L’odyssée artistique de Vigée Le Brun
Interview imaginaire Élisabeth Vigée Le Brun (2)… L’artiste quitte Paris avec sa fille en 1789, aidée par son frère, son mari et son ami Hubert Robert. Durant plus d’une douzaine d’années, Vigée Le Brun voyage en Europe entre 1789 et 1802. Son talent est reconnu par les académies de Rome, Bologne, Parme, Florence et Saint-Pétersbourg. De retour en France, la portraitiste effectue de nombreux séjours en Angleterre entre 1803 et 1805. Élisabeth Vigée Le Brun s’installe finalement à Louveciennes, où elle repose…
Par Maryse Marsailly @blogostelle
– Dernière mise à jour décembre 2024 –

ÉLISABETH VIGÉE LE BRUN (1755- 1842). 1. Qui êtes-vous Élisabeth Vigée Le Brun ? Interview imaginaire d’une artiste peintre renommée en son temps 2. Le fabuleux destin d’Élisabeth Vigée Le Brun, artiste peintre au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle
Vous avez quitté Paris en 1789?
Beaucoup de membres de la noblesse ont décidé à ce moment de quitter Paris pour Londres, à la suite de comte d’Artois, frère de Louis XVI… Puis ce sont 140 000 aristocrates et bourgeois qui se sont exilés à l’étranger…
De mon côté, j’ai décidé aussi de quitter Paris avec ma fille, aidée par mon frère Étienne, mon mari Jean-Baptiste Pierre Le Brun et mon ami Hubert Robert. Je me souviens, c’était dans la nuit du 6 octobre 1789…
Italie, Autriche, Russie, Angleterre…
Racontez-nous votre périple…
Pendant plus de douze ans j’ai voyagé en Italie, en Russie et en Grande-Bretagne… J’ai eu la chance de trouver des hôtes partout malgré les périls du chemin… J’ai surtout été bien accueillie dans les cours d’Europe, à Milan, à Rome, à Saint-Pétersbourg ou encore à Londres…
Je crois que ma réputation de portraitiste à la cour de France, et en particulier mon travail pour Marie-Antoinette, m’a ouvert des portes… Les grands personnages me rémunéraient parfois à prix d’or pour que je réalise leur portrait…


D’après la comtesse Skravronskaïa, 1790 ; et Lady Hamilton en Bacchante, vers 1790 ; Élisabeth Louise Vigée Le Brun. (Marsailly/Blogostelle)
Cette expérience m’a donné le goût des voyages… mais si je voulais un jour retourner en France et retrouver mes biens, il fallait que je sois prudente quant à la fréquentation de l’aristocratie qui avait fui la Révolution. De la Convention à Napoléon, il fallait de méfier des espions…
En France, n’étiez-vous pas persona non grata?
Oui, bien sûr… Encore une fois, j’ai pu compter sur l’amitié et la loyauté de mon mari, qui se battait pour supprimer mon nom de la liste des Émigrés et des persona non grata pour la République. Il fallait absolument convaincre que j’étais partie faire mon tour d’Europe pour étudier les œuvres d’art du passé, comme celles de la Renaissance à Rome par exemple…
Vous avez séjourné en Italie…
J’ai séjourné en effet plus de deux ans en Italie, à Turin, puis à Bologne où j’ai intégré l’académie des Beaux-Arts, et enfin à Rome, où l’aristocratie romaine s’est plu à me commander des portraits…
En 1790, je me suis rendue à Naples à la demande de Ferdinand IV (un Bourbon!) et de Marie-Caroline d’Autriche. C’est à Naples que j’ai rencontré Emma Lyon alias Lady Hamilton, une beauté fascinante qui m’a inspiré des portraits à l’antique…

Des commandes de l’aristocratie
Appréciée en Italie, pourquoi êtes-vous partie pour l’Autriche?
C’est vrai, mon art était très apprécié en Italie… Depuis Naples, je suis revenue à Rome, sans oublier de passer par Venise et Milan… C’est à Milan que j’ai rencontré Anna Rakowska, épouse du comte Bystry, un aristocrate polonais au service de François II. Notre amitié m’a conduit jusqu’à Vienne, capitale de l’Autriche-Hongrie et des Habsbourg. Nous étions en 1792…
Que se passait-il en France en 1792 ?
Cette même année 1792, le 20 septembre, la République fut proclamée en France… J’ai appris que Louis XVI et sa famille étaient devenus les prisonniers de la Convention, où ils s’étaient réfugiés après l’attaque du palais des Tuileries par les sans-culottes…
Le terrible régime de la Terreur s’est installé en France, et on a coupé beaucoup de têtes… J’étais à Vienne quand j’ai appris l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793, puis celle de Marie-Antoinette 16 octobre 1793… (l’artiste prend un air grave…)


D’après Marie-Antoinette et ses enfants, détail, 1789 ; et un portrait de la reine de France, Marie-Antoinette en souveraine, 1785 ; Élisabeth Louise Vigée Le Brun. (Marsailly/Blogostelle)
Et votre époux, Jean-Baptiste Le Brun?
En France, mon mari Jean-Baptiste s’est retrouvé en prison pour avoir tenté de me défendre en rédigeant son Précis historique de la citoyenne Le Brun. Heureusement pour lui, la chute de Robespierre et la fin du régime de la Terreur, en 1794, l’ont sauvé…
De votre côté, que se passait-il à Vienne?
À Vienne, j’étais à l’abri… mais la France et l’empire d’Autriche étaient en guerre depuis 1792. Pour François II, le neveu de Marie-Antoinette, les nombreux réfugiés français étaient de moins en moins les bienvenus, voire suspects… Et je n’ai reçu aucune demande venant de la cour d’Autriche, qui se méfiait des français, artistes ou non…
Pour vivre de mon art, j’ai pu compter sur les commandes de quelques aristocrates français encore fortunés et surtout sur celles de princes hongrois et polonais. Cette clientèle m’a permis de peindre pas moins de 154 toiles pendant mon séjour à Vienne, dont les revenus ont contribué à pourvoir à l’éducation de ma fille…


D’après un portrait de Henryk Lubomirski, Génie de la Gloire, 1789 ; et Le Génie de l’Empereur Alexandre Ier, 1814, Élisabeth Louise Vigée Le Brun. (Marsailly/Blogostelle)
À Vienne, je travaillais avec Auguste Rivière, l’un de mes amis, dont la spécialité était de peindre des miniatures, des petits portraits que l’on offrait aux proches des commanditaires. De mon côté, je réalisais les grands portraits. Puis un jour, l’ambassadeur de Russie m’a conviée à me rendre à Saint-Pétersbourg… En 1795, j’ai donc rejoins la cour de l’impératrice Catherine II…
L’impératrice Catherine II vous a-t-elle bien reçu?
Au XVIIIe siècle, l’aristocratie russe était francophile et francophone, et Catherine II avait même reçu Diderot et Voltaire… Mais l’exécution de Louis XVI avait refroidi l’engouement de l’impératrice pour la France.
Si bien, qu’elle n’a pas voulu me loger au palais. Catherine II m’a commandé le portrait de ses petites filles et celui de la grande duchesse Elizaveta… pour ensuite critiquer mon travail sans ménagements…


D’après un autoportrait de Auguste-Louis-Jean-Baptiste Rivière (1761-1833), ami de Vigée Le Brun ; et un portrait de la duchesse Elizaveta Alexeievna, 1795 ; Élisabeth Louise Vigée Le Brun. (Marsailly/Blogostelle)
Vie mondaine à Saint-Pétersbourg
Quelles étaient vos relations avec l’aristocratie russe?
Heureusement pour moi, la vie mondaine à Saint-Pétersbourg m’a comblée… Concerts, pièces de théâtre, réceptions et récitals chez les princesses russes… ont égayé ma vie et m’ont permis de me créer un réseau de clients fidèles et fortunés qui appréciaient mes œuvres.
La princesse Dolgoroukaïa et les comtesses Golovina et Tolstaïa qui tenaient salon sont devenues des amies… J’ai retrouvé l’envie d’organiser des soupers, comme à Paris avant la Révolution…
Nous étions alors en pleine période néoclassique et je conviais mes invités à se vêtir à l’antique, pour jouer des épisodes tirés de la mythologie ou de la littérature grecque et latine…



D’après Julie Le Brun en Baigneuse, 1792 ; un portrait d’Anna Ivanovna Tolstaïa, 1796 ; et un portrait de La comtesse Nathalie Golovine, vers 1800 ; Élisabeth Louise Vigée Le Brun. (Marsailly/Blogostelle)
Voir aussi les articles L’art au XVIIIe siècle, l’éclosion de l’esprit néoclassicisme et Jacques-Louis David, Antonio Canova et la palette néoclassique…
Comment Paul Ier, successeur de Catherine II, vous a – t -il traitée?
Après le décès de Catherine II, le nouveau tsar Paul Ier s’est montré beaucoup plus chaleureux à mon égard… Il m’a commandé officiellement un portrait d’apparat de son épouse Maria Feodorovna.
Et je suis assez fière de vous confier que le souverain Paul Ier s’est donné la peine de venir jusque dans mon atelier m’apporter du café au cours d’une séance de pose…


D’après l’impératrice Maria Feodorovna, esquisse, 1799-1800 ; et Alexandra et Elena Pavlovna, filles de Paul Ier de Russie, vers 1796, Élisabeth Louise Vigée Le Brun. (Marsailly/Blogostelle)
Et qu’est-il advenu de votre fille Julie?
Nous avons traversé des moments pénibles quand Julie a refusé d’épouser le peintre Pierre Narcisse Guérin comme nous l’espérions avec mon mari. Ma fille a préféré se marier avec Gaëtan Bernard Nigris, un jeune homme aux origines douteuses qui ne me plaisait pas du tout…
Je ne pouvais pas accepter ce choix et mes relations avec ma fille en ont durablement souffert… C’est un triste souvenir pour moi… Nous n’avons jamais réussi à nous réconcilier complètement… (l’artiste essuie une larme)…

Retour en France d’Élisabeth Vigée Le Brun
Revenons à la France, la situation avait-elle évoluée?
Ma mère Jeanne est décédée en juin 1800 à Neuilly… Cette même année, alors que Bonaparte s’installait au pouvoir, mon mari Jean-Baptiste Le Brun parvint enfin à faire rayer mon nom de la liste des Émigrés. La possibilité pour moi de rentrer en France se profilait…
Le nouveau régime en place semblait vouloir tourner la page de la Révolution et aspirait à l’apaisement entre la noblesse et la bourgeoisie… En 1802, après plus de douze longues années d’exil, je décidais de regagner la France…
Plus de douze ans d’absence, c’est long… que s’est-il passé à votre retour?
Paris avait changé… les codes de la société aussi… J’ai retrouvé ma demeure rue du Gros-Chenet mais l’hôtel Le Brun n’était plus le même. Une grande partie de mes meubles avaient été confisquée comme ce fut le cas pour tous les émigrés de l’Ancien Régime.


D’après un autoportrait de l’artiste, dessin, vers 1800, Élisabeth Louise Vigée Le Brun ; autoportrait de Marie Guilhemine de La Ville Leroux, élève de Vigée Le Brun, 1786. (Marsailly/Blogostelle)
J’ai retrouvé mes amis Jean-Baptiste Greuze et Hubert Robert, qui avaient vieillis… Vous imaginez, une si longue absence… Et puis c’était quoi ces bals organisés par les Incroyables et les Merveilleuses qui s’amusaient à imiter l’accent de Joséphine, nouvelle maîtresse du premier Consul?…
Je me suis sentie perdue… Mon mari, encore lui, m’a alors encouragé à refaire mes bagages… Bonaparte avait signé la paix d’Amiens en 1802, et moi, en 1803, je suis partie pour l’Angleterre…

Séjour à Londres
Repartie pour l’Angleterre, que s’est-il passé à Londres?
Quand je suis arrivée à Londres, figurez-vous que je ne parlais pas l’anglais…, heureusement que j’étais accompagnée de ma femme de chambre, Adélaïde, qui m’a bien aidée… Mais la famille royale ne m’a commandé aucun portrait.
C’est la duchesse de Dorset, épouse de l’ambassadeur d’Angleterre à Saint-Pétersbourg, qui m’a présentée à l’aristocratie anglaise…
Bien sûr, j’ai recommencé à organiser des soirées pour recevoir mes amis et mes commanditaires, avec lesquels j’entretenais parfois des relations vraiment très amicales. À Londres, je me sentais comme une Lady…

Londres vous a permis de renouer avec la vie mondaine…
Oui, et parmi mes heureux souvenirs, il y a eu cette mémorable soirée où j’avais réussi à convier ensemble les deux grandes chanteuses de Londres, Elisabeth Billington et Giuseppina Grassini. Rivales et fâchées, elles ont fait la paix chez moi… Grâce à elles, mon salon est devenu the place to be… (l’artiste sourit…)
J’ai eu la chance aussi de côtoyer le célèbre poète Lord Byron (1788-1824)… À Londres, j’ai repris contact avec les membres de la famille d’Orléans, prétendante au trône de France… Et le tout jeune duc d’Orléans, futur Louis Philippe, devait régner après la Révolution de 1830…

Le prince de Galles vous a commandé un portrait, ce qui n’a pas manqué de vous créer quelques soucis?…
Oui, le prince de Galles, fils de Georges IV, m’a commandé un portrait… ce qui n’a pas plu du tout à son portraitiste attitré John Hoppner… Furieux, le peintre anglais s’est lancé en campagne contre moi, me reprochant mes tarifs excessifs, avant de s’attaquer surtout à l’école française… Bien sûr, je ne me suis pas laissée faire et je lui ai répondu dans une lettre…
J’ai aiguisé alors toute ma force de conviction pour défendre l’école française… et des artistes français comme Simon Vouet, François Gérard, Antoine-Jean Gros, Anne-Louis Girodet… et même David, que je ne porte pas dans mon cœur, vous savez pourquoi (l’artiste fait une petite grimace…). Ces artistes possèdent tous un immense talent qui force l’admiration et le respect…

Des Bonaparte à Madame de Staël
De retour en France, vous avez connu la famille Bonaparte…
En 18o5, je suis passée par la Hollande avant de revenir à Paris… Depuis le sacre de Napoléon, le 2 décembre 1804, mon frère Étienne avait rejoint l’Empire…
Si Jacques-Louis David, dit David, était devenu le peintre officiel des Bonaparte, on m’a quand même commandé un portrait de Caroline Murat, la sœur de l’empereur.
Mais je n’appréciais guère les manières de cette personne… ni le monde de ce que l’on appelait alors le Nouveau Régime. Je n’étais pas convaincue du tout par Napoléon… En 1808, j’ai donc quitté Paris, à nouveau…


D’après un autoportrait de l’artiste, détail, vers 1791 ; et La Vallée de la Meuse et village, 1826, Élisabeth Louise Vigée Le Brun. (Marsailly/Blogostelle)
Je préférais la compagnie de Madame de Staël, l’une des plus farouches opposantes de Napoléon… Avant-gardiste, ouverte aux idées révolutionnaires très tôt et précurseur du courant romantique, Germaine de Staël était alors l’une des femmes de lettres les plus reconnues en Europe…
Quelles étaient vos relations avec Madame de Staël?
Je me suis d’abord rendue à Chamonix, à Genève et à Bâle avant de retrouver Germaine de Staël dans son château de Coppet, au bord du lac Léman. Madame de Staël, fille de Jacques Necker, le directeur général des Finances de Louis XVI, s’était mariée à un diplomate très fortuné. Nous avions toutes les deux de l’affection pour Marie-Antoinette…

Madame de Staël a voulu réhabiliter la reine en publiant Réflexion sur le procès de la reine… De mon côté, je songeais à la composition d’un grand tableau allégorique, une toile consacrée à l’apothéose de Marie-Antoinette… Bien sûr, vous vous en doutez bien, j’ai peint le portrait de Madame de Staël…
J’ai choisi le style antique pour sublimer le caractère de cette grande femme de lettres… Sans oublier la lyre, attribut solaire et mythique d’Apollon, dieu protecteur des arts, de la poésie et de la musique…
Il me fallait dépasser les limites des traits physiques peu gracieux de mon modèle pour mettre en lumière avant tout son intelligence et son esprit… Je ne suis pas mécontente du résultat…

Une palette inspirée par les paysages
Que s’est-il passé quand vous êtes rentrée à Paris?
Je suis rentrée à Paris en 1810… Je résidais à l’hôtel du Coq, mais j’aspirais à ma tranquillité… C’est pourquoi j’ai choisi de m’installer aussi à Louveciennes, à l’écart des tourbillons parisiens… J’aimais organiser en ces beaux lieux paysagés des parties de campagnes…
La fin de ma vie fut marquée par le deuil et la séparation (l’artiste écrase une larme)… J’ai d’abord perdu mon cher mari en août 1813, puis ma fille Julie qui s’était perdue, en 1819, et mon frère Étienne en 1820…

Ces chagrins m’ont durablement affectée… Par la suite, entourée de mes amis et de deux de mes nièces, Caroline Rivière et Françoise Élisabeth Vigée Le Brun, j’ai repris le dessus… À ce moment de ma vie d’artiste, je me sentais particulièrement inspirée par le paysage…
J’ai été heureuse d’initier Françoise Élisabeth à la peinture. Avant la Révolution Française, j’avais déjà des élèves… J’ai ainsi contribué à former des jeunes femmes peintres, à leur donner la possibilité de se faire une place dans un milieu artistique avant tout masculin…



D’après un portrait de Jeune Femme au chapeau, vers 1797 ; la Duchesse de Berry, 1824 ; portrait de Tatyana Borisovna Potemkina 1820, Élisabeth Louise Vigée Le Brun. (Marsailly/Blogostelle)
Vous avez participé au Salon de 1818 à Paris?
Je me suis beaucoup promenée dans les campagnes de France pour admirer les paysages, mais je peignais de moins en moins… J’ai participé au Salon de 1818 où j’ai présenté quelques œuvres qui exprimaient mes idées et mes ressentis en matière de politique…
Je n’avais jamais caché ma fidélité à la royauté et aux Bourbons… Je fus heureuse quand Louis XVIII retrouva le trône de France en 1814. Puis ce fut Charles X, qui provoqua malheureusement une nouvelle révolution en 1830, avant qu’à son tour le duc d’Orléans devienne Le roi des Français…

En vérité, selon moi, la royauté avait perdu toute sa superbe et tout son sens, comme l’exprimait si bien François-René de Chateaubriand, royaliste, mais tout à fait conscient que ce temps-là était bien révolu, à tout jamais…
Mon épitaphe ? Ici, enfin, je repose
Vous avez rédigé vos souvenirs… une sorte de testament?
À partir de 1835, je me suis consacrée à l’écriture de mes mémoires, sous le titre Souvenirs… J’avais beaucoup de choses à raconter (l’artiste sourit…) : la France sous l’Ancien Régime, les épreuves de la Révolution, mes voyages, ma vie d’artiste, ma famille, mes amis…
Mes deux nièces m’ont aidée dans cette entreprise passionnante, ainsi que Madame de Bawr, romancière. Je les en remercie chaleureusement … Mes écrits ont remporté un franc succès… Mon éditeur, Hippolyte Fournier, m’a commandé deux autres volumes qui furent édités en 1837…


D’après une femme pliant une lettre, 1784 ; portrait féminin au chignon, 1831 ; Élisabeth Louise Vigée Le Brun. (Marsailly/Blogostelle)
Je me suis éteinte en 1842, à l’âge de 87 ans, à Paris, bienheureuse d’avoir vécu de mon art… Je repose à Louveciennes où ma tombe, en toute simplicité, arbore la Palette et le Pinceau… Mon épitaphe? Ici, enfin, je repose…
Savez-vous que votre œuvre vient d’être consacrée par une grande exposition à Paris?
J’en suis très flattée… même s’il a fallu attendre les années 2015-2016 pour qu’une première rétrospective de mon travail soit présentée en France (au Grand Palais, à Paris)… Cela me paraît formidable… Il semble que l’art et les artistes échappent finalement aux limitations de leurs époques, du temps et de l’espace…
Merci Madame Vigée Le Brun…

ÉLISABETH VIGÉE LE BRUN (1755- 1842). 1. Qui êtes-vous Élisabeth Vigée Le Brun ? Interview imaginaire d’une artiste peintre renommée en son temps 2. Le fabuleux destin d’Élisabeth Vigée Le Brun, artiste peintre au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle
REPÈRES CHRONOLOGIQUES. XVIIIe siècle, France : Louis XIV : 1638 – 1715. Régence de Philippe II, duc d’Orléans : 1715-1723 (minorité de Louis XV). Louis XV : 1715 – 1774. Louis XVI : 1774-1792 – Révolution Française 1789. Première République. Convention : 1792-1795 (Robespierre, La Terreur 5 septembre 1793- 28 juillet 1794). Directoire : 1795 -1799. Première République. Consulat : 1799 – 1804. Premier Empire : Napoléon Ier : 1804-1814.
Peu après son retour à Paris le 18 janvier 1802, Vigée Le Brun fréquente Laure Regnaud de Saint-Jean d’Angely et Joséphine Bonaparte. L’artiste retrouve par ailleurs des amis qu’elle avait quitté en 1789.
Parmi lesquels Hubert Robert (1733-1808), peintre, créateur de jardin et conservateur du Muséum central des arts de la République au Louvre (inauguré le 8 novembre 1793) ; Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), peintre et dessinateur français ; Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813), architecte néo-classique, célèbre pour le palais de la Bourse de Paris et François-Guillaume Ménageot (1744-1816), peintre français…
Élisabeth Vigée Le Brun document pédagogique, grandpalais.fr/pdf/dossier_pedagogique/dossier_pedagogique_vigee_le_brun.pdf
Exposition rétrospective Élisabeth Louise Vigée Le Brun, 23 septembre 2015 – 11 Janvier 2016, aux Galeries nationales du Grand Palais, à Paris, France.
