoir d’une écriture hiéroglyphique achevée…
Un personnage empreint de droiture
La statue anonyme dite du scribe accroupi du musée du Louvre résume à elle seule le style de la statuaire sous l’Ancien Empire. Ce chef-d’œuvre symbolise à la fois la culture et le style de l’époque des grandes pyramides… L’artiste représente un personnage vu de face, figé dans une attitude frontale et statique, la tête bien droite, le corps parfaitement symétrique…

L’artiste dessine des lignes simples
Sur cette statue funéraire en calcaire peint de 54 centimètres de haut, les proportions semblent réalistes, comme pour un modèle grandeur nature. Le sculpteur compose son chef-d’œuvre, qui s’inscrit dans un triangle, dans un esprit de simplicité et de sobriété. L’artiste dessine des volumes aux lignes simples, sans rajouts de détails.
Les scribes sont bien nourris…
Les mains aux longs doigts fin du scribe, dont les ongles sont bien dessinés, évoquent à elles seules toute la vigueur du personnage, dont les formes sont par ailleurs un peu enveloppées et molles. Les scribes sont bien nourris…
Les bras tout en rondeur et le ventre qui ne cache pas son embonpoint ne laissent entrevoir aucune musculature… Mais ils contrastent avec une certaine tension dans les épaules, qui apporte droiture, sérieux et dignité à ce personnage instruit en écriture… Le scribe accroupi tient un papyrus en partie déroulé et, sans doute à l’origine, son pinceau ou stylet dans l’autre main…

Un léger sourire, volontaire et presque moqueur…
Comme beaucoup d’autres statues de cette époque, le scribe accroupi est sculpté dans un fin calcaire rehaussé à l’origine de vives couleurs… L’artiste met en lumière le teint hâlé de son personnage, dont la carnation rouge-brun contraste avec la blancheur de son pagne.
Le scribe est coiffé de cheveux noirs coupés très courts. Ses yeux, en cuivre incrusté de cristal de roche, fixent un regard quasi réel qui se dirige droit vers le spectateur. Il émane de ce personnage une présence impressionnante… renforcée encore par le léger sourire d’une bouche aux lèvres minces, un sourire volontaire et presque moqueur…
D’après le Scribe accroupi, calcaire peint, détails yeux, cuivre, pierre blanche et cristal de roche, mains et palette, IVe ou Ve dynastie, entre 2930 et 2625 avjc, Ancien Empire, Saqqara, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Un regard puissant, profond et perspicace…
À cette époque, on ne connaît pas encore le bronze en Égypte. L’artiste utilise une bague de cuivre dans laquelle il insère une pierre blanche pour créer la cornée de l’œil. Dans le bitume blanc, le sculpteur incruste un cône de cristal de roche, évidé en pointe à l’intérieur, pour réfléchir la lumière.
L’ensemble crée une illusion d’optique ingénieuse et saisissante… un regard puissant, profond et perspicace… Le socle et l’inscription de la statue du scribe accroupi n’a pas été retrouvé. Selon la tradition égyptienne, c’est l’identité inscrite du défunt qui donne vie à sa statue funéraire dont la fonction est de perpétuer sa présence vitale…
Sur le modèle d’autres statues funéraires, le siège semi-circulaire sur lequel est assis le scribe accroupi s’encastre sans doute à l’origine dans un socle plus grand portant l’inscription de son nom et de ses titres…
D’après des scribes à l’ouvrage, mastaba d’Akhhétep, calcaire peint, Ve dynastie, vers 2750-2625 avjc, Ancien Empire, Saqqara ; et le matériel du scribe, tablette en bois, papyrus, coupe-papyrus, palette en bois, godet et encrier… ; Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Sous l’Ancien Empire, seuls les notables savent lire
Le scribe accroupi, qui sait lire et écrire, est sans doute un très haut dignitaire. Sous l’Ancien Empire, seuls les notables peuvent savoir lire et écrire… C’est un prince, fils du roi Didoufri, qui figure parmi les premiers à se faire représenter dans la position du scribe sur une statue.
Cette figure du prince Setka reposait dans les vestiges du temple attenant à la pyramide de Didoufri, successeur de Khéops, à Abou Roach (Gizeh). La statue du prince Setka s’encastre dans un socle en bois, et encore dans un second support en calcaire. Le socle en calcaire porte le nom et les titres du prince défunt…
L’époque précise à laquelle vécut notre Scribe accroupi du Louvre demeure un mystère, peut-être sous la IVe ou au début de la Ve dynastie ?…
D’après le prince Setka, fils du roi Didoufri, représenté en scribe, statuette en granite, IVe dynastie, Ancien Empire ; et un scribe anonyme, statue en calcaire peint, Saqqara, Ancien Empire ; Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
COMME LES IMAGES, LES HIÉROGLYPHES SONT DES SYMBOLES VIVANTS
Les Textes des Pyramides, gravés dans la pierre de la pyramide du roi Ounas, témoignent de l’importance de l’écriture hiéroglyphique. Comme les images, l’écriture hiéroglyphique semble posséder elle aussi une force, une dimension symbolique et sacrée… On inscrit des hiéroglyphes dans les tombes, dans les temples, sur des statues et sur des objets.

Les papyrus funéraires portent des formules du Livre pour Sortir au Jour (dit Livre des Morts), pour guider le défunt dans son passage vers l’au-delà. Le ba (l’âme volatile) de la personne visite sa momie… Son ka (énergie vitale) habite sa statue, nourri grâce aux offrandes, aux textes et aux images…
Le sens de l’éternel anime les images et l’écriture
Les récits mythiques, les formules rituelles, les titulatures royales, les noms et fonctions des personnages, ou encore les listes funéraires des ressources en nourriture, en objets ou en biens personnels, possèdent pour les anciens égyptiens une puissance intrinsèque, effective, vivante et réelle…
Cela explique pourquoi certains pharaons s’empressent d’effacer les noms et titulatures de leurs prédécesseurs, de mutiler leurs statues ou leurs images sculptées… C’est une façon de les faire disparaître de l’éternité… Dans la tradition égyptienne, les images et l’écriture sont animées par le sens de l’éternel…
D’après des hiéroglyphes gravés en creux, dame Tahiouati, fragment calcaire, XXVe – XXVIe dynastie, Basse époque ; et les hiéroglyphes homme, femme, dieu, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
C’est quoi les hiéroglyphes ?
L’écriture hiéroglyphique repose sur des idéogrammes qui sont des signes-mots, dont le contenant évoque le contenu, et sur des phonogrammes, qui sont des signes qui représentent un son.
Le mot hiéroglyphe dérive du mot grec hieros, qui signifie sacré, divin, et de glyphein, inciser, graver. Une écriture hiéroglyphique déjà élaborée apparaît vers 3200-3100 avjc, au cours de la période prédynastique.
D’après les hiéroglyphes du temple d’Isis (380 avjc-IIIe siècle apjc), île de Philae, porte d’Hadrien, IVe siècle apjc ; et les Textes des Pyramides, hiéroglyphes, tombeau du roi Ounas, Ve dynastie, Ancien Empire, Saqqara ; Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
En Mésopotamie, les plus anciens témoignages de l’écriture sumérienne en cunéiforme remontent à 3300 avjc… Si l’écriture sumérienne semble trouver sa source dans la nécessité de gérer les comptes et les propriétés, avant de générer la littérature, l’écriture égyptienne se manifeste davantage comme une expression, à l’origine, davantage symbolique et sacrée…
Un code de lecture…
Aux commencements, les anciens égyptiens gravent les hiéroglyphes dans la pierre, en relief ou en creux. Les hiéroglyphes sont disposés soit verticalement soit horizontalement. La lecture se fait de droite à gauche ou de gauche à droite.
C’est le regard des personnages ou des animaux qui précisent le sens de la lecture et le début du texte. La dernière inscription en hiéroglyphes connue remonte à 394 apjc, dans l’Île de Philae…

L’écriture hiéroglyphique, hiératique, démotique
Il existe trois sortes d’écriture dans l’Égypte antique : l’écriture hiéroglyphique que l’on rencontre sur les monuments jusque vers 2 500 avjc ; l’écriture cursive hiératique, dont la graphie est simplifiée, utilisée par les scribes et les prêtres sur les papyrus ; et l’écriture démotique, une version encore simplifiée de l’écriture hiératique utilisée dans la pratique courante.
Les scribes utilisent l’écriture hiératique pour l’administration et l’intendance jusqu’au premier millénaire avjc. Le mot hiératique vient du grec hieratikos qui signifie sacerdotal… À partir du Ier millénaire avjc, on pratique l’écriture démotique, de dêmotikos, qui signifie du peuple en grec.
Plus tard, à partir du IIIe siècle apjc, apparaît l’écriture copte, du grec Aiguptios qui signifie Égyptien. Le copte (Kuptios en copte), est un mélange d’égyptien ancien et de grec…

La Pierre de Rosette déchiffrée par Champollion
En 1822, Jean-François Champollion déchiffre et traduit la célèbre Pierre de Rosette, conservée au British Museum depuis 1801. La pierre de Rosette, qui remonte au IIe siècle avjc, présente un même texte en hiéroglyphes, en démotique et en grec ancien…
Ce fragment de stèle porte un décret sacerdotal en l’honneur du roi Ptolémée V Epiphane, daté du 27 mars 196 avjc. Le texte énonce les décisions prises alors par l’assemblée des prêtres réunis à Memphis pour honorer Ptolémée V Epiphane et Cléopâtre Iere.
Attendu que le pharaon Ptolémée (…) accomplit de nombreux bienfaits pour les temples d’Égypte et pour tous ceux qui sont sous son autorité de pharaon : il est, en effet, (…) quelqu’un dont le coeur est bénéfique envers les dieux, quelqu’un qui a donné force argent et beaucoup de grain aux temples d’Égypte ainsi que toutes sortes de bonnes choses pour faire qu’advînt la paix en Égypte…
C’EST LE DIEU THOT QUI TRANSMET LES HIÉROGLYPHES AUX HUMAINS
Selon les textes mythiques de l’Égypte Ancienne, c’est Thot qui transmet les hiéroglyphes aux humains… Thot, dieu de la Sagesse et de la Lune, consigne la parole et la décision divine. Ce patron des scribes préside aussi à la mesure et au calcul du temps. Thot se manifeste comme le maître de toutes les sciences et de tous les savoirs, dont la médecine…

Les prières des scribes
Les scribes égyptiens œuvrent sous le patronage de Thot. Ils se rendent dans son temple pour déposer des offrandes votives et lui adressent des prières personnelles…
Viens à moi afin de me diriger, rends-moi habile dans ma fonction. Ta fonction est plus belle que toutes les autres fonctions… Laisse-moi parler de ta puissance, quel que soit le pays où je me trouve. Alors la multitude des hommes dira : Ce que Thot fait est grand…
Thot ibis et Thot babouin
Thot le sage protège la déesse Isis et met fin au combat entre Horus et Seth. Il redonne la vie à l’enfant Horus piqué par un scorpion… Thot permet à Horus de recouvrer son œil et son intégrité (symbolisée par l’oeil Oujdat, être intact) et guérit Seth gravement mutilé… Thot est encore le substitut de Rê ici-bas, quand le dieu solaire se retire au Ciel. Et, Coeur de Rê, Thot, préside à la pensée et à l’intelligence éclairante…

Hermopolis, centre du culte de Thot
La capitale du culte de Thot est Shmum ou Chnumu (actuel Achmunein), une ville située en Moyenne-Égypte. Shmum est rebaptisée Hermopolis, ville d’Hermès, par les Grecs. Les artistes représentent le dieu Thot sous la forme d’une divinité à tête d’ibis, sous les traits d’un ibis ou sous la forme d’un babouin. Souvent, le dieu est coiffé du disque lunaire…
Par ailleurs, en Mésopotamie, le dieu des scribes Nabû, fils de Marduk (roi du panthéon) consigne par écrit les sorts fixés par Marduk dans la chapelle des destins… Le dieu Nabû, dont la parole est primordiale est le maître des sciences, qui surveille la totalité du ciel et de la terre, celui qui sait tout, qui comprend tout, qui détient le calame du scribe…
ON COMPOSE DES HYMNES POUR CÉLÉBRER LE DIEU SOLEIL
Des louanges et des prières sont vouées à Rê-Horakhty
Semes-Amen ou Seramon, membre du clergé de Thèbes sous la XXIe dynastie, emmène dans sa dernière demeure un papyrus hiéroglyphique illustré composé en deux parties…
Selon sa titulature, le défunt est chef des recrues du domaine d’Amon et prêtre prophète d’Amon. Seramon consacre une première partie de son papyrus funéraire à un hymne et à une et prière (litanie) qui se déploie sur 22 colonnes de texte pour célébrer le dieu solaire…

Les déesses Hathor Nébethetepet et Iousâas auprès du Soleil…
Sur les images, on aperçoit Rê-Horakhty, à visage humain et non à tête de faucon, installé sur un trône. Le dieu est paré du disque solaire, de l’uraeus royal et tient le fouet et le sceptre, qui sont des insignes royaux.
Rê-Horakhty est accompagné par deux déesses Hathor Nébethetepet (Nébet-Hétepet) et Iousâas debout auprès de lui. Le défunt fait une libation au dieu solaire et brûle de l’encens devant une table chargée d’offrandes…

Les parèdres d’Atoum-rê incarnent le désir…
Hathor Nébethetepet et Iousâas figurent parmi les parèdres du démiurge Atoum ou Atoum-rê, une manifestation du dieu solaire. Hathor Nébethetepet, l’apaisante, sait assouvir le désir sexuel. Nébethetepet apparaît comme la compagne de plusieurs dieux, dont Sobek, le dieu crocodile associé à la fertilité et aux crues favorables du Nil.
Hathor Nébethetepet est encore l’épouse du dieu Horus d’Edfou. De l’autre côté, apparaît Iousâas coiffée d’un scarabée. Cette déesse incarne le désir de création d’Atoum, qui engendre le premier couple divin dans la cosmogonie d’Héliopolis.
D’après la déesse Maât, Rê-Horakhty et Thot et les offrandes à Rê, encensé par le défunt, papyrus de Seramon, XXIe dynastie, Troisième Période Intermédiaire, Thèbes, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Rê-Horakhty et Thot
Rê-Horakhty apparaît encore sur le papyrus de Seramon avec sa tête de faucon, trônant en souverain, coiffé de la couronne Atef enrichie de deux cobras. Rê-Horakhty, qui incarne le Soleil à son zénith, reçoit les hommages de Thot à tête d’ibis et de la déesse Maât, déesse Vérité…
La course du Soleil…
L’autre partie du manuscrit de Seramon célèbre la course du du soleil… Rê-Horakhty, coiffé du disque orné de l’uraeus, tient son sceptre et la croix ansée Ankh, symbole de Vie. Quatre créatures divines à tête de scarabée et à tête de serpent transportent le dieu solaire sur son trône.
Le thème du serpent (et des grenouilles), se rattache aux divinités primordiales de l’Océan primordial dans la cosmogonie d’Hermopolis… Le scarabée renvoie au Soleil levant sous la forme de Khépri…

L’émergence du Soleil…
Vient ensuite une scène qui représente l’émergence du Soleil du Noun primordial. Des bras et un lotus semblent accueillir le disque solaire qui apparaît… Le lotus évoque encore la naissance du Soleil, qui engendre la création du monde dans une variante de la tradition d’Hermopolis.
Le Soleil est entouré par quatre gardiens à tête de singes (cynocéphales) qui saluent son apparition… Dessous, quatre personnages à tête de faucon et à tête de chacal, qui représentent sans doute Les âmes des ancêtres royaux de Nekhen et de Pé, sont aussi en adoration autour d’un personnage, sans doute le dieu Noun, qui porte sur sa tête le scarabée.
Cette image semble célébrer l’émergence de Khépri, le soleil levant sous la forme du scarabée, le soleil en devenir. Une autre divinité à tête de serpent représente probablement un dieu primordial de la tradition d’Hermopolis …

La renaissance du dieu sous la forme d’Osiris-Amon
Les deux scènes suivantes évoquent la momification et la renaissance du dieu sous la forme d’Osiris-Amon… Les déesses Isis et Nephtys veillent auprès du lit funéraire sur lequel repose la divinité momifiée…
Au-dessus de la momie du dieu flotte un lotus, symbole de naissance ou de renaissance et deux vautours, emblèmes de la royauté… Dessous le menaçant serpent géant Apophis apparaît criblé de lances, vaincu…
Puis Seth et Horus entourent le dieu qui prend la forme du Tat (amulette), un symbole de stabilité comme le pilier Djed qualifié de colonne vertébrale d’Osiris. La divinité porte la couronne Atef, une coiffe souvent portée par Amon, dont les plumes sont des attributs de l’oiseau mythique Bénou, identifié à au ba (l’âme) de Rê… On aperçoit encore des bovidés devant des autels garnis…
D’après la momification et la renaissance du dieu sous la forme d’Osiris Tat, symbole de Stabilité, bovidé et offrandes, papyrus de Seramon, XXIe dynastie, Troisième Période Intermédiaire, Thèbes, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
À découvrir aussi : les dieux égyptiens et la mythologie de l’Égypte ancienne, dans la rubrique Histoire du Sacré
Après le faste colossal de l’Ancien Empire et une période de troubles, s’ouvre une nouvelle ère à l’époque du Moyen Empire. L’Égypte antique consolide son empire, fondé sur une puissante administration. Les artistes continuent de construire et de décorer les tombeaux et les temples. Ils taillent des statues et façonnent de nombreuses figurines et modèles peints destinés au mobilier funéraire… Une rigueur et une sobriété classique imprègne les œuvres d’art sous le Moyen Empire…
Bloc-notes + Des écrits sacrés ? Les Textes des Pyramides, qui remontent à l’Ancien Empire (entre 2980 – 2475 avjc) ; Les Texte des Sarcophages, depuis la fin de l’Ancien Empire et au Moyen Empire (vers 2160 – 1788 avjc) ; Le Livre pour Sortir au Jour (dit Livre des Morts), au Nouvel Empire (vers 1580 – 1090 avjc) … Un roman ? Sinouhé l’Égyptien, de Milka Waltari, les aventures de Sinouhé, médecin et espion du pharaon Aménophis IV (Akhénaton)… Un conte initiatique ? Her-Bak Pois Chiche, de Isha Schwaller de Lubicz, qui raconte l’éveil d’un jeune égyptien sous la XXe dynastie, dans la région de Thèbes (Karnak, Louxor)…
La suite, Le Moyen Empire, à venir…
Consulter Le sommaire L’art de l’Égypte Ancienne
Consulter Le sommaire du BLOG