L’art et l’esprit Grec
De l’art des Cyclades au monde minoen et crétois, puis dans l’ensemble de la Grèce Antique, les artistes recherchent l’art de la proportion idéale. Sculpteurs, architectes, peintres et artistes de la céramique subliment un art fondé sur la pensée, une réflexion rationnelle, la recherche de l’harmonie. Les dieux et la vie de la Cité sont le socle de la civilisation grecque antique.
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière version février 2024 –

REPÈRES CHRONOLOGIQUES. Grèce antique. Néolithique : vers 4000 avjc – 3200 avjc. Âge du Bronze : vers 3200 avjc -1100 avjc (Cycladique, palais Crétois, Mycènes). Âge du Fer : vers 900 avjc – 480 avjc. Époque classique : vers 490 – 330 avjc. Époque Hellénistique : 330 avjc – 31 avjc. Chronologie Grèce Antique
Homère, Pythagore, Socrate, Platon, Aristote
Poète et philosophes grecs. Le poète grec Homère (VIIIᵉ siècle avjc) auteur de l’Iliade, et l’Odyssée. Pythagore (vers 580-495 avjc), fondateur de la doctrine pythagoricienne. Socrate (470-399 avjc) découvre son célèbre Connais-toi toi-même inscrit sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes. Platon (427- vers 348 avjc), élève de Socrate, auteur du Banquet. Aristote (vers 384 et 383 avjc 322 avjc), le célèbre précepteur d’Alexandre le Grand (356 -323 avjc).

HÉROS MYTHIQUES ET RÉCITS ÉPIQUES
L’histoire d’Agamemnon, souverain mythique de Mycènes et d’Argos, et les récits homériques de La guerre de Troie et de L’Odyssée d’Ulysse, roi héroïque, d’Ithaque, inspirent de nombreux artistes et auteurs durant des siècles…
Agamemnon, roi mythique
Roi de Mycènes et d’Argos dans la mythologie grecque, fils d’Atrée et frère de Ménélas, Agamemnon dirige la flotte grecque lors de la guerre de Troie… Après le meurtre d’Atrée, Agamemnon et son frère Ménélas se réfugient chez Tyndare, roi de Sparte, dont ils épousent les filles, Clytemnestre et Hélène.

Guerre de Troie et sacrifice d’Iphigénie
Clytemnestre donne à Agamemnon un fils, Oreste, et trois filles, Iphigénie, Électre et Chrysothémis. Aidé par son frère Ménélas, Agamemnon reprend le trône de son père et devient le souverain le plus puissant de la Grèce.
Au cours de la guerre de Troie, Agamemnon sacrifie sa fille Iphigénie pour retrouver les faveurs de la déesse Artémis (Diane romaine) qu’il avait contrariée. Finalement, Clytemnestre et son amant, Égisthe assassinent Agamemnon…


D’après une scène de procession, fresque, palais de Cnossos, vers 1900 avjc, civilisation minoenne, Crète ; Dionysos, céramique à figures noires, signée Andokides, vers 530 avjc, période archaïque ; Grèce antique. (Marsailly/Blogostelle)
LA GUERRE DE TROIE
La longue guerre de Troie, ou d’Ilion son autre nom, oppose le roi Priam et les Troyens conduits par Hector à la flotte grecque menée par Agamemnon…
Les dieux, les Troyens et les Grecs
Du côté du panthéon, les dieux sont partagés… Aphrodite (Vénus romaine) et Zeus (Jupiter) soutiennent les Troyens, mais Héra (Junon), Athéna (Minerve) et Poséidon (Neptune) sont favorables aux Grecs…

Une guerre qui dure dix ans
Dans l’Iliade, le poète Homère raconte l’histoire d’une année entière de cette guerre de Troie qui dure dix ans. Certains épisodes importants de l’Iliade vont inspirer les artistes et nourrir la littérature…
Comme la colère d’Achille contre Agamemnon qui a enlevé Chryséis, fille d’un prêtre d’Apollon, ce qui provoque une peste dévastatrice dans le camp grec. Ou quand Briséis quitte la tente d’Achille pour rejoindre Agamemnon en échange de Chryséis, que le héros Ulysse ramène à son père…
D’autres épisodes racontent encore les funérailles de Patrocle. Prenant la place d’Achille, qui fâché refuse de se battre, Patrocle meurt au combat…
Homère raconte aussi comment Diomède blesse la déesse Vénus venue au secours de son fils Énée, les adieux d’Hector et d’Andromaque, Achille qui traîne le corps d’Hector, Priam qui rend visite à Achille, la douleur d’Andromaque…

Le cheval de Troie
À l’époque romaine, dans l’Énéide de Virgile, Énée raconte à la reine Didon la destruction de la cité de Troie. Après un long siège de dix ans, les Grecs finissent par faire tomber la cité de Troie en faisant croire à leur départ…
Pour cela, les grecs astucieux abandonnent sur le rivage un gigantesque cheval construit en bois, qui semble là pour faire une offrande au dieu de la Mer, Poséidon. En fait, ce cheval de Troie est rempli de guerriers grecs…
Les Troyens hésitent… puis finissent par tirer le cheval, qu’ils croient destiné à apaiser Poséidon, à l’intérieur des remparts de leur cité.
Les guerriers grecs bondissent alors hors du cheval, ouvrent les portes au reste des troupes, mettent la ville à sac puis incendient la cité. Énée s’enfuit et emporte sur ses épaules son vieux père Anchise…

LE RETOUR D’ULYSSE À ITHAQUE
Selon la tradition homérique de l’Odyssée, Ulysse, fils de d’Antikleia et de Laërte, est le roi d’Ithaque. Il épouse Pénélope qui lui donne un fils, Télémaque. Héros grec, Ulysse participe à la guerre de Troie…
Dans son épopée, Homère raconte le retour d’Ulysse à Ithaque après l’anéantissement de la cité Troyenne. Mais Ulysse a provoqué la colère de Poséidon (Neptune chez les Romains) et son retour chez lui, durant dix ans, est forcément semé d’épreuves…

Ulysse, un héros courageux et rusé…
Cependant, Ulysse démontre son courage, son intelligence, sa ruse, et sait se montrer un habile négociateur. Ainsi, le héros retrouve Achille chez le roi Lycomède, il rend Chryséis à son père (la fille d’un prêtre troyen d’Apollon, captive d’Agamemnon )…
… ou encore il reprend à Philoctète l’arc et les flèches d’Héraclès (Hercule romain) qui ne manquent jamais leur cible.
Comme pour l’Iliade, les aventures et les épreuves héroïques traversées par Ulysse dans l’Odyssée au cours de son voyage de retour à Ithaque vont inspirer les artistes de l’Antiquité gréco-romaine, et bien longtemps encore au cours des siècles suivants…

Un voyage de retour semé de dangers…
Parmi les épisodes les plus prisés, on évoque souvent la rencontre d’Ulysse et du cyclope Polyphème, Ulysse confronté à la puissante magicienne Circée, Ulysse et les Sirènes, dont le chant est bien redoutable, ou encore Ulysse et la nymphe Calypso, amoureuse du héros…
On admire aussi des scènes consacrées à Ulysse et à son épouse. Pénélope qui tisse sa tapisserie ou bien Ulysse et les prétendants de Pénélope qui veulent s’emparer du trône d’Ithaque…

Pénélope, l’épouse fidèle du roi d’Ithaque
Pénélope attend fidèlement le retour de son époux, que tous considèrent comme disparu. La reine use d’un subterfuge pour éloigner ses prétendants grâce à sa tapisserie, confectionnée le jour et défaite la nuit…
Au retour d’Ulysse, Pénélope organise un concours et promet le mariage à celui qui maniera avec le plus d’adresse l’arc d’Ulysse. Mais aucun des prétendants ne réussit à bander l’arc du roi d’Ithaque

C’est alors qu’Ulysse, qui entretient l’anonymat, réclame son arc. Sa première flèche traverse la cible, pourtant formée de fers de hache. La force victorieuse du héros donne le signal de l’élimination des prétendants, avant que le roi Ulysse dévoile son identité à sa chère Pénélope…
LES PHILOSOPHES PLATON ET ARISTOTE
Platon passe huit années auprès de son maître Socrate avant de poursuivre sa formation auprès d’Euclide le Socratique. Aristote fréquente l’Académie de Platon, à la fois son élève et son critique. Aristote fonde sa propre école, le Lycée…

Le philosophe Platon crée l’Académie
Platon naît vers 427 avjc dans une famille d’aristocrates. Son oncle Critias figure parmi les oligarques (les Trente) qui dirigent la cité d’Athènes après la défaite contre Sparte (404 avjc), à la fin de la guerre du Péloponnèse. Platon passe huit années auprès de son maître Socrate qui, condamné à mort, refuse de s’enfuir et accepte de boire la ciguë (en 399 avjc).
Platon voyage…
Après la mort de Socrate, Platon continue de se former auprès d’Euclide le Socratique. Le philosophe voyage autour de la Méditerranée (la controverse lui prête aussi des séjours en Égypte et en Grèce) et rencontre des penseurs et des mathématiciens de différentes écoles.
Platon crée l’Académie pour enseigner. Il connaît aussi quelques épisodes difficiles… Le penseur se frotte notamment aux tyrans qui usurpent le pouvoir par la force à Syracuse. En Sicile, il se retrouve prisonnier par deux fois. Platon rentre définitivement à Athènes vers 361 avjc, où il s’éteint une douzaine d’années plus tard…

Platon connaît la doctrine pythagoricienne…
Platon, semble-il, accorde de l’importance à Pythagore (vers 580-495 avjc) et à sa doctrine. Le philosophe des Idées (qui s’apparentent à des archétypes) et du Mythe de la Caverne s’inspire entre autres des principes pythagoriciens.
Notamment quant à l’importance des mathématiques, de la géométrie et de la musique, présentés comme des essentiels pour l’éducation à l’harmonie et à la citoyenneté.
Le mythe de la Caverne évoque la Lumière de la Vérité, trop aveuglante, qui n’est perceptible que par son ombre, comme la lumière de la Lune reflète celle du Soleil…
Dans l’entourage de Socrate figure d’ailleurs des pythagoriciens (comme Simmias et Cébès de Thèbes). Les relations de Platon avec certains pythagoriciens suggèrent donc une possible inspiration directe. Dans La République, Platon évoque Pythagore et sa doctrine…
« Il y a chance que tout comme les yeux sont attachés à l’astronomie, de même les oreilles sont attachées au mouvement harmonique, et que ces connaissances sont liées l’une à l’autre comme des sœurs, ainsi que les pythagoriciens l’affirment : et nous également, Glaucon, sommes d’accord avec eux.
Pythagore fait lui-même pour cela l’objet d’une exceptionnelle dévotion, et ses successeurs de nos jours encore suivent une règle de vie qu’ils qualifient de pythagoricienne et ce fait les rend manifestement différents aux yeux des autres… »

L’art du dialogue pour accoucher les esprits
L’œuvre de Platon comprend des dialogues de jeunesse, dits socratiques, et des dialogues dits de maturité, dont Le Banquet, La République, Théétète, Parménide…
Le dialogue platonicien prend la forme d’un questionnement intérieur qui vise à mener les interlocuteurs vers la Vérité, grâce notamment à la réminiscence. Platon exalte la maïeutique de Socrate, l’art d’accoucher les esprits…
LE BANQUET DE PLATON
« La vraie voie de l’Amour, c’est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle, en passant par échelons d’un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des belles actions aux belles sciences, pour aboutir à cette science qui n’est autre chose que la science de la beauté absolue … » (Le Banquet, Platon, vers 380 avjc).
Dans Le Banquet, comme dans son Phèdre, le philosophe Platon expose sa conception de l’Amour et discute de la nature et des vertus de l’Amour.
Dans Le Banquet, au cours d’une fête autour du jeune tragédien Agathon, les convives orateurs font l’éloge du dieu Amour, Éros, délaissé semble-t-il par les poètes, au contraire des autres divinités. Socrate, amant de la Sagesse, évoque l’amour platonique comme un amour du Beau, des Idées, de la Connaissance et de l’Absolu…

ARISTOTE, LE FONDATEUR DU LYCÉE
On connaît la vie d’Aristote grâce aux biographies des auteurs de l’Antiquité. Fils d’un médecin, le célèbre auteur grec naît à Stagire (384-383 avjc). Vers 367-366 avjc, Aristote se rend à Athènes et fréquente l’Académie de Platon…
Aristote, professeur d’Alexandre
Aristote voyage… Puis, de retour à Athènes, il fonde le Lycée pour y enseigner. En 343 avjc, Philippe II de Macédoine demande au philosophe de devenir le précepteur de son fils, futur Alexandre le Grand. À la mort du conquérant, Aristote est chassé d’Athènes… Sa pensée et son œuvre vont nourrir les plus grands auteurs du Moyen Âge et sa réputation va perdurer…

Aristote, un élève dissident de Platon…
Aristote, philosophe grec du IVe siècle avjc (384-322 avjc), fonde son école, le Lycée, alors que Platon avait fondé son Académie. Aristote est à la fois élève et critique de Platon. Parmi les quelque 170 ouvrages d’Aristote mentionnés dans l’Antiquité, seuls 47 nous sont parvenus.
Aristote est l’auteur notamment de L’Éthique, la Rhétorique, la Poétique, la Physique et la Métaphysique. C’est le philosophe péripatéticien (en marchant) du Ier siècle avjc Andronicos de Rhodes qui nomme Métaphysique les écrits d’Aristote qui font suite à la Physique.

Aristote et la Philosophie
(Métaphysique, A, citation) : « Ce fut l’étonnement qui poussa, comme aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Au début, ce furent les difficultés les plus apparentes qui les frappèrent,…
Puis, s’avançant ainsi peu à peu, ils cherchèrent à résoudre des problèmes plus importants, tels les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil et des Étoiles, enfin la genèse de l’univers…
« Apercevoir une difficulté et s’étonner, c’est reconnaître sa propre ignorance (et c’est pourquoi aimer les mythes est, en quelque manière, se montrer philosophe, car le mythe est composé de merveilleux).

Ainsi donc, si ce fut pour échapper à l’ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, il est clair qu’ils poursuivaient la science en vue de connaître et non pour une fin utilitaire… »
(Métaphysique, A, citation suite)… « Ce qui s’est passé en réalité en fournit la preuve : presque tous les arts qui s’appliquent aux nécessités, et ceux qui s’intéressent au bien-être et à l’agrément de la vie, étaient déjà connus, quand on commença à rechercher une discipline de ce genre…
Il est donc évident que nous n’avons en vue, dans la Philosophie, aucun intérêt étranger. Mais, de même que nous appelons homme libre celui qui est à lui-même sa fin et n’existe pas pour un autre, ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit libre, car seule elle est à elle-même sa propre fin. (fin de citation).

La difficile connaissance de soi
Citation : « Apprendre à se connaître est très difficile (…) et un très grand plaisir en même temps (quel plaisir de se connaître !) , mais nous ne pouvons pas nous contempler nous-mêmes :…
Ce qui le prouve, ce sont les reproches que nous adressons à d’autres, sans nous rendre compte que nous commettons les mêmes erreurs, aveuglés que nous sommes, pour beaucoup d’entre nous, par l’indulgence et la passion qui nous empêchent de juger correctement… »
(suite citation) … Par conséquent, à la façon dont nous regardons dans un miroir quand nous voulons voir notre visage, quand nous voulons apprendre à nous connaître, c’est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir, puisqu’un ami est un autre soi-même…
… Concluons : la connaissance de soi est un plaisir qui n’est pas possible sans la présence de quelqu’un d’autre qui soit notre ami, l’homme qui se suffit à soi-même aurait donc besoin d’amitié pour apprendre à se connaître soi-même. Aristote.

La civilisation égéenne, dite préhellénique, précède celle de la Grèce antique hellénique. En Thessalie, émergent les cultures néolithiques de Sesklo et de Dimini. Au IIIe millénaire avjc, à l’âge du Bronze ancien, l’art des Cyclades se distingue avec ses statuettes en marbre dites “idoles” cycladiques…
Article suivant Grèce antique. Des cultures égéennes néolithiques à la civilisation cycladique du troisième millénaire avjc
