Le Sacré en Égypte ancienne, la déesse Isis et les multiples visages de la déesse égyptienne

D'après la déesse Isis, mythologie, Egypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse Isis donne la vie

Comme Mout, épouse d’Amon-Rê et mère du jeune dieu Khonsou, comme Hathor, déesse Vache Céleste ou divinité coiffée de cornes de vache, comme aussi Sekhmet à tête de lionne, l’une des formes d’Hathor, épouse du dieu Ptah à Memphis et mère de Nefertoum…, la déesse Isis, épouse d’Osiris et mère d’Horus, incarne la facette féminine du divin. La déesse Isis porte différentes couronnes emblématiques des grandes déesses célestes, mères ou nourricières, protectrices, avec qui elle finit par se confondre…

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour août 2023 –

D'après la déesse Isis allaitant l’enfant Horus, faïence bleue, Époque Ptolémaïque, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis allaitant l’enfant Horus, faïence bleue, Époque Ptolémaïque, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

REPÈRES CHRONOLOGIQUES. Époque Thinite vers 3400-2980 avjc. Ancien Empire 2980-2475 avjc. Moyen Empire 2160-1788 avjc. Nouvel Empire 1580-1090 avjc. Troisième période intermédiaire 1090-663 avjc. Basse Époque 663 avjc – 332 avjc (domination Perse 525 avjc – conquête Alexandre le Grand 332 avjc). Époque ptolémaïque 332-30 avjc. Époque Romaine 30 avjc- IVe siècle.

ISIS ASSIMILE LES QUALITÉS ET ATTRIBUTS DES GRANDES DÉESSES ÉGYPTIENNES

Les artistes représentent la déesse Isis, parfois ailée, coiffée du trône ou du disque solaire, revêtue d’une longue robe de style archaïque. Souvent, elle allaite son fils Horus. Mais le rôle de nourricière et de protectrice de la grande déesse s’incarne sous les traits de plusieurs importantes divinités féminines…

D'après la déesse Isis, coiffe vautour, sistre d'Hathor et collier menat, chapelle d'Osiris, temple du roi Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Egypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis, coiffe-vautour, sistre d’Hathor et collier menat, chapelle d’Osiris, temple du roi Séthi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Egypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Les attributs divins de la grande déesse égyptienne sont le disque solaire, les cornes de vache, la dépouille de vautour, le signe ankh, le sistre, le sceptre, le collier menat, et aussi les ailes…

La coiffe des grandes déesses

En dehors de sa coiffe en forme de trône qui lui est propre, la déesse Isis porte fréquemment aussi une coiffe emblématique des grandes déesses célestes…

Comme Hathor ou Mout, l’épouse d’Osiris est souvent couronnée du disque solaire entre deux cornes de vache, de la dépouille de vautour et de l’uraeus. Le vautour, insigne royal, est également l’attribut de Nekhbet, déesse de Haute-Égypte et patronne du Sud.

D’après la déesse Isis, cornes et disque solaire, tombe de Néfertari, Vallée des Reines, Thèbes, Louxor, XIXe dynastie, Nouvel Empire ; et la déesse Isis, coiffe- vautour et disque solaire, offrandes de pharaon, chapelle d’Isis, temple du roi Séthi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire ; Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Le collier menat et le sistre

Comme Hathor, la déesse Isis porte encore le collier menat (un large bijou à contrepoids), symbole de protection. Elle tient aussi parfois un sistre, l’un des attributs d’Hathor. Cet instrument sacré permet aux prêtresses des temples de jouer de la musique, et ainsi d’accompagner les activités de cultes.

La mère d’Horus tient encore dans la main, comme d’autres divinités, la croix ansée Ankh (qui signifie Vie) et le sceptre Ouas, insigne de la puissance des dieux.

D’après un sistre d’Hathor, en bois peint, tombe d’Ani, XIXe dynastie, Nouvel Empire ; et la déesse Isis et son sistre, grande statue de marbre, règne d’Hadrien (117-138), IIe siècle apjc, époque Romaine. (Marsailly/Blogostelle)

Dans la vie comme dans l’au-delà, la déesse Isis protège

Les artistes réalisent de nombreuses statuettes votives de la déesse Isis, moulées dans le bronze ou façonnées dans une faïence bleue dite égyptienne. Ces effigies de la déesse sont déposées par les fidèles, à l’occasion des pèlerinages, dans les sanctuaires.

Par ailleurs, pour pallier le manque de place dans les temples, des milliers de figurines de diverses divinités s’empilent dans des cachettes en des lieux sacrés. On dépose encore des statuettes de la déesse Isis dans les sépultures pour obtenir sa protection.

D'après la déesse Isis allaitant l’enfant Horus, faïence bleue, Époque Ptolémaïque, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis allaitant l’enfant Horus, faïence bleue, Époque Ptolémaïque, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Isis-Hathor, une image de la nourrice divine

Déesse mère et protectrice, la déesse Isis est assimilée, à l’époque tardive, à la déesse Hathor de l’amour, de la joie et de la fécondité.

Nourrice divine par excellence, Hathor se manifeste sous la forme d’une vache ou d’une déesse, dont les cornes encadrent le disque solaire. Les deux cornes hathoriques évoquent aussi les croissants de la Lune et forment une coupe renfermant en son sein le Soleil et la vie…

D’après la déesse Isis et Horus, bronze et incrustations d'argent, fin VIIIe siècle avjc, Troisième période intermédiaire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis et Horus, bronze et incrustations d’argent, fin VIIIe siècle avjc, Troisième période intermédiaire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse Isis donne la vie

Parmi les statuettes tardives de la déesse Isis allaitant, l’une d’elle, moulée dans le bronze, remonte à l’époque saïte, à la Basse Époque. La déesse porte la coiffe d’Hathor, avec dépouille de vautour, uraeus royal et cornes de vache encadrant le disque solaire.

L’épouse d’Osiris arbore aussi un large pectoral, le collier ousekh, un bijou composé de plusieurs rangs de perles. Ses yeux contiennent des traces d’incrustations d’or. Les pieds de la mère d’Horus reposent sur une base ornée d’une inscription hiéroglyphique qui précise : Isis donne la vie à Bik, fils d’Amenardis.

D’après la déesse Isis allaitant, Horus disparu, bronze, XXVIe dynastie, Basse Époque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis allaitant, Horus disparu, bronze, XXVIe dynastie, Basse Époque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Horus, à l’origine sur les genoux de sa mère, a disparu sur cette statuette. Mais l’attitude et les gestes de la déesse évoquent une attitude maternante et l’allaitement.

LES DIFFÉRENTS VISAGES DE LA GRANDE DÉESSE ÉGYPTIENNE

Au cours de la Basse époque, on assimile la déesse Isis à Hathor, déesse de l’amour, de la joie et de la fertilité, à Nout, déesse Ciel, à Sekhmet la lionne, aspect redoutable d’Hathor mais grande déesse à Memphis… Puis, à l’époque gréco-romaine, la déesse Isis se confond encore avec Aphrodite ou avec les déesses orientales Astarté ou Ishtar…

D'après la déesse Isis, les ailes déployées, panneau peint, Le Caire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis, les ailes déployées, panneau peint, Le Caire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Déesses mères et déesses cosmiques…

À côté des déesses mères Isis, Mout ou Hathor, la grande déesse égyptienne c’est encore Nout, déesse Ciel et Voûte céleste, Nephtys, la sœur d’Isis, Maât, divinité cosmique incarnant la norme et l’équilibre universels et déesse Vérité.

Ces importantes divinités représentent toutes l’un des visages de la grande déesse égyptienne… qui se manifeste encore sous la forme de Bastet.

Cette déesse chatte incarne la facette pacifiée et bienveillante de Sekhmet-Hathor. Elle protège les enfants et le foyer. On l’honore en particulier pour se prémunir contre les maladies et les désastres que peut provoquer la colère de Sekhmet…

D’après Nout, déesse Ciel, sarcophage du prêtre Djedhor, diorite, IVe siècle avjc, Sakkara, Époque Ptolémaïque ; la déesse Bastet, sistre, panier et bouclier-lionne, statuette en bronze, vers 663-332 avjc, et Bastet, sous sa forme de chatte, statuette votive au nom du roi Psammétique, bronze, verre coloré, VIIe siècle avjc ; Basse Époque, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse céleste Nout, ici représentée avec des seins bien ronds, redonne naissance chaque matin au dieu Soleil. On la représente aussi le corps empli de la voûte céleste.

Voir aussi l’article Le Sacré en Égypte ancienne, le culte solaire nourrit la symbolique funéraire

Neith, ancestrale déesse guerrière

Parmi les importantes divinités féminines de la mythologie égyptienne, on rencontre encore la déesse Neith, Celle qui est. Un jeu de mot sur son nom évoque un mode d’être à la fois masculin et féminin.

D’après la déesse Neith coiffée de la couronne Rouge de la Basse-Egypte, temple de Louxor, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Cette ancestrale déité primordiale bisexuée et créatrice est surtout vénérée à Saïs, dans le Delta, au Nord du royaume d’Égypte. La déesse Neith arbore la couronne Rouge de la Basse Égypte.

Neith apparaît encore comme la maîtresse de la Mer et, par extension, du Noun, l’Océan Primordial. Elle engendre la vie au moyen de sept flèches (sept paroles). Déesse-mère sous la forme d’une vache, elle met au monde le démiurge.

Neith, parfois représentée avec arc, flèches et bouclier, est encore une déesse de la guerre et de la chasse, que les Grecs assimilent à Athéna.

D’après la déesse ancestrale Neith, statuette, bronze incrusté d'or, vers 664 - 332 avjc, Basse-Époque, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse ancestrale Neith, statuette, bronze incrusté d’or, vers 664 – 332 avjc, Basse-Époque, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Neith, déesse du tissage et des onguents

Neith est en outre la déesse du tissage et des onguents, et porte parfois une coiffe en forme de navette de métiers à tisser.

La déesse Neith protège donc les activités liées aux étoffes et à la fabrication des bandelettes funéraire des momies. Par ailleurs, Neith patronne les activités domestiques et protège le mariage.

Les fils qui se tissent dans l’univers…

Le tissage possède une dimension symbolique et se rapporte à l’action créatrice, aux fils qui se tissent dans l’univers, aux liens de la magie, aux liens du mariage… La déesse Neith se confondra elle aussi, à une époque tardive, avec la déesse Isis.

D’après la déesse Neith et sa coiffe en forme de navette, tombe de la reine Nefertari, épouse de Ramsès II, Vallée des reines, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Neith et sa coiffe en forme de navette, tombe de la reine Néfertari, épouse de Ramsès II, Vallée des reines, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse Neith est également considérée comme la mère du dieu crocodile Sobek. Sobek est vénéré, à partir du Moyen Empire, comme un dieu originel et créateur. Il est alors uni au dieu Soleil Rê sous la forme de Sobek-Rê.

Taouret-Thouéris, déesse hippopotame

La grande déesse égyptienne se manifeste encore sous les traits de Taouret-Thouéris qui, sous la forme d’une femelle hippopotame, incarne la fertilité, protège les femmes enceintes, les parturientes (les femmes en train d’accoucher) et les enfants en bas âge.

D'après Taouret-Thouéris, faïence bleue, vers 663 -525 avjc, XVIe dynastie, Basse Époque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Taouret-Thouéris, faïence bleue, vers 663 -525 avjc, XVIe dynastie, Basse Époque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Des grandes mamelles et un ventre plein

L’une des statues de Taouret-Thouéris, qui remonte à la XXVIe dynastie, est sculptée dans le grauwacke, une pierre sombre qui rappelle la couleur du limon noir du Nil.

La déesse hippopotame à tête de crocodile est représentée debout, dressée sur ses pattes de lion… Son ventre plein et ses lourdes mamelles symbolisent la fécondité et la maternité.

L’artiste prend soin de polir la pierre très soigneusement, ce qui permet d’adoucir les volumes de cette étrange figure et d’accrocher la lumière pour la transfigurer.

D'après Taouret-Thouéris et nœuds d'Isis, grauwacke poli, vers 663 -525 avjc, XVIe dynastie, Basse Époque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Taouret-Thouéris et nœuds d’Isis, grauwacke poli, vers 663 -525 avjc, XVIe dynastie, Basse Époque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Sur le pilier dorsal de la statue de Taouret-Thouéris en grauwacke, une inscription votive invoque Réret-Isis pour protéger Nitocris, la fille du pharaon Psammétique Ier.

Taouret-Thouéris « La grande« 

Taouret-Thouéris, dont le nom signifie La Grande, est assimilée au limon noir du fleuve nourricier qui fertilise les terres grâce à ses crues. Sur le socle de la statue, l’artiste grave une dédicace votive aux déesses Thouéris, La Grande et à Réret, La Truie, qui est l’un des épithètes de la déesse Isis…

Les deux pattes avant de Taouret-Thouéris reposent d’ailleurs sur deux très hauts nœuds d’Isis, emblèmes propres à la déesse Isis et puissants symboles de sa protection.

D'après Taouret-Thouéris, papyrus funéraire de Taruma, Livre pour Sortir au Jour (dit Livre des Morts), IIe siècle avjc, Époque ptolémaïque, Égypte Ancienne. (MarsaillyBlogostelle)
D’après Taouret-Thouéris, papyrus funéraire de Taruma, Livre pour Sortir au Jour (dit Livre des Morts), IIe siècle avjc, Époque ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

On représente alors la constellation de Réret sous une forme d’hippopotame qui maintient la jambe d’un taureau (Grande Ourse). Le taureau évoque la fureur incontrôlable du dieu Seth mais aussi sa grande force.

Ainsi, Seth, meurtrier de son frère Osiris, est maîtrisé ou tenu à distance par Réret, c’est-à-dire par la déesse Isis. Par ailleurs, le mâle hippopotame, animal dangereux et imprévisible, pouvait être associé lui aussi à la dangerosité du dieu Seth…

Voir aussi La déesse serpent Isis-Thermouthis et la féconde Taouret-Thouéris

Imentet, déesse de l’Occident

La divinité féminine égyptienne prend encore la forme de la déesse de l’Occident, Imentet, reconnaissable à sa coiffe surmontée d’un faucon et d’une plume.

Cette déité de l’au-delà, qui accompagne les défunts, protège plus particulièrement la nécropole de Thèbes…

D'après la déesse de l'Occident, Imentet, XVIIIe dynastie, tombe de Horemheb, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse de l’Occident, Imentet, XVIIIe dynastie, tombe de Horemheb, Thèbes, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Déesse de l’au-delà et de l’arbre sacré

Mais la grande déesse de l’au-delà, c’est encore la déesse nourricière et bienfaitrice qui se tient auprès de l’Arbre de Vie sur les images funéraires. Parfois, le corps de la déesse se confond avec l’arbre sacré lui-même.

La déesse-arbre offre boisson rafraîchissante et nourriture aux défunts qu’elle accueille dans le jardin de l’au-delà… Elle peut se manifester sous les traits d’une divinité féminine, de Nout, d’Hathor-d’Isis, d’Imentet…

D’après la déesse nourricière et l'arbre de vie, tombe de Sennedjem et Iyneferti et XIXe dynastie, Nouvel Empire, Deir el-Medineh, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse nourricière et l’arbre de vie, tombe de Sennedjem et Iyneferti et XIXe dynastie, Nouvel Empire, Deir el-Medineh, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

LES DÉESSES ÉGYPTIENNES DÉPLOIENT LEURS AILES…

Pourvue quelquefois de deux grandes ailes, la déesse Isis protège son frère et époux Osiris, leur fils Horus et pharaon… Avec leurs ailes déployées, les déesses Isis et Nephtys rappellent Maât, déesse Vérité et Justice, reconnaissable à la plume qu’elle porte sur la tête…

D'après la déesse Isis ailée, peinture murale, tombe de Séthi Ier, XIXe dynastie, Vallée des Rois, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis ailée, peinture murale, tombe de Séthi Ier, XIXe dynastie, Vallée des Rois, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Les ailes d’Isis et de Nephtys

Comme Maât, les déesses Isis et Nephtys déploient leurs ailes protectrices, par exemple, sur le sarcophage de Ramsès III, pharaon de la XXe dynastie, sous le Nouvel Empire.

Les déesses Isis et Nephtys sont gravées aux pieds et à la tête du roi  défunt. Elles veillent sur sa dépouille, comme elles le font pour Osiris momifié sur les images funéraires.

Ailées, Isis et Nephtys veillent sur Ramsès III

Le sarcophage de Ramsès III, en forme de cartouche, est réalisé dans un bloc monolithe de granit (ou granite,une roche riche en quartz) aux nuances rosées.

Son couvercle se trouve au Fitzwilliam Museum de Cambridge. Cette cuve renferme à l’origine les divers cercueils du pharaon Ramsès III, emboîtés les uns dans les autres comme des poupées russes.

D'après la déesse Isis ailée, sarcophage de Ramsès III, Vallée des Rois, Thèbes, vers 1190 avjc, XXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis ailée, sarcophage de Ramsès III, Vallée des Rois, Thèbes, vers 1190 avjc, XXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

À l’extérieur de la cuve, le décor illustre les septième et huitième chapitres du Livre des demeures secrètes dit aussi Livre de l’Am-Douat. Dedans, le décor évoque le premier chapitre du Livre des Portes, dont les textes sont semble-t-il gravés sans grand soin.

Chaque long côté du sarcophage de Ramsès III est orné de scènes gravées inspirées du Livre des demeures secrètes. À l’intérieur de la cuve, on grave des divinités inspirées de la première heure du Livre des Portes. À la base du sarcophage, on retrouve l’ancestral motif dit en façade de palais, héritage lointain de l’Ancien Empire…

Voir aussi l’article L’Art de l’Égypte ancienne, le talent des artistes du Nil

D’après le sarcophage de Ramsès III, les déesses Nephtys et Isis, et des motifs en façade de palais, vers 1190 avjc, Vallée des Rois, Thèbes, XXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Maât, divinité et principe cosmique

Maât, déesse Vérité

Fille du dieu Soleil Rê, la déesse Maât préside à l’ordre universel et à l’éthique, qui repose sur les deux piliers Justice et Vérité. Les divinités comme les êtres humains se doivent de respecter les exigences morales de Maât, déesse Vérité.

La déesse Maât semble former un couple divin avec Thot, dieu de la Sagesse et maître du Temps, afin de veiller au bon ordonnancement des choses sur la Terre comme dans le monde céleste…

D'après la déesse Maât et cartouche royal, tombe de Séthi I, XIXe dynastie, Vallée des Rois, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Maât et cartouche royal, tombe de Séthi I, XIXe dynastie, Vallée des Rois, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La plume de Maât mesure la légèreté des cœurs…

La déesse Maât, coiffée de sa plume, personnifie le concept cosmique de Maât, norme universelle, ordre et équilibre universels. Le hiéroglyphe de son nom signifie Justice et Vérité.

Ainsi, la déesse Maât préside à la juste mesure des choses dans la Nature comme dans la société humaine. C’est pourquoi, pharaon (représenté par les prêtres dans les temples) honore tous les jours la déesse Maât pour assurer le renouvellement de l’équilibre de la création.

D’après la déesse Maât et la Pesée du cœur sur la balance du Tribunal d’Osiris, Livre pour Sortir au Jour (dit Livre des Morts) de Taruma, IIe siècle avjc, papyrus funéraire, Époque ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

D’un côté de la balance le cœur du défunt, de l’autre Maât ou sa plume. Le dieu Thot enregistre la sentence de cet équilibre…

En conséquence, la déesse Maât veille sur tous les tribunaux et, plus particulièrement encore, sur le plus essentiel de tous : le tribunal d’Osiris, quand sont jugés les défunts dans la Salle des deux Maât, sous l’œil vigilant du dieu Thot de la Sagesse qui consigne la sentence.

La Salle des deux Maât renvoie à la déesse Maât comme fille du Soleil et fille de la Lune. Par ailleurs, Thot, substitut de Rê sur Terre, est le dieu de la Lune ou l’œil de la Lune. Maître du temps, ce scribe des dieux consigne la parole divine. Il sera assimilé à Hermès ou Mercure dans le monde gréco-romain.

D'après la déesse Maât et sa plume, tombe de Séthi I, XIXe dynastie, Vallée des Rois, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Maât et sa plume, tombe de Séthi Ier, XIXe dynastie, Vallée des Rois, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Thot consigne le Jugement d’Osiris fondé sur la Maât

Sur les images funéraires, la plume de Maât apparaît sur la balance de La Pesée du Cœur. Sa légèreté induit celle de l’âme du défunt, qui aspire à accéder à l’au-delà éternel. Si le cœur pèse trop lourd, la Grande Dévoreuse s’apprête à engloutir le défunt…

Sur le papyrus funéraire de Padiamonnebnésouttaouy, la déesse Maât, couronnée de sa plume, reçoit les prières et confessions du défunt lors du rituel de La Pesée du cœur. Thot consigne le Jugement d’Osiris fondé sur la Maât.

D'après la déesse Maât et Thôt, Pesée du cœur, Livre des Morts de Padiamonnebnésouttaouy, dit Papyrus Cadet, vers 332-30 avjc, Époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Maât et Thot, Pesée du cœur, Livre des Morts de Padiamonnebnésouttaouy, dit Papyrus Cadet, vers 332-30 avjc, Époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Isis, déesse souveraine du temple de Philae

Un hymne voué à la déesse Isis, inscrit sur les parois du grand pylône du temple de Philae, illustre la dimension universelle et cosmique qu’on l’on attribue alors à l’épouse d’Osiris,  mère d’Horus, à l’époque des Ptolémées, entre 332 avjc et 30 avjc, avant l’époque Romaine.

(Temple de Philae, époque Ptolémaïque) “Isis, vénérable Mère des dieux, donneuse de vie, maîtresse de Philae ;  Dame de la Butte (la butte sainte d’Osiris) ; Reine de Senmout (nom égyptien de l’île de Bigeh) ; pleureuse qui connaît les formes secrètes de ton frère ;

D'après la déesse Isis, Osiris et Horus, cour, temple de Philae, XXX dynastie-époque romaine, Aguilkia, Assouan. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis, Osiris et Horus, cour, temple de Philae, XXX dynastie-époque romaine, Aguilkia, Assouan. (Marsailly/Blogostelle)

« Grande en magie aux desseins parfaits »

… Vénérable, puissante, souveraine des dieux ; Toi dont le nom est exalté parmi ceux des déesses ;  Grande en magie aux desseins parfaits dont les charmes refoulent Apophis (le serpent géant et monstrueux qui tente chaque nuit de faire cesser la course du Soleil) ; …

…Toi sans l’accord de qui nul ne peut entrer dans le palais du seigneur ; glorieux de par ta volonté ; Son nom est souveraine de la vie elle qui rend vie à l’Égypte ;

… Puissante dans Thèbes, Grande dans Dendérah, Forte à Memphis, Mère divine dans Coptos, exaltée à Akhmim, maîtresse de tous les nomes (régions administratives de l’Égypte), qui domine l’Ennéade par ses charmes magiques ; Puissante, la force te confère ton prestige…

… Adorée dans le ciel, souveraine des étoiles, qui met les étoiles sur leur orbite ; Isis maîtresse de vie, dame de la butte sacrée ; Souveraine et régente de Philae ; Dame des pays du midi”.

D'après la déesse Isis et Horus, temple d'Isis de Philae, déplacé sur l'île d'Aguilkia, région d'Assouan,  XXXe dynastie-époque romaine, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis et Horus, temple d’Isis de Philae, déplacé sur l’île d’Aguilkia, région d’Assouan,  XXXe dynastie-époque romaine, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La déesse Isis se manifeste encore sous la forme d’Isis-Thermouthis, La Nourricière. La mère du jeune Horus, qu’elle allaite, incarne la maternité et la fécondité. Comme aussi la déesse hippopotame Taouret-Thouéris. Le temple de Philae est le plus important sanctuaire consacré à la déesse Isis…

Article suivant : La déesse serpent Isis-Thermouthis et la féconde Taouret-Thouéris

Sommaire HISTOIRE DU SACRÉ

Des écrits sacrés ? Les Textes des Pyramides, qui remontent à l’Ancien Empire (entre 2980 – 2475 avjc) ; Les Texte des Sarcophages, depuis la fin de l’Ancien Empire et au Moyen Empire (vers 2160 – 1788 avjc) ; Le Livre pour Sortir au Jour (dit Livre des Morts), au Nouvel Empire (vers 1580 – 1090 avjc)…

Un roman ? Sinouhé l’Égyptien, de Mika Waltari, les aventures de Sinouhé, médecin et espion du pharaon Aménophis IV (Akhénaton)… Un conte initiatique ? Her-Bak Pois Chiche, de Isha Schwaller de Lubicz, qui raconte l’éveil d’un jeune égyptien sous la XXe dynastie, dans la région de Thèbes (Karnak, Louxor)… 

Publié par Maryse Marsailly

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2 commentaires sur « Le Sacré en Égypte ancienne, la déesse Isis et les multiples visages de la déesse égyptienne »

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