La civilisation de Sumer : les brillants artistes de la cité d’Ur

Ur : matières précieuses, tableaux de mosaïque, récits animaliers…

Dans la deuxième moitié du IIIe millénaire avjc, la civilisation sumérienne s’étend sur une aire géographique très vaste… En Mésopotamie, d’Uruk à Ur et à Mari, et de Babylone à Assur, les échanges favorisent les ressources en pierre, en métal et en matières précieuses… Au cours de la dernière période des dynasties archaïques sumériennes, les artistes d’Ur élaborent des créations inédites… Ils mettent en scène aussi sur un répertoire animalier plein de vivacité, sorte de prototype de la fable…

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière révision novembre 2018 –

REPÈRES CHRONOLOGIQUES
Dernière période des dynasties archaïques sumériennes, vers 2600 avjc – 2340 avjc – Empires d’Agadé et de Lagash sous la dynastie d’Akkad fondée par le roi Sargon, vers 2340 avjc – 2200 avjc. – L’époque néo-sumérienne vers 2150 avjc – 2100 avjc : règne du prince Gudéa vers 2130 – 2100 avjc. – Ur-Nammu, fonde la IIIe dynastie d’Ur, XXI-XXe siècles avjc. Chronologie Proche et Moyen Orient antiques

D'après l'Étendard d'Ur, La Paix, détail, mosaïque de coquille, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après l’Étendard d’Ur, La Paix, étail, mosaïque de coquille, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Bloc-notes + Une aventure ? L’épopée de Gilgamesh (Mésopotamie) : des tablettes du XIIIe siècle avjc racontent l’épopée du roi Gilgamesh en quête d’immortalité… (il aurait régné vers 2600 avjc sur la cité d’Uruk (ou Ourouk )… Un livre ? L’Histoire commence à Sumer, de Samuel Noah Kramer (1956).

ON DÉPOSE DES OBJETS D’ART DANS LES TOMBES ROYALES DE LA CITÉ D’UR

L’antique cité d’Ur devient une ville importante et prospère à l’époque des dynasties archaïques… Des fouilles du site de Tell al-Muqayyar, situé en Irak actuel, sont réalisées dans les années 1920-1930 par l’archéologue britannique Leonard Woolley. 1800 tombes dont 16 sépultures exceptionnelles sont mises au jour. Parmi ces tombes peu ordinaires, 8 sépultures remontent à la dernière période des dynasties archaïques…

D'après la lyre dite du roi, feuille d'or et lapis, sépulture de la reine Puabi, tombes royales d’Ur, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la lyre dite du roi, feuille d’or et lapis, sépulture de la reine Puabi, tombes royales d’Ur, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

La cité d’Ur au troisième millénaire avjc
L’histoire de la cité d’Ur commence aux Ve et IVe millénaire avjc. Trois périodes marquent son évolution : l’époque d’Obeid, puis celles d’Uruk et de Jemdet-Nasr… À l’époque des dynasties archaïques sumériennes, entre 2800 et 2500 ans avjc, les dynasties de Kish et d’Uruk supplantent la première dynastie d’Ur, mentionnée sur une inscription retrouvée à Obeid du roi Aanepada, deuxième souverain de la première dynastie d’Ur…

C’est à l’époque de la première dynastie d’Ur que remonte les riches tombes royales découvertes par Leonard Woolley, et la pratique probable d’hécatombes funéraires, sorte de suicide collectif. De nombreuses personnes, continuent ainsi sans doute à servir le maître de la maisonnée dans l’au-delà… La découverte de cette pratique est unique à ce jour dans l’histoire sumérienne…

Une ville située sur l’Euphrate…
Au IIIe millénaire avjc, la cité d’Ur accueille environ 30000 habitants… La ville possède des remparts construits en brique crue et des portes monumentales. On aménage aussi des canaux pour irriguer les terres ou pour évacuer l’eau des crues de l’Euphrate…

D’après des reconstitutions de la cité d’Ur, fondée au IIIe millénaire avjc, dynasties archaïques sumériennes, Ur,actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

On circule dans la cité grâce à l’aménagement de grands axes, de rues et de ruelles qui mènent aux bâtiments sacrés et publics et aux denses quartiers des habitations, dont les maisons sont proches les unes des autres. La ville abrite plusieurs sanctuaires et des boutiques… Et parmi les nombreux ateliers d’Ur, ceux des lainages sont alors réputés et leurs productions s’exportent parfois en de lointaines contrées…

Dans les tombes d’Ur, on aménage des chambres funéraires
Parmi les sépultures de la cité d’Ur, certaines tombes de la dernière période des dynasties archaïques se distinguent des autres… Pour accéder à ces espaces d’inhumation, on emprunte une rampe d’accès, le dromos. Les chambres voûtées sont construites en pierres et en briques. Une niche permet de déposer le riche mobilier funéraire du défunt, sauvegardé malgré les pillages…

Un rituel qui évoque un suicide collectif…
Il semble que l’on pratique alors à Ur des coutumes funéraires particulières… Les personnages inhumés là possèdent des objets précieux en quantité et les défunts sont vêtus et parés de bijoux. Des animaux tirent des chars… et semble-t-il de nombreux serviteurs accompagnent des défunts…

D’après un vase en or, sépulture de la reine Puabi, tombes royales d’Ur, vers 2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un vase en or, sépulture de la reine Puabi, tombes royales d’Ur, vers 2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Certains individus ont sans doute succombé à une mort violente : des groupes de personnes, jusqu’à 74 défunts dans certaines tombes royales, tiennent une coupe… Cela laisse imaginer une possible mort volontaire et collective, sans doute une pratique rituelle au moment de l’inhumation du maître, du chef, du prince ou du roi… qui rejoint ainsi sa dernière demeure avec sa maisonnée…

Des importations de matières précieuses…
La richesse de certaines sépultures de l’antique cité d’Ur montre qu’à l’époque des dynasties archaïques sumériennes, les artistes utilisent des matériaux précieux et donnent à la statuaire un nouvel essor…

On n’hésite pas alors à importer des matières rares et onéreuses pour fournir les artistes et les sculpteurs. C’est probablement en Afghanistan que l’on va chercher de grandes quantités d’or et de lapis-lazuli. On se fournit aussi en chlorite, une pierre de couleur verte…

Les artistes créent des panneaux de mosaïque
Les artistes sumériens d’Ur (Irak actuel), comme à Mari (Syrie actuelle) créent des chefs-d’œuvres… Ils taillent des coquilles marines pour composer des panneaux de mosaïque. Le goût sumérien pour l’organisation du décor en registres superposés et pour un répertoire animalier se perpétue…

D'après l'Étendard d'Ur, La Paix, mosaïque de coquille, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après l’Étendard d’Ur, La Paix, mosaïque de coquille, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

D’après l’Étendard d’Ur, La Paix, mosaïque de coquille, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Ainsi, les panneaux dits Étendards d’Ur et de Mari nous présentent des scènes de cour, des récits de guerre et des tableaux mythologiques et de culte. Ces objets d’art ont peut-être alors une fonction ou une signification cérémonielle…

Le nom Étendard renvoie à la découverte des panneaux d’Ur, retrouvés au-dessus de l’épaule du défunt, et interprété comme étant un étendard que l’on portait alors au sommet d’une hampe à l’occasion des défilés de triomphe militaire…

Plus tard à Mari, la même hypothèse sera reprise après la mise au jour des fragments de l’Étendard de Mari, interprétés là encore comme les vestiges d’un étendard de victoire, dont l’iconographie relate et commémore de hauts faits guerriers… Pour en savoir plus sur l’Étendard de Mari voir aussi l’article Mésopotamie, la quête de la figure idéale à Mari

D'après l'Étendard d'Ur, La Guerre, mosaïque de coquille, vers 2600-2500 avjc, Ur, période des dynasties archaïques sumériennes, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après l’Étendard d’Ur, La Guerre, mosaïque de coquille, vers 2600-2500 avjc, Ur, période des dynasties archaïques sumériennes, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Les artistes sumériens d’Ur rehaussent leurs créations en mosaïques de motifs incrustés de lapis-lazuli, de cornaline, de coquillages, de nacre, auxquels s’ajoute parfois quelques éléments en os…

L’Étendard d’Ur raconte la Guerre et la Paix…
Le créateur de l’Étendard d’Ur élabore une mosaïque historiée formée de deux panneaux fixés dos à dos. Le chef-d’œuvre, préservé et retrouvé dans la sépulture de son supposé propriétaire, est découvert dans les tombes d’Ur. Cet objet d’art entièrement couvert de mosaïque sur toutes ses faces ressemble à un pupitre…

Les thèmes du décor évoquent la guerre, la paix, la victoire, le banquet… Pour composer cette précieuse création, qui mesure 47 centimètres de large sur un peu plus de 20 centimètres de haut, l’artiste utilise de la coquille non nacrée, du lapis-lazuli, du calcaire rouge, du bitume et du bois. Il taille les motifs et les personnages dans la coquille avant de les incruster sur un fond de lapis-lazuli…

D’après l’Étendard d’Ur, La Guerre, chars et fantassins, détails, mosaïque de coquille, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Le roi et ses fantassins casqués…
Les sujets des panneaux se déploient sur trois registres… Sur l’une des faces, le décor nous raconte la guerre conduite par le roi. Le souverain est accompagné de fantassins parés de leur casque et de leur cape en cuir.

On aperçoit aussi quelques chars de combat tirés par des chevaux… Des ennemis morts gisent à terre, des captifs nus défilent, des guerriers conduisent aussi des prisonniers…

La traditionnelle scène du banquet…
Sur la deuxième face de l’Étendard d’Ur, la mise en scène évoque la Paix, la vie agricole et la convivialité du banquet… Certains personnages transportent des charges, sans doute le butin de guerre et des victuailles destinées aux festivités de la victoire… Un personnage plus grand que les autres, sans doute le souverain, porte le kaunakès une coupe à la main…

D’après une scène de Banquet, sceau de la reine Puabi, vers 2600-2500 avjc, Ur ;  un Banquet, Étendard d’Ur, mosaïque de coquille, détail, vers 2600-2500 avjc, Ur  ; et la lyre d’or-taureau, trésor de la reine Puabi, vers 2500 avjc ;  tombes royales d’Ur, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Sur l’Étendard d’Ur, on retrouve la traditionnelle scène de banquet, comme sur une empreinte de sceau de la reine Puabi, avec des convives aux traits sumériens… L’artiste travaille avec soin tous les détails de sa composition, comme une lyre ornée d’une tête de taureau en relief. On retrouve cet instrument de musique dans le mobilier les tombes d’Ur…

UN RÉPERTOIRE ANIMALIER FABULEUX

À l’époque des dynasties archaïques sumériennes, on retrouve le répertoire animalier des sceaux-cylindres sumériens. Certaines images évoquent même des fables avec des animaux qui s’adonnent à des activités humaines, comme des porteurs d’offrandes, des convives ou des musiciens…

D’après un renard harpiste, détail du panneau incrusté de la lyre dite du roi, sépulture de la reine Puabi, tombes royales d'Ur, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un renard harpiste, détail du panneau incrusté de la lyre dite du roi, sépulture de la reine Puabi, tombes royales d’Ur, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Le thème de la lyre et du taureau
À cette époque, les artistes décorent la partie antérieure des lyres de petits tableaux de mosaïque. La caisse de résonance peut prendre la forme simplifiée d’un taureau, dont la tête en or, en argent ou en bronze, se projette en très haut relief. Selon les textes, on assimile le son de la lyre au beuglement du taureau…

Une harpe en argent de 97 centimètres de haut environ et des lyres en bois retrouvées dans les tombes royales de la cité d’Ur, rappellent l’instrument du musicien de l’Étendard d’Ur avec son taureau traité en haut relief.

Des cervidés et des fauves dans les collines
L’argent qui recouvre la harpe et la tête du taureau, la coquille, le lapis-lazuli et le calcaire rouge de la marqueterie sont très anciennes. Le cadre, les chevilles (à l’origine en argent), les chaînes et le pont sont plus récents.

Le panneau sur le devant de l’instrument représente une scène de chasse avec des cervidés et des fauves dans un paysage de collines… L’excellence du grand chasseur, héritée de la préhistoire, rappelle là un loisir de cour mais évoque aussi le génie du guerrier dont l’habileté et la force s’incarnent dans l’image du fauve…

D’après une lyre, Étendard d’Ur, détail, mosaïque de La Paix, vers 2600-2500 avjc ; et une harpe en argent, vers 2600 avjc, tombes royales d’Ur ; période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Un art animalier vivant et savoureux…
Parmi les thèmes iconographiques de prédilection dans le répertoire mésopotamien, on rencontre souvent le thème des animaux qui jouent de la musique ou qui s’adonnent aux activités des êtres humains… Parfois un renard joue de la lyre, un lion se fait chanteur…

Lions chasseurs, Arbre sacré, Maître des animaux…
Les artistes s’inspirent encore et toujours du personnage traditionnel et mythique du Maître des animaux – ou Dompteur – accompagné parfois du taureau androcéphale (taureau à tête humaine) coiffé de ses cornes divines. Un être mythique parfois associé à un personnage-scorpion…

D’après le Banquet des Animaux, empreinte de sceau, tombes d’Ur, vers 2500-2600 avjc ; et une harpe-taureau, argent, décor incrusté, arbre sacré et lions chasseurs, vers 2600 avjc, sépulture de la reine Puabi, tombes royales d’Ur ; période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Parmi les motifs décoratifs des incrustations de coquille, on retrouve les bouquetins auprès d’un arbuste qu’ils broutent ou non. Par deux, dressés sur leurs pattes, les capridés accompagnent symétriquement l’image de l’arbre sacré… On peut voir encore l’aigle léontocéphale Imdugud, acolyte de Ningirsu, qui se manifeste comme un Maître des Animaux… Voir aussi l’article La puissance orageuse de Ningirsu, dieu sumérien de Lagash;

L’art de la fable, de l’Orient Ancien… à la Grèce et à l’Occident
Selon la tradition, Ésope, fabuliste grec du VII- VIe siècle avjc a fait de nombreux voyages en Orient et on lui attribue plus de 300 fables (Aesopica) qui mettent en scène des animaux et présentent une morale pratique… Plus tard, la tradition de la fable sera revisitée par les artistes du Moyen Âge, sculpteurs et enlumineurs, et encore au XVIIe siècle par le poète français Jean de La Fontaine (1621-1695 apjc)…

D’après le décor d’une lyre (reconstruite), bouquetins et lions chasseurs, vers 2500 avjc, tombes royales d’Ur ; et la lyre dite du roi et son décor incrusté, Maître des Animaux et scène d’activités, tombes royales d’Ur, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Le décor de la lyre dite du roi évoque le Maître des Animaux et ses Taureaux androcéphales, des animaux convives et musiciens, une scène de libation avec un personnage-scorpion auprès d’une amphore…

D'après une lyre-taureau, bois, en haut l’Aigle de Ningirsu, Imdugud, tombes d'Ur, vers 2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une lyre-taureau, bois, en haut l’Aigle de Ningirsu, Imdugud, tombes d’Ur, vers 2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, Irak actuel, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

LES TRÉSORS DE LA REINE PUABI

Trois lyres et une harpe reposent le long du mur…
Parmi les tombes royales d’Ur, la très riche sépulture de la Reine Puabi abrite un véritable trésor et de nombreux défunts… Dans la grande fosse mortuaire reposent des dizaines de dépouilles parés de bijoux pour leur voyage vers l’au-delà… À côté des joyaux, des perles, de la cornaline, de l’or et de l’argent, trois lyres et une harpe sont déposées là, le long du mur…

Au moment de leur découverte, ces précieux instruments de musique sont dispersés dans différents musées : la lyre dite de la Reine au British Museum, à Londres, la lyre dite du Roi au Penn Museum de Philadelphie aux États-Unis, et la lyre d’or à tête de taureau au Musée d’archéologie de Bagdad.

D’après la lyre dite de la Reine, feuille d’or, lapis-lazuli, bois, coquille ; la lyre reconstituée ; et une harpe-taureau, argent, sépulture de la reine Puabi ; période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Des étoiles pour parer la reine
Retrouvée dans les tombes d’Ur, on a reconstitué la précieuse coiffe-bijou appartenant à la reine Puabi… L’artiste crée une parure raffinée en or, cornaline et lapis-lazuli à bandeau frontal. Ce bijou se distingue par ses grands motifs en forme de croissant, ses ornements d’étoiles et ses motifs végétaux stylisés…

Dans la tombe de la reine Puabi, on entrepose aussi de la vaisselle d’or et d’argent et des poignards… La reine Puabi, qui vit à Ur vers 2500 avjc, possède aussi un char de bois magnifiquement décoré d’une mosaïque de pierres de couleur et de nacre blanche.

On dépose encore dans sa dernière demeure les trois précieuses lyres ouvragées et une harpe en argent, toutes ornées d’une tête de taureau en très haut relief. La tête de l’animal de la lyre dite du roi brille de mille feux grâce à ses feuilles d’or et l’artiste cisèle sa barbe dans du lapis-lazuli…

D’après la lyre dite de la Reine, bois, incrustation de coquille, lapis-lazuli et feuille d’or ; la lyre dite du Roi ; et la coiffe de la reine Puabi ;  sépulture de la reine Puabi, tombes royales d’Ur, vers 2600-2500 avjc,  période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Le symbolisme du taureau se rattache à la puissance de l’orage
L’aspect sacré du taureau remonte à l’époque néolithique dans les régions du Levant et en Syrie, où l’animal semble associé à des figures de déesses-mères… Voir aussi l’article Des peuples néolithiques du Levant… au génie de Sumer. Le Taureau s’identifie à la puissance fougueuse et impétueuse du mâle…

Dans différentes contrées du monde, le symbolisme du taureau se rattache à la puissance redoutable des archaïques divinités célestes de l’Orage, dont l’aspect bénéfique apporte la fertilité à la Terre… Ainsi, le beuglement du taureau évoque le tonnerre ou la foudre. Et la semence ou le sang du taureau symbolise le pouvoir de fécondation, la force créatrice, la puissance de régénération du monde…

D'après une harpe-taureau, argent, sépulture de la reine Puabi, tombes royales d’Ur, vers 2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une harpe-taureau, argent, sépulture de la reine Puabi, tombes royales d’Ur, vers 2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Le dieu Lune d’Ur : puissant, jeune taureau aux cornes robustes
À Babylone, le taureau s’identifie à Enlil, dieu de l’Atmosphère et souverain du panthéon mésopotamien… Dans les régions de l’Orient ancien, le taureau symbolisera aussi le dieu El, dont l’enseigne prend la forme d’une statuette de bronze que l’on fixe au faîte d’un bâton ou d’une hampe…

Les patriarches hébraïques installés en Palestine rendent un culte au dieu El avant que cette pratique soit proscrite par Moïse, un événement évoqué dans la bible avec l’épisode du Veau d’Or…

Dans la cité d’Ur, le dieu Lune (Nanna ou Sîn) est qualifié de puissant, jeune taureau du Ciel ou bien de puissant, jeune taureau aux cornes robustes… On représente aussi Sîn-Nanna, dieu mésopotamien de la Lune sous la forme d’un taureau…

D’après la lyre dite de la Reine, feuille d’or, lapis-lazuli, bois, coquille et le casque d’or de Meskalamdug ; tombes royales d’Ur, vers 2500 avjc,  période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

En Égypte ancienne, la divinité de la Lune est le taureau des étoiles… On représente parfois le dieu lunaire Osiris sous la forme d’un taureau et la grande déesse Hathor, fille de Rê (dieu Soleil) et de Nout (déesse du Ciel et Firmament), porte un disque entre deux cornes de vache… Si les cornes symbolisent la puissance divine, elles évoquent aussi plus particulièrement les croissants de la Lune…

Le casque d’or d’un roi dans les tombes d’Ur…
Parmi le mobilier funéraire des tombes d’Ur, le casque d’or de Meskalamdug porte une inscription au nom de son royal propriétaire… Ce casque postiche évoque la coiffure en chignon et le serre-tête royal. Le souverain porte cet accessoire d’apparat pour se rendre à la guerre ou en certaines occasions. L’artiste travaille le métal à l’aide de la technique du repoussé.

LE THÈME ICONOGRAPHIQUE DU BOUQUETIN OU DE L’IBEX ET L’ARBRE SACRÉ

Le bouquetin et l’arbre sacré traversent le temps…
Le bouquetin figure aussi en bonne place parmi les sources d’inspiration des artistes mésopotamiens… Un beau modèle provenant d’Ur, fait de lamelles d’or, de lapis-lazuli, de mosaïque cornaline et de coquille montre l’animal dressé sur ses pattes postérieures en train de brouter l’arbre sacré. Cette image relève du répertoire ancestral sumérien et iranien…

D’après le Grand Bouquetin d’Ur, tombes royales d'Ur, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le Grand Bouquetin d’Ur, tombes royales d’Ur, vers 2600-2500 avjc, période des dynasties archaïques sumériennes, Ur, actuel Irak, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)

Argent, feuille d’or, Lapis-lazuli, coquille…
Avec une sculpture presque identique conservée au British museum, le Grand Bouquetin d’Ur de l’Université de Pennsylvanie forme la paire de figures de capridés découvertes par sir Leonard Woolley en 1928-1929 dans une tombe du cimetière royal d’Ur. Pour réaliser cette délicate petite sculpture, l’artiste façonne de l’argent et rehausse sa création de feuilles d’or, de lapis-lazuli et de coquille…

Présent dès l’époque néolithique puis au IIIe millénaire avjc, on retrouve ce thème du bouquetin au début du IIe millénaire avjc, à l’époque d’Hammurabi et de la première dynastie de Babylone… et beaucoup plus tard encore, au temps de la Perse Achéménide, avec un magnifique bouquetin ailé qui remonte au Ve-IVe siècle avjc…

D’après un capridé à longues cornes, ibex, empreinte de sceau, vers 3100-2900 avjc, période néolithique ; un Bouquetin ailé, statuette, argent et dorure, Ve-IVe siècle avjc, Perse Achéménide, Suse (Iran actuel) ; un trio de Bouquetins, bronze, or et argent, support de coupe, vers 2000 ans avjc, première dynastie de Babylone, Larsa ; et un Bouquetin et Arbre Sacré, tombes royales d’Ur, vers 2500-2600 avjc, période des dynasties archaïques, Ur ; Mésopotamie, Irak actuel. (Marsailly/Blogostelle)

Dans le dernier tiers du IIIe millénaire avjc, se forme le premier empire d’Agadé et de Lagash, fondé par le roi sémite Sargon qui inaugure la lignée d’Akkad… L’art se met alors au service de la monarchie et de la grandeur impériale… Puis sous le règne du prince-gouverneur Gudea, l’époque néo-sumérienne affirme encore davantage un pouvoir royal idéalisé…

Article suivant : De Sargon à Narâm-Sîn, un art royal sublime la figure du souverain

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Publié par Maryse Marsailly

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