Le Sacré en Inde. Le prince Râma, héros divinisé du Râmâyana, libère le monde des démons

D’après la mythologie hindoue, le Râmayana, Râma et Sîtâ, histoire du Sacré, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Râma, septième avatar de Vishnu

Le Râmâyana (seconde partie). Des épisodes célèbres du Râmayana relatent l’exil dans la forêt de Râma, Sîtâ et Lakshmana, frère du prince d’Adhoya ; l’enlèvement de Sîtâ par le roi-démon à dix têtes Ravana et le combat victorieux de Râma contres les asuras, soutenu par Hanuman et l’armée des singes…  

Le Râmâyana. Le Râmâyana célèbre les exploits du prince Râma (1) et Râma, héros divinisé du Râmâyana, libère le monde des démons (2)

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Mise à jour octobre 2023 –

D’après Râma et Sîtâ, le roi-singe Hanuman et Lakshmana, miniature, détail, XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après Râma et Sîtâ, le roi-singe Hanuman et Lakshmana, miniature, détail, XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

RÂMA, SÎTÂ ET LAKSHMANA EN EXIL

L’intrigante reine Kaikeyī obtient du roi Dasharatha le bannissement du prince Râma au profit de son fils Bharata, détrônant ainsi l’héritier légitime. Râma, son épouse Sîtâ et son frère Lakshmana sont ainsi obligés de quitter la capitale d’Ayodhyâ…

D’après la reine Kaikeyi exigeant de Dasharatha le bannissement de Râma : Mewar Râmayana, Livre d’Ayodhyâ, manuscrit illustré, cour de Jagat Singh, Udaipur, XVIIe siècle ; et Râmayaṇa, Raja Ravi Varma, vers 1895, peinture à l’huile, XIXe siècle ; Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Les intrigues de la reine Kaikeyi 

Dans le livre II du Râmâyana, Ayodhyâkânda (Le Livre d’Ayodhyâ), le roi Dasharatha désigne son fils aîné, Râma, comme héritier. Cela provoque la jalousie de l’une des épouses royales… Héroïque, le prince Râma prendra finalement la succession de son défunt père Dasharatha. C’est dans ce deuxième livre que commence réellement la “Geste de Rāma”…

D’après Râma et Sîtâ, et Lakshmana qui retire une épine du pied de son frère, exil dans la forêt, Râmâyana, vers 1780, École Kangra, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Râma et Sîtâ, et Lakshmana qui retire une épine du pied de son frère, exil dans la forêt, Râmâyana, vers 1780, École Kangra, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La rusée reine Kaikeyî intrigue pour obtenir le bannissement du prince Râma durant quatorze ans. Kaikeyî exige aussi du roi la promesse d’écarter du trône le prince Râma au profit de son fils Bharata. Dasharatha décide donc d’exiler Râma, son aîné et héritier légitime… 

Râma, Sîtâ et Lakshmana en exil

Râma, Sîtâ et Lakshmana quittent Ayodhyâ

Une peinture conservée au British Museum représente le départ en exil de Râma, Sîtâ et Lakshmana. Dans cette scène du Râmâyana, le prince Râma, son épouse et son frère quittent la capitale royale Ayodhyâ sur un char, salués par divers personnages. 

D’après le départ en exil de Râma, Sîtâ et Lakshmana, Shangri Râmâyana , 1700-1710, gouache sur papier, école Pahari, style Koulou, Pahari Hills, début XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après le départ en exil de Râma, Sîtâ et Lakshmana, Shangri Râmayana , 1700-1710, gouache sur papier, école Pahari, style Koulou, Pahari Hills, début XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Le groupe de cavaliers semble se diriger au-delà des limites du tableau. Le père de Râma, le roi Dasaratha, auprès de l’intrigante reine Kaikeyî, assiste au départ de son fils Râma depuis son palais…

Râma dans la forêt de Dandaka 

Le livre III du Râmayana, Aranyakānda, évoque la forêt. En exil, le prince Râma trouve refuge dans l’immense forêt Dandaka accompagné de son épouse Sîtâ et de son frère cadet, le fidèle Lakshmana.

D’après Râma, Sîtâ et Lakshmana à l'Ermitage de Bharadvaja, folio d'une série dispersée du Râmayana, vers 1780, Kangra, Himachal Pradesh, XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Râma, Sîtâ et Lakshmana à l’Ermitage de Bharadvaja, folio d’une série dispersée du Râmayana, vers 1780, Kangra, Himachal Pradesh, XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Ermitages et montagnes sacrées

Au cours de leur périple, Râma, Sîtâ et Lakshmana séjournent dans l’Ermitage de Bharadvaja, un abri forestier sauvage. L’ermite de Bharadvaja leur conseille de se retirer dans les montagnes sacrées de Chitrakuta, haut lieu fréquenté par des rishis (des sages), durant les quatorze ans de leur exil… 

D’après Râma, Sîtâ et Lakshmana dans la forêt, 1790, aquarelle et or, XVIIIe siècle ; et Rama et son frère Lakshmana sur le mont Pavarasana, 1690-1710, encre, aquarelle et argent sur papier, série Shangri Râmâyaṇa, Punjab Hills ; Râmayana, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

D’après Lakshmana défigurant une démone-ogresse, relief, époque Gupta, VIe siècle, grès, Deogarh, Uttar Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Lakshmana défigurant une démone-ogresse, relief, époque Gupta, VIe siècle, grès, Deogarh, Uttar Pradesh, Inde du Nord. (Marsailly/Blogostelle)

Râma invite des ermites implorant sa protection à la prière dans la lutte contre les Râksasa (ou Rakshasa), démons- asuras qui infestent la forêt. Dans sa citadelle de Lanka, le roi-démon à dix têtes Râvana règne sur les démons et les Râksasa…

Au cours de leur exil, Râma et son frère Lakshmana accomplissent nombre d’exploits, terrassant notamment des asuras… Jusqu’au jour où le roi-démon Râvana enlève Sîtâ…

Le démon Ravana enlève la belle Sîtâ

Râvana, roi-démon à dix têtes de Lankâ enlève Sîtâ à la demande de sa sœur Surpanakhâ, démone humiliée par les deux princes d’Ayodhyâ, Râma et Lakshmana, qu’elle a tenté de séduire en vain…

D’après L'enlèvement de Sîtâ par le démon Ravana, miniature, 1727- 1758, gouache, aquarelle, "Histoire et figures des dieux des Indiens" ou "Théogonie des Malabariquais", Andhra Pradesh, XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après L’enlèvement de Sîtâ par le démon Ravana, miniature, 1727- 1758, gouache, aquarelle, Histoire et figures des dieux des Indiens ou Théogonie des Malabariquais, Andhra Pradesh, XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Râvana emporte Sîtâ dans les airs

En l’absence de Râma, Sîtâ reste à l’abri avec Lakshmana, avant de lui demander de chasser une biche envoyée par Râvana. Le roi-démon profite de l’occasion pour enlever la belle Sîtâ…

Pour approcher l’épouse de Râma, Râvana prend alors l’aspect d’un humble moine-mendiant. Puis Râvana emporte Sîtâ dans les airs pour l’emmener, au-delà des mers, vers le Sud, dans sa résidence de Lankâ (actuel Sri Lanka), où il garde captive l’épouse de Râma. Râma et son frère Lakshmana partent à la recherche de Sîtâ…

D’après L’enlèvement de Sîtâ par le démon Ravana, miniature, 1727- 1758, gouache, aquarelle, Histoire et figures des dieux des Indiens ou Théogonie des Malabariquais, Andhra Pradesh, XVIIIe siècle ; Râmâyana, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

D’après Râma et Lakshmana au lac Pampa, à la recherche de Sîtâ, et la montagne Rishyamuka, Livre Kishkindha Kanda, Râmayana, de Sahib Din, manuscrit publié en 1652 à Udaipur, Rajasthan, XVIIe siècle Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Râma et Lakshmana au lac Pampa, à la recherche de Sîtâ, et la montagne Rishyamuka, Livre Kishkindha Kanda, Râmâyana, de Sahib Din, manuscrit publié en 1652 à Udaipur, Rajasthan, XVIIe siècle Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Hanuman et l’armée des Singes soutiennent Râma

Une terrible guerre contre les démons

Le prince Râma et son frère Lakshmana parviennent à libérer Sîtâ aidés par Hanuman, roi et général de l’armée des Singes. Une guerre terrible s’ensuit, avec le soutien des singes et des ours. 

Héroïque, Râma terrasse le démon Râvana avant de retrouver son royaume de Kosala et la capitale d’Ayodhyâ dont il est l’héritier légitime. L’histoire raconte que Râma règne avec sagesse…

D’après le roi-singe Hanuman, Zayn al’-‘Abidin, 1597-1605, aquarelle, encre et or sur papier, dynastie Moghole, fin XVe siècle ; Sîtâ et Hanuman, relief, temple Hazara Râma dédié à Râma par les rois de Vijayanagar, XIVe-XVIe siècle, Hampi, Karnataka ; Râmâyana, Inde. Et L’armée des singes, XIIe siècle, relief sculpté du temple khmer Prasat Hin Phimai, province de Nakhon Ratchasima, Thaïlande.(Marsailly/Blogostelle)

Des épisodes du Râmâyana en images

De nombreuses images peintes ou sculptées racontent des épisodes du Râmâyana. Dans un manuscrit d’Udaipur, le chef de l’armée des singes, Hanuman, trouble la quiétude des résidents divins de l’Himalaya. Il cueille des herbes pour guérir Lakshmana, frère de Râma, blessé par le roi-démon Ravana.

Une illustration d’un autre manuscrit met en scène la forteresse de Lanka où Angada, l’un des chefs des singes, parvient à s’emparer de la couronne du roi-démon Ravana …

D’après Hanuman dans l’Himalaya, Livre Yuddha Kanda, de Sahib Din, manuscrit publié en 1652 à Udaipur, Rajasthan, XVIIe siècle ; Le Siège de Lanka, un chef des singes, Angada, vole la couronne de Ravana, encre et aquarelle sur papier, série attribuée au peintre Manaku, milieu XVIIIe siècle ; et Hanuman, Zayn al’-‘Abidin, 1597-1605, aquarelle, dynastie Moghole, fin XVe siècle ; Râmâyana, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La bataille de Râma et Hanuman contre Ravana

Le manuscrit dit Râmâyana d’Udaipur, commandé par Jagat Singh, souverain du royaume Rajput de Mewar au Rajasthan, se compose de sept volumes illustrés par plus de 400 peintures.

Quatre des volumes originaux sont conservés à la British Library. Sahib Din est le grand artiste d’Udaipur au XVIIe siècle. Ses œuvres connues sont datées entre 1628 et 1653.

D'après La Bataille de Lanka, Rama et Hanuman luttent contre le démon Ravana à dix têtes, Râmâyana, Livre Yuddha Kanda, illustration Sahib Din, manuscrit publié en 1652 à Udaipur, Rajasthan, XVIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Bataille de Lanka, Rama et Hanuman luttent contre le démon Ravana à dix têtes, Râmâyana, Livre Yuddha Kanda, illustration Sahib Din, manuscrit publié en 1652 à Udaipur, Rajasthan, XVIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La victoire de Râma et l’armée des singes

L’artiste du Râmâyana d’Udaipur dépeint en détail plusieurs épisodes de la bataille mythique qui oppose les armées de Râma et du roi des singes Hanuman contre celles du démon Ravana, roi de Lanka. Suite à de nombreux combats, Râma, Hanuman et l’armée des singes l’emportent…

Une scène montre le démon à trois têtes Trisiras qui attaque en divers endroits, avant d’être décapité par Hanuman, roi des singes. Râma, prince bleu victorieux, contemple l’issue de la bataille…

D’après La Bataille de Lanka, Rama et Hanuman luttent contre le démon Ravana, Râmâyana, Livre Yuddha Kanda, illustration Sahib Din, manuscrit publié en 1652 à Udaipur, Rajasthan, XVIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Bataille de Lanka, Rama et Hanuman luttent contre le démon Ravana, Râmâyana, Livre Yuddha Kanda, illustration Sahib Din, manuscrit publié en 1652 à Udaipur, Rajasthan, XVIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

L’attaque de la forteresse de Lanka

Une des scènes du manuscrit d’Udaipur illustre l’attaque de la forteresse de Lanka par les armées de Rama alliées à celles du roi-singe Hanuman.  Tous démontrent habileté et audace pour vaincre Ravana et ses démons. Le prince Rama divise ses forces en envoyant les chefs des singes partir à l’assaut de chacune des quatre portes de la place forte de Lanka. 

D’après La Bataille de Lanka, Râmayana, Livre Yuddha Kanda, illustration Sahib Din, manuscrit publié en 1652 à Udaipur, Rajasthan, XVIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après La Bataille de Lanka, Râmâyana, Livre Yuddha Kanda, illustration Sahib Din, manuscrit publié en 1652 à Udaipur, Rajasthan, XVIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Ainsi, Nila combat Prahasta à la porte Est, Angada affronte Mahaparsva et Mahodara à la porte Sud, Hanuman bataille Indrajit à la porte Ouest. De son côté, Rama, Lakshmana et Sugriva assiègent la porte Nord où se trouve Ravana. Le roi-démon monte alors sur le toit de son palais pour ordonner une sortie…

Sîtâ quitte Râma puis retrouve son époux

Un autre épisode du Râmâyana – peut-être un ajout tardif – raconte comment les choses se compliquent pour Râma et Sîtâ.

Restée chaste pendant sa captivité dans la résidence du démon Râvana, Sîtâ subit pourtant les affres de la rumeur. Ayant vécu sous le toit d’un autre personnage que son époux, la pureté rituelle de Sîtâ est remise en cause…

D’après Râma et Sîtâ, le roi-singe Hanuman et Lakshmana, et Sîtâ, 1760, gouache et aquarelle, recueil Théogonie indienne, à la suite quelques personnages à cheval, Bengale ; miniatures, XVIIIe siècle, Inde ancienne ; et Sîtâ, épouse de Râma, œuvre inspirée du Râmâyana, Odilon Redon, 1893, pastel, crayon et fusains sur vélin, XIXe siècle, France (Marsailly/Blogostelle)  

Sîtâ, réhabilitée, revient au palais royal

Râma se trouve alors dans l’obligation de se séparer de sa belle épouse. Ainsi, Sîtâ quitte Ayodhyâ accompagnée de ses fils. Elle est recueillie par l’ermite Vâlmîki. Après plusieurs années, Sîtâ est réhabilitée et retourne chez elle auprès de son royal époux…

D’après l'Ermitage de Vâlmîki, Sîtâ, aquarelle, folio des Aventures de Râma, “Nadaun Râmâyana”, Kangra, vers 1820, Himachal Pradesh, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après l’Ermitage de Vâlmîki, Sîtâ, aquarelle, folio des Aventures de Râma, “Nadaun Râmâyana”, Kangra, vers 1820, Himachal Pradesh, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

LE PRINCE RÂMA, UN AVATAR DE VISHNU

Dès le premier livre du Râmâyana, la véritable nature du héros Râma est dévoilée. Le fils du roi Dasaratha est un avatar du dieu Vishnu, sa septième incarnation. Le dieu bienveillant et salvateur a ainsi pris forme humaine pour libérer le monde alors sous l’emprise des démons (asuras)…

Les dix avatars de Vishnu

Dans l’hindouisme, avatar signifie la “descente d’une divinité” sur Terre. Ainsi, le dieu Vishnu se manifeste sous la forme de dix avatars : Dashavatara. Une peinture de la “Compagnie” (œuvres d’artistes locaux pour les Britanniques en Inde au XIXe siècle), conservée au Victoria and Albert Museum (V & A), représente les dix incarnations de Vishnu sur un rouleau. 

D’après Les Dix incarnations de Vishnu, rouleau horizontal, aquarelle et or sur papier, Andhra Pradesh, début XIXe siècle, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Les Dix incarnations de Vishnu, rouleau horizontal, aquarelle et or sur papier, Andhra Pradesh, début XIXe siècle, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)

Râma, le prince bleu

De gauche à droite : le Poisson Matsya, la Tortue Kurma , le Sanglier Varâha, L’Homme-Lion Narasimha, Le nain qui devient géant Vamana, Parashu-Rama – Rama à la hache, Rama prince d’Ayodhyâ en bleu, héros du Râmâyana et son arc, Balarama – Krishna et la charrue, Bouddha le réformateur et Kalki, Vishnu guerrier sur son cheval blanc. Sous chaque incarnation de Vishnu se trouve une inscription en telugu.

D’après Râma, le prince bleu avec son arc, entre Parasurama et Balarama, Les Dix avatars de Vishnu, détail rouleau, aquarelle et or sur papier, Andhra Pradesh, début XIXe siècle, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Râma, le prince bleu avec son arc, entre Parasurama et Balarama, Les Dix avatars de Vishnu, détail rouleau, aquarelle et or sur papier, Andhra Pradesh, début XIXe siècle, Inde du Sud. (Marsailly/Blogostelle)

Kalki sauvera l’humanité…

1. Le Poisson (Matsya avatara ) évoque “le jour fatal, quand la Terre gisait sous les Eaux”. Le dieu Vishnu sauve du déluge Manu, premier être humain. 2. La Tortue (Kurma avatara ) symbolise le temps, “quand les rives pourront à nouveau grimper”. Le dieu Vishnu-Tortue aide les dieux et les asuras à baratter la mer de lait pour en extraire le nectar de l’immortalité.

Vishnu tortue Kurma : voir aussi l’article  Le Barattage de la Mer de Lait, récit cosmogonique hindou

3. Le Sanglier (Varaha avatara) est celui qui a ressuscité “la puissante motte” (la Terre). Vishnu Varâha remonte la Terre engloutie dans les Eaux… 4. L’Homme-Lion (Narasimha avatara) à l’aspect sauvage tue l’asura Hiranyakashipu, roi démon.

D’après Vishnu Varâha sauvant la Terre (Bhûmi ou Bhû Devî) en ramenant la déesse des profondeurs de l’océan, VIIIe-IXe siècle, sculpture, grès, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Vishnu Varâha sauvant la Terre (Bhûmi ou Bhû Devî) en ramenant la déesse des profondeurs de l’océan, VIIIe-IXe siècle, sculpture, grès, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

5. Le nain qui devient géant (Vamana avatara ) réalise trois enjambées cosmiques,  Vishnu Trivikrama conquiert ainsi la Terre et les Cieux. 6. Parashu-Râma à la hache (Parashu-Râma avatara) défend les Brahmanes face aux guerriers (caste des Kshatriya).  “Râma à la Hache” abat aussi “d’épaisses forêts” et “défriche des terres” pour les Brahmanes…

7. Râma, prince d’Ayodhyâ armé d’un arc (Rama avatara), héros du Râmâyana et vainqueur du roi-démon Ravana. Il combat les tyrans et “défend les droits du peuple”… 8. Balarama et sa charrue (Balarama avatara), frère de Krishna ou Krishna, associé à l’agriculture, “le bélier retourne le sol avec la charrue” et “enseigne à l’homme à travailler pour se nourrir”.

D’après Vishnu Vamana-Trivikrama réalisant l'une de ses trois enjambées cosmiques, haut-relief, basalte, Xe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Vishnu Vamana-Trivikrama réalisant l’une de ses trois enjambées cosmiques, haut-relief, basalte, Xe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

9. Bouddha (Buddha avatara) “pour la Réforme est venu” et “a formé une secte bien connue de la renommée”. Buddha l’Éveillé est un réformateur et le fondateur du bouddhisme.

10. Kalki (Kalki avatara),  Kalki, le cavalier du futur sur son cheval blanc, n’est pas encore apparu sur Terre. Kalki sauvera l’humanité plongée dans les ténèbres à la fin de l’ère actuelle (Kali Yuga) préparant une ère nouvelle… Kalki est décrit soit comme un cheval blanc soit comme un guerrier sur un cheval blanc… 

D'après Vischnu avatar Kalki, incarnation de Vishnu dans le futur, 1700-1710, encre, aquarelle et or sur papier, école de Basohli, Jammu, début XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Vishnu avatar Kalki, incarnation de Vishnu dans le futur, 1700-1710, encre, aquarelle et or sur papier, école de Basohli, Jammu, début XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Voir aussi Le Sacré en Inde :  Soma, Vishnu et Rudra (Shiva), déités chantées dans les Veda

Les aventures de Râma et Sîtâ traversent les siècles et les contrées

Râma élevé au rang de divinité

Le Râmâyana, qui exalte le courage, la loyauté, la foi, le pardon et la solidarité, favorise et propage aussi le culte de Râma, avatar de Vishnu, élevé au rang de divinité. La carnation bleue est la couleur traditionnellement associée à Vishnu…

D’après Râma, septième avatar de Vishnu, avec carquois, arc et flèches, 1820, gouache sur papier, XIXe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Râma, septième avatar de Vishnu, avec carquois, arc et flèches, 1820, gouache sur papier, XIXe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Commenté, adapté, traduit, le Râmâyana, récit mythique et poétique, connaît une très large diffusion, de l’Inde à l’Asie du Sud-Est (Cambodge, Thaïlande, Indonésie).

De multiples versions du Râmâyaṇa

Dans toute l’Inde, le Râmâyana est l’objet de mises en scène rituelles, de danses et de pièces de théâtre. Par ailleurs, au fil des siècles, l’histoire de Râma et Sîtâ traverse les mers et les montagnes, pénètre diverses cultures et pensées religieuses, inspire des styles et des formes d’art.

D’après le roi-singe Hanumân, Râmâyana, linteau khmer, style d'Angkor Vat, XIIe siècle, Prasat Hin Phimai, Thaïlande. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le roi-singe Hanumân, Râmâyana, linteau khmer, style d’Angkor Vat, XIIe siècle, Prasat Hin Phimai, Thaïlande. (Marsailly/Blogostelle)

Dans le Nord de l’Inde, l’épopée de Râma et Sîtâ s’illustre sur des boîtes peintes et au Sri Lanka dans des livres en feuille d’ola. Le Râmâyana se décline en versions musulmanes à Java et bouddhistes en Thaïlande. En Indonésie, l’histoire de Râma et Sîtâ prend la forme de jeux d’ombres. Au Cambodge, des frises sculptées dans les temples illustrent le Râmayaṇa…

Le récit épique du Râmâyaṇa migre à travers le monde et donne lieu à de multiples versions. Ainsi, chaque conteur recompose l’histoire du Râmâyaṇa selon chaque public. Les aventures poétiques de Râma et Sîtâ, héritées d’une tradition ancestrale, perdurent encore aujourd’hui…

D’après Les Dix avatars de Vishnu autour de Krishna et son amante Radha, aquarelle sur papier, début XIXe siècle, Jaipur, Rajasthan, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Premières traductions occidentale au XIXe siècle

C’est au milieu du XIXe siècle que les premières traductions occidentales du Râmâyana permettent aux européens de découvrir cette épopée.

En 1864, Jules Michelet écrit : « Les Râmayan, les Mahabharat, gigantesques pyramides devant lesquelles toutes nos petites œuvres occidentales doivent se tenir humbles et respectueuses. » (Jules Michelet, Bible de l’humanité, 1864)

D’après Krishna et Arjuna sur leur char, Bataille de Kurukshetra, Mahabharata, Bhagavad Gita, XVIIIe-XIXe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Krishna et Arjuna sur leur char, Bataille de Kurukshetra, Mahabharata, Bhagavad Gita, XVIIIe-XIXe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Parmi les illustres récits hindous, le Mahâbhârata, œuvre collective et anonyme, raconte la guerre qui oppose deux clans de la lignée Bharata. Les Kaurava et les Pandava luttent pour conquérir la souveraineté. Les Pandava reçoivent l’aide de Krishna, incarnation de Vishnu. Le dieu enseigne la Bhagavad Gîtâ à Arjuna. Le Mahâbhârata, poème de 200 000 vers, se présente comme un livre de sagesse censé contenir toute l’existence humaine…

Article suivant Le Mahâbhârata une épopée mythique sacrément compliquée

RÉCITS MYTHIQUES HINDOUS. 1. Le Barattage de la Mer de Lait, récit cosmogonique hindou – 2. Le Râmâyana célèbre les exploits du prince Râma et Râma, héros divinisé du Râmâyana, libère le monde des démons – 3. Le Mahâbhârata une épopée mythique sacrément compliquée ; L’excellence guerrière d’Arjuna, grand héros du Mahâbhârata, se rattache aux dieux Indra et Shiva et Au cœur du Mahâbhârata, Krishna enseigne à Arjuna la Bhagavad-Gîtâ, chant poétique et mystique (3)

Sommaire HISTOIRE DU SACRÉ

REPÈRES CHRONOLOGIQUES. Au cours de l’époque védique, entre 1500 avjc et le IIIe siècle avjc, sont rédigés en sanskrit : le Rig-Veda, les Brahmanas et les Upanishads (qui constituent le Vedanta). Et aussi de tradition védique : le Barattage de la Mer de Lait et le Mahâbhârata (IVe siècle avjc – IVe siècle), qui comprend La Bhagavad-Gîtâ (IVe – IIIe siècle avjc). Plus tardif : le Râmâyana, poème en sanscrit (IIIe siècle avjc – IIIe siècle). 

Le Râmâyana – poème sanscrit de Vâlmîki ; traduit en français par Hippolyte Fauche ; préface de Ch. Marcilly, BNF : gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5834754z/f16.item et  gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k206532c. British Library : bl.uk/Râmayana

Le Râmâyana (Tales of Rama; The Freer Ramayana), Smithsonian Museum. Volume 1 : asia.si.edu/explore-art-culture/collections/search/edanmdm:fsg_F1907.271.1-172/ et Volume 2 – asia.si.edu/explore-art-culture/collections/search/edanmdm:fsg_F1907.271.173-346/

Chapitre Le Râmâyana, Jules Michelet,   Bibliothèque nationale de France (BNF) gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k206960w/f14.item

Publié par Maryse Marsailly

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