Sous les premières dynasties Thinites, le dieu faucon confère la royauté…
Il était une fois l’Égypte des Pharaons (1) … Les deux premières dynasties de l’époque Thinite, qui précèdent celles de l’Ancien Empire, sont à ce jour encore peu connues. Mais une civilisation nouvelle voit le jour vers 3400 ans avjc. Haute et Basse Égypte sont alors unifiées sous l’autorité royale. Cette culture se distingue par le développement de l’écriture des hiéroglyphes et par le rayonnement de la double royauté. La symbolique et la réactualisation rituelle de la double royauté vont perdurer tout au long de l’histoire de l’Égypte Ancienne. Les architectes Thinites innovent et construisent les premiers mastabas…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière révision novembre 2017 –

HORUS PROTÈGE LES PHARAONS THINITES
Les premiers pharaons remontent à l’époque Thinite…. Sous la première dynastie, la capitale se déplace de This (d’où le mot Thinite) à Memphis … Cette période précède et annonce la période de l’Ancien Empire qui perdure cinq siècles, entre 2980 – 2475 avjc… Haute et Basse Égypte sont alors unifiées sous l’autorité royale de pharaon, sur laquelle repose la solidité de la société égyptienne…
Le faucon veille sur le roi et sa demeure
À l’époque Thinite, on enfouit dans la tombe du souverain Thinite dit roi serpent, une stèle monumentale d’environ 1,45 mètre de haut… Le bas-relief représente le souverain-serpent dans une forme rectangulaire qui représente sans doute son palais.
Des éléments de façade évoquent les piliers qui devaient orner la résidence royale… Cette stèle porte l’un des plus anciens exemples de hiéroglyphes, qui apparaissent à l’époque des premières dynasties égyptiennes, vers 3200 avjc…
D’après le Roi Qahedjet et Horus, calcaire, vers 2700-2620 avjc, Ancien Empire ; et la stèle dite du Roi Serpent, calcaire, détail, première dynastie, vers 3000 avjc, époque Thinite, Abydos ; Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Au-dessus du cartouche royal, apparaît le dieu faucon… L’œil et la queue de l’oiseau sont dessinés de face, le corps et les pattes sont présentées de profil. Dans l’art égyptien, les artistes respectent un canon et des conventions immuables qui vont perdurer jusqu’à la fin de l’époque romaine…
REPÈRES CHRONOLOGIQUES
Époque de Nagada : vers 4000-3400 ans avjc. Apparition de l’écriture : vers 3200 ans avjc. Époque Thinite vers 3400 – 2980 avjc. Ancien Empire vers 2980 – 2475 avjc. Moyen Empire vers 2160 – 1788 avjc. Nouvel Empire vers 1580 – 1090 avjc. Troisième période intermédiaire vers 1090 – 663 avjc. Basse Époque vers 663- 525 avjc. Domination Perse : 525-332 avjc. Époque ptolémaïque 332 – 30 avjc. Conquête Romaine : 30 avjc- 395 apjc. Période Copte : IVe avjc à XIIe siècles apjc. Conquête arabe : 641 apjc. Chronologie détaillée de l’Égypte Ancienne

LE ROI HORUS-COBRA
Le nom de Horus-cobra correspond au titre officiel du pharaon et identifie le roi comme un successeur du dieu Horus. On traduit le signe égyptien cobra par le son dje. La plupart des noms des premiers rois de l’Égypte ancienne se rattachent à cet épithète élogieux.
Le cobra royal protège le royaume d’Égypte
Le nom Horus continue par la suite à figurer dans la titulature des cinq noms officiels des pharaons. Le cobra est un serpent qui se dresse prêt à fondre sur ses proies ou ses adversaires. Au front des dieux ou des souverains, il protège le royaume d’Égypte…
Dans le panthéon égyptien, le faucon symbolise le dieu Horus, fils de la déesse Isis et du dieu Osiris. Mais on rencontre aussi le faucon dans les représentations du dieu Soleil à tête de faucon Rê-Horakhty, dit Horus de l’Horizon, la divinité solaire dont la puissance lumineuse se manifeste à son zénith…
D’après le dieu Rê à tête de faucon, coiffé du disque solaire, brandissant la plume de la déesse Maât, figurine en bois, XVIIIe dynastie, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
On représente la déesse Maât, dont le nom signifie Vérité, couronnée d’une plume ou sous la forme d’une plume. Elle incarne la Vérité, la Justice, l’Ordre et l’Équilibre universels…
Le dieu faucon confère la royauté
Sur une stèle de calcaire plus tardive, qui remonte à la IIIe ou à la IVe dynastie, le Roi Qahedjet (vers 2700-2620 avjc) semble embrasser son protecteur Horus. Le dieu se manifeste sous sa forme anthropomorphe à tête de faucon. Sur cette stèle sculptée en très léger relief (méplat), le roi Qahedjet porte la couronne blanche de Haute-Égypte.
Au-dessus de la tête d’Horus, on aperçoit le symbole du palais royal… Le dieu faucon confère la royauté à Qahedjet qui, enlacé avec lui, s’identifie à lui… On installe alors ces modèles de stèles dans les ensembles funéraires royaux, qui sont considérés comme des espaces sacrés… On retrouve le faucon sur une statue du roi Khéphren sous la IVe dynastie…
D’après le Roi Qahedjet et Horus,calcaire, détail, vers 2700-2620 avjc, Ancien Empire ; Horus en cavalier romain terrasse les forces du désordre, grès, IVe siècle apjc, style égyptien-gréco-romain, époque Romaine ; et le pharaon Khéphren sous la protection du dieu faucon, IVe dynastie, vers 2930-2750 avjc, Ancien Empire, Gizeh ; Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Le dieu faucon perdure jusqu’à l’époque romaine…
Dans le panthéon égyptien, Horus incarne le premier pharaon mythique qui règne sur Les Deux-Terres. Il est le protecteur de la royauté légitime. Le thème du dieu Faucon se perpétue tout au long de la civilisation égyptienne. On le représente encore tardivement, à l’époque romaine, en armure…
LES TOMBES DE HIÉRAKONPOLIS, LA CITÉ DU FAUCON
Hiérakonpolis, nom grec de l’ancienne Nekhen, en Haute Égypte, est la cité du dieu faucon Horus. C’est à Hiérakonpolis que les archéologues découvrent la célèbre palette du roi Narmer. Cette oeuvre sculptée dans le schiste témoigne peut-être de l’unification de l’Égypte sous le règne du premier souverain de la Première dynastie vers 3100 avjc. En grec, Hiérakon signifie le faucon, et polis signifie ville…

Les tombes prédynastiques de Hiérakonpolis
Les chercheurs découvrent aussi à Hiérakonpolis des tombes plus anciennes que celle du roi Narmer. Ces imposantes sépultures remontent au moins à 3700 avjc, à l’époque prédynastique.
Les tombeaux, surmontés de structures en bois, seraient la dernière demeure de rois locaux ou régionaux, riches et puissants. Parmi le mobilier funéraire, se trouvent de la vaisselle et des objets précieux… D’autres personnes, proches et serviteurs sans doute, reposent auprès des souverains…
La nécropole de Hiérakonpolis abrite encore, dans un espace délimité, des éléments d’architecture à piliers qui forment des sortes de salles hypostyles. Les murs de ces sanctuaires, sans doute imposants à l’origine, sont peints.
Ces constructions, qui se perpétuent sur plusieurs générations, sont probablement les tous premiers temples funéraires de l’Égypte ancienne…
D’après une palette à fard, animaux sauvages et fabuleux, et cupule, schiste, vers 3400 – 3200 avjc, début de la dynastie Thinite, Hiérakonpolis, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Des animaux sont inhumés à Hiérakonpolis
Des animaux sauvages et domestiques sont également inhumés avec soin sur les lieux. Ces animaux accompagnent dans l’au-delà les anciens rois défunts. Plus de soixante-dix espèces différentes d’animaux sont enterrés là. Leur présence laisse imaginer l’existence d’une vaste ménagerie royale…
Ainsi, babouins, éléphants d’Afrique, antilopes africaines, léopards, chiens, chats… reposent dans cette nécropole auprès des humains. Il est possible que cette ménagerie symbolise la richesse et la puissance royale…
À l’époque prédynastique de Nagada, vers 4000-3400 ans avjc, on rencontre des animaux exotiques ou fantastiques représentés sur les décors sculptés des palettes à fard, sur des céramiques ou encore sur des manches de couteau en ivoire…
D’après des animaux sauvages et fabuleux, et girafe, détails, palette à fard, schiste, vers 3400 – 3200 avjc, début de la dynastie Thinite, Hiérakonpolis, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Hiérakonpolis devient un lieu de mémoire
En 2014, à Hiérakonpolis, les archéologues mettent au jour une sépulture presque intacte, qui a échappé aux pillages au cours des siècles. Dans cette tombe, reposent une dizaine de peignes et une statuette d’homme barbu en ivoire, des armes et des outils…
Au cours de la Première dynastie, quelque 500 ans plus tard, cette sépulture bénéficie d’un travail de restauration… Cette restauration suggère l’importance accordée à la mémoire des défunts et à l’entretien de leur dernière demeure…
On dépose des offrandes dans les temples ancestraux
Les anciens égyptiens abandonnent peu à peu l’enceinte funéraire de Hiérakonpolis à la fin de la période prédynastique. Mais on continue de venir déposer des offrandes dans ces temples ancestraux, comme des jarres de bière et de pains.
Au début de la troisième dynastie encore, il semble que ces lieux sacrés, déjà vieux de près de 1 000 ans, continuent d’être honorés par un nombre important de dépôts rituels…

Les âmes des ancêtres royaux de Nekhen et de Pé
Durant longtemps, les égyptiens perpétuent la mémoire des âmes de Nekhen, qu’ils considèrent comme les âmes des anciens rois de la Haute-Égypte. De la même façon, on commémore les Âmes de Pé, qui sont celles des anciens rois de la Basse-Égypte.
Les âmes de Nekhen et de Pé s’intègrent dans le panthéon égyptien, associées aux activités cultuelles des rois… Avant la réunion des deux royaumes, les capitales de ces souverains ancestraux sont Nekhen au Sud et Bouto au Nord…
Les âmes de Nekhen et de Pé sont représentées comme des déités à tête de chacal et de faucon. Comme on peut le voir dans le temple funéraire de Sethi Ier, les âmes de ces ancêtres royaux accompagnent pharaon lors de ses activités rituelles et sacrées…

Narmer, fondateur de la dynastie Thinite
La tradition égyptienne attribue la réunion des deux pays au roi Ménès (nom donné par la tradition grecque au roi du Sud) qui aurait fondé vers 3000 ans avjc la ville de Memphis, dont le nom signifie la balance des deux pays…
Horus Menej Ménès est parfois assimilé à Narmer, fondateur de la première dynastie Thinite. Ménès et ses successeurs résident sans doute dans la ville de This (ou Thinis) en Haute-Égypte, non loin d’Abydos où sont érigés leurs tombeaux.
Une civilisation nouvelle voit alors le jour. Elle se distingue par le développement de l’écriture des hiéroglyphes et par le rayonnement de la double royauté sur la Basse et la Haute Égypte. La réactualisation rituelle et la symbolique de la double royauté vont perdurer tout au long de l’histoire de l’Égypte Ancienne…
La Basse -Égypte : le Nord du pays (Delta), la déesse Cobra Ouadjet, l’ancestrale et guerrière déesse Neith, la Couronne Rouge, symbole l’Abeille, et plante emblématique le papyrus. La Haute-Égypte : le Sud du pays, la déesse Vautour Nekhbet, la Couronne Blanche, symbole le Jonc (roseau) et plante emblématique le lys ou lotus. Le roi de Haute et Basse-Égypte est Celui qui appartient au jonc et à l’abeille, dont le pouvoir royal s’exprime dans la double couronne, le Pschent…
D’après l’emblème de la déesse Hathor et le roi Narmer, des serviteurs et défilé des étendards, détails, palette à fard de Narmer, schiste, vers 3400 – 3200 avjc, début dynastie Thinite, Hiérakonpolis, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Le triomphe de Narmer, roi de Haute et Basse Égypte
À la fin de la période de Nagada et au début de l’époque Thinite, les artistes sculptent dans le schiste des grandes palettes à fard. Ces chefs-d’œuvre en bas-relief sont des ex-votos destinés aux sanctuaires pour commémorer des événements marquants.
Sur la palette de Narmer (64 centimètres), la composition célèbre la victoire de pharaon sur les forces du désordre et sur ses ennemis… Sur une face le roi porte la couronne blanche du Sud, la Haute-Égypte.
Sur l’autre face, Narmer est coiffé de la couronne rouge du Nord, la Basse-Égypte. Pharaon, qui règne sur Les Deux-Terres empoigne ses adversaires ou les piétine sous la forme d’un taureau…

Le roi vainqueur s’affiche en tenue rituelle…
Sur la première face, l’artiste inscrit le nom du roi Narmer en hiéroglyphes, entouré par deux têtes de vache. La tête de vache est l’emblème d’Hathor, divinité de la joie, de la musique et de la danse et grande déesse céleste. Dessous, l’artiste compose trois registres superposés.
Le roi porte la couronne rouge et la tenue rituelle royale : un pagne de cérémonie à deux pans, une ceinture ornée d’une queue d’animal et les insignes du pouvoir, fouet ou flagellum et massue. Un serviteur porte les sandales royales…
D’après le roi-taureau victorieux, palette de Narmer, détail, schiste, vers 3400 – 3200 avjc, dynastie Thinite, Hiérakonpolis ; et une palette au taureau écrasant des ennemis et lion dans la ménagerie, schiste, vers 3400 avjc, période prédynastique, Abydos, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
On rencontre le thème du taureau qui terrasse ses ennemis dès l’époque prédynastique. C’est un symbole du triomphe du roi sur les forces du désordre…
Deux animaux fabuleux à très long cou
Des ennemis sont décapités ou enchaînés, des personnages portent les étendards des régions conquises. Deux animaux fabuleux à très long cou, tenus en laisse par deux personnages barbus, entourent la cupule centrale qui permet de broyer le fard. Mais il semble que cette palette soit davantage un objet symbolique et de prestige qu’un objet usuel.
D’après le thème du maître des animaux, détail, palette de Narmer, schiste, vers 3400 – 3200 avjc, dynastie Thinite, Hiérakonpolis ; et le poignard de Guebel el-Arak, bosse de préhension, maître des animaux, ivoire sculpté, vers 3300-3200 avjc, Guebel el-Arak, période prédynastique de Nagada, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Comme sur d’autres palettes à fard, on retrouve là le thème du maître des animaux, un motif très répandu dans l’art Mésopotamien… que l’on rencontre aussi dans la civilisation de l’Indus et dans l’art celte…
Des milliers d’ennemis vaincus…
Au revers de la palette, dans une composition en deux registres, l’artiste représente le roi en très grandes dimensions. Un grand roi, donc, qui brandit sa massue et terrasse ses ennemis… Narmer, toujours en tenue rituelle, porte cette fois la couronne blanche du Sud.
On retrouve le symbole du palais et le nom du roi en hiéroglyphes, les emblèmes d’Hathor et le porteur de sandales. Le dieu Faucon Horus veille… et maintient en laisse un captif dont la tête émerge du hiéroglyphe « milliers » Le triomphe de pharaon se chiffre en milliers d’ennemis vaincus…

LES ARCHITECTES THINITES CONSTRUISENT LES PREMIERS MASTABAS
À l’époque Thinite, les architectes innovent en concevant les premiers mastabas… Ce sont des monuments funéraires et sacrés construits en briques crues. Dans ces tombeaux, situés à Abydos, en Haute-Égypte, et à Saqqara, en Basse -Égypte, reposent les rois et les grands dignitaires. La forme « en banquette » de ces constructions a inspiré leur nom de mastaba, qui signifie banc en arabe…
Le motif dit en façade de palais
Les bâtisseurs élaborent des mastabas dont les murs en façade sont percés de hautes portes. Ces monuments, qui possèdent un aspect fortifié, se distinguent par un jeu architectural d’avancées et de retraits. Ils sont souvent ornés d’une corniche…
À la même époque en Mésopotamie, avec qui les échanges sont attestés, des constructions sont également enrichies de murs à redents, qui sont des motifs décoratifs saillants…
D’après le mastaba de la reine Merneith à Saqqara, reconstitution, Iere dynastie Thinite ; des motifs dits en façade de palais, reconstitution d’un décor de mastaba, époque Thinite-ancien Empire ; et les mastabas d’Abydos à grandes stèles, schéma, dynastie Thinite, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Mais il n’est pas certain que les architectes Thinites empruntent ce motif ou soient influencés par l’art mésopotamien. Il semble que les artistes Thinites transposent dans la brique le style de constructions plus anciennes, réalisées auparavant grâce à un assemblage de nattes en vannerie sur des poteaux.
Ces modèles de poteaux sont peut-être à l’origine du motif dit en façade de palais, qui symbolise le roi vivant à l’époque pharaonique et le passage vers le monde des morts dans l’iconographie funéraire… Élevé sous la Première dynastie Thinite, l’imposant mastaba de la reine Merneith, à Saqqara, mesure 30 mètres de côté…
Un mastaba principal et une nécropole privée
Les bâtisseurs Thinites conçoivent une enceinte qui sépare le tombeau principal de la nécropole privée réservée aux membres proches de l’entourage royal, dont les tombes sont plus modestes…
À l’intérieur des mastabas, des chambres en briques crues forment des compartiments dans lesquels sont déposés le mobilier funéraire des défunts : vêtements, récipients en terre cuite ou en pierre, aliments, statuettes… À Saqqara comme à Abydos, les tombes privées sont installées contre l’enceinte du mastaba principal.
Ces sépultures de courtisans ou de serviteurs sont de simples caveaux rectangulaires, surmontés d’un massif de briques crues dont le sommet est bombé. On érige ce modèle de caveau tout le long du Nil. Certains riches notables s’offrent tout de même des tombeaux à façade décorée de redents…
D’après un vase en pierre rose et feuille d’or ; et une statuette de femme, ivoire d’hippopotame vers 3400 – 2980 avjc, dynastie Thinite, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Des grandes stèles et des bijoux
Les mastabas d’Abydos sont comparables à ceux de Saqqara… mais ils se distinguent par leur toit arqué et leur forme plus sobre. On sépare là aussi par une enceinte le tombeau principal des sépultures privées, destinées aux membres de la famille et aux serviteurs.
Ces monuments sont souvent flanqués de grandes stèles, comme celle du roi-serpent, qui permettent une identification… Seules les tombes royales d’Abydos, moins imposantes que celles de Saqqara, contiennent des grandes stèles, des bijoux sur les momies, et une liste des pharaons de la première dynastie…

Des briques crues, du bois et des rondins
Dans les mastabas d’Abydos et de Saqqara, les défunts reposent dans une véritable demeure… On aménage autour de leur caveau un ensemble de pièces pour entreposer tout le mobilier nécessaire à leur survie dans l’au-delà.
Les murs sont en bois ou en briques crues et les plafonds en rondins. Les mastabas de Saqqara possèdent encore le massif de briques quadrangulaire qui surmonte les tombeaux et des vestiges d’enceinte.
Imposants, les monuments de Saqqara mesurent de 35 à plus de 50 mètres de long sur environ 20 mètres de large… Les façades à redents, qui portent des traces d’enduit de peinture, sont décorées à l’origine d’un motif coloré de vannerie…
D’après un vase en pierre rehaussé de feuille d’or, vers 3400 avjc, fin de la période prédynastique-première dynastie Thinite ; et une patte de taureau, ivoire d’éléphant, pied de meuble, Abydos, dynastie Thinite, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
Les nécropoles Thinites possèdent des magasins funéraires riches en créations luxueuses et de qualité… Vaisselle en terre cuite, récipients en cristal, en albâtre et en diorite, parfois rehaussés d’or, objets et statuettes en ivoire… qui témoignent du talent raffiné des artistes de l’époque.

Les bâtisseurs Thinites commencent à valoriser la pierre
À l’époque Thinite, la pierre joue encore un rôle accessoire dans les constructions. On utilise la pierre pour créer des dallages, des montants de porte ou des stèles dressées. C’est seulement à la fin de l’époque Thinite que les bâtisseurs commencent à utiliser des pierres appareillées.
Comme dans le tombeau Khasekhem, qui règne à la fin de la IIe dynastie… Puis sous l’Ancien Empire, la pierre devient le symbole de l’art pharaonique, symbole à la fois de grandeur royale et d’éternité…
LA SOUVERAINETÉ HIÉRATIQUE DE KHASEKHEM, ROI THINITE
Une statue en schiste du musée du Caire représente l’un des derniers rois de la IIe dynastie Thinites, Khasekhem ou Khasekhemoui dont une partie du visage a disparu. Les inscriptions d’une jarre et d’un vase provenant de Hiérakonpolis mentionnent ce souverain guerrier, très peu connu par ailleurs, dont l’ambition serait la reconquête du Delta.

Un souverain guerrier
Sur le trône de la statuette de Khasekhem (54,5 centimètres), on retrouve le thème iconographique du pharaon qui terrasse ses ennemis, dont le nombre s’élèverait à 47 209 selon les hiéroglyphes…
Sur une autre statue de Khasekhem, en calcaire cette fois, conservée au museum d’Oxford, l’artiste reprend la même thématique. Ces deux sculptures proviennent de Hiérakonpolis. Les sculpteurs représentent le roi enveloppé dans l’habit de cérémonie des fêtes du jubilé.
Le nom royal d’Horus
Sur la statue du Caire, installé sur un trône cubique à dossier plat, Khasekhem porte la couronne blanche de la Haute-Egypte, au Sud. L’artiste soigne le modelé de son visage… Le roi, qui tenait sans doute un sceptre à l’origine, apparaît figé dans une attitude solennelle et hiératique… Devant les pieds de Khasekhem, l’artiste inscrit son nom royal d’Horus…

Une figure hiératique en majesté
La rigoureuse frontalité des personnages distingue la statuaire égyptienne dès l’époque Thinite. La sculpture de Khasekhem serait à ce jour la plus ancienne statue de pharaon connue, avec l’autre version en calcaire, elle aussi abîmée, mais dont le visage est complet.
On représente alors pharaon en majesté et trônant dans une attitude hiératique comparable à celle de son successeur le roi Djoser (ou Djeser) de la IIIe dynastie qui élève la première pyramide de l’Ancien Empire…
La fête-Sed renouvelle les forces de pharaon
La fête-Sed (heb-Sed) ou Jubilé royal a lieu en principe au bout de trente ans de règne. Les célébrations se déroulent sur plusieurs jours mais exigent une longue préparation. Les rituels de la fête-Sed confèrent à pharaon le renouvellement de ses forces vitales. Les cérémonies permettent aussi de réaffirmer son pouvoir royal.
Parfois, on organise un deuxième voire un troisième jubilé quelques années après le premier. Dans les faits, les rois égyptiens ne respectent pas toujours le délai de trente ans de règne pour organiser leur fête-Sed. Et il semble que beaucoup d’entre-eux n’aient pas célébré leur Jubilé. Seulement une dizaine de pharaons l’auraient fait réellement…
D’après une évocation de la fête-Sed du roi Den, bois d’ébène, tombe du roi Den, Abydos, vers 3400 – 3200 avjc, première dynastie Thinite, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
La course du roi Den pour son jubilé…
Sur un fragment en bois de la tombe du roi Den, l’artiste évoque au registre supérieur la fête-Sed du roi Den. Pharaon porte la double couronne, le Pschent. On le voit trôner et participer à une course rituelle qui symbolise sa vigueur.
Dessous, les scènes ne sont pas claires mais évoquent la destruction d’une forteresse et à la capture de prisonniers… On aperçoit aussi le dieu faucon perché sur ce qui ressemble à une façade de palais. Horus veille sur la demeure royale… Sorte de rituel de jouvence, le Jubilé du roi Den lui permet de régénérer ses forces vitales…

En-dehors de Memphis, peu de vestiges de l’Ancien Empire sont retrouvés en province… La société d’alors repose sur une puissante centralisation. Les architectes élèvent les grandioses et impérissables pyramides du plateau de Gizeh… Les artistes développent aussi l’art de la statuaire, qui prend de l’ampleur, trouve son style et ses canons…
À découvrir aussi : les dieux égyptiens et la mythologie de l’Égypte ancienne, dans la rubrique Histoire du Sacré
Bloc-notes + Des écrits sacrés ? Les Textes des Pyramides, qui remontent à l’Ancien Empire (entre 2980 – 2475 avjc) ; Les Texte des Sarcophages, depuis la fin de l’Ancien Empire et au Moyen Empire (vers 2160 – 1788 avjc) ; Le Livre pour Sortir au Jour (dit Livre des Morts), au Nouvel Empire (vers 1580 – 1090 avjc) … Un roman ? Sinouhé l’Égyptien, de Milka Waltari, les aventures de Sinouhé, médecin et espion du pharaon Aménophis IV (Akhénaton)… Un conte initiatique ? Her-Bak Pois Chiche, de Isha Schwaller de Lubicz, qui raconte l’éveil d’un jeune égyptien sous la XXe dynastie, dans la région de Thèbes (Karnak, Louxor)…
Article suivant : L’Art de l’Égypte ancienne, le temps des tombeaux pharaoniques
Consulter Le sommaire L’art de l’Egypte Ancienne
Consulter Le sommaire du BLOG
Très bel article, merci beaucoup Maryse!
Une question concernant ces sépultures le long du Nil, pourquoi au bord de l’eau précisément? L’eau étant sacrée, je suis assez étonnée!
Je vous adresse un lien qui pourrait bien vous intéresser : https://owdin.live/2017/11/09/une-pierre-rare-qui-pourrait-changer-lhistoire-de-lart/
J’aimeJ’aime
Merci pour le commentaire et le lien (je vais y faire un tour…) L’expression « le long du Nil » ou sur « les rives du Nil » est imagée, cela évoque les bandes de terres où vivent les habitants, dont la survie dépend des crues du Nil. Les nécropoles se trouvent au-delà dans les sables… Davantage que l’eau c’est le fleuve qui est divinisé. La crue apporte un limon fertile… Par contre, on rencontre l’Eau dans la mythologie égyptienne sous la forme du Noun, l’Océan ou marécage primordial, d’où émerge le Soleil… (un thème que j’aborde dans mes prochains articles…)
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Maryse, j’imaginais comme en Inde, les sépultures vraiment au bord de l’eau ( Purification où le voyage de l’âme favorisé par l’eau). Merci pour cette précision, je suis impatiente de vous lire ! Très Bonne soirée.
J’aimeAimé par 1 personne