Grèce antique. Les sculpteurs de la civilisation cycladique élaborent des proportions dans la statuaire

D'après l'art cycladique, Grèce Antique, Histoire de l'Art. (Marsailly/Blogostelle)

Les canons de l’art Cycladique

Les statuettes cycladiques du Bronze ancien présentent des volumes simples, des lignes épurées et des proportions étudiées. Ces figures, en majorité féminines, sont peintes à l’origine pour évoquer des détails du visage et des peintures corporelles. Les spécialistes regroupent les idoles cycladiques selon leurs caractéristiques stylistiques. Les sculpteurs réalisent aussi des compositions complexes pour représenter des musiciens et des groupes de personnages… 

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
  – Publié le 19 mai 2024 –

D’après un trio de figurines, groupe sculpté, marbre, style de Spédos, culture Kéros-Syros, Cyclades, 2700 - 2400 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un trio de figurines, groupe sculpté, marbre, style de Spédos, culture Kéros-Syros, Cyclades, 2700 – 2400 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

REPÈRES CHRONOLOGIQUES. GRÈCE ANTIQUE. IIIe millénaire avjc, civilisation Cycladique du Bronze ancien : 3200-2000 avjc. Chronologie Grèce Antique

DES FIGURES ET DES STYLES

Les historiens de l’art regroupent les idoles cycladiques selon diverses variétés stylistiques : type de Spédos, silhouettes triangulaires de Syros, variété de Dokathismata, groupe de Plastiras aux touches naturalistes. Ces statuettes de marbre conservent parfois des traces de polychromie…

D’après une statuette féminine, marbre, groupe de Syros, Cyclades, 2700-2300 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une statuette féminine, marbre, groupe de Syros, Cyclades, 2700-2300 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Statuettes aux bras croisés

Les artistes des Cyclades sculptent de nombreuses statuettes dans des blocs de marbre avant de les polir soigneusement. Les idoles cycladiques mesurent entre une dizaine de centimètres et 1,50 mètre de haut pour les plus grandes…

Les idoles cycladiques ne sont pas taillées au hasard. Les figures de Kéros-Syros notamment, les plus caractéristiques avec leurs bras croisés sous la poitrine, respectent des proportions simples fondées sur les rapports précis existant entre les différentes parties du corps.

La hauteur totale d’une idole cycladique, petite ou grande, se divise entre quatre parties égales, comprenant la tête et le cou, le buste, l’abdomen et les cuisses, les mollets et les pieds.

D’après une statuette féminine, marbre, style de Spédos, 2700 -2300 avjc, Syros, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une statuette féminine, marbre, style de Spédos, 2700 -2300 avjc, Syros, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

La plus grande largeur de ces idoles équivaut à 1 / 4 de sa hauteur au niveau des épaules. Cette particularité inaugure l’art grec pour lequel le canon et la règle vont prédominer à l’époque classique.

Les rares figures masculines de l’art cycladique exploitent à l’extrême la sobriété avec des membres dépourvus de tout modelé. Malgré l’aplatissement des corps, les courbes et les arrondis des statuettes cycladiques suggèrent des volumes.

Les détails anatomiques sont réduits à quelques incisions pour les doigts des mains et des pieds, à quelques traits ou pointillés pour le triangle pubien, à deux sphères discrètes pour les seins des idoles féminines.

D’après une statuette féminine, Syros, nécropole de Chalandriani, variété de Spédos, 2800-2300 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une statuette féminine, Syros, nécropole de Chalandriani, variété de Spédos, 2800-2300 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Les silhouettes triangulaires de Syros

À la même époque que la variété de Spédos, vers 2700 -2300 avjc, des artistes cycladiques interprètent leur vision de la figure humaine selon un langage plastique différent, comme le montre des figurines de l’île de Syros.

Parmi la variété des idoles aux bras croisés, certaines présentent moins d’insistance sur la plastique des membres inférieurs. Les avant-bras sont parfois traités en incision dans le marbre plutôt qu’en relief. Le ventre légèrement gonflé évoque la maternité…  

D’après une statuette féminine, Syros, nécropole de Chalandriani, variété de Spédos, 2800-2300 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Des silhouettes féminines de Syros, relevant du style de Spédos, prennent une forme triangulaire en forme de V. Là encore les artistes cultivent une réflexion préliminaire de proportion et de modules.

Les figures sont traitées selon un triangle équilatéral, des pointes des épaules à la pointe du pubis. Le triangle se prolonge dans la ligne de la pointe du pubis à l’extrémité des pieds. La tête également, marquée par un grand nez sculpté, s’inscrit dans un module triangulaire.

D’après une figurine féminine, bras croisés, variété de Dokathismata, marbre, 2500-2400 avjc, Amorgos, IIIe millénaire avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une figurine féminine, bras croisés, variété de Dokathismata, marbre, 2500-2400 avjc, Amorgos, IIIe millénaire avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Le type de Dokathismata, nom d’une nécropole sur l’île d’Amorgos, regroupe des figures allongées, les bras croisés, reprenant le canon stylistique de Spédos d’une manière accentuée.

Les bras se croisent sur la poitrine sous des seins délicatement modelés. Le nez et la bouche sont sculptés. Les détails du visage sont sans doute peints à l’origine. 

Les statuettes de la variété de Dokathismata se distinguent par leur traitement plane, leurs très larges épaules, des jambes jointes séparées par une fente. Bras, pubis et orteils sont rendus par de profondes incisions.

D’après une figurine féminine, bras croisés, variété de Dokathismata, marbre, 2500-2400 avjc, Amorgos, IIIe millénaire avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Le groupe cycladique de Plastiras

Par ailleurs, certaines statuettes cycladiques du groupe de Plastiras présentent des visages aux traits sculptés. Ce type de figure moins stylisé et davantage naturaliste est probablement antérieur au styles plus épuré de Spédos et de Dokathismata.

Plastiras est le nom d’une nécropole située sur l’île de Paros dans les Cyclades. Les artistes mettent en évidence certains détails anatomiques en leur donnant du relief : nez, bouche aux lèvres dessinées, oreilles, sexe, plis sur le ventre, jambes charpentées… Les plis sur le ventre peuvent évoquer le ventre féminin après l’accouchement.

D’après une statuette féminine et une tête sculptée, oreilles, nez, bouche ; groupe de Plastiras, marbre, 3200-2800 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

STATUAIRE CYCLADIQUE ET MOTIFS PEINTS

Plusieurs statuettes remontant au cycladique ancien portent des traces de polychromie. Le rouge et le bleu notifient des détails du visage. Ces couleurs ont peut-être une signification rituelle, magique ou spirituelle…

D’après une tête sculptée, marbre, traces de polychromie, 2800-2300 avjc, Amorgos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une tête sculptée, marbre, traces de polychromie, 2800-2300 avjc, Amorgos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Marbre et polychromie

La compréhension de l’art grec et égéen repose sur une réflexion générale héritée de divers historiens et penseurs de la fin du XVIIIe au XIX siècle. Ils définissent le « beau idéal » en célébrant la blancheur du marbre, la finesse et la transparence des cristaux dans l’art grec. Le terme « d’idole » apparaît au XIXe siècle.

Les auteurs ont interprété l’art grec sans savoir qu’à toutes les époques les œuvres préhelléniques et grecques étaient peintes. Des statuettes cycladiques ont conservé des traces de polychromie.

Peint à l’origine, le marbre n’apparaissait pas revêtu d’une blancheur idéale ni dans la statuaire ni dans l’architecture. Dans l’antiquité, le parthénon et les autres temples grecs sont polychromes…

D’après une tête sculptée, marbre de Paros, traces polychromes, yeux et stries joue, 2800-2300 avjc, Amorgos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une tête sculptée, marbre de Paros, traces polychromes, yeux et stries joue, 2800-2300 avjc, Amorgos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Sur des statuettes cycladiques, le rouge et le bleu notifient des détails du visage : yeux, narines et bouche en rouge ; yeux, sourcils et cheveux en noir ou bleu, avec parfois des mèches effilées descendant sur la nuque. Les couleurs rouge et bleu possèdent peut-être une signification magique ou spirituelle dans le rituel funéraire cycladique…

Des têtes cycladiques retrouvées à Amorgos portent des traces de polychromie. Le nez, la bouche et les oreilles sont sculptés. Les yeux sont peints, les joues portent des stries de pigment rouge ou noir évoquant des tatouages, parfois des lignes peintes apparaissent sur le front.

Les pigments retrouvés sur les statuettes et dans les tombes proviennent des îles des Cyclades, comme l’azurite pour le bleu et le minerai de fer pour le rouge.

D’après une tête sculptée, marbre de Paros, traces polychromes, yeux et stries joue, 2800-2300 avjc, Amorgos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une tête sculptée, marbre de Paros, traces polychromes, yeux et stries joue, 2800-2300 avjc, Amorgos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Certaines têtes cycladiques, rattachées à la variété de Spédos des idoles aux bras croisés, affichent un caractère particulier avec leur tête en forme de lyre qui s’évase légèrement dans sa partie supérieure et avec la position de leur très long nez.

L’idole féminine de Munich, les bras repliés sous les seins, présente une grande tête en forme de lyre soutenue par un long cou conique. Par ailleurs, une tête féminine du type de Spédos provenant d’Amorgos se distingue aussi par sa tête en forme de lyre…

Des incisions définissent les lignes anatomiques de l’idole féminine de Munich. Les mollets sont séparés et les pieds disposés selon un croisement de diagonales. Peinte à l’origine, La statuette porte des traces de polychromie.

D’après une statuette féminine dite L’idole de Munich, 2700 – 2400 avjc, et une tête féminine, groupe de Syros, 2600-2400 avjc, marbre de Kéros, Amorgos ; têtes en forme de lyre, variété de Spédos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Voir aussi l’article Des cultures égéennes néolithiques à la civilisation cycladique du troisième millénaire avjc

Des styles locaux aux caractères particuliers

Ces têtes cycladiques rattachées à la variété de Spédos appartiennent à un groupe d’une soixantaine de statuettes. Certaines idoles sont très petites, d’autres mesurent une dizaine de centimètres et les plus grandes sculptures jusqu’à un mètre de haut.

D’après une statuette féminine, épaules tombantes, marbre, style de Spédos, 2600 -2500 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une statuette féminine, épaules tombantes, marbre, style de Spédos, 2600 -2500 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Ces figures présentent des singularités communes : des épaules tombantes, des lignes incisées qui traversent le corps, parfois à la base de l’abdomen reliant une hanche à l’autre, et des lignes incurvées pour les genoux et les chevilles.

La ligne entre les jambes peut être évidée partiellement ou complètement. Il est possible que ces modèles et leur caractère particulier proviennent d’un même atelier de sculpture. 

Comme pour tous les artistes de cette époque, la véritable identité des sculpteurs ne peut pas être connue. Cependant, certains groupes de figures présentant des proportions, un style et une exécution similaires ont été attribués pour les classer à des ateliers ou à une collection.

D’après une statuette féminine, épaules tombantes, marbre, style de Spédos, 2800-2300 avjc, Naxos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une statuette féminine, épaules tombantes, marbre, style de Spédos, 2800-2300 avjc, Naxos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Ainsi, une statuette à la forme allongée et stylisée du corps caractéristique est attribuée au Maître Bastis, du nom de son collectionneur (Christos G. Bastis, 1968). 

La production individuelle d’un même artiste prolifique sur une longue période, et dont la technique s’affine au fil du temps, pourrait expliquer la découvertes de statuettes de même style en divers lieux des Cyclades, comme à Naxos, Kéros et Amorgos.

Il pourrait s’agir d’artistes itinérants ou de sculpteurs qui reçoivent des clients et commanditaires venant acquérir une sculpture dans un même atelier avant de la rapporter chez eux… 

D’après une statuette féminine, épaules tombantes, marbre, 2600-2400 av, collection Bastis, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une statuette féminine, épaules tombantes, marbre, 2600-2400 av, collection Bastis, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Un rôle funéraire et rituel ?

La signification de ces idoles cycladiques reste méconnue. Souvent retrouvées lors de fouilles clandestines à partir du XIXe siècle, ces statuettes relèvent d’un contexte mal étudié. Beaucoup sont découvertes dans des tombes, parfois brisées, volontairement ou non, indiquant peut-être un rôle funéraire, associées ou non à un mobilier qui aurait disparu.

D’après une statuette féminine, épaules tombantes, marbre, 2600-2400 av, collection Bastis, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Si la majorité des statuettes féminines cycladiques sont découvertes dans les tombes des nécropoles, d’autres proviennent d’habitats ou sanctuaires sans pouvoir identifier précisément un lieu de culte.

Les énigmatiques « idoles » des Cyclades, possibles archétypes de la fertilité et de la procréation, se rattachent probablement à des rituels sacrés funéraires, domestiques et collectifs.

D’après une grande idole, variété de Spédos, marbre, 2800-2300 avjc, Cycladique Ancien, Amorgos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)   
D’après une grande idole, variété de Spédos, marbre, 2800-2300 avjc, Cycladique Ancien, Amorgos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)   

Ainsi, telles des statuettes cultuelles, les idoles cycladiques déposées dans les tombes peuvent accompagner les défunts dans l’Au-delà, symboliser une renaissance, protéger le foyer et la maisonnée, jouer un rôle dans des rites de passage et des rituels agricoles pour favoriser la fertilité des terres…

Voir aussi les articles Au néolithique, les premiers cultivateurs sacralisent la végétation et L’avènement du labeur agricole induit une évolution culturelle et mythologique

D’après un personnage féminin avec coiffe, marbre, groupe de Plastiras, 3200-2800 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un personnage féminin avec coiffe, marbre, groupe de Plastiras, 3200-2800 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Quelques statuettes masculines

À côté des nombreuses idoles féminines, il existe aussi des statuettes masculines qui témoignent de la maîtrise des sculpteurs cycladiques pour réaliser des œuvres en trois dimensions (en ronde bosse).

Ainsi, des statuettes féminines et masculines coiffées d’un couvre-chef appartenant au groupe de Plastiras remonte au cycladique ancien I, au début de l’âge du Bronze.

D’après un personnage masculin avec coiffe, marbre, groupe de Plastiras, 3200-2800 avjc, Amorgos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un personnage masculin avec coiffe, marbre, groupe de Plastiras, 3200-2800 avjc, Amorgos, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Comme d’autres idoles de la collection Goulandris du musée d’Athènes, ces figures se caractérisent par un long cou. Les sujets portent une coiffe élaborée ou un bonnet exploitant des stries de polissage de manière décorative.

Le traitement de la partie inférieure du corps est très naturaliste. Les pieds sont posés à plat et les jambes écartées avec aplomb. Ces traits naturalistes distinguent le groupe de Plastiras. Les bras, sous la poitrine, ne sont pas croisés mais les mains se joignent par l’extrémité des doigts. Les personnages sont clairement sexués.

D’après un personnage masculin, chasseur ou guerrier, marbre et incrustations d'ocre, 3200-2000 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un personnage masculin, chasseur ou guerrier, marbre et incrustations d’ocre, 3200-2000 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Une autre statuette de la collection Goulandris représente un chasseur ou un guerrier portant un baudrier sur le dos pour transporter son arme.

Les traits du visage, des mains aux doigts détaillés et le soin apporté au rendu du baudrier illustrent là aussi l’aspiration à une représentation naturaliste du personnage. Tel une parure, le baudrier à motifs de chevrons témoigne d’un goût pour les ornements.

D’après un personnage masculin avec coupe à boire ou à libation, style de Spédos, 2800 -2300 avjc ; harpiste ou joueur de lyre, 2800 – 2700 avjc ; marbre, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Des musiciens sculptés dans le marbre

Les artistes cycladiques représentent également des personnages occupés par une activité, comme dans des scènes de genre…

Ces compositions, parfois à plusieurs personnages, témoignent du savoir-faire technique de sculpteurs qui maîtrisent un espace en trois dimensions (en ronde bosse), tels un personnage masculin tenant une coupe à boire ou à libation et des musiciens jouant de la harpe ou de la flûte.

D’après un harpiste ou joueur de lyre, marbre, composition sculptée, Kéos, Cyclades,  2600-2300 avjc, civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

La composition sculptée au harpiste jouant de son instrument assis sur un siège démontre l’habileté de l’artiste pour exécuter des formes complexes dans le marbre, jouant avec élégance sur les courbes les contre-courbes. Un autre personnage assis sur un tabouret s’apprête à  boire ou à faire une libation (offrande de boisson aux divinités).

D’après un joueur de flûte de Pan ou syrinx, marbre, type Spédos, 2700-2400 avjc ; musicien jouant de la double flûte, marbre de Kéros, Cyclades, 2400-2000 avjc ; civilisation Cycladique. (Marsailly/Blogostelle)

Un fragment de tête de la collection Goulandris a conservé les pieds d’une idole plus petite qu’il supportait. D’autres groupes sculptés représentent une grande idole portant une petite idole sur la tête (musée de Karlsruhe). Par ailleurs, les sculpteurs composent des groupes de plusieurs personnages. 

D’après une statuette portant une petite idole sur la tête, type de Spédos, marbre, Paros, Cyclades, 2700 - 2400 avjc, civilisation Cycladique mus Karlsruhe. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après une statuette portant une petite idole sur la tête, type de Spédos, marbre, Paros, Cyclades, 2700 – 2400 avjc, civilisation Cycladique mus Karlsruhe. (Marsailly/Blogostelle) 

Sur un groupe sculpté cycladique, trois personnages masculins portent sur leurs bras croisés une petite idole féminine. Peut-être présentent -t-ils un enfant divin ou une jeune déesse ? Comme aussi pour les idoles superposées, on ne connaît pas les détails des références mythologiques de cette époque. 

Ces compositions pourraient signifier l’importance de la fécondité féminine et de la Terre, laisser imaginer un lien avec la nature, le renouveau printanier, le cycle de la vie, la renaissance…

D’après un trio d’idoles, groupe sculpté à figures multiples, marbre, style de Spédos, culture Kéros-Syros, Cyclades, 2700 – 2400 avjc, civilisation Cycladique ; une triade d’idoles mycéniennes, figurines multiples, terre cuite peinte, vers 1300 avjc, Helladique récent III, âge du Bronze ; Grèce Antique. (Marsailly/Blogostelle)

On retrouve ce thème iconographique de figurines multiples présentant un enfant ou une jeune déité dans l’art Mycénien (âge du Bronze) : un trio en terre cuite peinte présente deux figures féminines portant sur leurs épaules une idole plus petite…

D’après une idole à deux têtes, albâtre, 3000-2200 avjc, Cappadoce, fin IIIe millénaire avjc, Anatolie. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après une idole à deux têtes, albâtre, 3000-2200 avjc, Cappadoce, fin IIIe millénaire avjc, Anatolie. (Marsailly/Blogostelle) 

Par ailleurs, en Anatolie, des figures d’idoles à deux têtes remontent au IIIe millénaire avjc. En forme de plaquette à décor incisé, une sculpture en albâtre présente deux têtes supportées par deux longs cous. Leur chevelure retombe dans le dos. 

Le corps commun circulaire de cette idole à deux têtes est orné par des yeux multiples et des motifs hachurés. Les ornements hachurés évoquent une parure ou un vêtement. Les yeux multiples peuvent évoquer le pouvoir et la protection d’une divinité ou d’une puissance magique ou surnaturelle…

La géométrie, la plastique et la blancheur des idoles cycladiques ayant perdue leur polychromie inspirent des siècles plus tard des recherches de l’art contemporain. Notamment dans les années 1930 avec Pablo Picasso, Constantin Brancusi, Henri Laurens, Alberto Giacometti, Jean Arp…

Citations. Hans Arp dit Jean Arp, Idole, Clamart Fondation Arp ; Constantin Brancusi, Négresse blanche, 1923, Centre Pompidou ; Henri Laurens, Tête de jeune fille, 1920, Musée Solomon R. Guggenheim. (Marsailly/Blogostelle) 

À côté des nombreuses idoles retrouvées dans les nécropoles du Bronze ancien, les artistes cycladiques créent des objets variés sculptés dans le marbre. Comme pour la statuaire et les pièces taillées dans le marbre, les céramiques des Cyclades se caractérisent par leur sobriété. Sculpteurs et potiers jouent sur des formes galbées et harmonieuses…

Article suivant L’art cycladique se distingue par ses créations en marbre et en terre cuite

Sommaire Grèce Antiaue

REPÈRES CHRONOLOGIQUES. ART CYCLADIQUE. Cycladique ancien I : 3200-2800 (culture Grotta-Pelos) Cycladique moyen II : 2800-2300, apogée (culture Kéros-Syros). Cycladique ancien III : 2300-2000 avjc (culture Phylakopi, Mélos) –

Open Edition journals – L’épiderme des statues grecques : quand le marbre se fait chair, Adeline Grand-Clément, journals.openedition.org/imagesrevues/3932

L’art des Cyclades et de l’Anatolie à l’Âge de bronze (12 juin – 17 octobre 2021) : musee-fenaille.rodezagglo.fr/expositions/exposition-idoles/

Publié par Maryse Marsailly

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