Le XVIIe siècle : ferveur classique et baroque
Introduction… Le XVIIe siècle est marqué par l’héritage des guerres de religions, par le réalisme des violences mortelles, mais aussi par un univers artistique en quête de grandeur d’âme : rigueur, dessin et classicisme pour certains (l’école Poussin), grandes envolées baroques et colorées pour d’autres (l’école Rubens)… En France, le Grand Siècle connaît son apogée sous le règne de Louis XIV. Mais d’autres pays en Europe – Italie, Espagne, Pays-Bas… – voient fleurir un art qui, au XVIIe siècle, prend une ampleur grandiose, dans la sobriété comme dans l’exubérance…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Mise à jour novembre 2016 –

REPÈRES CHRONOLOGIQUES
Le XVIIe siècle apjc en France (Les Bourbons, descendants de Robert comte de Clermont, sixième fils de Saint-Louis) – Henri IV : 1589 – 1610 apjc – Louis XIII : 1610 – 1643 apjc – Louis XIV : 1643 – 1715 apjc
On revisite le thème des Vanités
L’art du XVIIe siècle confronte l’Être Humain à sa Fin et à sa Finalité, à ses réalités douloureuses ou crues, à sa fragilité et à ses défaillances, aux tourments de son âme et à ses espérances, à une quête de la bonne ordonnance des choses, à l’existence éphémère de l’être humain, à la fuite du temps…
Les artistes du Grand Siècle revisitent le thème des Vanités… Les paroles bibliques de l’Eccclésiaste, Vanitas vanitum, omnia vanitas, qui signifient vanité des vanités, tout n’est que vanité, inspirent l’art de la Nature Morte… et insufflent la réflexion dans les esprits…
L’ART ? Baroque, classique, lumineux…

Norme classique et ferveur baroque…
En France, le Grand Siècle qualifie l’époque de Louis XIV. La monarchie absolue cherche à encadrer la création artistique en créant l’Académie. On impose les normes du classicisme. L’Église catholique, confrontée à la Réforme protestante s’emploie à développer la ferveur grâce à l’art baroque…
Bloc notes + Des auteurs? Le célèbre Molière, Jean-Baptiste Poquelin (1622-1673 apjc, Paris) ; Jean de La Fontaine (1621 – 1695 apjc) et ses 240 fables (en 12 livres) ; Jean Racine et ses tragédies (1639 -1699 apjc), le dramaturge Pierre Corneille (1606 – 1684 apjc)… Des philosophes ? Blaise Pascal dit Pascal (France, 1623-1662 apjc) ; Baruch Spinoza (Hollande, 1632-1677 ).
Un conteur? Charles Perrault, qui marie dans ces contes traditions orale et écriture lettrée (Paris, 1628- 1703 apjc). Musique? De grands compositeurs, comme Claudio Monteverdi (1567-1643) ; Jean Baptiste Lully (1632 – 1687) ; Johann Pachelbel (1653 -1706 apjc)…
D’après le Paysage Temps Calme, de Nicolas Poussin, 1650-1651 apjc, France, XVIIe siècle ; et La Jeune Fille à la Perle, Johannes Vermeer, 1665-1666 apjc, IVMeer, Pays-Bas, XVIIe siècle. (Marsailly/Blogostelle)
Bloc-notes + Voir aussi le chapitre Vie d’Artiste, interview imaginaire : Qui êtes-vous Nicolas Poussin? Et encore Vie d’Artiste : Qui-êtes-vous Johannes Vermeer ? (I) et Vie d’Artiste : Qui-êtes-vous Johannes Vermeer ? (II)
LES PENSÉES DE PASCAL, PHILOSOPHE ET MATHÉMATICIEN
L’homme n’est qu’un roseau… pensant
Pascal, Les Pensées, 1669-1670 (extraits)… L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser ; une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisque il sait qu’il meurt et l’avantage que l’univers a sur lui. L’univers n’en sait rien…
Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée… Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point, par la pensée je le comprends…
… La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent ; elle n’est que faible, si elle ne va jusque à reconnaître cela… Il est donc juste qu’elle se soumette, quand elle juge qu’elle doit se soumettre…
… Il n’y a rien de si conforme à la raison que ce désaveu de la raison… Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment… Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point ; on le sait en mille choses…

Le Pari du philosophe…
Pensées suite… Examinons donc ce point, et disons : « Dieu est, ou il n’est pas. » Mais de quel côté pencherons-nous ? La raison n’y peut rien déterminer : il y a un chaos infini qui nous sépare…
… Il se joue un jeu, à l’extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile. Que gagerez-vous ? Par raison, vous ne pouvez faire ni l’un ni l’autre ; par raison, vous ne pouvez défendre nul des deux. Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix ; car vous n’en savez rien…
… Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter…

L’ART DE LA FABLE
La Fontaine, élève l’art de la fable au rang de grande littérature
Le poète Jean de La Fontaine (1621-1695 apjc) est surtout célèbre grâce à ses Fables. Il écrit des poèmes, des contes, des pièces de théâtre et encore des livrets d’opéra. Jean de La Fontaine s’inspire des fabulistes anciens de l’époque gréco-romaine, en particulier d’Ésope.
On rencontre déjà l’art de la fable dans la civilisation de Sumer, en Orient… puis en Grèce et en Occident… Selon la tradition, Ésope, fabuliste grec du VII- VIe siècle avjc, voyage en Orient… On lui attribue plus de 300 fables (Aesopica) qui mettent en scène des animaux et présentent une morale pratique… Plus tard, la tradition de la fable sera revisitée par les artistes du Moyen Âge…
Au XVIIe siècle, Jean de La Fontaine, élève l’art de la fable au rang de grande littérature… Son premier recueil des Fables (livres I à VI) est publié en 1668 apjc , le deuxième en 1678 apjc (livres VII à XI) et le dernier remonte à 1694 (livre XII). Jean de La Fontaine crée une expression poétique, parfois philosophique, qui lui permet de mettre en lumière les petites et grandes faiblesses humaines…

Le Cerf et la Vigne
Jean de La Fontaine
Un Cerf, à la faveur d’une Vigne fort haute
Et telle qu’on en voit en de certains climats,
S’étant mis à couvert, et sauvé du trépas,
Les Veneurs pour ce coup croyaient leurs Chiens en faute.
Ils les rappellent donc. Le Cerf hors de danger
Broute sa bienfaitrice ; ingratitude extrême ;
On l’entend, on retourne, on le fait déloger,
Il vient mourir en ce lieu même.
J’ai mérité, dit-il, ce juste châtiment :
Profitez-en, ingrats. Il tombe en ce moment.
La Meute en fait curée. Il lui fut inutile
De pleurer aux Veneurs à sa mort arrivés.
Vraie image de ceux qui profanent l’asile
Qui les a conservés. (Jean de La Fontaine, Le Cerf et la Vigne (livre V, fable 15)
JEAN RACINE
Dramaturge français, Jean Racine (1639-1699) incarne l’excellence de la tragédie classique. Il est aussi l’historiographe de Louis XIV…
… Ainsi de leurs flatteurs les rois sont les victimes ; mais les rois, en tombant, entraînent leurs flatteurs…
Jean Racine, La Thébaïde (1664).
… J’aimais, je soupirais dans une paix profonde, Un autre était chargé de l’empire du monde. Maître de mon destin, libre dans mes soupirs, Je ne rendais qu’a moi compte de mes désirs… Jean Racine, Bérénice (Titus, 1670).

Jean Racine, la passion tragique de Phèdre
Phèdre croit Thésée, son époux, disparu… Elle confie sa souffrance à sa confidente, alors qu’elle éprouve une folle passion incestueuse pour Hippolyte, son beau-fils…
Extrait… Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Égée
Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi,
Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner :
Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ;
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée…
… D’un incurable amour remèdes impuissants ! En vain sur les autels ma main brûlait l’encens : Quand ma bouche implorait le nom de la déesse, J’adorais Hippolyte, et le voyant sans cesse, Même au pied des autels que je faisais fumer. J’offrais tout à ce dieu, que je n’osais nommer…

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