L’art en Gaule, coutumes funéraires en Gaule Romaine…

D'après les coutumes funéraires en Gaule, ouverture. (Marsailly/Blogostelle)

Stèles, urnes et sarcophages en Gaule…

Au IIe siècle apjc, les Gaulois pratiquent surtout l’incinération. À partir de la deuxième moitié du IIIe siècle apjc, c’est l’inhumation qui prédomine. Les artistes façonnent des urnes, sculptent des sarcophages et des stèles funéraires, et gravent des dédicaces… Les défunts reposent dans des cimetières ou de vastes nécropoles, à l’extérieur des villages et des cités…

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour février 2018 –

D'après le relief funéraire d'un enfant, Bordeaux, fin Ier siècle apjc, Aquitaine, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le relief funéraire d’un enfant, Bordeaux, fin Ier siècle apjc, Aquitaine, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Bloc-notes + Un livre? La guerre des Gaule, les commentaires de Jules César, rédigés au Ier siècle avjc (entre 58 et 51 avjc). Une BD? Astérix le Gaulois (René Goscinny – Albert Uderzo). Une BD historique? Arelate, de Laurent Sieurac, avec Alain Genot, archéologue, Arles à l’époque de la Gaule romaine…

EN GAULE ROMAINE, ON ÉLÈVE DES MONUMENTS POUR HONORER LES DÉFUNTS

Aux IIe siècle apjc en Gaule Romaine, on pratique surtout l’incinération. À partir de la deuxième moitié du IIIe siècle apjc, on préfère de plus en plus l’inhumation… Les défunts reposent dans des cimetières implantés à la périphérie des villes ou à l’extérieur des domaines agricoles…

À la fin du Ier siècle avjc… le mausolée de Julius
Parmi les citoyens les plus privilégiés de la Gaule Romaine, certains se font construire des monuments funéraires monumentaux. Le mausolée de Julius à Saint-Remy de Provence, qui remonte à la fin du Ier siècle avjc s’inspire de l’architecture romaine…

D'après le monument funéraire de Julius, fin Ier siècle avjc, Saint-Remy-de-Provence, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le monument funéraire de Julius, fin Ier siècle avjc, Saint-Remy-de-Provence, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Érigé vers 30 avjc ou 20 avjc, par une grande et puissante famille de notables, le monument funéraire de Julius, haut de 17 mètres environ, s’élève sur un socle rectangulaire dont les quatre faces sont ornées de scènes sculptées. Les reliefs évoquent ici les exploits guerriers du personnage inhumé…

Arc de triomphe et temple miniature
Le mausolée de Julius s’impose à l’entrée de la nécropole de Glanum… C’est l’un des monuments funéraires les mieux conservés de l’époque romaine. Il est commandité par les descendants d’un notable de la région. Le personnage a servi avec succès dans les armées de César…

… Il reçoit la citoyenneté romaine et le même nom que le dictateur de Rome, Julius (Jules César). Le monument supporte un arc de triomphe enrichi d’un temple miniature rond, à colonnes, et à toiture pyramidale. Deux statues (remplacées par des copies à l’identique lors de la restauration) sacralisent les figures des deux illustres défunts de la famille Julius.

D’après les reliefs du mausolée de Julius, fin Ier siècle avjc, chasse au sanglier, cavaliers et fantassins, Saint-Remy-de-Provence, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Des reliefs sculptés du mausolée de Julius glorifient les exploits du défunt dans l’armée romaine… et symbolisent la domination romaine en Gaule, avec notamment la chasse au sanglier, un animal sacré pour les Gaulois…

Une dédicace à la gloire des Julii
Une inscription gravée sur le monument témoigne : Sextius, Lucius, Marcus, fils de Caius, de la famille des Julii, à leurs parents. Ce modèle de monument funéraire se répand en Aquitaine et en Narbonnaise, avant de disparaître du paysage avec la grande invasion germanique vers 253 apjc…

REPÈRES CHRONOLOGIQUES
– Époque gallo-romaine, 52 avjc – début du IVe siècle apjc – Conquête de César en 52 avjc (défaite d’Alésia) – La Pax Romana IIe -IIIe siècle apjc – Édit de Milan de l’empereur Constantin en 313 apjc (liberté religieuse et développement du Christianisme) – Fin de l’Antiquité et invasions barbares : fin du IVe siècle apjc et Ve siècle apjc – VIe siècle apjc : les débuts du Haut Moyen Âge.

LA TRADITION GAULOISE DE L’INCINÉRATION

Au début de la période romaine en Gaule, les inhumations sont rares, on privilégie l’incinération des défunts. La crémation est une coutume que l’on pratique déjà aux périodes précédentes, aux âges des Métaux…

D'après une urne à masque, céramique grise, Ier siècle apjc, Alsace, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une urne à masque, céramique grise, Ier siècle apjc, Alsace, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Incinération et rituels
Les rites funéraires de la Gaule Romaine diffèrent selon les régions… Outre les nécropoles des cités, il existe aussi des petits cimetières proches des villages ou des bourgs. Au début de la période romaine en Gaule, on pratique surtout la crémation, une pratique héritée des champs d’urnes, à la fin de l’âge du Bronze et au début de l’âge de Fer...

Dans la culture gallo-romaine, il existe pourtant une exception pour les enfants disparus avant l’âge de 6 mois ou d’un an….  Il semble que les petits défunts ne sont jamais incinérés. On place alors la dépouille des jeunes enfants dans un coffre de bois ou de pierre ou dans une céramique à hautes parois…

Bûchers et mobiliers funéraires
Les bûchers funéraires gaulois sont aménagés à même le sol ou à l’intérieur d’une grande fosse rectangulaire. La crémation du défunt et de son mobilier est la pratique la plus courante…

On dispose divers objets sous le corps du mort ou à côté de lui : récipients en terre, vases en verre, dépôts de viande… Sinon, pour les inhumés, comme précédemment à l’époque de la Tène, on dépose aussi des objets personnels, des armes et des parures, dans les sépultures…

D’après une urne funéraire en verre déposée dans une pierre ; un mobilier funéraire avec glaive en fer, cotte de maille, fibule, rondelle, monnaie…, Lyon ; et une urne funéraire en plomb, Lyon ; France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Des repas funéraires
Sur certains sites gallo-romains de sépultures, on rencontre les traces de rites funéraires… Ainsi, des fosses sont emplies de vaisselle brisée et contiennent parfois des restes de viande et de végétaux. D’autres fossés renferment des vases miniatures… Il est très probable que l’on organise alors des repas funéraires rituels ou commémoratifs…

D'après une urne en céramique, engobe à reflets métalliques, IIe siècle apjc, région de Lezoux, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une urne en céramique, engobe à reflets métalliques, IIe siècle apjc, région de Lezoux, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Saint-Paul-Trois-Château, incinération et inhumation
Dans l’antiquité, Saint-Paul-des-Trois-Châteaux, dans la vallée du Rhône, est la capitale de la région du Tricastin, au Sud de la Drôme. Pline l’Ancien mentionne cette colonie romaine sous le nom de Augusta Tricastinorum. C’est au Ier siècle apjc que l’on érige une enceinte quadrangulaire autour de la cité qui définit un espace d’environ 40 hectares.

À l’extérieur de cet ensemble, se déploie une très grande nécropole… Les sépultures prennent la forme de simples fosses en terre, marquées par des stèles en pierre au nom des défunts. Au début du Ier siècle apjc et au IIe siècle apjc, on implante là 230 sépultures de part et d’autre de la voie Est-Ouest, bordée de fossés, qui relie alors la cité antique à la vallée du Rhône.

D’après un dépôt funéraire et une sépulture, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Ier-IIe siècle apjc, Vallée du Rhône, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

On brûle la dépouille avec quelques objets personnels
Parmi les vestiges du site funéraire de Saint-Paul-des-Trois-Châteaux, se trouvent des ossements de chevaux et d’animaux, les traces d’un mausolée circulaire, des vases brisés… Des restes de nourriture laissent imaginer des pratiques rituelles funéraires : offrandes ou repas…

En ces lieux, on pratique surtout l’incinération même si, au IIe siècle apjc, on inhume aussi quelques adultes, qui souvent reposent sur le ventre. Pour la crémation, on procède alors de deux manières…

Le plus souvent, on brûle la dépouille sur un bûcher avant de venir ensuite déposer ses restes dans une fosse (dite ustrinum). Ou bien, on incinère le défunt directement dans sa tombe, dont les parois sont rougies par le feu. Certains objets sont brûlés avec le corps…

D’après une urne funéraire en verre, IIe siècle apjc, Alsace ; et une urne en verre, La Sauvetat, IIe siècle apjc, Aquitaine ; France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Fioles en verre, miroir en bronze, vaisselle en céramique…
L’ustrinum est une petite fosse individuelle rectangulaire et maçonnée… Le rite funéraire commence par l’incinération, puis on recueille les os brûlés qui sont déposés dans une urne.

Parmi les sépultures de Saint-Paul-des-Trois-Châteaux, l’une d’elle abrite une urne en verre dans laquelle quelques objets sont placés avec les restes du mort : trois fioles à parfums (dites balsamaires) en verre et une boîte en os…

… On dépose ensuite d’autres objets personnels auprès de l’urne funéraire : des récipients, de la vaisselle en céramique, des fioles en verre, un miroir en bronze, de la nourriture… Le tout est recouvert par de l’argile et par deux tuiles qui forment un petit toit. Enfin, on prend soin de disposer quatre cruches contre les tuiles de la sépulture.

DES STÈLES, DES DÉDICACES ET DES MASQUES FUNÉRAIRES

En Gaule Romaine, des stèles sculptées et des masques funéraires perpétuent le souvenir des défunts… Les inscriptions des stèles indiquent le nom des défunts, parfois leur âge et très rarement la cause de leur décès. Pour les plus privilégiés, on élève des monuments, signe de prestige et de gloire pour la postérité. Des dédicaces sont destinées aux dieux Mânes…

D'après la stèle funéraire d'une femme médecin, dite La Medica, IIe siècle apjc, Metz, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la stèle funéraire d’une femme médecin, dite La Medica, IIe siècle apjc, Metz, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Offrandes, libations, repas rituel…
Dans les nécropoles ou les cimetières, les stèles fichées dans la terre permettent de marquer l’emplacement des sépultures. Ainsi, les familles des défunts peuvent retrouver les tombes des leurs et accomplir les rites funéraires qui s’imposent…

… Ainsi, des offrandes, des libations et des repas rituels assurent le repos du mort et garantissent la tranquillité des vivants. Les stèles funéraires sont utiles aussi pour éviter que la sépulture subisse une altération par le creusement d’une autre tombe au même endroit.

D’après une dédicace aux dieux Mânes, sous l’égide de la Lune, stèle funéraire à la mémoire de Grecinia Blanda par son mari, Bordeaux, Aquitaine ; et un couple réuni sur une stèle funéraire, IIe siècle apjc, Bourgogne ; France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Aux dieux Mânes
À Autun, en Bourgogne, une stèle funéraire gauloise remonte à la première moitié du IIe siècle apjc. Cette stèle représente un artisan avec son marteau et porte une dédicace. Deux lettres de l’inscription apparaissent, D et M, qui sont des abréviations de Diis Manibus qui signifie Aux dieux Mânes

Les dieux Mânes sont les esprits divinisés des ancêtres, à qui les Gaulois, comme les Romains, rendent un culte. À partir de la fin du Ier siècle apjc, en Gaule, on retrouve cette formule sacrée sur la plupart des monuments funéraires qui portent une épitaphe…

D'après la stèle funéraire d'un artisan, avec marteau et gobelet, IIe siècle apjc, Autun, Bourgogne, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la stèle funéraire d’un artisan, avec marteau et gobelet, IIe siècle apjc, Autun, Bourgogne, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Du masque mortuaire… au portrait funéraire
Avant comme après la conquête romaine en Gaule, on crée des masques funéraires en bronze ou en métal… On façonne aussi des masques destinés à être plaqués sur des statues de bois en guise d’ex-votos. Destinés aux dieux, ces ex-votos sont parfois accompagnés de dédicaces de prière ou de remerciement…

Du métal à la pierre
Certains des personnages représentés portent un torque celtique, attribut héroïque, magique ou divin. Comme dans la statuaire gauloise, les artistes utilisent parfois de l’émail qu’ils incrustent dans les cavités des yeux. Une série de têtes a été retrouvée dans la forêt de Compiègne… Les portraits funéraires en pierre s’inspirent des masques traditionnels façonnés dans le métal…

D’après l’imago d’une femme, IIe siècle apjc, plâtre du masque mortuaire de Claudia Victoria, Lyon ; et un masque d’acteur à haute perruque, tombeau, IIe siècle apjc, Vaison-la-Romaine, Vaucluse ;  France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

L’image du défunt, l’imago
Dans la culture romaine, comme dans les provinces de l’empire, le façonnage du masque participe des dernières étapes du rituel funéraire. On conserve ainsi l’image du défunt, l’imago… À l’origine, le terme d’imago désigne les masques de cire que l’on pose sur le visage des défunts.

De nombreux portraits funéraires en pierre
Les masques sont peints et enrichis de pierres de couleur avant d’être montés sur des bustes. Ainsi, dans les demeures des élites, on expose les défunts de la famille dans l’atrium. Cette coutume des masques aboutit finalement à la création de portraits funéraires en pierre.

D’après une figure masculine, calcaire, Ier-IIIe siècle apjc ; et  un masque féminin, bronze, âge du Fer-début, Picardie ;  France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

On rencontre de nombreux modèles de ces portraits, qui remontent à la période de la Gaule Romaine, à Lyon, l’antique Lugdunum, capitale des Trois Gaules. À l’époque romaine, on retrouve le principe du portrait funéraire jusque dans la cité de Palmyre, en Syrie actuelle…

LA TRADITION DE L’INHUMATION ET LE SUCCÈS DE DIONYSOS EN GAULE

La pratique de la crémation devient de plus en plus exceptionnelle au IIIe siècle apjc dans le Sud de la Gaule. Puis ce phénomène s’étend au IVe siècle apjc dans les autres régions gauloises… On préfère de plus en plus l’inhumation et les sarcophages, des plus sobres au plus richement sculptés, font leur apparition…

D’après le sarcophage de Dionysos et Ariane endormie, marbre, fin IIIe siècle apjc, Gironde, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le sarcophage de Dionysos et Ariane endormie, marbre, fin IIIe siècle apjc, Gironde, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Le mythe de Dionysos et Ariane
Sur le sarcophage de Dionysos et Ariane du musée du Louvre, à Paris, on aperçoit la jeune femme, abandonnée par Thésée, endormie sur l’île de Naxos… Arrive alors Dionysos et son cortège de ménades et de satyres. Dionysos découvre Ariane et l’emmène avec lui…

Le thème du Salut se profile pour les adeptes de Dionysos initiés à ses Mystères… Cet épisode mythique apparaît comme le symbole d’une espérance de félicité dans l’au-delà, promise aux fidèles du dieu Dionysos après leur mort… L’art du sculpteur s’exprime dans l’exubérance des détails qui anime la mise en scène d’un chef-d’oeuvre très fouillé et très soigné…

Les ménades ou bacchantes
Les ménades ou Bacchantes pour Bacchus, sont des personnages féminins qui s’adonnent à des orgies mystiques (mania, possession dionysiaque). Pour célébrer les Mystères de Dionysos, les ménades se regroupent sur la montagne et entrent en transe grâce à la musique et à la danse…, sans ivresse ni ébats sexuels. Ces Bacchantes jouent de manière familière avec les animaux sauvages, panthères, lions ou serpents…

D’après  ménades et satyres, Dionysos et Ariane,  Ariane endormie, détails d’un sarcophage dionysiaque, fin IIIe siècle apjc, Gironde, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Les ménades apparaissent parfois comme un chœur de jeunes femmes joyeuses et innocentes… Mais d’autres fois, si l’on ose s’opposer à elles, les bacchantes peuvent se montrer très menaçantes, animées et emportées par une fureur dionysiaque qui peut aller jusqu’à la sauvagerie. Ces figures sont vêtues de peaux de panthères ou de faons et sont coiffées de lierre ou de vigne…

Les satyres et la luxuriance de la Nature…
Les satyres, étranges compagnons de Dionysos, incarnent des esprits des bois et des montagnes. Ils font les vendanges et s’activent à l’organisation des banquets. Ils évoluent auprès des ménades qu’ils poursuivent de leurs assiduités…

Les satyres sont l’expression et le symbole de la vitalité, de la fécondité et de la luxuriance de la Nature… Les satyres sont des créatures hybrides, mi-humaines mi-animales, avec sabots, queue et oreilles de cheval ou de bouc… Réputés pour leur avidité sexuelle, ils ont un profil mythique comparable à celui du dieu Pan.

D'après Dionysos et Ariane, cortège, sarcophage de Dionysos, marbre, fin IIIe siècle apjc, Gironde, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Dionysos et Ariane, cortège, sarcophage de Dionysos, marbre, fin IIIe siècle apjc, Gironde, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Feuillages et motifs de vigne
Les satyres aiment s’enivrer et peuvent se montrer enfantins malgré leur apparence disgracieuse ou inquiétante… Sans cesse en mouvement, ils évoluent sous la conduite de Silène ou Papposilène, le plus âgé de tous.

On représente Dionysos-Bacchus coiffé de feuillages et de motifs de vigne, comme les personnages de son cortège, les ménades et les satyres. Les attributs de Dionysos-Bacchus sont le lierre, la vigne, le bouc, le taureau, la panthère, la corne à boire et le canthare (vase à vin).

De Dionysos, le Deux Fois Né…
Dionysos se présente comme le dieu du vin, de la vigne, de la végétation, de la danse, de l’ivresse, de l’extase, de la folie sauvage… On l’appelle parfois Liber Pater. Fils de la mortelle Sémélé et de Zeus (Jupiter), Dionysos (Bacchus pour les romains) apparaît comme un demi-dieu…

Sémélé meurt avant sa naissance pour avoir voulu admirer la splendeur de Zeus et y succombe foudroyée… Zeus-Jupiter porte l’enfant dans sa cuisse jusqu’à sa naissance, d’où son nom de Dionysos : Deux Fois Né… Dionysos, complètement divinisé, devient finalement l’un des Douze Dieux de l’Olympe et épouse Ariane, abandonnée par Thésée, qui acquiert ainsi l’immortalité des olympiens…

D'après le Triomphe de Bacchus, sarcophage, IIIe siècle apjc, Gaule Romaine, Lyon, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le Triomphe de Bacchus, sarcophage, IIIe siècle apjc, Gaule Romaine, Lyon, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

De la Nature à une fertilité mystique…
Dans l’Antiquité, les Fêtes des Bacchanales se rattachent à un culte à Mystères pour honorer Dionysos-Bacchus, dont la mythologie se rapporte à la fertilité, à la fécondité, au Printemps, au Renouveau… et à la vie céleste…

Le mythe dionysiaque suggère aussi une forme d’espérance et d’aspiration au Salut que l’on retrouve dans d’autres mythologies qui nourrissent des cultes à Mystère comme ceux d’Éleusis en Grèce, de Mithra en Perse, ou encore d’Osiris en Égypte…

Sarcophages en pierre ou cercueils en plomb
Pour inhumer les défunts, on construit des coffrages en moellons (des pierres calcaires) ou à l’aide de tuiles. Le toit de la tombe est plat ou en bâtière (légèrement pentu). Parfois, le caveau est protégé par une maçonnerie très élaborée…

On installe le défunt dans un cercueil de plomb ou dans un sarcophage en pierre. Les tombes sans mobilier funéraire sont rares… on dépose souvent des vases et des lampes auprès de la dépouille. Des restes de porc ou de volaille laissent imaginer un possible repas de funérailles…

D'après un sarcophage, le Triomphe de Dionysos, marbre de Turquie, vers 215- 225 apjc, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un sarcophage, le Triomphe de Dionysos, marbre de Turquie, vers 215- 225 apjc, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Les aventures de Dionysos…
Selon les récits mythiques, Dionysos voyage… Rendu fou par Héra-Junon, il se rend d’abord en Phrygie où Cybèle le purifie. Il séjourne en Thrace et se heurte au roi Lycurgue qui emprisonne ses ménades… le roi hostile est alors frappé de folie meurtrière et tue son fils avec une hache…

Dionysos part ensuite en Inde où il mène une expédition guerrière dont il revient triomphant… À son retour en Grèce, à Thèbe, le dieu provoque l’hostilité du roi Penthée et la démence meurtrière d’Agavé, mère du roi et sœur de Sémélé…

D’après le sarcophage du Triomphe de Dionysos, détails, marbre de Turquie, IIIe siècle apjc, époque romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Éléphants, girafe, lion… les animaux sauvages exotiques évoquent les débordements de l’ivresse dionysiaque…  

Les aventures du dieu se poursuivent lors d’une traversée vers Naxos… Dionysos qui navigue incognito se fait prendre en otage par des pirates… Le dieu révèle alors toute sa puissance : il immobilise le navire, transforme le mât en vigne et métamorphose l’équipage en dauphins…

… Et c’est à Naxos que Dionysos découvre Ariane Endormie, qu’il épouse et emmène sur l’Olympe, où il trouve enfin sa véritable place… Le dieu utilise le lierre, la vigne, les serpents et les fauves qui l’accompagnent pour mener lui aussi la bataille des olympiens contre les Géants…

EN GAULE ROMAINE, ON CONSTRUIT DES CAVEAUX EN MAÇONNERIE POUR ABRITER LES SARCOPHAGES

Le caveau de l’enfant de Naintré
À Naintré dans la Vienne, en Poitou-Charentes, deux sépultures du IVe siècle apjc (découvertes en 1997) abritent les dépouilles d’un enfant âgé de douze ans environ et d’une femme, inhumée plus tard.

D'après la sépulture et le caveau en maçonnerie de l'enfant de Naintré, IVe siècle apjc, Vienne, Poitou, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la sépulture et le caveau en maçonnerie de l’enfant de Naintré, IVe siècle apjc, Vienne, Poitou, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Les défunts reposent dans un cercueil en plomb et un sarcophage de pierre. L’ensemble est protégé par un caveau construit en maçonnerie. On prend soin de déposer un abondant mobilier funéraire dans les sépultures avant de les sceller hermétiquement…

Des objets d’habitude périssables ont ainsi été conservés, comme des sandales en cordes, de la vannerie, des fleurs en bouquets et des tissus précieux en quantité, dont une exceptionnelle tapisserie d’or, de soie et de pourpre…

Une tapisserie d’or, de soie et de pourpre
Dans sa dernière demeure, des offrandes précieuses et des objets de luxe accompagnent l’enfant, vêtu et voilé. Son dépôt funéraire comprend un bassin ovale en bronze, des vases en verre, des anneaux en bronze, un coffre à trésor… Avant la fermeture du sarcophage en pierre, on a pris le soin de déposer des fleurs sur le couvercle du cercueil en plomb…

Plusieurs épaisseurs d’un damassé en soie recouvrent le corps de l’enfant. Il est aussi enveloppé dans une tapisserie d’or, de soie et de pourpre. Les jambes sont emmaillotées à l’aide de bandes de toiles végétales. Un linge cousu de fil d’or couvre le jeune défunt des épaules aux pieds. Et une coiffe lui enserre la tête…

D’après les sépultures de Naintré, IVe siècle apjc, Vienne, Poitou, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Deux pièces de vêtements, dont une tunique, sont déposés sur les pieds de l’enfant. On dépose aussi un sac de poivre et une datte. Le poivre, importé d’Inde, est une épice très précieuse et coûteuse. Certains objets proviennent de contrées très lointaines et valent une fortune à l’époque…

Les précieux trésors d’un enfant
L’enfant repose aussi auprès de ses trésors personnels… Il possède un petit coffret décoré, dont les charnières et la serrure sont en bronze. Ce coffret renferme des fioles à parfum en verre.

Le jeune défunt possède aussi une collection de coquillages marins, un galet de la côte atlantique (Charente Maritime), une douzaine de pieds de verre, peut-être utilisé comme jetons, et deux pièces de vaisselle miniature…

D'après les fioles du coffre en bois de l'enfant de Naintré, Vienne, Poitou, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après les fioles du coffre en bois de l’enfant de Naintré, Vienne, Poitou, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Une tablette à écrire en ivoire…
Le trésor de l’enfant de Naintré comprend aussi une série de coupelles en bronze et des objets de toilette, comme une cuillère à fard, un peigne en os, un miroir en bronze étamé… Un couvercle en plomb, des médaillons en bronze, des éléments de vannerie, une tête en bronze et une tablette à écrire en ivoire viennent enrichir le dépôt funéraire.

À côté du coffre, on a disposé une cruche en céramique, des pièces de jeu en pâte de verre, et une hache polie néolithique, (un talisman?)… La tombe de la femme adulte, moins richement dotée, contient des sandales en sparterie, une cruche en bronze, une amphore orientale ou africaine et des morceaux de tissus…

D'après un sarcophage, détail du Triomphe de Dionysos, marbre de Turquie,  IIIe siècle apjc, époque romaine. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un sarcophage, détail du Triomphe de Dionysos, marbre de Turquie,  IIIe siècle apjc, époque romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Bloc-Notes + L’exposition Post Mortem? (source musée gallo-romain Lyon-Fourvière, nov 2009-mai 2010, PDF) helios.fltr.ucl.ac.be/lisebiscarat/sosfantome/livret_aide_visitepostmortem.pdf

L’inhumation devient la pratique funéraire prédominante… dans une ambiance culturelle où, vers la fin du IIe siècle apjc et surtout au IIIe siècle apjc, les cultes orientaux se diffusent en Gaule… Certaines offrandes et dédicaces montrent que l’on honore aussi en Gaule Romaine des divinités orientales, comme Cybèle ou Mithra…

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Publié par Maryse Marsailly

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