Arts de l’Inde, l’univers culturel des peuples indo-européens

Les indo-européens : culte du feu et culte solaire 

Les peuples indo-européens, nous explique Mircea Eliade, se distinguent par quelques points communs spécifiques. Ce sont des nomades qui se déplacent et entretiennent leurs troupeaux, qui possèdent une structure familiale fondée sur le patriarcat. Ces peuples instaurent une organisation guerrière pour mener à bien leurs conquêtes et ils ont le goût de la razzia… Ces envahisseurs aryens sèment la destruction sur leur passage et essaiment durant deux millénaires dans différentes régions… Ils atteignent la plaine du Gange en Inde vers 1200 ans avjc…

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
Dernière mise à jour novembre 2016

D'après le thème du Feu, dont le culte inspire les pratiques rituelles et spirituelles des peuples indo-européens. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le thème du Feu, dont le culte inspire les pratiques rituelles et spirituelles des peuples indo-européens. (Marsailly/Blogostelle)

REPÈRES CHRONOLOGIQUES
Le néolithique en Inde : entre 7000 ans avjc et 3500 ans avjc – Civilisation urbaine de l’Indus : entre 3500 avjc et 1500 avjcÉpoque védique : entre 1500 avjc et IIIe siècle avjc – Chronologie générale  Les arts de l’Inde Ancienne

UN PHÉNOMÈNE D’EXPANSION DES PEUPLES INDO-EUROPÉENS

L’origine de la culture indo-européenne, enrichie par ses contacts avec les civilisations proche-orientales, semble remonter au néolithique ou au mésolithique. Des peuples peut-être originaires des régions au nord de la mer noire, entre les Carpathes et le Caucase, déferlent entre 2300 et 1900 avjc en Grèce, en Mésopotamie, en Anatolie…

D'après une statuette féminine, Mohenjo-Daro, vers 2500-1800 avjc, civilisation de l'Indus. (Marsailly/Blogostelle)

D’après une statuette féminine, Mohenjo-Daro, vers 2500-1800 avjc, civilisation de l’Indus. (Marsailly/Blogostelle)

Les croyances des envahisseurs vont se mêler à celles des autres peuples autochtones, pour finalement donner naissance aux différentes cultures spirituelles de l’Inde et de l’Europe… Le culte du Feu et les valeurs masculines et solaires vont prédominer…

Des peuples qui pratiquent l’agriculture et connaissent le cheval
Les migrations des Indo-européens s’étendent sur plusieurs siècles, des Hittites aux Indo-iraniens, des Grecs aux Italiques… aux Germains, aux Baltes et aux Slaves… Les Indo-européens pratiquent l’agriculture et développent une économie pastorale…

… Ils élèvent du bétail, notamment le bœuf, le porc et le mouton, et connaissent le cheval sauvage ou domestiqué. Ils sont réputés pour manier le char et travailler le métal, des savoirs transmis sans doute par l’Anatolie…

Selon P. Belwood, la langue indo-européenne viendrait de l’Anatolie… EM Geigl : L’analyse des phénotypes (l’ensemble des caractères observables d’un individu) explique des migrations depuis l’Est, à l’âge du bronze, des mouvements liés à une forme de peste… Source Colloque Archéologie des migrations, INRAP (12-13 novembre 2015).

D'après le Casque d'Agris, fer, bronze, or et corail, IVe siècle avjc, La Tène, art celtique, Charente, France. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le Casque d’Agris, fer, bronze, or et corail, IVe siècle avjc, La Tène, art celtique, Charente, France. (Marsailly/Blogostelle)

Les indo-européens s’installent de l’Europe à la Méditerranée
Les indo-européens iraniens s’installent en Perse, en Grèce et dans les îles. D’autres peuples gagnent l’Inde, l’Italie, les Balkans, la région du Danube, l’Europe centrale et l’Europe du Nord et de l’Ouest… Ces populations étendent leurs migrations de la mer baltique à l’Atlantique…

Entre les Ve et IIIe millénaire avjc, la culture Kurgan des tumulis attesterait de leur présence au nord de la Mer Noire… Entre 4000 et 3500 ans avjc, les indo-européens poursuivent leur expansion…

Au IIIe millénaire avjc, les indo-européens sont dans le Nord de l’Europe, dans les régions de la mer Égée, en Grèce, en Anatolie et à l’Est de la Méditerranée… Des différences sociales semblent exister au sein de leur culture. Certains personnages bénéficient de très riches tombes, à côté de sépultures beaucoup plus modestes…

D'après un casque ailé, bronze, IVe siècle avjc, Grèce antique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un casque ailé, bronze, IVe siècle avjc, Grèce antique. (Marsailly/Blogostelle)

Différents contacts culturels, des échanges et des emprunts…
L’héritage commun des peuples indo-européens s’enrichit au fil du temps et des migrations grâce à différents contacts culturels. Comme ailleurs dans le monde, les traditions religieuses évoluent selon les échanges, les emprunts, la disparition de certains thèmes ou la symbiose avec d’autres formes de croyances…

Tout cela engendre des réinterprétations ou de nouvelles créations spirituelles. Dès le IVe millénaire avjc, apparaissent des statues de déesse assises, en argile, en marbre ou en albâtre. À l’origine, ces figurations féminines sont sans doute les créations des peuples qui vivent dans les régions des Balkans et de la Méditerranée…

DIVINITÉS COSMIQUES ET CULTE DU FEU

Si les indo-européens transportent avec eux des valeurs spirituelles spécifiques à leur vie nomade, pastorale et guerrière… Ils côtoient et assimilent les thèmes religieux des populations sédentaires de cultivateurs qu’ils ont soumis au cours de leurs conquêtes… Des éléments communs semblent fonder leur vie culturelle…

D'après le dieu solaire Sûrya sur son cheval, XIIIe siècle, Konarak, période médiévale, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le dieu solaire Sûrya sur son cheval, XIIIe siècle, Konarak, période médiévale, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Le dieu Soleil et le culte du feu
Souvent, dans les plus anciennes religions du monde, le dieu solaire prédomine avant d’être supplantés par une autre divinité… Comme Sûrya en Inde, Hélios en Grèce ou Savil dans la tradition germanique… Tous ces noms désignent le Soleil…

Les divinités solaires vont connaître une évolution parmi les peuples indo-européens, au contact des civilisations du Proche-Orient. En Inde, le dieu Soleil Sûrya est souvent représenté sur son char…

D'après le dieu grec Hélios, divinité du Soleil sur son char, relief sculpté, Bruxelles. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le dieu grec Hélios, divinité du Soleil sur son char, relief sculpté, Bruxelles. (Marsailly/Blogostelle)

Ce thème du Soleil associé au char et aux chevaux semble se perpétuer… On le retrouve par exemple en Grèce avec Hélios et à l’âge du Bronze en Europe avec le Char solaire de Trundholm… voir aussi l’article L’Âge du Bronze, arts, richesses et prestige

Le feu produit par la foudre est considéré comme d’origine céleste et le culte du Feu caractérise les pratiques rituelles et religieuses des indo-européens. Le nom du grand dieu indien Agni, dieu du Feu, se retrouve dans le latin ignis, dans l’ancien slave ogni, dans le terme igné…

D'après la figure du dieu Hélios sur un cratère grec, Ve siècle avjc, Grèce Antique. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la figure du dieu Hélios sur un cratère grec, Ve siècle avjc, Grèce Antique. (Marsailly/Blogostelle)

Dans le monde mythique gréco-romain, la déité solaire est incarnée par Hélios et Apollon…

La sacralité céleste de Dyaus…
Le radical indo-européen Deiwos qui signifie Ciel et Dieu se retrouve dans le sanskrit Deva, dans le latin Deus, dans l’iranien Div, dans le germanique ancien, Tivar…

Le nom des grands dieux, comme Dyaus, renvoie à la hauteur, au Ciel, à la transcendance et à la lumière… Le dieu suprême évoque aussi la souveraineté, la création cosmogonique et la notion de paternité céleste.

Le dieu du Ciel est considéré comme le Père, c’est Dyauspitar en Inde, Zeus Pater pour les grecs ou Zeus Papaïos pour les Scythes… Mais le concept de Dyaus diffère de celui du mot grec Théos, qui se rattache à l’âme, à l’esprit du mort et à une évolution différente de la divinité…

D'après le dieu védique du Feu Agni, miniature du XVIIIe siècle, art de l'Inde. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le dieu védique du Feu Agni, miniature du XVIIIe siècle, art de l’Inde. (Marsailly/Blogostelle)

Le nom de ce grand dieu de l’Inde se retrouve dans le latin ignis, dans l’ancien slave ogni, dans le terme igné…

Les divinités suprêmes du Tonnerre ou de l’Orage…
Les manifestations célestes ou atmosphériques semblent jouer un rôle primordial dans l’attribution des noms des dieux associés au Tonnerre… Comme Taranis pour les Celtes ou Thôrr pour les Germains. À l’époque indo-européenne, le dieu du Ciel est déjà la divinité suprême et le créateur du monde…

Le dieu du Ciel est un souverain cosmocrate : il règne sur l’univers… Les divinités célestes du Tonnerre ou de l’Orage ont souvent la suprématie sur le panthéon divin, comme le dieu grec Zeus, le romain Jupiter, le germain Thôrr ou le celte Taranis… Dans Inde ancienne, Indra est à la fois dieu de l’Orage, dieu souverain et démiurge…

Voir aussi les articles Les dieux Indra et Agni illuminent le Ciel védique et Le Sacré en Inde, rituels, cosmogonie, doctrine védique

La Terre et le Vent, éléments cosmiques essentiels…
Aux origines du monde indo-européen, la Terre, Gh’em, représente une énergie vitale que l’on oppose à celle du Ciel… La notion de Terre-Mère adoptée très tôt au Proche-Orient s’intègre plus tardivement dans le monde culturel indo-européen, et pas partout…

Le Vent apparaît aussi comme un autre élément cosmique essentiel… Divinisé, il est nommé Vâyu en Inde, Wejopatis Maître du Vent en Lituanie, Vayû en iranien… Le dieu atmosphérique du Vent se présente également comme un dieu souverain, associé à des épiphanies (manifestations) cosmiques…

D'après Vâyu, le dieu du Vent, peinture du début du XIXe siècle, art de l'Inde. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Vâyu, le dieu du Vent, peinture du début du XIXe siècle, art de l’Inde. (Marsailly/Blogostelle)

Vâyu, dieu védique du Vent… dieu du Souffle et de l’Âme cosmique, et gardien du Nord-Ouest.

Les indo-européens sacralisent l’espace…
Les indo-européens pratiquent des sacrifices et croient en la puissance magique et spirituelle de la parole et du chant… Leur vie religieuse se fonde sur une mythologie et une théologie élaborée… Rattachés au symbolisme cosmique, leurs conceptions et leurs rituels sacralisent l’espace…

… Cette notion s’applique aussi à leurs territoires. On retrouve ce scénario mythique de l’Inde ancienne chez les Romains et chez les Celtes… Périodiquement aussi, les peuples indo-européens organisent des cérémonies de rixes ou de combats rituels qui visent à renouveler le monde…

Les hommes brûlent des offrandes pour les dieux…
Dans le monde culturel indo-européen, les dieux participent aux fêtes au côté des êtres humains qui brûlent pour eux des offrandes… Le culte se déroule peut-être dans un espace consacré, comme une enceinte à ciel ouvert…

Une transmission uniquement orale et l’interdiction de l’écriture dans le domaine religieux distingue certaines populations de culture indo-européenne. La pensée spirituelle et les pratiques cultuelles originelles de ces anciens peuples sont donc restées inaccessibles pour nous…

LES CULTES INDO-EUROPÉENS SE FONDENT SUR UNE MYTHOLOGIE ÉLABORÉE…

La pensée mythologique indo-européenne transparaît de manière fragmentaire dans la littérature de l’Inde ancienne. Dans des textes rituels, des commentaires théologiques, des hymnes, et dans des légendes ou des poésies de traditions tardives qui ont été transmises par des auteurs chrétiens…

D'après le dieu védique Varuna, maître de la magie divine et ami du dieu de l'Orage Indra, art de l'Inde. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le dieu védique Varuna, maître de la magie divine et ami du dieu de l’Orage Indra, art de l’Inde. (Marsailly/Blogostelle)

Varuna et Mitra, deux grands dieux souverains
Le duo complémentaire Varuna et Mitra symbolise la souveraineté céleste. La souveraineté de Varuna est associée à la magie céleste, celle de Mitra au pouvoir juridique… Le dieu Mitra préside au pouvoir sacerdotal et à l’harmonie sociale. C’est une divinité sage, calme et bienveillante…

Mitra veille à maintenir l’ordre, il apporte la clarté, il protège la maison… Varuna, par contre, est considéré comme un souverain sombre et inspiré. Ce dieu peut se montrer violent ou terrible… et l’on redoute la magie de ses liens… Voir aussi l’article Le dieu Varuna, grand maître du panthéon védique

Indra, dieu guerrier, et les déités de la fertilité
Indra, dieu de l’orage et du tonnerre, incarne la puissance et l’excellence guerrière. Il se rattache aussi à un rôle originel de fécondateur cosmique… De leur côté, les jumeaux Nâsatya ou Asvin favorisent la fécondité…

Les Asvin sont deux dieux jumeaux chevauchant dans le ciel, d’où leur nom de cavaliers. Les Veda associent les Aśvin à la venue de l’Aurore, la déesse Uśas, à qui sans doute ils ouvrent le passage…

Les Aśvin sont également médecins des hommes et des dieux et maîtres en savoir… Les Nâgâs, sorte de génies serpents aquatiques, se rattachent également à la fertilité et à Varuna comme Seigneur de l’Océan…

D'après une représentation d'Indra, vainqueur du dragon-serpent primordial, manuscrit du XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une représentation d’Indra, vainqueur du dragon-serpent primordial, manuscrit du XVIIIe siècle, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Le dieu védique de l’Orage apparaît dans les Veda comme un démiurge et un combattant exemplaire.

Une conception sociale tripartite… à l’image des dieux
La vie culturelle indo-européenne se fonde sur une division tripartite de la société… Trois catégories sociales renvoient aux trois principaux rôles assignés aux dieux au sein du panthéon céleste …

Prêtres, guerriers et pasteurs-cultivateurs composent trois groupes bien définis dans leurs rôles respectifs…, à l’image du monde divin. Cette répartition s’appuie sur une conception spirituelle tripartite…

Dans la société humaine, comme chez les dieux, la fonction de souveraineté spirituelle et juridique apparaît en premier lieu, vient ensuite la puissance guerrière, puis les forces de la fécondité et de la prospérité…

La grande trinité Brâhma, Çiva et Vishnu
Dans l’Inde ancienne, on rencontre trois classes dans la société hindoue… à l’image de la grande trinité Brâhma, Çiva et Vishnu… Les Brâhmanes sont les prêtres, les maîtres des sacrifices et des rituels… Les Ksatrîya sont les guerriers et les protecteurs de la communauté… Les Vaîsya produisent la nourriture, travaillent la terre et élèvent le bétail…

On retrouve ce schéma tripartite dans le monde celte avec les druides qui détiennent l’autorité spirituelle, l’aristocratie guerrière qui préside au pouvoir temporel et les hommes libres, cultivateurs, éleveurs et artisans qui produisent grâce à la fertilité de la terre… Voir aussi l’article Soma, Rudra-Çiva et Vishnu, déités chantées dans les Veda…

D'après le thème de la trinité hindoue, qui réunit Brâhma (au centre), Shiva et Vishnu, VIIe siècle apjc, île d'Éléphanta, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le thème de la trinité hindoue, qui réunit Brâhma (au centre), Shiva et Vishnu, VIIe siècle apjc, île d’Éléphanta, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Prêtres, guerriers, éleveurs-agriculteurs…
Dans la Rome antique, on rencontre la triade Jupiter, Mars et Quirinus, modèle divin de la société romaine… En Scandinavie, Othin incarne le dieu souverain, Thôrr le champion guerrier et Freyr est le maître de la fécondité…

L’Avesta, le livre sacré du mazdéisme de l’ancienne religion iranienne, évoque également une organisation tripartite de la société, avec les prêtres, les guerriers et les éleveurs-agriculteurs… comme chez les Celtes…

Cette très ancienne conception tripartite se retrouve dans les sociétés hindoue et romaine, mais elle a surtout une dimension politique et juridique à Rome. En Inde, elle se rattache davantage à une conception spirituelle, cosmique et philosophique…

D'après l'ancestral trio divin romain : Jupiter, le dieu souverain du panthéon de Rome, Mars dieu de la guerre, et Quirinus associé aux travaux agraires et à l'abondance des récoltes, art Romain. (Marsailly/Blogostelle)
D’après l’ancestral trio divin romain : Jupiter, le dieu souverain du panthéon de Rome, Mars dieu de la guerre, et Quirinus associé aux travaux agraires et à l’abondance des récoltes, art Romain. (Marsailly/Blogostelle)

On rencontre Quirinus en compagnie de Cérès déesse des moissons sur un denier romain du Ier siècle avjc…

On exalte aussi la puissance physique et guerrière…
Dans le monde indo-européen, certains thèmes sont importants comme la fécondité, l’abondance… On exalte aussi la puissance physique et guerrière… En Inde comme à Rome et dans le monde germanique, on organise des combats contre trois adversaires ou contre des monstres à trois têtes…

On retrouve ce scénario avec le héros irlandais Cuchulainn qui lutte contre ses trois frères, avec Horace contre les trois Curiaces, ou encore avec le héros iranien Thraétaona et le dieu indien Indra qui combattent un monstre tricéphale…

La victoire de Cuchulainn et d’Horace provoque en eux une fureur très dangereuse… De l’Inde à l’Irlande, des rituels permettent de se prémunir des excès furieux de la puissance guerrière…

LES TRIBUS ÂRYA, PEUPLES INDO-IRANIENS

Les Airya, dont le nom signifie homme noble ou Ârya en sanscrit sont des peuples indo-iraniens. Ces envahisseurs arrivent en Inde au début de IIe millénaire avjc. Quatre à cinq siècles plus tard ils occupent la vallée de l’Indus, au Penjab. Ils ont peut-être attaqué les civilisations urbaines de la vallée de l’Indus…

D'après une image supposée du dieu védique Aryaman, dieu tutélaire des tribus Ârya, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une image supposée du dieu védique Aryaman, dieu tutélaire des tribus Ârya, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Aryaman et Ahriman…
Les récits védiques mentionnent le dieu Aryaman… Dans la tradition iranienne, on rencontre Ahriman… Ahriman et les ténèbres attaquent Ohrmazd et le monde de Lumière. Ahriman apparaît en quelque sorte comme un dieu de la guerre, un guerrier par excellence qui provoque la création matérielle et corporelle du monde, jusque là idéal et spirituel.

Le meurtre du taureau primordial par Ahriman engendre la naissance des plantes et des animaux qui émanent de l’animal sacrifié. On retrouve le thème de la rénovation du monde dans d’autres traditions. Dans l’hindouisme, c’est Çiva qui préside à la destruction des mondes pour préparer l’avènement d’un monde nouveau…

Les Dâsa vivent dans des villes fortifiées…
Les textes védiques évoquent des combats contre des Dâsa (ou Dasyu), qui sont peut-être les descendants des peuples de la civilisation de l’Indus… Les Dâsa sont décrits comme des personnes à la peau noire, riches en troupeaux, qui vivent dans des villes fortifiées et qui pratiquent le culte du phallus…

Dans les Veda, il est aussi question de fortifications détruites par Indra, le dieu guerrier… Il est possible que des souvenirs d’événements soient à l’origine de ce récit mythique… Le Rig-Veda mentionne aussi les Pani, qui volent le bétail et rejettent le culte védique.

Mais il semble que s’opère finalement une symbiose entre les cultures des Dâsa vaincus et celle des conquérants ârya. Les textes racontent comment un chef Dâsa est même loué pour avoir protégé les brâhmanes…

D'après un détail d'un sceau au Yogi, Mohenjo-Daro, vers 2500-1800 avjc, civilisation de l'Indus. (Marsailly/Blogostelle)
D’après un détail d’un sceau au Yogi, Mohenjo-Daro, vers 2500-1800 avjc, civilisation de l’Indus. (Marsailly/Blogostelle)

Ce personnage ancestral coiffé de cornes, en posture de méditation, au phallus apparent et entouré d’animaux, semble évoquer les forces de la fécondité…

Des batailles transfigurées en combat mythique?
Les ârya, peuples indo-iraniens, avancent plus avant au delà du Gange… Les textes évoquent le dieu védique Aryaman qui incarne la noblesse, l’attitude chevaleresque et les règles sociales… Il est le protecteur des tribus Ârya dont le nom signifie homme noble

Dans les récits védiques, les adversaires des ârya sont assimilés à des démons ou à des sorciers… et les batailles sont transfigurées en un combat mythique entre le dieu Indra et les Vrtra, identifiés à des êtres maléfiques à l’image de Vrtra, monstre originel vaincu par Indra…

Pour consacrer l’occupation d’un nouveau territoire, on érige un autel du Feu dédié au dieu Agni… Le Rig-Veda fait allusion à de nombreux conflits entre les tribus… Une des plus célèbres bataille est celle de Bhârata… Plus tardivement, l’épopée du Mahâbhârata raconte la guerre entre les Kuru et les Pândava…

Un panthéon védique dominé par les déités masculines
Les textes védiques s’adressent surtout à une élite sacerdotale associée à une aristocratie guerrière… Le panthéon védique, dominé par les divinités masculines, compte tout de même quelques déesses…

Parmi les divinités féminines, : Aditi, la Mère des dieux (Aditya), Usas, la déesse de l’Aurore et Mâtri, la divinité de la Nuit… Plus tard, le rôle de la Grande Déesse évolue dans l’hindouisme… À la fois parèdre (divinité associée) et épouse d’un dieu, la déesse incarne également la shakti de son divin époux, c’est-à-dire son énergie spirituelle créatrice…

D'après le dieu hindou Shiva et Pârvatî, et son épouse et sa shakti, IXe-Xe siècle, Uttar Pradesh, période médiévale, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le dieu hindou Shiva et Pârvatî, et son épouse et sa shakti, IXe-Xe siècle, Uttar Pradesh, période médiévale, Inde ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La musique, la danse et le soma
Les peuples de l’Inde ancestrale pratiquent l’agriculture mais sont avant tout des pasteurs… Les tribus sont dirigées par des chefs guerriers, les Râjâ, entourés de conseillers… La diversité ethnique apparaît comme le fondement de la société et de la culture de l’Inde.

… Et les différentes classes qui la compose sont bien définies à la fin de l’époque védique… Les hymnes védiques évoquent également la musique et la danse… La flûte, la harpe et le luth sont mentionnés ainsi que le jeu de dé… On apprécie aussi les boissons enivrantes comme le soma. Le soma a une grande importance rituelle et religieuse dans la culture hindoue…

Rituels et textes poétiques et philosophiques…
Les croyances et les pratiques de la grande majorité de la population des Vaisya et des Sudra, qui sont les agriculteurs, éleveurs, artisans ou producteurs… sont quasi inconnues. Mais les hymnes védiques se préoccupent des soucis de la vie terrestre…

Il est question de longévité, de santé, d’avoir des fils, d’obtenir du bétail et des richesses en abondance… Ces thèmes perdurent et deviennent très populaires avec l’hindouisme… L’unité culturelle et spirituelle de l’Inde se construit au fil du temps… grâce à des rituels et à des textes poétiques, philosophiques et religieux remontant à l’époque védique…

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Publié par Maryse Marsailly

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