Florilège mésopotamien
Du Levant à la Mésopotamie, célèbre pour ses tablettes d’écriture sumérienne… jusqu’à l’empire perse de l’Iran ancien, l’Orient Ancien nous a transmis une mosaïque artistique foisonnante et un fabuleux panthéon. C’est alors que s’élèvent les premières cités de l’histoire de l’Humanité et que des scribes rédigent les tous premiers ouvrages de littérature, d’histoire et de mythologie…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour mars 2024 –

MÉSOPOTAMIE. Une aventure ? L’épopée de Gilgamesh (Mésopotamie) : des tablettes racontent l’épopée du roi Gilgamesh en quête d’immortalité. Ce souverain aurait régné vers 2600 avjc sur la cité d’Uruk (ou Ourouk ). Un livre ? L’Histoire commence à Sumer, de Samuel Noah Kramer (1956). Chronologie Orient Ancien
L’ÉPOPÉE DE GILGAMESH
Les plus anciennes versions sumériennes de l’Épopée de Gilgamesh remontent à 2500 avjc. Cette première œuvre littéraire de l’histoire de l’humanité, rédigée en akkadien, comporte près de 3000 vers…

La bibliothèque du roi assyrien Assurbanipal
Attribuée à un certain Sînleqe’unnennî, la version la plus complète de l’Épopée de Gilgamesh connue à ce jour se compose de onze tablettes. On a découvert ces tablettes d’argile au XIXe siècle dans la vaste bibliothèque du roi assyrien Assurbanipal, à Ninive en Irak.
S’y ajoute, quelques siècles plus tard, une douzième tablette dont l’épisode supplémentaire évoque Enkidu, qui s’aventure aux Enfers où il reste prisonnier…

La tablette d’argile dite Le Rêve de Gilgamesh raconte les deux songes qui annoncent à Gilgamesh les dangers qu’il encourt dans la Forêt des Cèdres. Le texte évoque aussi l’épisode du combat du héros contre le Taureau Céleste envoyé par Ishtar…
Le roi d’Uruk, héros mythique
L’épopée de Gilgamesh, rédigé en caractères cunéiformes, nous conte les aventures du roi d’Uruk à la recherche d’exploits héroïques avec son ami Enkidu, avant de partir en quête du secret de l’immortalité…

Gilgamesh et Enkidu tuent le Taureau Céleste
Parmi les exploits du roi d’Uruk, on nous raconte la mise à mort du monstre Humbaba, le monstre-gardien de la Forêt des Cèdres, et comment Gilgamesh et Enkidu tuent le Taureau Céleste envoyé par Ishtar, furieuse que le roi d’Uruk refuse de l’épouser…
Après la mort de son ami Enkidu, Gilgamesh rencontre Ut-Napishtim, survivant du Déluge, devenu immortel. Le sage lui confie le secret de la plante de jouvence…
Sur les stèles ou les sceaux mésopotamiens, certains personnages sont assimilés à Gilgamesh, souvent à la lutte avec un monstre ou un taureau. Mais ces interprétations restent très incertaines. Seuls les textes des tablettes nous présentent avec précision les aventures du roi d’Uruk, devenu un héros mythique…


D’après Humbaba, gardien de la forêt de Cèdres, abattu par Gilgamesh, vers 2000-1800 avjc ; et Gilgamesh et Enkidu qui tuent Humbaba, deuxième millénaire avjc ; Mésopotamie, Syrie. (Marsailly/Blogostelle)
La quête de l’immortalité
La plante de l’immortalité volée par le serpent
En possession, enfin, de la plante merveilleuse d’immortalité, Gilgamesh se la fait dérober par le serpent, qui alors se débarrasse de sa vieille peau et mue… Transformé et initié grâce à son périple, Gilgamesh acquiert finalement la connaissance et la sagesse, dans l’acceptation de sa condition d’être mortel…
Son œuvre de bâtisseur des remparts d’Uruk et les récits de ses aventures qui vont mener Gilgamesh à la connaissance vont traverser le temps et parvenir jusqu’à nous… Gilgamesh : “Our-Shanabi cette plante est une plante merveilleuse, l’homme avec elle peut retrouver la force de la vie je vais l’emporter avec moi à Uruk (Ourouk) aux remparts”….

« Je la partagerai avec les gens leur en ferai manger son nom sera: le vieillard retrouvant sa jeunesse. Moi-même, j’en mangerai à la fin de mes jours pour que ma jeunesse me revienne… Après vingt doubles heures ils prirent un peu de nourriture, après trente doubles heures ils s’arrêtèrent pour dormir… »
Gilgamesh voit un puits d’eau fraîche, il descend pour se baigner, un serpent sent l’odeur de la plante, il se glisse, dérobe la plante et à l’instant perd sa vieille peau. Gilgamesh s’assoit et pleure, les larmes coulent sur ses joues…
LE THÈME DU DÉLUGE
Selon la tradition sumérienne, Ziusudra, l’un des souverains de Shuruppak-Fara, devient le héros du mythe sumérien du Déluge, dont il existe plusieurs versions… On retrouve ce sage personnage dans l’épopée de Gilgamesh (autre roi devenu légendaire) sous le nom de Outa-Napishtî (ou Ut-Napishtim) en akkadien…

Les dieux déclenchent « la grande pluie »
Gilgamesh rencontre Ut-Napishtim (Outa-Napishtî), survivant du Déluge, dont l’une des tablettes nous conte l’histoire…
« Je sais seulement que les dieux qui décidèrent de déclencher la grande pluie étaient Anou (Anu dieu du Ciel) et Enlil (dieu de l’Atmosphère)… Tous les autres dieux trouvèrent l’idée astucieuse, sauf Ea (Enki-Ea, dieu des Eaux et de la Terre) qui se plaît à s’occuper des humains… Ea parla aux roseaux qui entouraient ma maison… et les roseaux me parlèrent… »
Un bateau, des artisans et des animaux
« Outa-Napishtî, fils d’Oubar-Toutou, tu dois au plus vite détruire ta maison. Renonce à ton terrain et à ta ville, c’est la seule façon de sauver ta vie. Avec les matériaux de ta maison, construis un bateau. Fais-le carré, couvre-le d’une toiture étanche. N’oublie pas de choisir un spécimen de tous les animaux de la Terre, et tu les embarqueras avec toi…
« J’embarquai mon or, mon argent, ma famille et toute ma maisonnée. Je n’oubliai pas d’embarquer les spécimens de bêtes sauvages comme Ea me l’avait demandé. Ensuite j’invitai les artisans à monter à bord, afin que le savoir de ces hommes habiles ne se perde pas… le monde entier avait été englouti sous les Eaux… »

« Je me décidai à lâcher une colombe »…
Pendant ce temps chez les dieux… « Arourou (la grande déesse, mère de tous les êtres humains qu’elle avait formés avec de l’argile) se lamenta… Comment ai-je pu approuver la décision d’envoyer le Déluge! N’est-ce pas moi qui ai créé les humains avec l’aide d’Ea… »
Le septième jour, raconte Outa-Napishtî, « je me décidai à lâcher une colombe… puis une hirondelle… puis un corbeau qui lui ne revint pas (sur le bateau)...«
Le dieu Enlil bénit Outa-Napishtî et son épouse
De retour sur la terre ferme, le sage Outa-Napishtî organise un grand banquet consacré aux dieux, pour qu’un tel anéantissement ne se reproduise plus. Finalement, le dieu Enlil, revenu à la bienveillance envers l’Humanité après les virulents reproches du dieu Ea, bénit Outa-Napishtî et son épouse et leur accorde l’immortalité…
MYTHOLOGIE MÉSOPOTAMIENNE
La grande déesse orientale, représentée avec des épis de blé à l’époque d’Agadé, associée aux étoiles et parfois armée, se manifeste sous différentes formes. À l’origine, elle veille à la fertilité des terres et des troupeaux mais possède déjà une dimension universelle et cosmique…

Grande déesse et triade suprême
Ishtar, Inanna, Astarté…
La grande déesse sumérienne, c’est Ishtar, déesse de l’Amour, de la Guerre, de la Sexualité et de la Fertilité. Son symbole est l’Étoile du Matin (la planète Vénus) et son animal emblématique est le Lion. Elle préside à la fécondité et favorise la fertilité des troupeaux…
On retrouve la grande déesse sous les traits d’Inanna, une déesse particulièrement vénérée à Uruk, associée au dieu du Ciel Anu (ou Anou). On la rencontre aussi sous la forme de la divine Anat ou Astarté cananéenne, déesse de la Fécondité et de la Guerre, sœur et épouse de Baal, dieu de l’Orage. Elle est encore nommée Anta en Égypte, où l’on peut la comparer à la grande déesse égyptienne Isis…

La triade suprême Anu, En-Lil, et Enki
Si le Sumérien se retrouve supplanté par l’akkadien vers 2000 ans avjc dans le langage courant, il devient la langue savante et la langue de la liturgie, comme ailleurs et à d’autres époques, le sanscrit, l’hébreu, l’ancien slave ou le latin…
Des divinités sumériennes aux dieux akkadiens
L’héritage spirituel sumérien perdure à l’époque d’Agadé dans la mythologie akkadienne, où l’on rencontre la même triade suprême Anu, En-lil, et Ea (Enki sumérien), ainsi que la triade astrale formée par La Lune, le dieu Sîn (du Sumérien suen), le Soleil, le dieu Shamash et l’Étoile de Vénus, la déesse Inanna, l’Ishtar sumérienne vénérée aussi à Babylone et en Assyrie.

L’Étoile du Matin (planète Vénus) symbolise Ishtar-Inanna, le Croissant de Lune le dieu Sîn et le disque solaire le dieu Soleil Shamash…
An ou Anu, dieu du Ciel et souverain du panthéon mésopotamien demeure à Uruk (Irak actuel). En-lil, le Seigneur-Souffle, redoutable dieu de l’Atmosphère, réside à Nippur (Irak actuel) où se trouve son centre cultuel …
C’est lui qui le premier préside à la royauté en Mésopotamie, avant d’être supplanté par Marduk, puis par le dieu Bel ou Baal, Seigneur, à Babylone et dans les contrées mésopotamiennes…

Enki-Ea, dieu de l’Eau Douce et de la Sagesse
On retrouve Enki, le dieu sumérien de l’Eau Douce et de la Sagesse, sous les traits du dieu akkadien Ea, à l’époque d’Agadé. Le centre de son culte se situe dans la cité sumérienne de Eridu (actuel Irak).
L’univers du dieu Ea est l’apsu, l’Abîme des Eaux qui entourent le Monde… C’est au sein de l’apsu que l’épouse de Ea, Damkina (ou Ninmah ou Ninhursag), engendre le jeune dieu Marduk…
Voir aussi les articles Ea, dieu de l’Abîme, des Eaux Douces et de la Sagesse et Agadé : de Sargon à Narâm-Sîn, un art royal sublime la figure du souverain
LA STÈLE DE MELI-SHIPAK ET SON PANTHÉON
Le kudurru du roi Meli-Shipak
Sur le kudurru du roi Meli-Shipak, l’artiste organise son œuvre en registres superposés. Le kudurru est une stèle qui commémore un acte de donation de terres, avec texte gravé et décor…
Le sculpteur prend soin de réunir les plus grandes divinités mésopotamiennes qui président à l’ordre cosmique. La donation royale que le souverain Meli-Shipak accorde à son fils Marduk-apla-iddina est ainsi placée sous l’égide des dieux qui garantissent le respect du contrat…

Divinités mésopotamiennes
Symboles et attributs divins
L’artiste représente les dieux sous la forme de leurs symboles ou attributs… Ainsi, en haut, on retrouve la grande trilogie astrale mésopotamienne. La déesse Ishtar-Inanna qui prend la forme de son emblème, l’Étoile du Matin (planète Vénus).
La déesse de la Guerre et de l’Amour, de la sexualité et de la fertilité, est entourée des dieux Shamash, le Soleil, et Sîn, la Lune…
Voir aussi l’article Le Sacré en Mésopotamie : des divinités coiffées de tiares à cornes…
Les dieux portent des tiares à cornes
Les tiares à six rangs de cornes des dieux Anu et Enlil, respectivement dieu du Ciel et dieu de l’Atmosphère, reposent sur des autels… Le nombre de rangs de cornes varie selon la puissance des dieux.
On aperçoit aussi une tête de Bélier et un Poisson-Chèvre, deux attributs du dieu Ea de l’Abîme et des Eaux. Anu, Enlil et Ea (le En-ki sumérien) composent le trio originel souverain du panthéon mésopotamien…

La présence des divinités Anu, En-lil, Ea et Ninhursag se manifeste sous la forme de leurs symboles : autels-tiares pour Anu et En-lil, autel-bélier et capriné-poisson pour Ea, et un autel surmonté d’un emblème de la déesse.
La déesse Ninhursag, épouse d’Ea
Mais sur cette stèle, ce sont les divinités cosmiques qui dominent, Shamash, Sîn et Ishtar-Inanna… Un quatrième autel présente le symbole en forme de lyre de Ninhursag (Nin-gur-sag, ou Damkina ou Ninmah), déesse Mère, divinité de la Terre et épouse du dieu Enki-Ea… Certaines versions mythiques attribuent à Ea et à Ninhursag la création de l’Humanité…
Des divinités guerrières veillent…
Nergal, guerrier et divinité infernale, comme la déesse sumérienne Ereshkigal, se manifeste sous la forme d’un Lion ailé, et possède une arme double à têtes de félins. Zababa, divinité tutélaire de la ville de Kish (Irak actuel), arbore un sceptre à tête de rapace…
Ninurta, fils d’Enlil, dieu de Nippur, de la Guerre et de la Chasse, affiche une Lionne ailée et un sceptre à tête de félin. Dans le monde mythique mésopotamien, ces dieux guerriers victorieux contribuent à défendre l’équilibre cosmique…

Marduk, vainqueur des puissances primordiales
La Bêche et le Dragon Cornu de Marduk
Plus bas sur la stèle de Meli-Shipak, on rencontre d’autres divinités… La Bêche Pointue et le Dragon Cornu à écailles de serpent symbolisent Marduk, dieu créateur et divinité tutélaire protectrice de Babylone.
Le symbole de la bêche rattache Marduk à l’Agriculture et le dragon-serpent à la Fertilité, deux thèmes sacrés étroitement reliés… Le Dragon-Serpent rappelle aussi la victoire de Marduk sur les forces du chaos…
Dans le poème cosmogonique babylonien Enuma elish, Marduk triomphe de Tiamat, son aïeule devenue monstrueuse. Vainqueur des puissances primordiales, devenu souverain du panthéon et démiurge, Marduk organise le Cosmos et crée le Monde…

Nabû, dieu des scribes et fils de Marduk
Marduk est accompagné de son fils, Nabû, dieu des scribes, symbolisé par le calame, posé parfois sur une tablette d’argile placée sur le dos de son animal attribut, un serpent-dragon cornu comme son père Marduk…
Nabû devient avec le temps un grand dieu, voire le dieu suprême, vénéré à Babylone et en Assyrie… À l’époque romaine en Assyrie, il existe un temple consacré à Nabû auprès du sanctuaire de Baal, dans la grande cité orientale de Palmyre…
Nabû, Celui qui tient la tablette des destinées, dieu des scribes, préside aux domaines du Savoir et de la divination. Ses attributs sont la Tablette et le Calame. Cette divinité est comparable au dieu égyptien Thot et au dieu Grec Hermès…
Sur le même registre, l’artiste nous présente Gula et son Chien emblématique, déesse Guérisseuse ou de la Médecine, épouse du dieu guerrier-chasseur Ninurta…

L’eau, le feu, la fertilité de la Terre
Dessous encore, apparaissent des divinités qui se rattachent aux éléments atmosphériques et à la fertilité, représentées là encore par leurs symboles.
Dieux de l’Orage, du Feu et de la Lumière, de l’agriculture…
Adad, dieu de l’Orage, de la Pluie et de la Fertilité, manifeste sa présence par le foudre et le taureau. Le dieu du Feu et de la Lumière Nushku apparaît sous la forme d’un bélier et d’une lampe. Un dieu originel de l’agriculture, symbolisé par la charrue, et assimilé à Ningirsu, vient se joindre à eux…
Sur ce même registre, deux oiseaux renvoient au couple divin kassite Shuqamuna et Shumalia. Les principales divinités Kassites sont Harbé, le dieu suprême, Shuqamuna et Shumalia, dieu et déesse de la Montagne, protecteurs de la royauté Kassite, et le dieu Lune Shipak…



D’après un dieu serpent et déités hybrides serpents et scorpions, vers 2350-2150 avjc, époque néo-sumérienne ; un autel chthonien, serpent cornu et scorpion, Kudurru, vers 1186–1172 avjc, dynastie Kassite, Babylone, butin de Suse ; et un scorpion et plantes, cylindre d’Uruk, période de Djemdet Nasr, Irak actuel, vers 3150 – 2900 avjc ; Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
Serpents et scorpions du monde souterrain
Tout en bas, auprès d’un autel chthonien, se dressent le Scorpion, associé parfois à Ishtar, déesse de la sexualité et de la fertilité, et un Serpent Cornu… Ces animaux venimeux, donc dangereux, renvoient au monde souterrain (chthonien)…
Bénéfique, le serpent se retrouve lui aussi en relation avec le monde fertile du sol et de la Terre… Il fait écho peut-être aussi à Marduk et à son dragon-serpent… Par ailleurs, de possibles images du monde infernal, le serpent comme le scorpion renvoient à l’univers des profondeurs, mais aussi à des vertus guérisseuses…

Les graveurs de sceaux d’Agadé, mettent en scène les dieux et les déesses, qui se manifestent dans un paysage céleste, dans lequel évoluent aussi des créatures mythiques parfois hybrides…
DES PSAUMES ADRESSÉS AUX DIEUX
Les fidèles mésopotamiens adressent des prières aux dieux sous la forme d’une confession empreinte d’humilité. Les souverains mésopotamiens ne manquent pas de se faire représenter dans une attitude pieuse…
L’orant, un personnage en prière…
L’orant s’agenouille ou se prosterne, ou encore, debout, joint ses mains et dit par exemple : « Ô Seigneur! grands sont mes péchés ! … Ô dieu! que je ne connais pas, grands sont mes péchés…
… Ô déesse! que je ne connais pas, grands sont mes péchés… L’être humain ne sait rien… il ne sait même pas s’il transgresse ou s’il fait le bien… Ô mon Seigneur! ne rejette pas ton serviteur! Mes péchés sont sept fois sept… Éloigne mes péchés ! … »

Voir aussi les articles Les sculpteurs sumériens expriment la ferveur des orants et Les artistes sumériens exaltent la dévotion des souverains
En-lil, Marduk, Baal et Assur…
Le monde inférieur reste le royaume infernal de la déesse Ereshkigal et de son époux Nergal, dieu Soleil destructeur de l’été. Plus tard, à l’époque babylonienne, Marduk prend la place du dieu En-lil à la tête du panthéon.
Puis, le dieu Baal de l’Orage à Babylone et le dieu Assur en Assyrie deviennent divinités suprêmes… Marduk, Baal et Assur vont prendre une dimension universelle…
Marduk est le dieu tutélaire de Babylone, dont les emblèmes sont le dragon-serpent cornu et marrû, la bêche pointue… Dans la tradition babylonienne, ce dieu mineur à l’origine, devient le souverain du panthéon et le champion des dieux dans le poème mythique de la Création, Enuma elish (XIIe siècle avjc).

Le poème cosmogonique Enuma elish
Le poème cosmogonique Enuma elish raconte la Création du Monde et de l’Humanité (confiée à Ea) par le dieu Marduk. Un drame que l’on réactualise dans le rituel babylonien du Nouvel An… Marduk tue l’ancestrale Tiamat, déesse du chaos aquatique primordial, qui menaçait la survie des plus jeunes dieux et donc l’émergence du Cosmos et de la Vie…
Les dieux apportent la civilisation
La déesse Nisaba, scribe du pays…
Le mythe sumérien, Enki et l’Ordre du Monde, raconte comment le dieu Enki permet la naissance de la civilisation… Il nomme scribe du pays Nisaba, déesse originelle du grain et des roseaux (utilisés pour fabriquer les calames des scribes).
Il est dit : « La sainte Nisaba a reçu la règle à mesurer et garde l’étalon du lapis-lazuli ; elle proclame les grands règlements, elle fixe les frontières, marque les bornes. Elle est maintenant le scribe du pays »…

Les sept sages du dieu Ea…
À l’époque d’Agadé, Enki renommé en akkadien devient Ea… Le Mythe des Sept Sages précise que la royauté descend du Ciel… et relate comment, avant le Déluge, Ea envoie sept sages sur Terre, dont le premier est Adapa…
Il s’agit alors de transmettre la connaissance divine aux êtres humains : « les Sages, carpes brillantes de la mer, sont au nombre de sept ; sept sont les sages nés pour assurer le bon fonctionnement du ciel et de la terre ».
Ces maîtres du savoir et des sciences, semblables à leur père Ea sont « doués grâce à lui d’une intelligence sublime », précise le Poème d’Erra (Erra est un dieu des Enfers).
Le dieu scribe Nabû
Nabû le « seigneur du calame«
Puis Marduk, fils d’Ea, prend la tête du panthéon babylonien (IIe millénaire avjc). C’est alors son fils Nabû qui se charge de consigner par écrit les sorts fixés par le dieu Marduk dans la chapelle des destins…
Nabû est le seigneur du calame, le dieu des scribes. Les élites savantes des clergés de Babylonie et d’Assyrie lui donnent une place souveraine dans la hiérarchie des dieux. Les qualités de Nabû sont comparables à celles de Thôt, scribe égyptien des dieux.

Provenant du temple de Nabû, un personnage, dont la robe porte une inscription, se présente dans l’attitude d’un orant. Coiffé d’une tiare divine à seulement deux cornes, il s’agit sans doute d’un acolyte de Nabû…
Nabû, maître des sciences
Dans le sanctuaire de Nabû à Nimrud (actuel Irak), dit temple de l’Ezida (la maison stable ou pure), deux statues vouées à Nabû louent sa puissance et sa sagesse…
« Nabû, le très-haut, le sage, le puissant, le héros, dont la parole est primordiale, le maître des sciences, qui surveille la totalité du ciel et de la terre, celui qui sait tout, qui comprend tout, qui détient le calame du scribe …, le Seigneur des seigneurs, dont la puissance est sans égale, le compatissant, le miséricordieux… »
Plus tard, le roi lettré assyrien Assurbanipal (VIIe siècle avjc) consacre sa bibliothèque au dieu Nabû qui « tient la tablette d’argile et le calame des destins, prolonge les jours et fait revivre les morts, émettant la lumière pour les hommes en proie à la confusion »…

On dit encore de Nabû qu’il est « nimbé de la splendeur divine, un souverain au vaste entendement, un sage au vaste savoir, qui maîtrise l’écriture et dont les décisions sont sans appel »…
L’histoire des arts de l’Orient Ancien regroupe plusieurs cultures qui s’épanouissent sur une aire géographique immense. Dès les IXe et VIIIe millénaire avjc, les peuples du Levant sont des précurseurs dans l’adoption d’un mode de vie néolithique. Ils sont aussi les bâtisseurs des premières cités de l’histoire de l’Humanité…
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