Des dieux dans un paysage mythique
En Mésopotamie, c’est dans un paysage fabuleux que les graveurs d’Agadé mettent en scène les divinités, parmi lesquelles la grande Déesse aux Épis et le puissant dieu Solaire. Ces deux déités dominent le panthéon mésopotamien, auprès d’Ea, dieu des Eaux Douces. Tous manifestent leur pouvoir sur la végétation. Ainsi, la grande déesse de la fertilité brandit ses rameaux et le dieu Soleil flamboyant émerge de la montagne…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière révision 12 décembre 2024 –

REPÈRES CHRONOLOGIQUES. Empire d’Agadé, dynastie d’Akkad fondée par Sargon : 2340-2200 avjc. Narâm-Sîn, quatrième roi d’Agadé : 2254 – 2218 avjc. Sharkalisharri : 2217-2193 avjc. Époque néo-sumérienne : 2150 – 2100 avjc. Chronologie Orient Ancien
LA DÉESSE AUX ÉPIS D’AGADÉ
Avant l’époque d’Agadé, on rencontre déjà une grande déesse sumérienne de la Végétation dont l’emblème principal sont des tiges en boutons qui émanent de ses épaules. On rencontre aussi la déesse de la fertilité Inanna qui protège les troupeaux…

Les épis et rameaux de la grande déesse
Certaines images montrent la déesse aux Épis accompagnée du lion et de l’étoile, les mêmes attributs que ceux de la grande déesse mésopotamienne et babylonienne Inanna-Ishtar, vénérée aussi en Assyrie…
Une divinité originelle de la Végétation
En Mésopotamie, à l’époque du royaume d’Agadé, les artistes illustrent le répertoire mythique sumérien sur les sceaux-cylindres… Nous sommes à la fin du IIIe millénaire avjc, entre 2340 avjc et 2200 avjc, sous la dynastie d’Akkad fondée par le roi Sargon.
Le répertoire mythologique d’Agadé puise dans cet héritage… Mais il s’enrichit des différentes facettes de la divinité originelle de la Végétation en lui associant de nouveaux symboles comme le Vase Jaillissant, des tiges qui ressemblent à des armes, des flammes ou encore des étoiles…

Fertilité des terres et des troupeaux
Sur une bulle d’argile, dont le sceau marque une propriété comptable, l’artiste représente une grande déesse avec des épis de blé émanant de son corps.
À l’origine, la grande divinité féminine veille semble-t-il à la fertilité des terres et des troupeaux. Mais elle possède déjà une dimension universelle et cosmique… À l’époque d’Agadé, elle se manifeste sous différentes formes, parfois armée ou parée d’étoiles…
Le symbole du vase d’eau jaillissante
Sur la bulle d’argile de Tello, l’inscription précise O Divin Narâm-Sîn, dieu d’Agadé… le cuisinier du…( roi ?)… est ton serviteur… Honorée par un orant et une autre divinité revêtue du kaunakès, la déesse aux Épis trône et brandit un vase d’eau jaillissante…Le Vase Jaillissant renvoie à l’iconographie du dieu des Flots Ea (Enki sumérien)…

Voir aussi l’article Le Sacré en Mésopotamie : Ea, dieu de l’Abîme, des Eaux Douces et de la Sagesse
La puissance de la Végétation renvoie à la Terre Nourricière
L’Eau favorise la croissance de la végétation. Il est possible que la grande déesse possède diverses facettes et s’associe ainsi à d’autres divinités importantse avec qui elle forme alors un couple divin…
Derrière la déesse porteuse du vase, une divinité plus petite et coiffée elle aussi de la tiare à cornes des divinités porte des rameaux, installée sur un rocher ou un piédestal…
Cette image renforce encore l’importance de la déesse de la Végétation, et la mythologie héritée des périodes précédentes. Comme dans d’autres contrées du monde, la puissance de la Végétation renvoie à la Terre Nourricière…

Les facettes de la déesse aux aux Épis
Déesse aux Épis et dieu aux Rameaux
Dans l’ancestrale tradition, la déesse Nisaba du Grain porte des rameaux… Sur un sceau d’Agadé, la déesse tend l’un de ses épis vers un dieu qui porte lui aussi des rameaux…
Face à la déesse, se trouve donc une autre déité de la Végétation, masculine, possible parèdre (compagnon ou époux) de la déesse… Mais ce dieu semble jouer un rôle mineur dans le paysage mythologique d’Agadé.
Son corps produit des plantes et rappelle le personnage de Dumuzi, dieu de la Végétation dans le mythe d’Ishtar, époux de la grande déesse…



D’après la déesse aux Épis parée de flammes, temple ailé et bovidé ; déesse aux Épis tenant un anneau, détail ; déesse ailée de la Végétation en guerrière triomphante, sceau du scribe Zagganita, détail, vers 2300 avjc ; empreintes de sceau, 2350 – 2200 avjc, période d’Agadé, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
Parfois parée de flammes, la déesse apparaît accompagnée du motif du temple ailé et du bovidé. Elle peut aussi tenir un anneau. Dans la tradition mésopotamienne, l’anneau et la baguette sont les insignes de la royauté conférée au souverain par les divinités…
Une déesse aux Épis parfois guerrière
Parfois guerrière et conquérante, la déesse aux Épis ailée peut se manifester avec des armes, comme la hache, la masse d’arme ou encore la hallebarde courte…
Il semble aussi que la déesse aux Épis participe à des duos, auprès du dieu Ea des Flots ou de Shamash, le dieu-flammes. L’association au dieu solaire renforce alors la dimension flamboyante et guerrière de la déesse aux Épis… Auprès de divers protagonistes, il arrive souvent que la déesse assiste à des combats mythiques…

Le thème de la déesse-mère
Plus rarement, la déesse apparaît sous son aspect maternel, un enfant (un jeune dieu?) sur les genoux… Ainsi, sur l’empreinte d’un cylindre d’Agadé, l’artiste représente une attendrissante maternité divine gravée dans du schiste gris-vert…
Des orants viennent honorer la déesse revêtue du kaunakès, longue robe traditionnelle sumérienne à mèches… Son inscription mentionne Shu-ilishu, l’interprète du (… pays de) Meluhha. Il est possible que l’enfant symbolise les force du renouveau de la nature et de la végétation… La grande déesse se rattache au thème de la fertilité et de la fécondité…

Une triade astrale mésopotamienne
Déjà au IVe et IIIe millénaire avjc, la civilisation de Sumer possède une mythologie très élaborée… Les divinités semblent étroitement associées au cycle de la végétation. On représente le monde céleste des dieux, les astres et la roue solaire qui évoque sans doute le cycle du Soleil…
L’héritage sumérien perdure à l’époque d’Agadé
Dans le domaine spirituel, l’héritage sumérien perdure à l’époque d’Agadé dans la mythologie akkadienne… On retrouve la même triade suprême Anu, le dieu du Ciel ; En-lil, le dieu de l’Atmosphère et de l’Orage ; et Ea, le Enki sumérien, dieu des Abîmes, des Eaux Douces et de la Sagesse.


D’après les dieux Enki et Ningursag, Nammu et Enlil, empreinte de sceau, Mari, III millénaire avjc, actuelle Syrie ; le monde céleste des dieux, roue solaire et croissant de Lune, empreinte de sceau, IVe-IIIe millénaire avjc ; Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
Shamash, Nanna ou Sîn et Inanna-Ishtar
La grande triade astrale se perpétue aussi… formée par La Lune, le dieu Nanna ou Sîn (sumérien suen) ; le Soleil, le dieu Shamash ; et la déesse sumérienne Inanna-Ishtar, symbolisée par l’Étoile de Vénus, vénérée en Mésopotamie, puis encore aux époques babylonienne et assyrienne…
La grande déesse orientale
La grande déesse mésopotamienne Inanna favorise à l’origine la fécondité et veille à la fertilité des troupeaux… Inanna est particulièrement vénérée à Uruk, vers 3500-3000 avjc, associée au dieu du Ciel Anu (Anou)…

Inanna-Ishtar préside à l’Amour, à la Guerre et à la Fertilité
Inanna-Ishtar préside à l’Amour, à la Guerre, à la sexualité et à la Fertilité… Son symbole est l’Étoile du Matin (la planète Vénus) et son animal attribut est le Lion. Dans l’univers mythique d’Agadé, la déesse aux Épis côtoie le puissant dieu solaire, bienfaisant ou incendiaire…
Dynamique ou combattante, on rencontre aussi la déesse aux Épis dans une attitude plus passive, comme dans une scène où le puissant dieu soleil se montre très dominateur et incendiaire, accompagné de Gibil, personnification du Feu brandissant une torche…

Anat ou Astarté, déesse cananéenne
On retrouve la grande déesse Inanna-Ishtar sous les trait de la divine Anat ou Astarté cananéenne, déesse de la Fécondité et de la Guerre, sœur et épouse de Baal, dieu de l’Orage… En Égypte, on peut la comparer à la grande déesse magicienne Isis, sœur et épouse d’Osiris, dont la mythologie se rattache à la royauté mythique…
À Suse, on vénère Narundi
À Suse, sur le plateau iranien, on vénère la déesse Narundi, dont l’une des statues de culte illustre l’influence stylistique mésopotamienne. Narundi xx sur un trône orné de lions… Sous les pieds de la déesse reposent encore deux lions. En Mésopotamie, le lion est l’animal attribut de la déesse Inanna –Ishtar…

SOLEIL BIENFAITEUR OU DÉVASTATEUR
Des flammes jaillissent du corps du dieu-Soleil… Cette divinité apparaît parfois accompagnée d’assistants et de fauves qui jouent sans doute le rôle de gardiens. Dans l’iconographie d’Agadé, le dieu Soleil peut se manifester de différentes manières…
Le dieu solaire émerge de la montagne
Tiare à cornes, flammes et couteau à scie
Sur les scènes mythologiques des sceaux d’Agadé, le Dieu Soleil coiffé d’une tiare à cornes émerge de la Montagne ou franchit la Montagne. Shamash porte ses attributs, les flammes et le couteau-scie. Des éléments d’architecture suggèrent la délimitation d’un espace sacré.

Les piliers d’un sanctuaire et d’un passage
Des piliers-portes représentés sur des empreintes de sceaux évoquent par ailleurs à la fois un lieu sanctuarisé ou temple et un passage. Ces images symbolisent peut-être la sortie ou la libération du dieu auparavant caché ou disparu.
Le dieu est assisté par deux acolytes divins, porteurs eux aussi de la tiare à cornes, symbole des divinités en Mésopotamie. Un personnage (prêtre ou roi ?), qui lui ne porte pas de tiare à cornes, semble venir l’honorer…
Voir aussi l’article Sous la dynastie d’Akkad, les graveurs d’Agadé nous content les histoires des divinités

Le Soleil prisonnier ou caché
Le Dieu Soleil émerge de la Montagne elle-même, prisonnier ou reposant auparavant en son sein. Ou bien Shamash se trouve caché derrière elle, la franchissant tel un obstacle…
Une montagne à deux sommets dans un paysage sacré
Cette imposante montagne à deux sommets jaillit dans un paysage sacré, qui évoque les confins d’un horizon inaccessible et mythique… Le dieu solaire utilise sans doute son couteau à dents de scie pour se libérer ou combattre des ennemis…
La sortie de la montagne, comme le symbole des portes ou des piliers, évoque une libération, une renaissance, une réapparition du Soleil enfermé jusque-là dans la Terre…



D’après le dieu solaire franchissant la montagne, armé de son couteau scie, temple et étoiles, sceau ; dieu solaire émergeant de la montagne, armé de son couteau scie, détail, sceau du scribe Adda ; sceau-cylindre, dieu Solaire franchissant la montagne ; 2340 – 2200 avjc, période d’Agadé, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
Fécondation de la Terre et croissance
L’enfermement dans la Montagne peut signifier une mort symbolique ou la disparition momentanée du dieu du Soleil. Sa sortie de la Montagne évoque encore une percée dans le sol ou un acte de fécondation de la Terre…
Une action divine sans doute favorable à la croissance de la végétation ou à sa renaissance… Parmi ses facettes sacrées, le monde souterrain renvoie au terreau fertile, source d’une croissance nouvelle…

Dieu solaire, montagne et arbre
L’éveil de la Végétation
On aperçoit parfois des arbres dans les scènes mythiques d’Agadé. La présence de l’arbre auprès de la montagne peut symboliser l’éveil de la Végétation et son épanouissement au moment où émerge la divinité solaire… Le dieu Soleil franchit toujours l’obstacle en conquérant victorieux…
Si le dieu émergeant de la montagne est parfois représenté sans ses flammes, symbole de chaleur et de lumière, il émane de lui le plus souvent une force et une vigueur imposante…


D’après le dieu solaire, montagne et arbre, sceau de Lugal-ushumgal dédié à Sharkalisharri ; dieu solaire et arbre, sceau de Lugal-Ushumgal au divin Narâm Sîn ; détails, bulle de Tello, 2340 – 2200 avjc, période d’Agadé, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle) ;
Centre du Monde et Arbre mythique
Par ailleurs, dans l’univers des symboles et du Sacré, la montagne représente le point le plus haut de la Terre, donc le plus proche du monde céleste… La Montagne sacrée, c’est aussi l’Axe ou le Centre du Monde, comme aussi l’Arbre mythique…
Sur certains sceaux d’Agadé, des créatures mythiques se rattachent semble-t-il au thème de la montagne qu’elles peuvent personnifier…

Dieu solaire, montagne et taureaux mythiques
Deux taureaux androcéphales, montagne à deux sommets
Ces êtres mythiques androcéphales (à tête humaine) sont des taureaux que l’on rencontre par deux en lieu et place de la montagne à deux sommets d’où émerge le dieu solaire… Les palmes qui émanent de la tête des créatures-taureaux évoquent une poussée de la Végétation.

Des taureaux, symbole de la Terre
Bienfaisants et pacifiques, ils incarnent probablement aussi la Terre fertile… Sur certaines scènes, un arbre s’épanouit sur la montagne ou auprès d’elle, ou bien encore des palmes poussent sur les piliers qui encadrent la montagne…
Si le Dieu-Soleil émerge de la Montagne ou de derrière la Montagne, la Terre ne semble pas pour autant définir son domaine spécifique, céleste et plus vaste.
Ce sont plutôt les Taureaux à tête humaine qui semblent matérialiser la Montagne et la Terre… On les retrouve à époque néo-sumérienne, sous le règne de Gudea…


D’après une figure de taureau à tête humaine, déité coiffée d’une tiare à cornes, 2150-2100 avjc ; taureau androcéphale, vouée par Gudea, statuette, vers 2120 avjc, antique Girsu, Tello ; époque néo-sumérienne, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
Taureaux mythiques et aigle à tête de lion
Ces Taureaux mythiques existent déjà dans la tradition sumérienne avant l’époque d’Agadé, où ils apparaissent pacifiques et plutôt passifs… Ils sont parfois les victimes de combats, impuissants face à un Aigle à tête de lion (léontocéphale).
Ce puissant volatile rappelle Imdugud (Im-dugud), personnification de la Nuée de l’Orage, attribut et assistant de Ningirsu, grand dieu guerrier de l’Orage de Lagash. À l’époque Assyrienne, on retrouve la puissante divinité solaire associée au disque du Soleil et à la figure de l’Aigle…

Aigle Imdugud : voir aussi l’article La puissance orageuse de Ningirsu, dieu sumérien de Lagash
Le Taureau d’Ishtar
Dans l’épopée de Gilgamesh, le roi légendaire et son ami Enkidu affrontent et tuent le Taureau Céleste envoyé par Ishtar, furieuse que le héros refuse de l’épouser…
Ainsi, certaines scènes, qui montrent le combat entre un héros et un taureau sont interprétées par certains comme une illustration de cet épisode. Mais sans aucune certitude…
Si le Taureau d’Ishtar représente un danger, les Taureaux-Montagnes d’Agadé apparaissent plutôt comme la manifestation d’une puissance bénéfique féconde et reliée à la Terre…

L’Épopée de Gilgamesh : voir aussi l’article L’Orient ancien. Une mosaïque culturelle et artistique, littéraire et mythologique
Combats héroïques et duels divins
Dans l’iconographie akkadienne, les taureaux androcéphales sont vaincus par des héros mythiques et guerriers. Le Taureau androcéphale semble perdre son indépendance et jouer le rôle d’animal – attribut du dieu Shamash peu avant l’époque babylonienne…
Les combats des héros mythiques et les duels ou s’affrontent des divinités évoquent probablement les forces à l’œuvre dans la Nature et dans le monde céleste et cosmique…

Un dieu solaire victorieux de ses ennemis
Shamash, un dieu solaire guerrier
Sur les sceaux des graveurs d’Akkad, le dieu-flammes se manifeste souvent comme un dieu-guerrier qui peut se montrer dévastateur…
Le Dieu solaire apparaît triomphant, parfois la jambe fléchie dans l’attitude d’un vainqueur qui piétine son ennemi. Au-dessus de la tiare du dieu victorieux brille parfois une étoile ou un disque solaire…
Sur des images sculptées et gravées, on retrouve la même posture de vainqueur des dieux chez les souverains mésopotamiens, parfois eux-mêmes divinisés…



D’après le dieu solaire trônant devant un autel, disque solaire, orant, Nergal brûlant et jeune dieu de la Végétation, sceau, Girsu-Tello ; stèle de victoire de Naram-Sîn, roi d’Akkad, avec symboles célestes, vers 2250 avjc ; stèle de Victoire, 2300-2250 avjc, antique Girsu-Tello ; période d’Agadé, 2340 – 2150 avjc, Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
Shamash, puissance solaire et cosmique
Le brasier dévastateur du Dieu-Flammes
D’autres fois, Shamash se manifeste accompagné d’un assistant porteur de torche, identifié comme la déité Feu ou la personnification du Feu, Gibil…
Le dieu solaire au corps flamboyant, armé d’une torche comme Gibil, se tient devant un brasier dans lequel un personnage vaincu (son arme est brisée) devient la proie des flammes.
Le dieu Soleil se manifeste ici sous son aspect incendiaire, redoutable et destructeur. Ses flammes ressemblent à des rameaux desséchés…

Nergal, protecteur de la dynastie d’Akkad
Dans le royaume d’Agadé, on le nomme Nergal, Soleil Brûlant de l’Été, puissante divinité guerrière et protecteur de la monarchie d’Akkad… Mésopotamie. (Marsailly/Blogostelle)
Les scènes de combat peuvent évoquer la victoire sur un ennemi ou renvoyer à une symbolique de la puissance solaire, dont les rayons brûlants peuvent anéantir la végétation et la vie… Une inscription mentionne un certain Puzurum ou Puzrum, le Berger…
Si les dieux Nergal et Gibil passent à l’action, la déesse aux Épis, représentée de face, un anneau dans les mains, apparaît passive et impuissante face au spectacle du feu destructeur…

Shamash, dieu flamboyant
Les graveurs d’Agadé représentent aussi Shamash avec des ondulations qui émergent de son corps, aux extrémités desquelles apparaissent des étoiles… Ces astres symbolisent la dimension solaire et cosmique du dieu flamboyant…
Mais la divinité solaire doit se libérer de la montagne pour devenir efficient… Sur plusieurs sceaux-cylindres, le dieu apparaît très enfoncé dans la Montagne. Il tient son arme à la main, mais il ne paraît pas posséder encore la force de la brandir. Sur des piliers-portes poussent des palmes…

Divinité oiseau ou créature mythique
Sur l’une de ces images, deux gardiens, sans la tiare à cornes des divinités, encadrent un personnage – oiseau, soit pour l’aider soit pour le surveiller, dans l’attente peut-être de la manifestation du dieu-Soleil ou annonçant sa disparition momentanée…
Un drôle d’Oiseau…
Face à la porte, l’un des personnages se tourne vers le dieu dans l’attitude d’un orant (un prêtre ? un roi ?). Ses mains sont jointes en signe de prière, de supplication, d’invocation ou d’hommage. L’autre personnage, vêtu lui aussi d’un pagne, regarde dans la direction opposée, comme le personnage – oiseau.
On rencontre parfois ce personnage – oiseau mythique traité semble-t-il en prisonnier, comme sur le sceau d’Ea trônant…

Un personnage – oiseau volant auprès des déités de l’Orage
Parfois le personnage – oiseau qui symbolise peut-être une manifestation atmosphérique comme le souffle, le vent ou la tempête, prend son envol. Il vole auprès des Dieux-Foudre, divinités de l’Orage dont l’étoile indique là encore le caractère céleste…
Le rôle de cet Homme-Oiseau dans le panthéon mésopotamien semble changer selon les moments ou les situations, peut-être en fonction du rythme des saisons, du cycle solaire et de la Lumière… Ou bien encore, obéit-il à la volonté des dieux…

Par ailleurs, dans la légende du roi Etana de Kish, l’aigle mythique emporte le héros vers le Ciel… : voir l’article À l’époque néo-sumérienne, les artistes et les scribes contribuent au rayonnement de Sumer
L’Eau et le Feu, sources de la Vie
Les sceaux d’Agadé présentent un dieu suprême céleste qui s’identifie avec le Soleil, qui renaît en sortant de la montagne, qui peut favoriser la croissance de la Végétation. C’est aussi un maître du Feu qui peut détruire… Le dieu des Flots Ea et le dieu-flammes solaire évoquent les deux principes de l’Eau et du Feu, sources de la Vie…

Voir aussi l’article Le Sacré en Mésopotamie : Ea, dieu de l’Abîme, des Eaux Douces et de la Sagesse
En Mésopotamie, comme dans d’autres traditions dans le monde, les principes de l’Eau et du Feu et l’importance de la Végétation, renvoient au rythme naturel et au cycle annuel. La Végétation meurt et renaît chaque année au printemps… Comme, peut-être, la divinité solaire cachée dans la montagne et qui en ressort chaque fois victorieuse… pour rétablir l’équilibre du monde vivant…

Merci Maryse pour votre réponse… Vos illustrations sont très originales, et toutes ces tablettes d’argiles suscitent évidement curiosité de ma part car cette approche archéologique est totalement fascinante. L’art a la faculté de nous rassembler et nous permet d’échanger! Merci beaucoup pour le coup coeur! Très belle journée!
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Merci à vous… Je crée complètement mes propres illustrations à partir de modèles de ma doc personnelle (voyages, musées, livres, expos…) ou à partir de reproductions libres, toutes ces oeuvres relevant du domaine public, on a tous le droit de les reproduire (selon la loi, contournée par certaines institutions culturelles malheureusement…). Ainsi mes images deviennent des créations personnelles élaborées selon mes inspirations et mon imagination, cela prend du temps… Mais je préfère cela à des mauvaises reproductions (pas toujours faciles à obtenir en plus) et surtout je me sens vraiment libre pour illustrer mes sujets et composer mes images numériques… J’apprécie votre blog et je le mentionne dans mes « coups de coeur » (si cela ne vous dérange pas) sur ma page sites et blogs experts dédiée à l’art et à la culture… :))
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Magnifique et très intéressant ! C’est un très beau voyage dans le temps!
Une question si vous me le permettez Maryse :
Les photographies de toutes ces œuvres comme Le relief du Vase Jaillissant d’Irak, vous les avez prises au cours de vos voyages ou dans des musées?
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