Orient ancien. En Mésopotamie, la civilisation sumérienne se déploie du Tigre à l’Euphrate et de Sumer à Suse

D'après l'art sumérien, Mésopotamie, Orient ancien, Histoire de l'Art. (Marsailly/Blogostelle)

Le rayonnement de Sumer

En Mésopotamie, à la fin du IVe millénaire avjc et au cours du IIIe millénaire avjc, la civilisation sumérienne, née vers 5000 ans avjc, bâtit des cités, des temples et des palais, invente l’écriture, élabore une littérature mythique et l’art de l’épopée. Sumer inaugure la période dite historique définie par l’apparition de l’écriture et la pratique d’une comptabilité élaborée. La culture sumérienne rayonne jusqu’à Suse…

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
 – Version 21 septembre 2024 –

D'après une scène de culte à Inanna, déesse de la Fertilité, souverain coiffé du serre-tête royal et assistant chargé d'offrandes végétales, Uruk, vers 3200 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une scène de culte à Inanna, déesse de la Fertilité, souverain coiffé du serre-tête royal et assistant chargé d’offrandes végétales, Uruk, vers 3200 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

REPÈRES CHRONOLOGIQUES.  Mésopotamie, Sumer : invention de l’écriture vers 3300 avjc. Pays de Sumer et Suse sur le plateau iranien. Époque d’Uruk (Ourouk) : 3700-2850 avjc. Époque de Djemdet-Nasr : 3000-2800 avjc. Période des premières dynasties archaïques sumériennes : 2900 – 2340 avjc. Chronologie Orient ancien

LA CIVILISATION PREND SON ESSOR À SUMER 

En Mésopotamie, l’époque d’Uruk se distingue par ses innovations. Les architectes sumériens élaborent les premiers canons de l’architecture mésopotamienne et les graveurs de sceaux-cylindres développent l’art de la glyptique. L’effigie royale prend une nouvelle dimension…

D'après les étendards de la déesse Inanna et bétail, relief calcaire, Uruk, 3700-2850 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après les étendards de la déesse Inanna et bétail, relief calcaire, Uruk, 3700-2850 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Dans sa partie basse, l’Euphrate dessine avec le Tigre les contours de la Mésopotamie. Au IVe millénaire avjc, de grands travaux d’irrigation sont engagés dans les plaines fertiles de la Mésopotamie. La population s’accroît. À l’époque d’Uruk, entre 3700 et 2850 avjc, les Sumériens construisent des cités entre les fleuves Tigre et Euphrate…

Uruk, cité-état au pays de Sumer

Au pays de Sumer, la vie artistique, culturelle, sociale et économique s’organise autour du pouvoir royal et sacerdotal incarné par le souverain de chaque cité. La société sumérienne, hiérarchisée, s’appuie sur un système administratif complexe. 

D'après une auge cultuelle, étendards de la déesse Inanna et bétail, calcaire, Uruk, 3300-3000 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une auge cultuelle, étendards de la déesse Inanna et bétail, calcaire, Uruk, 3300-3000 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Bâtisseurs et novateurs, les sumériens inaugurent une architecture monumentale. Temple et palais royal sont le cœur de chaque cité. Sur les représentations, le roi mésopotamien idéal, à la fois souverain, prêtre et jardinier, arrose l’arbre de vie et nourrit le troupeau sacré de la déesse de la Fertilité, Inanna…

Les Sumériens inventent l’écriture vers 3300 avjc et les scribes d’Uruk composent des textes gravés sur des tablettes d’argile. Les Sumériens pratiquent aussi une comptabilité élaborée grâce aux calculi. Les artistes gravent en creux des sceaux-cylindres qui deviennent le support d’une nouvelle expression artistique : l’art de la glyptique…

L’art des sceaux – cylindres

Les Sumériens utilisent des sceaux pour garantir leur comptabilité, sceller leurs transactions, signer des actes de propriété… Les sceaux-cylindres en pierre sont gravés en intaille pour imprimer ensuite leurs motifs dans l’argile fraîche. 

D'après des sceaux - cylindres, lapis-lazuli, cornaline et jaspe, 3300-2500 avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après des sceaux – cylindres, lapis-lazuli, cornaline et jaspe, 3300-2500 avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Les graveurs de sceaux-cylindres utilisent des pierres dures et précieuses de différentes couleurs tels le lapis-lazuli (bleu), la cornaline (rouge), le jaspe (vert), l’obsidienne (noire), l’améthyste (violette) ou encore l’agate et la stéatite aux nuances variées…

Les graveurs sumériens réalisent de nombreux sceaux – cylindres et les artistes développent ainsi l’art de la glyptique avec des décors et des motifs en miniature en creux et en relief.

Cet art connaît une apogée à l’époque de Djemdet-Nasr, vers 3000 ans avjc, puis sous la dynastie d’Akkad, quand les graveurs d’Agadé perpétuent et renouvellent la tradition sumérienne des sceaux-cylindres…

D'après une scène mythique, sceau cylindre sumérien, IIIe millénaire avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une scène mythique, sceau cylindre sumérien, IIIe millénaire avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Voir l’article Orient ancien Agadé : de Sargon à Narâm-Sîn, un art royal sublime la figure du souverain

À l’époque des premières cités mésopotamiennes, les potiers sumériens des époques d’Uruk et de Djemdet-Nasr produisent des céramiques en quantité. Les artistes sculptent par ailleurs des vases en pierre et composent des reliefs en terre cuite (en deux dimensions).  

D’après une scène de chasse, fauves et caprinés, relief, terre cuite, période de Djemdet-Nasr et Uruk ; céramique peinte, motif végétal, période de Djemdet-Nasr, Kish, 3150 – 2900 avjc, Khafadje ; vase en pierre sculptée, bovidés et caprinés en haut relief ; fin IVe millénaire avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

L’ingénieux système des calculi 

Parmi les innovations les plus importantes, les Sumériens perfectionnent un système de comptabilité à l’aide de calculi. Les calculi s’apparentent à des jetons d’argile dont la forme varie en fonction de l’objet qu’ils représentent.

D’après des jetons de comptabilité provenant de Suse, IVe millénaire avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après des jetons de comptabilité provenant de Suse, IVe millénaire avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Les calculi permettent de désigner et de quantifier des biens et des marchandises. Les Mésopotamiens utilisent déjà des calculi dans ces contrées trois mille ans avant la naissance de l’écriture.

Pour faire leurs comptes, les Sumériens enferment leurs jetons dans des enveloppes-bulles d’argile avant de les sceller. Ils marquent la surface extérieure de ces bulles de l’empreinte d’un sceau-cylindre. Le sceau permet ainsi d’en garantir le contenu…

D'après une bulle - enveloppe et calculi, argile, Uruk, vers 3400 avjc, provenant de Suse, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une bulle – enveloppe et calculi, argile, Uruk, vers 3400 avjc, provenant de Suse, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Puis les artisans gravent des encoches à l’aide d’un calame (roseau taillé, symbole des scribes) pour signifier le nombre de calculi contenus dans l’enveloppe d’argile. Les artisans façonnent de nombreux petits jetons en terre cuite aux formes variées, dont les modèles correspondent à des nombres différents.

Dans un premier temps, les calculi sont donc enfermés dans des enveloppes-bulles en argile molle. Plus tard, les Mésopotamiens remplacent les calculi par un dessin de l’objet à côté des impressions qui en indique le nombre.

D’après une tablette pictographique, argile, Uruk, 3700-2850 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une tablette pictographique, argile, Uruk, 3700-2850 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Peu à peu, la bulle s’aplatit et se transforme en support pour dessiner. Ce cheminement aboutit, vers 3300 avjc, à l’élaboration d’un système graphique figuratif : l’écriture pictographique.

Les Mésopotamiens évoluent ensuite vers un système d’idéogrammes qui se rattache désormais au langage et non plus à l’objet. Dans un premier temps pictographique, l’écriture évolue jusqu’au cunéiforme qui permet de fixer la langue sumérienne. Avec les premiers écrits sumériens, l’Histoire commence…

D’après des pictogrammes, tablette en argile, Uruk, 3700-2850 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après des pictogrammes, tablette en argile, Uruk, 3700-2850 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Voir aussi l’article Des créations mésopotamiennes au génie de Sumer : céramique, architecture, écriture…

De la ville d’Uruk (actuel Irak), dans la sphère sumérienne, à celle de Suse, en pays d’Élam (plateau iranien), les populations prospèrent et innovent.

La précédente culture mésopotamienne d’Obeid (VIe – IVe millénaire avjc) se propage jusque dans les contrées de d’Élam. Au IVe-IIIe millénaire avjc à Suse, les populations adoptent une culture comparable à celle d’Uruk à la même époque…

D’après une coupe, taureaux et épis de blé, stéatite, 3500-3000 avjc ; vase, motifs bovidés, calcaire, 3700-2850 avjc ; cruche, lions et taureaux, dessin, Djemdet-Nasr, vers 3000 avjc ; motifs en haut-relief, style d’Uruk, IVe millénaire avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Dynamique, la cité de Suse colonise peu à peu le plateau iranien et installe de plus en plus de relais sur les voies marchandes. Dans le domaine de l’artisanat, les artisans d’Uruk taillent des vases en pierre à motifs animaliers parfois en très fort relief…

Déjà très présents dans l’iconographie de l’époque néolithique orientale, les taureaux, les caprinés (chèvres, bouquetins, antilopes, gazelles…) et les fauves inspirent souvent les créations mésopotamiennes…

D'après une cruche, lions et taureaux, motifs en haut-relief, albâtre, Djemdet-Nasr, vers 3000 avjc, Uruk, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une cruche, lions et taureaux, motifs en haut-relief, albâtre, Djemdet-Nasr, vers 3000 avjc, Uruk, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

En Mésopotamie comme ailleurs dans le monde ancien, la végétation et les animaux sont une source d’inspiration artistique intemporelle, décorative, symbolique et sacrée… 

Au cours de la période d’Uruk, la culture et l’architecture sumériennes se développent… Les maîtres d’œuvre adoptent et respectent certains canons dans leurs constructions. L’écriture fait son apparition ce qui facilite la gestion des biens et les échanges commerciaux.

D’Uruk au pays de Sumer à Suse en Élam, la vie économique prend son envol, au-delà des limites d’une centralisation autour du temple et du palais des cités – états.

D'après une tablette de comptabilité, cellériers au travail, cellier et provisions, argile, période d'Uruk, vers 3300 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une tablette de comptabilité, cellériers au travail, cellier et provisions, argile, période d’Uruk, vers 3300 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Dopé par l’invention de l’écriture et le système de calcul, le développement économique favorise l’essor de richesses personnelles. Les Sumériens perfectionnent le système de comptabilité qui s’applique aux contrats officiels et aux transactions des personnes privées.

En pays élamite (plateau iranien), la pratique de l’écriture reste encore timide. Au cours de la période proto-élamite et d’Uruk, les artisans mésopotamiens façonnent des poteries en série de qualité assez sommaire, moins belles que les modèles peints de l’époque précédente (Samarra, Obeid).

D’après des calculi, jetons et enveloppe-bulle, argile, 3700-2850 avjc ; sceau-cylindre, motifs roi et arbre de vie, bélier en haut-relief, époque de Djemdet-Nasr, 3000-2800 avjc ; Uruk, Irak actuel,  Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Statuaire et objets d’art

Une statuette d’orant (personnage en prière) sculptée dans le calcaire jaune, véritable ronde-bosse, témoigne de la plus ancienne statuaire créée à Uruk. Les artistes inaugurent un style aux formes ramassées et stylisées parfois presque cubistes.

Par ailleurs, les sculpteurs mésopotamiens innovent en expérimentant la sculpture en ronde bosse (en trois dimensions) dans l’albâtre. L’art de la statuaire commence à prendre de l’importance…

D’après un personnage masculin nu et barbu coiffé d’un serre-tête, possible effigie royale, albâtre, statuette ; statuette d’orant, personnage en prière, vers 3300 avjc, calcaire jaune ; un visage féminin, albâtre, statuaire ; période d’Uruk, 3700-2850 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Sur la plateau iranien, à Suse, les artistes créent de nombreux petits vases et figurines votives en albâtre. Les objets votifs sont des offrandes destinées aux dieux pour obtenir la réalisation d’un vœu ou pour matérialiser un remerciement dédié à une divinité… 

Possibles objets cultuels ou votifs, des idoles mésopotamiennes très schématiques, sculptées dans l’albâtre ou façonnées en terre cuite, laissent imaginer une importance spirituelle, symbolique et apotropaïque des yeux.

Daprès une double idole aux grands yeux, albâtre, 3700 – 3500 avjc, Tell Brak ; idole aux grands yeux, terre cuite et engobe, vers 3500 avjc ; Syrie actuelle, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Les objets apotropaïques (amulettes, statuettes…) conjurent le mauvais sort et protègent contre toute mauvaise influence. La mise en valeur des yeux est une constante dans la statuaire mésopotamienne.

Par ailleurs, des épingles en cuivre au décor élaboré témoignent de la maîtrise de la technique de la fonte à la cire perdue.

D’après une épingle à décor de danseuses, Tello, vers 3000 avjc, Irak actuel ; épingle à bouquetin, période proto-élamite et d’Uruk, vers 3300 avjc, provenant de Suse, plateau iranien ; cuivre, fonte à la cire perdue, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Les artisans travaillent le cuivre avec la technique de la cire perdue pour fondre des objets. Un moule unique sert de réceptacle au métal fondu, ensuite brisé pour récupérer l’objet ainsi façonné…

Vers 3000 ans avjc, au pays de Sumer, les artistes d’Uruk façonnent des vases en pierre dont les formes s’inspirent de celles de la céramique. Ces modèles originaux sont rehaussés d’éléments incrustés colorés en pierres dures et coquilles.

D’après un vase rituel à bec et coupe, pierre calcaire et incrustations colorées, Uruk, 3700-2850 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Les incrustations forment des motifs géométriques et végétaux sur les coupes, pots et vases à bec, écuelles…

LA FIGURE ROYALE SUMÉRIENNE

Uruk, cité sumérienne de la déesse Inanna et du dieu Anu, abrite temples et palais. Le souverain, dit roi-prêtre, barbu et paré d’un serre-tête, incarne probablement un pouvoir royal et sacerdotal…

D’après un personnage masculin barbu coiffé d’un serre-tête, possible effigie royale, albâtre, statuette, Uruk, 3700-2850 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un personnage masculin barbu coiffé d’un serre-tête, possible effigie royale, albâtre, statuette, Uruk, 3700-2850 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Une statuaire en ronde bosse 

Des statuettes sculptées dans le calcaire figurent des personnages masculins nus, barbus et en prière. Dans l’attitude des orants, ces rois-prêtres ou chefs en prière figurent parmi les premiers témoignages de la sculpture sumérienne en ronde bosse (en trois dimensions).

Cependant, les artistes travaillent encore leur sculpture sans parvenir encore à dégager complètement leur sujet de la pierre.

D’après des statuettes royales en orants ou chefs en prière, calcaire, vers 3300 avjc, Sud de la Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après des statuettes royales en orants ou chefs en prière, calcaire, vers 3300 avjc, Sud de la Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Ces statuettes présentent la personne royale parée d’un serre-tête, nue dans l’attitude d’un orant, en prière. Cette nudité semble inédite et peu habituelle.

Par contre, l’évocation et l’exaltation de la piété du souverain inaugure le principe d’une longue tradition culturelle et artistique en Mésopotamie, où le souverain semble jouer un rôle à la fois royal et sacerdotal…

Voir aussi l’article Les artistes sumériens exaltent la dévotion des souverains

D'après un sceau-cylindre, scène d'offrande végétale à Inanna, calcaire, époque d'Uruk, vers 3300-2500 avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un sceau-cylindre, scène d’offrande végétale à Inanna, calcaire, époque d’Uruk, vers 3300-2500 avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

À la fin du IVe millénaire avjc, à Uruk au pays de Sumer comme à Suse en Élam, on rencontre plusieurs exemples de ce personnage royal barbu et coiffé d’un serre-tête, dit Roi-Prêtre. Le souverain apparaît en prière, en guerrier victorieux, à la chasse, en garant de bonnes récoltes et de la fertilité des troupeaux sous l’égide de la déesse Inanna… 

Symbole de la déesse de la Fertilité Inanna – Ishtar, les étendards de la grande déesse sont composés de hampes à boucle et d’une sorte de banderole. 

D'après les étendards d'Inanna, détail, auge cultuelle, calcaire, Uruk, 3300-3000 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après les étendards d’Inanna, détail, auge cultuelle, calcaire, Uruk, 3300-3000 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Les artistes mettent en scène la personne royale nourrissant le troupeau sacré de la déesse Inanna, par exemple sur des sceaux imprimés dans l’argile. 

Sur une empreinte de sceau de l’époque de Djemdet-Nasr, le roi se présente dans une attitude solennelle et hiératique devant des caprinés vers qui il tend des végétaux.

D'après le roi nourrissant le troupeau sacré d'Inanna, empreinte de sceau, Uruk, vers 3000 avjc, époque de Djemdet-Nasr, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le roi nourrissant le troupeau sacré d’Inanna, empreinte de sceau, Uruk, vers 3000 avjc, époque de Djemdet-Nasr, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

L’enclos est marqué par des hampes à boucle en roseau qui symbolisent les étendards de la déesse de la Fertilité et des troupeaux. La hampe forme l’idéogramme utilisé par les scribes pour désigner Inanna. 

Les animaux cabrés sont traités de manière parfaitement symétrique. Une conception fondée sur la symétrie distingue l’art mésopotamien et oriental…

Sur une autre empreinte de sceau, là encore les animaux du troupeau sont présentés de manière symétrique dans un univers en deux dimensions et stylisé. On retrouve la notion de symétrie et de stylisation sur des fragments de calcaire sculptés en relief. Mais cela n’empêche en rien un rendu très vivant des sujets…

D'après le roi nourrissant le troupeau sacré, enclos et étendards d'Inanna, empreinte de sceau, argile, Uruk, vers 3000 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le roi nourrissant le troupeau sacré, enclos et étendards d’Inanna, empreinte de sceau, argile, Uruk, vers 3000 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

À l’époque d’Uruk, le roi devient un sujet officiel

Des représentations de scènes guerrières et cultuelles sur différents supports, sceaux, vases et stèles, évoquent une personnalité souveraine qui assume à la fois un pouvoir politique et un rôle sacerdotal (religieux).

Le personnage royal, coiffé d’un serre-tête, souvent revêtu d’une robe ou d’une jupe longue, se présente dans une attitude pieuse, solennelle et hiératique… 

D'après la stèle de La Chasse, roi terrassant un lion, Uruk, vers 3300 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la stèle de La Chasse, roi terrassant un lion, Uruk, vers 3300 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

L’image royale semble répondre à un canon ou à une sorte de protocole. Le roi, vêtu d’une jupe en forme de cloche, arbore souvent une barbe imposante et porte un serre-tête dans ses cheveux. Sur une stèle d’Uruk, le roi se distingue dans une chasse au lion. Le style massif de la sculpture en haut relief s’explique par un travail sur une pierre très dure.

Les artistes sumériens représentent le souverain dans différentes situations. La personne royale devient un sujet officiel. Ainsi, les œuvres sculptées et gravées nous montrent le roi à la chasse, en guerrier victorieux écrasant ses ennemis ou ramenant de nombreux captifs… On rencontre également ce thème royal dans l’art égyptien.

D'après le roi au combat devant un temple, empreinte de sceau, époque d’Uruk, vers 3300 avjc, Suse, plateau iranien, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le roi au combat devant un temple, empreinte de sceau, époque d’Uruk, vers 3300 avjc, Suse, plateau iranien, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Des images montrent la personne royale en train de vaquer à ses pieuses activités : en prière, rendant le culte à la déesse Inanna, nourrissant le troupeau sacré, arrosant l’arbre sacré… C’est peut-être dans ce contexte que certains grands mythes mésopotamiens puisent leur source, telle l’épopée de Gilgamesh, roi légendaire d’Uruk…

Voir aussi l’article L’Orient ancien. Une mosaïque culturelle et artistique, littéraire et mythologique

D’après les étendards d'Inanna, enclos et troupeau, dessin, auge cultuelle, calcaire, Uruk, 3300-3000 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après les étendards d’Inanna, enclos et troupeau, dessin, auge cultuelle, calcaire, Uruk, 3300-3000 avjc, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Parallèlement à la culture sumérienne d’Uruk qui inaugure les principes de l’architecture mésopotamienne, celle de Suse, sur le plateau iranien, prend son essor et affirme son originalité… À la fin du IVe millénaire avjc et au IIIe millénaire avjc, de Sumer à Suse, les artistes pratiquent l’art de la glyptique…

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Sommaire Orient Ancien

Une aventure ? L’épopée de Gilgamesh (Mésopotamie) : des tablettes du XIIIe siècle avjc racontent l’épopée du roi Gilgamesh en quête d’immortalité… (il aurait régné vers 2600 avjc sur la cité d’Uruk (ou Ourouk )… Un livre ? L’Histoire commence à Sumer, de Samuel Noah Kramer (1956).

D'après une carte de la Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une carte de la Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Publié par Maryse Marsailly

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