La civilisation de la pierre polie
Au néolithique, cultivateur, éleveur ou artisan, l’être humain exploite de plus en plus son environnement. On construit des maisons, on crée des décors pour les poteries, on façonne des statuettes et on sculpte des dalles de pierre et des statues-menhirs…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour février 2021 –
REPÈRES CHRONOLOGIQUES
Néolithique ancien : Ve et début IVe millénaire avjc. – Néolithique moyen : IVe – début IIIe millénaire avjc. Chronologie générale Néolithique-Âge du Bronze
LES PREMIERS VILLAGEOIS EUROPÉENS
Au cours des cinquième et quatrième millénaires avjc, le mode de vie néolithique se diffuse progressivement en Europe. Les espaces cultivés, les pâturages et les villages se multiplient…
Les groupes néolithiques s’organisent
Au sein des premiers villages, les communautés néolithiques bâtissent de grandes maisons, abritant sans doute des groupes familiaux élargis. Les groupes néolithiques produisent et s’organisent. La société néolithique semble plutôt égalitaire et patriarcale…
En France, le néolithique s’implante d’abord dans le Midi, dès la fin du VIe millénaire avjc. Puis le nouveau mode de vie néolithique apparaît dans l’Est de l’hexagone, vers 4500 avjc, avant de gagner ensuite l’ensemble du territoire…
D’après un vase ajouré, à décor imprimé et gravé, terre cuite, Ve millénaire avjc, Bulgarie, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Une « révolution » sociale et culturelle…
La période néolithique marque la fin de la préhistoire. L’humanité va connaître une profonde évolution qui la mènera à édifier ses premières civilisations…
Le « nouvel âge de la pierre » (néolithique) se distingue par une importante transformation sociale et culturelle. Les artisans néolithiques démontrent une maîtrise technique très aboutie de la pierre polie, créent les premières céramiques et développent leurs savoir-faire.
Néolithique méditerranéen et néolithique danubien
Deux voies de diffusion, méditerranéenne et danubienne, propagent la culture néolithique. En France, ces deux courants se rejoignent à la fin du VIe millénaire avjc et au début du Ve millénaire avjc.
C’est le rayonnement méditerranéen qui, le premier, va jouer un rôle important dans le Sud de l’hexagone. Ensuite, la voie danubienne, plus tardive, va se déployer de l’Anatolie vers le Nord de la Grèce, avant de gagner la région du Danube et l’Est de la France.
La paléogénomique (étude de la structure et de la fonction des génomes) a confirmé l’arrivée du néolithique en Europe via deux courants différents, déjà identifiés grâce aux céramiques. Source : Colloque Archéologie des migrations, INRAP (12-13 novembre 2015).
La transmission d’un groupe humain à un autre
La culture néolithique, à travers le monde, peut émerger simultanément en divers endroits, de manière partielle ou complète. Dans un premier temps, il arrive que certaines populations conservent en partie leur façon de vivre ancestrale.
D’après des céramiques de type chasséen, terre cuite, IVe millénaire avjc, Bretagne ; et une hache polie, jadéite ; France, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
La construction de villages, la pratique de l’agriculture et de l’élevage et des nouveautés technologiques accompagnent l’adoption du mode de vie néolithique. Cette culture se transmet d’un groupe humain à un autre…
Le néolithique rayonne à partir d’un foyer novateur
Ainsi, le néolithique se développe à partir d’un centre novateur avant de rayonner ensuite au-delà de ses limites locales. De cette manière, les communautés accèdent peu à peu à une évolution culturelle et technologique.
D’après une céramique rubané à décor de chevrons ; et des poteries, à décor incisé, terre cuite, vaisselle, IIIe millénaire avjc ; et néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Et l’histoire des sociétés humaines commence…
L’époque néolithique inaugure les débuts de l’histoire des sociétés humaines. Précurseurs, les peuples du Levant adoptent un mode de vie néolithique dès les IXe et VIIIe millénaire avjc…
Voir aussi l’article Des peuples néolithiques du Levant… au génie de Sumer – Premières villes de l’Histoire et écriture
À partir de ce moment, la diversité culturelle s’épanouit de plus en plus… En Europe, on construit différents modèles de grandes maisons pour abriter les familles et le bétail.
Les artisans inventent de nouvelles techniques pour répondre à de nouveaux besoins. Ils excellent dans le polissage de la pierre, la fabrication de céramiques ou l’art du tissage. Selon les contrées, on élabore des formes et des décors variés.
Ustensiles de cuisine et outils agricoles
Les potiers façonnent divers récipients en terre cuite pour stocker ou cuire des aliments. L’artisanat de la céramique apparaît en France au cours de la mise en place du mode de vie néolithique. On fabrique aussi différents outils, notamment agricoles.
Des fourches et des herminettes…
Les haches, les herminettes et les fourches, avec tranchant en silex ou en pierre dure et des manches en bois de cervidés, sont utiles aux travaux agricoles et au défrichement des forêts.
D’après une herminette et une hache agricoles, silex poli et manche en bois ; néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
On peut voir des rainures sur certaines pierres polies. Ce sont les traces laissées par le travail de polissage réalisé sur un bloc de silex ou une dalle de grès. L’artisan polit la pierre dure par frottements et utilise de l’eau et du sable pour affiner son polissage.
La hache polie, outil-symbole du néolithique
Fabriquées en grand nombre, les haches polies, en silex ou en jadéite, témoignent de la grande habileté des artisans néolithiques pour le polissage des pierres dures. Outre l’aspect utilitaire de la hache polie, les artistes façonnent aussi des haches précieuses en jadéite.
Ces pièces de prestige, sans doute votives, possédant probablement une dimension sacrée ou symbolique. Des haches polies sont d’ailleurs déposées dans des sépultures sous mégalithes, comme en Bretagne…
Voir aussi l’article le symbolisme de la Hache
LE SUD DE LA FRANCE ADOPTE LE MODE DE VIE NÉOLITHIQUE
La navigation, au cours de la période néolithique, joue un rôle essentiel pour le peuplement des îles, et favorise les échanges entre les communautés. Les premières céramiques font leur apparition dans le Midi de la France…
On navigue en méditerranée…
À partir du VIe millénaire avjc, l’avancée de la culture néolithique en France méditerranéenne se fait par la mer. Ce mode de vie se propage rapidement, en quelques siècles.
On a retrouvé des objets en obsidienne qui prouvent que des contacts existent en méditerranée. Grâce à la navigation, il est possible d’échanger et de diffuser des denrées ou des objets. Des gisements d’obsidienne se trouvent alors en Corse et en Sicile…
Selon les régions, la navigation est plus ou moins facilitée par la géographie des côtes, qui parfois sont bordées de roches très abruptes.
D’après des tessons de poterie, céramique cardiale, Sud de la France, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Malgré un accès difficile, des pêcheurs de mollusques néolithiques occupent pourtant l’île de Riou, au large de Marseille. En France, on construit des pirogues en bois parfois de grandes dimensions…
La céramique apparaît dans le Midi
Si les premières communautés néolithiques du Sud de la France sont disparates, elles possèdent un point commun : la technique de décor des objets que les artisans façonnent en terre cuite.
Dans ces régions, les potiers créent des motifs formés de bandes décoratives à l’aide d’un coquillage, le cardium ou coque, d’où le nom de cardiale donné à leur céramique.
D’après un cardium, coquillage utilisé pour les décors de la céramique cardiale ; et des tessons de poterie, céramique cardiale, motifs coquillages, Sud de la France, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
La céramique dite cardiale serait la première à voir le jour en France. Pour réaliser des ornements, les artisans appliquent une technique dite « en creux » en utilisant un coquillage sur une pâte crue ou cuite. Les décors sont donc réalisés par incisions.
Coquillage, peigne ou poinçon pour créer des motifs
Le décor cardial rappelle celui des céramiques des îles italiennes et espagnoles, qui sont des relais de transmission de la culture méditerranéenne. Une influence d’Afrique du Nord n’est pas non plus à exclure.
Plus tard, la culture cardiale se répand dans le nord-ouest de la France. Puis les artisans finissent par abandonner l’usage du coquillage pour créer différents types de décors à l’aide d’un peigne ou d’un poinçon.
Les potiers tracent des motifs variés par incision sur leurs terres cuites. À la fin du néolithique, certains artistes réalisent des motifs en relief parfois en forme de baguettes.
La culture néolithique « cardiale » se diffuse en France
Le premier néolithique méditerranéen, implanté dans le Sud de la France et en Corse, se propage rapidement loin dans les terres. Ainsi, les Causses, l’Aquitaine, les Pyrénées, le Massif Central…, adoptent le mode de vie cardial.
Puis plus tardivement, le Jura, la Bourgogne, le Sud-Est et le bassin de la Loire. L’influence de cette culture néolithique cardiale s’achève vers la fin du Ve millénaire avjc…
Des grottes transformées en bergeries
Dans le Sud de la France, les groupes néolithiques aménagent des abris sous roches ou des grottes pour en faire leur habitat. Ils entretiennent surtout des troupeaux de chèvres et de moutons, dont le type d’élevage provient de la culture néolithique du Proche-Orient. Certaines grottes peuvent faire office de bergerie…
On cultive du blé et de l’orge
À proximité de leur bétail, les premiers cultivateurs défrichent les bois et les forêts. On cultive du blé et de l’orge, et la chasse continue d’assurer une partie de la subsistance.
Les sites néolithiques de Font-Juvenal, dans le Languedoc, de Fontbregoua et de Châteauneuf-les-Martigues, en Provence, témoignent de ce mode de vie dans le Midi de la France.
L’ÉVOLUTION NÉOLITHIQUE PASSE AUSSI PAR LES RÉGIONS DU DANUBE…
L’influence du néolithique danubien est plus puissante et plus homogène. Elle provient des rives roumaines du Danube, et se diffuse à partir du Ve millénaire avjc dans l’Est de la France…
Les motifs décoratifs des poteries néolithiques de style rubané sont incisés dans la pâte crue, et dessinent des rubans ou des mouvements de vagues…
La culture du Rubané en Europe
Des migrants venus de l’Europe centrale forment des groupes culturels dits Rubanés. Les habitats, les sépultures et les décors des céramiques des peuples dits rubanés forment un ensemble qui répond à une certaine unité culturelle… jusque dans le Bassin Parisien.
Dans la culture rubanée, l’habitat est déjà très élaboré. Il révèle une grande homogénéité. Les villageois choisissent leurs sites d’habitations en fonction de l’accès à des terres fertiles et faciles à cultiver.
D’après des céramiques rubanées, à décor en rubans et incrustations de pâte blanche ; une terre cuite rubanée, motifs imprimés, vers 5500 avjc, Haut-Rhin, France ; et une poterie carénée, céramique rubanée, terre cuite noire, Ve millénaire avjc, Bulgarie ; néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Les loess de la France du Nord ou les sols riches en alluvions des plaines et des vallées sont particulièrement propices aux mises en culture.
De grandes maisons danubiennes en bois et torchis
Les communautés danubiennes, qui se distinguent aussi par le style de leurs poteries, construisent de très grandes maisons en bois et en torchis qui mesurent entre 50 et 40 mètres de long.
Les habitants fabriquent le torchis en mélangeant de l’argile et de la paille. Ils couvrent aussi leurs habitations de toits en chaume à double pente. Cinq rangées de poteaux, ou davantage, permettent d’organiser l’espace intérieur des habitations.
Les hôtes des lieux entrent dans la maison par le petit côté abrité. Une dizaine de maisons identiques constituent un village…
Des habitations sur un axe Est-Ouest
Des traces de poteaux et parfois des restes de torchis permettent de reconstituer le modèle des grandes habitations danubiennes, comme par exemple à Cuiry-lès-Chaudardes dans l’Aisne, dans le Bassin Parisien.
Les maisons sont édifiées selon un axe Est-Ouest. C’est le cas à Chamoy, en Bourgogne. On extrait d’abord l’argile nécessaire à la fabrication du torchis. La fosse ainsi creusée servira ensuite de débarras à détritus.
Toute une maisonnée réunie…
Par la suite, la construction des habitations évolue vers une forme plus trapézoïdale et dissymétrique. La maison, surélevée du côté de l’entrée, est plus basse sur son long côté…
De grands poteaux soutiennent la charpente des maisons néolithiques et d’autres, moins imposants, permettent d’installer des cloisons intérieures.
L’espace central de la maison est vaste et peut accueillir un groupe important d’individus. Il est probable que plusieurs membres d’une même famille vivent ensemble. Une autre pièce fait office de réserve ou peut abriter du bétail…
Des bœufs, des porcs et des chèvres
Si on chasse encore dans les villages danubiens, l’élevage fournit la plus grande partie de la viande grâce aux troupeaux de bœufs, de porcs et de chèvres. Comme en Orient, on pratique aussi la cueillette des céréales auxquelles s’ajoutent les pois et les lentilles.
La céramique « rubanée » dans les régions du Nord
L’avancée du courant néolithique danubien se fait lentement, à partir de la Grèce du nord. Mais il faut attendre 1500 ans pour constater, en France, les premiers signes d’une culture néolithique en Alsace, en Lorraine, en Champagne et dans une grande partie du Bassin Parisien…
D’après une poterie, terre cuite à décor rubané, motifs de vagues, décor par incision ; une céramique rubanée, terre cuite, jeu de lignes incisées ; et une poterie, décor au peigne, céramique rubanée, terre cuite ; style danubien, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Un vocabulaire décoratif danubien
Le point commun de ces populations néolithiques est une céramique d’un type particulier : la céramique rubanée. Les artisans fabriquent des terres cuites de qualité, dont les motifs « en rubans » sont caractéristiques…
Les potiers réalisent leurs décors à l’aide de poinçons ou de peignes dans la pâte crue. Rubans, volutes, vagues, lignes, et aussi guillemets et motifs incisés géométriques forment le vocabulaire décoratif danubien.
D’après une poterie, décor incisé, céramique rubanée, terre cuite, vers 4000 avjc ; et un grand vase, décor au peigne, céramique rubanée, terre cuite, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
On inhume les défunts dans des sépultures individuelles
Vers 4000 ans avjc, comme aux temps paléolithiques, on pratique l’inhumation individuelle en pleine terre. La sépulture néolithique de Cys-La-Commune, dans l’Aisne, en France, renferme la dépouille d’une femme recouverte d’une légère couche d’ocre.
La défunte est accompagnée d’un mobilier funéraire, ce qui est encore assez rare à l’époque. Sa parure comprend des bracelets de calcaire et de grès, des colliers en rondelles de calcaire, des perles en coquillages et deux coques provenant de la méditerranée. Des objets circulent entre le Nord et le Sud…
La culture de Michelsberg dans le Nord
En Europe, au IVe millénaire avjc, la culture de Michelsberg et la culture Chasséenne sont les deux cultures néolithiques les plus importantes. La culture de Michelsberg, dont le site éponyme se trouve en Belgique, se répand dans le Nord de l’Europe grâce à ses ateliers spécialisés dans l’extraction du silex.
D’après un haut gobelet, terre cuite, et la reconstitution d’un four, culture de Michelsberg, vers 4000 – 3600 avjc, Allemagne, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
La culture chasséenne se déploie du Sud au Nord
Par ailleurs, la culture chasséenne, dont le site français éponyme de Chassey-le-Camp se situe en Saône-et-Loire, s’épanouit dans le Sud de la France, avant de progresser vers le Nord…
Ses artisans se distinguent par leur art déjà élaboré de la céramique. Le lissé de leurs poteries, au décor géométrique, est soigné.
Les potiers fabriquent des récipients utiles à la cuisson et à la conservation des aliments. Certains modèles sont pourvus de tenons de préhension pour pouvoir les suspendre.
D’après une coupe sur pied, céramique, décor géométrique incisé et pointillé, style chasséen, Bretagne ; et un vase de stockage, céramique chasséenne, vers 4500-3500 avjc, France, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Les potiers chasséens réalisent encore des coupes à socle, servant de supports ou à brûler du parfum ou de l’encens. Ils façonnent aussi des vases carénés et imaginent des décors en damiers incisés et incrustés de pâte blanche.
LA FIGURE HUMAINE, UN SUJET NÉOLITHIQUE
À l’époque paléolithique, les animaux dominent dans les représentations picturales et gravées. Avec l’avènement de la culture néolithique, un nouveau sujet apparaît : la figure humaine…
Un buste fin et menu, aux seins ronds, surmonte de très larges hanches, et distingue la figure féminine néolithique aux traits très stylisés…
On crée des statuettes en terre cuite…
Au néolithique, le thème de la figuration humaine devient le centre d’une représentation du monde signifiante, voire symbolique Ce sujet prend une dimension de plus en plus prépondérante…
Ainsi, les « Vénus » de Fort-Harrouard, – site français néolithique, fortifié, situé en Eure-et-Loire – remontent au IVe millénaire avjc. Les artistes des lieux y façonnent des statuettes féminines en terre cuite.
D’après une statuette féminine acéphale, terre cuite, IVe millénaire avjc, Le Fort Harrouard, Eure-et-Loir, France ; deux statuettes, homme et femme, terre cuite, Ve millénaire avjc, Roumanie ; et des figures aux traits stylisés, figurines fragmentaire, terre cuite, Ve – IIIe millénaire avjc, Tell Metckur, Bulgarie, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Les traits caricaturaux et stylisés de certaines figures néolithiques évoquent des masques…
Une grande simplification du dessin
Comme à l’époque paléolithique, les sculpteurs néolithiques tendent à une simplification du dessin qui valorise la poitrine et les hanches de leurs figures féminines. Mais les formes sont désormais beaucoup moins plantureuses…
D’après une statuette féminine au visage pincé, argile, vers 4000 avjc, Picardie, France, néolithique ; et des femmes vêtues de jupes en peau, peintures rupestres, vers 8 000 avjc, Lérida Espagne, mésolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Le visage « pincé » dans la pâte crue d’une statuette féminine en argile, provenant de Picardie, rappelle que cette même technique est appliquée par les artistes néolithiques de l’Inde ancienne qui, également, représentent des nudités féminines au traits sommaires, mais magnifiées par des coiffures extravagantes…
Voir aussi l’article Inde : du néolithique aux cités de la Vallée de l’Indus – La nudité parée du canon féminin inspire les artistes
DES STÈLES ANTHROPOMORPHES
Des statuettes et des stèles aux attributs féminins
On retrouve le principe de schématisation extrême sur des statues-menhirs néolithiques du Midi de la France, entre les IIIe et IIe millénaires avjc. Beaucoup de stèles anthropomorphes néolithiques représentent essentiellement des attributs féminins et des parures.
Les silhouettes épousent le contour de la pierre. Des cercles évoquent les seins. Les yeux et le nez sont à peine esquissés sur un visage sans bouche. Comme au paléolithique supérieur, il s’agit sans doute d’une absence volontaire… Souvent, les bras sont ramenés sur le devant du corps et portent parfois un objet, peut-être votif..
Des dalles de pierre anthropomorphes…
Dès le IVe millénaire avjc, dans certains dolmens néolithiques, on rencontre de grandes dalles en pierre de forme anthropomorphe. Le plus souvent, elles sont très sommairement sculptées.
D’après une stèle anthropomorphe, calcaire, motif stellaire, vers 2300 avjc, Vaucluse ; et une statue-menhir, style régional, pierre sculptée, Herault, France, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Ce type de grandes pierres gravées ornent les allées couvertes des mégalithes qui abritent des sépultures ou des hypogées… En France, à Carnac et à Gavrinis, et sur le site de La Table des Marchands, en Bretagne, on peut voir des dalles similaires plus soigneusement élaborées.
Une expression presque intemporelle…
Des lignes très schématisées et des formes géométrisées dessinent les parures, les mains, la posture, les attribut …, et donnent aux personnages féminins ou masculins des statues-menhirs une expression symbolique, mystérieuse, presque intemporelle.
Des statues-menhirs fichées en terre…
Comme les premiers menhirs néolithiques, les statues-menhirs du IIIe millénaire avjc, dans le Midi de la France, prennent la forme de monolithes fichés en terre. Le plus souvent, la représentation humaine s’intègre dans les formes de la pierre et se confond avec elle.
Les artistes gravent aussi des visages accompagnés d’un décor plus ou moins sobre ou riche. On peut apercevoir des sortes d’écussons, des carrés, des rectangles ou des éléments de parure.
D’après une statue-menhir, traits schématiques et yeux ronds, Aveyron ; et une statue-menhir, avec armes et parures, Aveyron, France, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Au troisième millénaire avjc, le caractère féminin est davantage explicite. Des seins parfois rehaussés d’un collier apparaissent sur des monuments funéraires.
On grave et on sculpte sur des monolithes
C’est dans le Sud de la France que les statues-menhirs en pierre sont les plus nombreuses. Les « dalles » sont sculptées sur leurs deux faces et les « stèles » sont sculptées sur un seul côté.
En Provence, on peut rencontrer des petites stèles dont les visages sont très géométriques. Dans le Languedoc, les statues-menhirs représentent des hommes et des femmes. Elles mesurent entre 40 centimètres et presque 2 mètres de haut. Il émane de ces figures un aspect monumental, quelle que soient leurs dimensions.
On place des statues-menhirs à l’écart des villages
La région du Rouergue est la plus riche en statues-menhirs anthropomorphes. Elles sont le plus souvent installées en hauteur, en des lieux très boisés et loin des villages.
Ces figures de pierre, tels des « gardiens », se rapportent peut-être à des lieux-carrefours. Pour marquer un territoire? Pour séparer le monde des ancêtres de celui des vivants?
D’après une stèle sculptée, dite La Lombarde, calcaire, vers 2500 avjc, Vaucluse ; et une stèle sculptée, visage stylisé, IIIe millénaire avjc ; France, néolithique. (Marsailly/Blogostelle)
Des figures stylisées aux attributs variés
Hommes et femmes sont souvent sculptés sur les deux faces du monolithe et possèdent des attributs variés – parure, arme, ceinture… – Ces dalles de pierre mesurent 1,50 mètre de haut en moyenne. Quelquefois, on rencontre des hommes « transformés » en femme, mais jamais le contraire.
Parfois, les bras et les mains de ces « portraits » stylisés se rejoignent en une même ligne, et l’accent est mis sur des grands yeux ronds. Un symbole peut magnifier le personnage. La figure évoque parfois l’attitude de la prière, telle celle d’un orant ou d’une orante (?)
Si l’être humain devient une figure centrale de l’expression artistique, les réalisations néolithiques les plus impressionnantes sont les mégalithes. Ces impressionnants assemblages de blocs de roche parsèment alors les paysages néolithiques…
Au cours de la période ancienne du néolithique, en Europe, des peuples construisent des monuments à l’aide de pierres gigantesques. Ces mégalithes sont particulièrement visibles le long de la façade Atlantique…
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