Sumer : l’art royal sous les dynasties d’Ur et de Lagash…
En Mésopotamie, vers 2600 – 2500 ans avjc, les premières dynasties d’Ur et de Lagash s’imposent et mènent la civilisation sumérienne à son apogée… C’est en 1881 apjc que l’on découvre la stèle dite des Vautours lors des fouilles de Tello, l’antique cité sumérienne de Girsu, située de nos jours en Irak. La stèle de victoire du roi Eannatum de Lagash figure parmi les plus anciens témoignages de récits considérés comme historiques… À la fin du IIIe millénaire avjc, la cité d’Ur brille à nouveau…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour novembre 2018 –

Bloc-notes + Une aventure ? L’épopée de Gilgamesh (Mésopotamie) : des tablettes du XIIIe siècle avjc racontent l’épopée du roi Gilgamesh en quête d’immortalité… (il aurait régné vers 2600 avjc sur la cité d’Uruk (ou Ourouk )… Un livre ? L’Histoire commence à Sumer, de Samuel Noah Kramer (1956).
REPÈRES CHRONOLOGIQUES
La période des premières dynasties sumériennes dites archaïques vers 2900 avjc – 2340 avjc, au pays de Sumer. – Ur-Nanshe fonde la première dynastie de Lagash, vers 2500 avjc. – Fin du IIIe millénaire avjc : empire d’Agadé sous la dynastie d’Akkad fondée par le roi Sargon : 2340 avjc – 2200 avjc. – Le roi Ur-Nammu fonde la IIIe dynastie d’Ur vers 2100 avjc.Chronologie générale Proche et Moyen Orient antiques
UN DÉCOR HISTORIÉ CÉLÈBRE LE TRIOMPHE DU ROI EANNATUM DE LAGASH
Au cours des fouilles, les archéologues ont mis au jour plusieurs fragments de stèle disséminés dans les vestiges de l’ancienne cité sumérienne de Girsu. La stèle monumentale du roi Eannatum raconte, par le texte et par l’image, l’un des épisodes de la guerre qui a opposé durant deux siècles la cité-royaume de Lagash à sa voisine Umma… et commémore la victoire du roi Eannatum de Lagash sur Umma…

Une composition traditionnelle en registres
On a reconstitué de manière hypothétique cet objet fragmentaire, à l’origine de grandes dimensions… presque 2 mètres de haut pour environ 15 centimètres d’épaisseur. Son décor historié se déploie en registres… Sur une face, l’artiste compose une scène historique qui raconte une bataille.
… De l’autre côté, le sculpteur élabore une scène mythologique… Le premier tableau évoque l’action du roi et des hommes, le second illustre l’intervention bénéfique des dieux… Ainsi, la volonté et la détermination du souverain sont soutenues par les dieux pour mener le roi de Lagash à la victoire…
C’est Eannatum, petit-fils d’Ur-Nanshe (fondateur de la première dynastie de Lagash) qui fait ériger cette stèle pour commémorer sa victoire. Eannatum règne vers 2450 avjc et mène la cité-principauté de Lagash à l’apogée de sa puissance…
D’après l’inscription gravée sur la Stèle de la victoire du roi Eannatum de Lagash, dite Stèle des Vautours, calcaire, vers 2450 avjc, dynasties archaïques sumériennes ; et les vestiges de Girsu, IIIe millénaire avjc, actuelle Tello, Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
Eannatum, prince victorieux élu des dieux
La stèle du roi Eannatum comporte aussi d’importantes inscriptions en sumérien, dont une petite moitié est conservée. Les textes racontent les conflits réguliers qui opposent les royaumes de Lagash et d’Umma, comme d’ailleurs d’autres principautés mésopotamiennes à l’époque. Les deux cités rivales se disputent notamment pour des problèmes de frontières… Ces problèmes de bornage entre Lagash et Umma sont relatés sur d’autres documents écrits…
Il est dit : Moi Eannatum, le puissant, l’appelé de Ningirsu, au pays (ennemi), avec colère, ce (qui fut) de tout temps, je le proclame ! Le prince d’Umma, chaque fois qu’avec ses troupes il aura mangé le Gu-edina, le domaine bien-aimé de Ningirsu, que (celui-ci) l’abatte !
Le récit de la stèle exalte les victoires d’ Eannatum, qui tient son nom d’Inanna, Nourri du lait de la déesse Ninhursag (Dame de la Montagne, déesse de la Terre), le souverain est le protégé des dieux… Et c’est le grand Ningirsu lui-même qui confère à Eannatum la royauté de Lagash…

La naissance divine du roi Eannatum
L’inscription de la stèle des Vautours raconte la naissance divine du roi sumérien Eannatum…Ningirsu implanta la semence d’Eannatum dans le sein de Ninhursag. Ninhursag l’enfanta. En Eannatum, Ninurta se réjouit. Inanna lui prit le bras. Elle le nomma de ce nom: digne de résider dans l’Eanna d’Inanna de l’Ebgal. Elle l’assit sur les genoux sacrés de Ninhursag. Ninhursag l’allaita de ses mamelles sacrées…
Les déités mentionnées sont Ningirsu, grand dieu principal de Girsu et de Lagash ; Ninhursag, déesse de la Terre ; Ninurta, divinité guerrière et fils d’Enlil, dieu de l’Atmosphère et chef du panthéon ; Inanna, déesse de la Fertilité et des troupeaux, parfois guerrière, et assimilée à Ishtar, divinité de l’Amour, de la Fertilité et de la Guerre…

Le roi coiffé de son serre-tête sur son char de combat avec flèches et carquois…
La frontière de Ningirsu…
Grâce à un songe prophétique, Eannatum se lance dans le combat contre Umma… Finalement, le roi de Lagash triomphe et impose son contrôle sur le Gu-edina, le territoire frontalier que se disputent les deux cités rivales de Lagash et d’Umma… Pour nous raconter cet épisode royal et glorieux, l’artiste enrichit sa création sculptée d’une abondance de détails… L’inscription mentionne aussi abondamment les serments prêtés par les deux souverains…
Après avoir repris le Gu-edina, désormais sur le territoire de Lagash, Eannatum délimite la frontière avec Umma. On érige sur une stèle sur les lieux… et on invoque Enlil, le dieu suprême du panthéon sumérien, pour pérenniser le serment qui, rompu, provoquerait une malédiction…
Le texte prend la forme d’une mise en garde… Que jamais l’homme d’Umma ne franchisse la frontière de Ningirsu ! Qu’il n’en altère pas le talus et le fossé ! Qu’il n’en déplace pas la stèle ! S’il franchissait la frontière, que le grand filet d’Enlil, le roi du ciel et de la terre, par lequel il a prêté serment, s’abatte sur Umma !

Eannatum conduit ses troupes de guerre…
Sur la face dite historique de la stèle d’Eannatum, le prince apparaît debout sur son char de guerre à quatre roues, armé d’une pique et d’une épée à lame courbe (dite harpé) d’apparat. À l’avant du char, un support contient javelots et carquois.
Plusieurs moments des combats sont représentés, ainsi que des cérémonies après la victoire. Le souverain revêt le kaunakès, la traditionnelle jupe à mèches laineuses et une tunique de laine. Le roi porte aussi un serre-tête et une coiffe-chignon, attribut des personnages de haut rang.
Les vautours se jettent sur les dépouilles des ennemis…
Eannatum conduit ses troupes de fantassins qui combattent en phalanges serrées. Les guerriers coiffés de casques de cuir sont armés de longues piques et de grands boucliers. L’artiste représente les combattants en détail, dans un style idéalisé qui exprime avant tout leur force et leur vigueur…
Pour accentuer la puissance victorieuse de l’armée de Lagash, le sculpteur met en scène les libations sur les corps des ennemis morts, piétinés, et qui deviennent la proie d’une nuée de vautours… Ces volatiles nécrophages ont inspiré le nom de la stèle dite des Vautours…

L’artiste crée une composition qui suggère l’action et l’inscription exalte la puissance militaire du prince victorieux en proclamant : Eannatum frappa Umma. Il eut vite dénombré 3 600 cadavres … Moi Eannatum, comme un mauvais vent d’orage, je déchaînais la tempête !
Libations et sacrifices après les combats
Sur le dernier registre très lacunaire, l’artiste représente les cérémonies funéraires qui suivent la bataille… Les guerriers de Lagash utilisent une échelle et transportent des paniers remplis de terre pour ensevelir les dépouilles de ceux qui sont tombés au combat. On prépare une libation au-dessus de grands vases qui portent des rameaux… et l’on s’apprête à immoler des animaux, dont un taureau ligoté…
L’IMMENSE NINGIRSU, GRAND DIEU DE LAGASH
La composition de la face mythologique de la stèle des Vautours illustre l’intervention divine qui offre la victoire au roi Eannatum… L’iconographie consacre Ningirsu, protecteur et divinité tutélaire de la cité-royaume de Lagash… Comme Enlil, Ningirsu peut abattre son grand filet…

Les ennemis emprisonnés dans un immense filet
L’artiste n’hésite pas à donner les traits d’ Eannatum à Ningirsu, et met ainsi en lumière la protection divine dont bénéficie le souverain. Il évoque peut-être aussi le rôle sacerdotal du roi de Lagash. Immense, le dieu Ningirsu armé d’une masse d’armes menace d’assommer les ennemis de la cité qu’il protège…
L’image des ennemis emprisonnés dans un filet renvoie à l’iconographie traditionnelle en Mésopotamie pour symboliser la puissance divine ou celle du vainqueur… À cette époque, de nombreuses cités-états rivales se disputent la suprématie pour grandir en prospérité et pour assouvir les ambitions de leurs souverains… Cette image de la puissance vengeresse divine sera reprise dans la Bible… où l’on retrouve la thématique symbolique du filet (lire le paragraphe à la fin de l’article)…
Le dieu Ningirsu brandit une hampe ornée d’un aigle léontocéphale (à tête de lion)… Animal emblématique du dieu, Imdugud, personnifie la Nuée de l’Orage, assistant et emblème du dieu guerrier sumérien de l’Orage, on le nomme aussi Anzu à la fin du IIIe millénaire avjc…
D’après le relief votif de Dudu, prêtre de Ningirsu, époque du roi Enmetena (ou Entemena) de Lagash, vers 2400 avjc ; Imdugud, aigle du dieu Ningirsu relief votif de Dudu, prêtre de Ningirsu, Lagash, vers 2400 avjc ; et Imdugud, l’Aigle du dieu Ningirsu, relief votif perforé, albâtre ; dynasties archaïques sumériennes, Girsu-Tello, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
On honore Ningirsu à Girsu et à Lagash
Ningirsu en sumérien désigne le Seigneur de la ville de Girsu (actuelle Tello en Irak), où se trouve le temple principal du dieu et le centre de son culte. Ningirsu, dieu guerrier de Lagash, s’identifie à Ninurta, dieu de l’Orage, fils d’Enlil, dieu de la guerre et de la chasse et Seigneur de la Terre…
Aux côtés du dieu triomphant apparaît une déesse, peut-être Nanshe, l’épouse de Ningirsu, associée elle aussi à l’aigle léontocéphale. Un fragment laisse aussi deviner l’image du dieu sur un char, accompagné de la même déesse…
D’après le vase voué à Ningirsu par Entemena roi de Lagash, argent et cuivre, avec Imdugud, l’aigle du dieu Ningirsu, détail, vers 2400 avjc, dynasties archaïques sumériennes, antique Girsu-Tello, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
Imdugud, l’aigle à tête de lion, acolyte du dieu guerrier de l’Orage Ningirsu, est la principale divinité de la cité-royaume de Lagash… Il maintient dans ses serres deux lions ou deux bouquetins…
L’aigle léontocéphale, assistant du dieu Ningirsu
Gravé sur un beau vase d’argent et de cuivre d’une trentaine de centimètres, on retrouve encore l’image de l’aigle léontocéphale, emblème du dieu Ningirsu, dont la puissance divine se rattache à l’Orage… Cet objet d’art est dédié à Ningirsu par le prince de Lagash…
Dans cette composition, Im-dugud affiche une posture qui rappelle celle de l’ancestral maître des Animaux. Il maîtrise les deux lions qui l’accompagnent, qui évoquent peut-être le rugissement du Tonnerre… L’artiste complète le décor gravé par une inscription dédicace en cunéiforme…
Le taureau à face de lion humanisée…
Sur un relief mythologique qui provient du temple Ovale d’Obeid, on retrouve encore le motif de l’aigle léontocéphale (à tête de lion), ici sur le dos d’un taureau à face de lion barbue… dont les traits du visage expriment aussi une certaine humanité… Les pattes avant du taureau reposent sur une montagne surmontée peut-être d’un élément végétal qui évoque la forme d’une barque.
D’après un relief mythologique, aigle à tête de lion et Taureau barbu, temple d’Obeid, vers 2450 avjc ; l’aigle Imdugud et lion et capridé, vase voué à Ningirsu par Entemena, roi de Lagash, argent et cuivre, vers 2400 avjc, dynasties archaïques sumériennes, Girsu-Tello, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
Dans la mythologie mésopotamienne, la montagne renvoie à la terre fertile et au monde souterrain, chthonien… Sur les sceaux sumériens, le dieu Soleil Shamash émerge parfois de la Montagne… L’image marie l’aigle et le lion, le taureau et l’humain et la puissance divine symbolisée par les cornes…
LA GLYPTIQUE : IMAGES MYTHIQUES ET INSCRIPTIONS
L’art des graveurs de sceaux se perpétue…
Les graveurs mésopotamiens continuent de développer l’art de la glyptique à l’époque des dynasties archaïques sumériennes. Ils composent des groupes de figures asymétriques et des scènes dynamiques, avec une prédilection pour les jeux d’entrelacs et les motifs animaliers, typiques de cette époque…
Les sujets se croisent et se déploient de diverses manières pour s’inscrire dans une ou plusieurs pyramides… Les artistes commencent aussi à graver des inscriptions cunéiformes qui mentionnent une propriété, avec le nom d’un propriétaire…
D’après le Maître des Animaux, sceau de Ishma-ilum, prince de Kisik, vers 2600-2300 avjc ; la bulle de Lugalanda, prince de Lagash, empreinte du sceau, combats mythologiques, vers 2400 avjc, Girsu-Tello ; et des figures mythologiques et Taureau barbu, sceau-cylindre, vers 2500 ans avjc, dynasties archaïques sumériennes, tombe royale d’Ur, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
On retrouve l’image du Taureau à face de lion barbu dans la cité d’Ur… et aussi des images sur le thème du Maître des Animaux…
Des sceaux perpétuent la mémoire d’Ur-Nammu…
À l’époque des dynasties archaïques, la cité d’Ur (actuel Irak) figure aussi parmi les principales capitales sumériennes… À la fin du troisième millénaire avjc, Ur devient un centre culturel et marchand incontournable et s’impose en Mésopotamie.
D’abord supplantée par la puissante Lagash, la cité d’Ur brille à nouveau sous le règne d’Ur-Nammu, fondateur de la IIIe dynastie d’Ur, vers 2100 avjc. Le souverain entoure la ville d’un mur ovale et fait ériger de nombreuses constructions. Parmi les vestiges les plus importants de la cité d’Ur à cette époque : la grande ziggourat consacrée au dieu Lune Nanna, élevée vers 2100 avjc…

Ur-Nammu et la grande déesse Inanna
Sur une empreinte de sceau, le graveur présente le roi Ur-Nammu, fondateur de la IIIe dynastie d’Ur, auprès de la déesse Inanna-Ishtar. Grande déesse sumérienne, Inanna est associée au dieu du Ciel Anu à Uruk, où se trouve son principal centre de culte.
Déesse de la planète Vénus, des troupeaux et de la fécondité Inanna s’identifie à Ishtar qui possède en outre une dimension guerrière… Le croissant de Lune symbolise Sîn, le dieu Lune… En Mésopotamie, la royauté, se rattache au monde céleste…
Roi du pays ou roi des quatre régions de l’Univers…
Dans les croyances sumériennes, la royauté relève d’une origine divine : la personne royale est donc sacralisée… Selon Mircea Eliade, le souverain mésopotamien apparaît comme le Roi du Monde, on le nomme roi du pays ou roi des quatre régions de l’Univers…
Ces formulations sont habituellement réservées aux divinités… Il est dit aussi que le souverain est prédestiné dès avant sa naissance à la royauté et on le considère comme le fils du dieu…

Dans le monde mythique, le Roi Jardinier représenté aussi comme le Maître des Animaux nourrit le troupeau, soigne le jardin, arrose l’arbre sacré…
Le mythe sacralise la personne royale
Les récits mythiques racontent que le souverain a vécu auprès des dieux dans le merveilleux jardin où se trouve l’Arbre de Vie et l’Eau de Vie… Ainsi, le roi s’identifie au Jardinier qui soigne l’Arbre de Vie… On considère le roi comme l’envoyé du dieu…
Plus tard, à l’époque de la première dynastie de Babylone, on qualifie le souverain de pasteur du peuple dans le code de Hammurabi. Selon l’idéal mythique, le roi mésopotamien a vocation d’instaurer la Justice et la Paix sur la Terre…
LE FILET ET LES LIENS, SYMBOLES DE LA PUISSANCE DIVINE
Du grand filet de Enlil ou de Ningirsu au filet du dieu biblique… Le symbolisme du filet et celui des liens renvoie au pouvoir des dieux qui peuvent capturer, piéger ou mettre à l’épreuve leurs adversaires ou ceux qui les ont offensés… On retrouve l’image du filet dans l’Ancien Testament, rédigé au cours du premier millénaire avjc et dans la mythologie gréco-romaine…

Job dans les filets de Dieu… : Dieu lui-même m’a égaré, il m’a enveloppé de son filet de chasse (Job 19-6)… Le filet symbolise la redoutable puissance divine…
C’est qui Job?
Dans le Livre de Job de l’Ancien Testament, Job est un homme très pieux, très riche, à qui tout réussi… Satan décide de défier Dieu en lui proposant de mettre la foi de Job à l’épreuve d’une série de malheurs… Job subit les filets de Dieu… Le pauvre homme perd tout et finit par se retrouver complètement seul sur son tas de fumier… Finalement, Dieu lui redonne tout… Job deviendra le symbole de la souffrance du Christ et du Salut…
Des pièges sont sous ses pas…
La stèle de pierre mésopotamienne du roi de Lagash Eannatum remonte bien avant l’apparition de la Bible, qui selon certains, naît peut-être dans le désert de la péninsule d’Arabie, vers le XIIIe siècle avjc, à l’époque de Moïse et de la sortie d’Égypte… Dans l’Ancien Testament, Jérémie évoque la colère divine (Lamentation 1:13) : Le ciel est contre elle (Jérusalem), le feu du jugement consume ses os, des pièges sont sous ses pas, elle est obligée de reculer devant le mal…
J’étendrai sur eux mon filet…
De son côté Osée (7-13) évoque encore le filet divin : Tous leurs rois tombent : Aucun d’eux ne m’invoque… L’orgueil d’Israël témoigne contre lui… Ils ne reviennent pas à l’Éternel, leur Dieu, Et ils ne le cherchent pas… Ils implorent l’Égypte, ils vont en Assyrie…
… S’ils partent, j’étendrai sur eux mon filet ; Je les précipiterai comme les oiseaux du ciel ; Je les châtierai, comme ils en ont été avertis dans leur assemblée. Malheur à eux, parce qu’ils me fuient ! Ruine sur eux, parce qu’ils me sont infidèles ! Je voudrais les sauver, Mais ils disent contre moi des paroles mensongères…
D’après Mars et Vénus piégés par Vulcain et son filet, d’Alexander Charles Guillemot, 1827 apjc, XIXe siècle ; et Mars et Vénus piégés par Vulcain, le Tintoret, 1551 apjc, Renaissance italienne. (Marsailly/Blogostelle)
Héphaïstos-Vulcain fabrique un filet invisible pour piéger son épouse Aphrodite-Vénus et son amant Arès-Mars… Le peintre le Tintoret (Jacopo Robusti dit Tintoretto), suggère la magie du filet invisible dans les motifs des vitraux de la chambre des amants piégés…
Tu nous as fait tomber dans le filet…
Josué, le successeur de Moïse, dit Ces nations devront devenir pour vous comme un filet et un piège (Josué 23-13)… Et le prophète Habacuc déclare à propos des Chaldéens : Est-ce qu’ils cesseront un jour d’utiliser leurs filets pour tuer sans pitié les autres peuples ? (Habacuc 1-17). Dans les psaumes, il est dit : Tu nous as fait tomber dans le filet (Psaume 66-11)…
Le grand prophète Ezéchiel (12-13) dit au sujet du roi Sédécias, dernier roi de Juda et vassal de Babylone : J’étendrai mon rets (filet) sur lui, Et il sera pris dans mon filet ; Je l’emmènerai à Babylone, dans le pays des Chaldéens ; Mais il ne le verra pas, et il y mourra…
Déjà dans les Védas de l’Inde ancienne (vers 1500-800 ans avjc), le grand dieu Varuna utilise la puissante magie divine de ses liens pour neutraliser ses adversaires ou pour punir… Voir aussi l’article Le dieu Varuna, grand maître magicien du panthéon védique

Des textes sacrés écrits en hébreu et en araméen…
On rédige les livres de l’Ancien Testament en hébreu, entre les VIIIe et Ier siècle avjc… Mais certains passages sont transcrits en araméen, comme dans le livre d’Esdras ou celui de Daniel par exemple. C’est au VIe siècle avjc que l’araméen devient la langue administrative et diplomatique de l’empire Perse…
Bien plus tard, au IIIe siècle avjc, les Juifs égyptiens ne comprennent plus l’hébreu. On traduit alors l’Ancien Testament en grec, langue officielle en Égypte depuis la conquête d’Alexandre le Grand, pour la communauté juive d’Alexandrie…
Les soixante-douze scribes de la Septante…
On traduit d’abord la Torah, les 5 premiers livres de l’Ancien Testament qui composent la Loi ou Pentateuque, puis tous les livres bibliques… Cette première traduction en grec, la Septante, tient son nom d’une légende : soixante-douze scribes traduisent séparément la Bible… et les soixante-douze traductions sont identiques…
Selon Flavius Josèphe, historien du Ier siècle apjc, juif et romanisé, les scribes sont au nombre de soixante-dix… Le texte biblique se diffuse en Palestine… Les textes bibliques sont écrits, réécrits, traduits, voire remaniés sur plusieurs siècles, ce que semble confirmer la découverte des rouleaux de la mer Morte… Finalement, la bible est traduite en latin, une version nommée la Vulgate, 400 ans apjc…
Les filets Miraculeux du Nouveau Testament
Dans les Évangiles de Luc, le filet devient celui de la Pêche Miraculeuse, une métaphore de la nourriture spirituelle mais aussi de la capacité à attraper et à convertir de nombreux adeptes… Jésus dit à Simon : Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche…

… Simon répond : Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre mais, sur ta parole, je vais jeter les filets… ils capturent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer… Jésus dit à Simon : Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras…
On rencontre encore le filet miraculeux dans l’Évangile de Jean : Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord du lac de Tibériade… et leur dit : Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez…
… Simon-Pierre monta dans la barque et amena jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois… Jésus s’approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson… et dit à Simon-Pierre Sois le berger de mes agneaux… Sois le pasteur de mes brebis…
Au cours de la dernière période des dynasties archaïques, les artistes des cités d’Ur (Irak) et de Mari (Syrie) composent des mosaïques raffinées et renouvellent l’art de la statuaire… Dans le domaine de l’architecture sacrée, la plus ancienne ziggourat (tour à étages) aurait été érigée à Uruk par le roi sumérien Ur-nammu, fondateur de la IIIe dynastie d’Ur, vers 2100-2000 avjc…
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