Le forum au cœur des cités
En Gaule romaine, remparts et édifices prestigieux magnifient les villes dont le cœur bat au rythme du forum. Théâtres, odéons, temples, portiques, arcs de triomphe…, chaque cité affiche sa prospérité grâce à la construction de monuments. Sous l’égide des romains, les villes et les campagnes gauloises connaissent un phénomène de transformation sans précédent. Les cités mettent à l’honneur leur déesse protectrice, Tutela…
Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– Dernière mise à jour décembre 2023 –

REPÈRES CHRONOLOGIQUES. Gaule Romaine : Ier siècle avjc – IVe siècle. – 52 avjc : conquête de la Gaule par César. IVe siècle : fin de l’Antiquité. – Ve siècle : les grandes invasions barbares. Chronologie Rome-Gaule romaine
LE FORUM GALLO-ROMAIN
Le forum à la romaine remplace désormais la place du marché de l’ancien oppidum gaulois. Ce vaste espace public devient le cœur de la vie économique, sociale et culturelle de la cité. Ateliers et boutiques, édifices administratifs, temples dédiés au culte impérial et aux dieux s’intègrent à la vie quotidienne…

Un plan urbain octogonal
Les villes de la Gaule Romaine sont conçues selon un plan octogonal. Le quadrillage de ce schéma urbain s’appuie sur deux axes perpendiculaires bien définis, le Cardo, sur un axe Nord-Sud, et le Decumanus, sur un axe Est-Ouest. Ces deux avenues principales se croisent au niveau du forum, au centre de la ville…
On retrouve le principe du Cardo et du Decumanus dans les villes de province et dans les campagnes. Au cœur des villes, on facilite la circulation et les échanges grâce à l’aménagement de divers espaces publics. Et selon les plans des romains, des architectes construisent de nombreux monuments censés exalter la fierté des citoyens, tout en affirmant la domination de Rome.
Tout le monde se retrouve au forum…
En Gaule Romaine, les constructeurs implantent le forum au centre de chaque ville. Ce vaste espace public permet aux citoyens de régler leurs affaires administratives dans la basilique civile qui fait aussi office de tribunal. Plus tard, le plan de la basilique civile romaine servira de modèle pour l’élévation des premières églises chrétiennes du Haut Moyen Âge.

En Gaule romaine, sur les grandes places rectangulaires des forums, entourées de portiques et de boutiques, tout le monde circule, se donne rendez-vous, discute, fait son shopping… Par ailleurs, chacun peut également se rendre au temple pour honorer ses obligations de culte.
Le forum, centre politique, social et économique
Entre la fin du Ier siècle avjc et le début du IVe siècle, le forum devient le centre politique, social et économique de la ville gauloise sur le modèle romain.
Basilique civile, sénat et curie
À côté de la basilique civile, chaque ville se dote d’un centre politique où siège le sénat et la curie. La curie est un bâtiment moins imposant que la basilique. Ce lieu de réunion permet au sénat, qui représente le pouvoir exécutif local, de se réunir.
Grâce au forum, les citoyens se rencontrent, concluent des transactions commerciales, rendent hommages aux dieux et à l’empereur de Rome. Parmi les membres de l’élite gauloise, certains aspirent à s’affirmer comme des notables en adoptant un art de vivre à la romaine…

Le vaste forum de Bavay
Le site de Bavay, Bagacum dans l’Antiquité, dans le département du Nord, en France, est la capitale des Nerviens à l’époque de la Gaule romaine. Vers 70, les bâtisseurs y aménagent un vaste forum avec esplanade, boutiques, basilique et temple.
À Bagacum, l’espace public monumental du forum s’inscrit dans un rectangle de près de 100 mètres de large sur 200 mètres de long. Remanié jusqu’au IIIe siècle, le forum de Bavay se retrouve finalement entouré de murs de remparts.
La plus imposante basilique civile de l’Occident romain
La basilique antique de Bavay se déploie sur 95 mètres de long et 38 mètres de large. Elle représente la plus imposante basilique civile de l’Occident romain. Les architectes font daller la grande place publique de pierres bleues provenant de la région. L’ensemble est bordé, au Nord et au Sud, d’un portique à double galerie.

L’EXÈDRE ROMAINE
Une exèdre à Arles : un lieu ouvert pour converser
Les architectes se lancent dans la construction du forum de la ville antique d’Arles vers 30-20 avjc. Sous le règne de Tibère (empereur romain de 14 à 37 apjc), on y érige un nouveau forum orienté Nord-Sud et fermé par une exèdre. L’exèdre est un espace de discussion de plan semi-circulaire équipé de sièges ou de bancs.
Des édifices utiles à la vie municipale
Comme d’autres forums des villes gauloises, le forum de la ville antique d’Arles comprend des édifices utiles à la vie municipale : curie, basilique civile, place publique, portiques surélevés, lieux de culte. Les constructeurs y aménagent aussi des cryptoportiques.
Les cryptoportiques sont des portiques souterrains qui servent de soubassement au forum. Le forum antique d’Arles se déploie en un espace public de 3 000 mètres carrés. Remanié à plusieurs reprises jusqu’au IIIe siècle et à la fin de la période romaine, puis pillé de ses pierres, il finit par disparaître.

Des cryptoportiques pour se balader au frais ?
Les architectes construisent des forums bordés de portiques et de boutiques. Parfois, ils ajoutent un deuxième portique souterrain appelé cryptoportique. Ces espaces de circulation prennent la forme d’une galerie voûtée qui peut recevoir la lumière du jour grâce à des ouvertures.
On ne connaît pas l’utilisation exacte des cryptoportiques… Ils ont peut-être une fonction sanitaire ? Ils sont destinés à installer des magasins de stockage? Ils permettent aux promeneurs de circuler et de profiter de la fraîcheur?…
En Gaule romaine, on rencontre des cryptoportiques dans les villes antiques d’Arles, de Reims ou de Bavay, où des galeries semi-enterrées supportent les portiques du forum…

LA BASILIQUE GALLO-ROMAINE
Une basilique civile à proximité du forum
La basilique est un édifice essentiel à l’administration de la vie des citoyens. À Laudun, dans le Gard, les architectes de la ville antique édifient la basilique civile en même temps que le forum. Le plan de ce bâtiment rectangulaire est conçu pour une superficie de 430 mètres carrés.
Pour délimiter la nef centrale, on installe 16 imposants piliers de 1 mètre de côté, aujourd’hui reconstitués à l’aide de blocs monolithes. Les piliers de la basilique soutiennent les colonnes qui supportent la charpente de la toiture. À l’origine, on recouvre entièrement le toit de tuiles.
La basilique de Laudun, comme à Trèves en Gaule Belgique, accueille le marché, fait office de tribunal et de salle de réunion. Avec le forum, cette basilique finit par être démantelée au VIe siècle pour installer un quartier artisanal et commercial.


D’après les vestiges de la basilique de Laudun, centre administratif et tribunal dans l’antiquité, Ier siècle, Gard, France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
DES TEMPLES AUX ABORDS DU FORUM
Dans chaque cité de la Gaule Romaine, on construit un ou plusieurs temples destinés au culte officiel impérial et aux dieux. Comme La Maison carrée à Nîmes ou le temple de Livia et Auguste à Vienne. Ces monuments sont bâtis sur le modèle architectural romain.
Un temple dédié à Caius et Lucius César…
Au tout début du Ier siècle, les bâtisseurs érigent près du forum de Nîmes un temple dédié à Caius et Lucius César, petit-fils et fils adoptifs de l’empereur Auguste (mort en 14 apjc). Cet édifice antique porte le nom de Maison Carrée depuis le XVIe siècle. Pour concevoir ce sanctuaire impérial, les architectes s’inspirent du temple d’Apollon à Rome et de l’art grec.

…La Maison carrée de Nîmes,
La Maison Carré de Nîmes affiche des proportions qui reflètent une perfection architecturale. Le temple mesure 26 mètres de longueur, 15 mètres de largeur et 17 mètres de hauteur. Il s’intègre harmonieusement dans la cité dont les îlots d’habitations possèdent des proportions analogues.
Trente colonnes cannelées de style corinthien apportent une grande monumentalité à cette construction dédiée au culte impérial.

Par ailleurs, les chapiteaux de La Maison Carré de Nîmes sont ornés de feuilles d’acanthe et la corniche affiche une frise très ornementée sur trois côtés. La végétation luxuriante symbolise l’abondance et la prospérité, ainsi que les bienfaits apportés par la Pax Romana…
Sous l’Empire Romain, le temple antique possède à la fois une dimension sacrée et un rôle politique. Les empereurs de Rome revendiquent leur lignée divine : voir aussi l’article L’Art Romain, impérial et monumental – La mythique Rome antique
Nemausus en Gaule Narbonnaise
À la fin de l’âge de Fer, la Gaule Narbonnaise, dans le Sud de la France, est occupée par les Volques Arécomiques. Cette tribu fonde la ville de Nîmes et en fait sa capitale. La cité se nomme à l’époque Nemausus. Et Nemausus renvoie au nom du dieu de la source sacrée qui coule non loin de là…
Voir aussi l’article Culte des Sources et piété en Gaule Romaine
TUTELA, DÉESSE DES CITÉS GALLO-ROMAINES
Les cités de la Gaule mettent à l’honneur leur déesse protectrice, Tutela, importante divinité associée à la fertilité des terres et à la bonne gouvernance. Dans le panthéon gaulois de l’époque romaine, divinités gauloises et romaines se côtoient.

Coiffée d’une tour crénelée, Tutela protège la ville
Des statues de Tutela, en pierre ou en bronze, présentent la déesse coiffée d’une couronne en forme de tour crénelée, symbole de la ville qu’elle protège et de ses remparts. Souvent, la déesse tient dans la main une corne d’abondance et parfois un attribut- gouvernail. Sur une statue, les yeux en argent de Tutela brillent dans la lumière…
Tutela, symbole sacré et emblème politique
À la fois symbole sacré et emblème politique, les monumentales effigies de Tutela renvoient aux bienfaits de l’administration romaine en Gaule. Ces statues contribuent à la propagande de Rome et de la Pax Romana pour s’attribuer et proclamer l’essor prospère des cités de la Gaule romaine…


D’après Tutela en drapé romain, déesse protectrice de la ville ; et Tutela et sa coiffe-remparts, bronze ; Ier siècle avjc-IVe siècle, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Inspiration des modèles grecs
Le style de la statue colossale en marbre de la déesse protectrice de la ville antique de Vienne, en Rhône-Alpes, sculptée entre la fin du IIe siècle et le début du IIIe siècle, s’inspire des modèles grecs, comme d’ailleurs beaucoup de statues romaines antiques…
Abondance et bonne gouvernance
Cette Tutela ou Tyché tient à l’origine un gouvernail et arbore sa corne d’abondance qui symbolise les richesses de la cité. Tutela rappelle la grande déesse grecque de la Guerre et de la Sagesse, Athéna, Minerve pour les Romains. Sur la sculpture de Vienne, un casque repose à ses pieds. Sans doute un signe de paix et une évocation de la Pax Romana.

Voir aussi l’article Gaule Romaine. Les gaulois profitent de la Pax Romana et adoptent les modèles romains
Des remparts et des tours protègent les cités
Des fortifications sur le modèle romain
Le plus souvent en Gaule Romaine, les villes sont ouvertes… Seules les colonies de droit romain, comme Autun en Bourgogne, ont le droit de s’octroyer un rempart. Ces fortifications, flanqués de tours, sont surtout un privilège honorifique et le symbole de la fondation d’une ville sur le modèle romain.
Les cités pourvues de murailles possèdent souvent des tours massives. Comme pour la Tour de Magne, à Nîmes, reconstruite à partir d’une tour de rempart de l’ancien oppidum gaulois. Ce monument octogonal mesure aujourd’hui 32,5 mètres de haut.

L’empereur Auguste s’approprie La Tour de Magne
La Tour de Magne de Nîmes est remaniée et habillée à l’époque de la Gaule Romaine. On gratifie la ville antique d’une enceinte. La tour et le rempart affichent l’importance de la colonie de Nîmes, capitale des Arécomiques, sur le territoire des Volques.
L’empereur romain Auguste (mort en 14 apjc) transforme l’ancienne Tour de l’oppidum gaulois en emblème de la suprématie de Rome. Le monument prend de la hauteur : il passe de 18 mètres à 36 mètres de haut.
Grâce à un escalier intérieur, on accède à l’origine à une terrasse située au sommet de la tour de Magne. À l’époque d’Auguste, les lieux se rattachent aussi à un sanctuaire dynastique, associé à une source…

De plus en plus d’enceintes au IIIe siècle
À partir du IIIe siècle, les murailles se multiplient en Gaule et les villes arborent un caractère défensif beaucoup plus affirmé. Et comme pour la cité antique de Bourges, la superficie des villes tend à se réduire.
Par ailleurs au cours du IIIe siècle, des révoltes gauloises fragilisent la Pax Romana, annonçant le déclin futur de la puissance romaine…
L’épais rempart de la cité antique de Bourges
À Bourges au IVe siècle, les constructeurs édifient un solide rempart avec des murs bien épais. La muraille est enrichie de tours espacées les unes des autres de 40 mètres environ, mais de manière irrégulière. La largeur des tours varie de 10 mètres à 10, 50 mètres.
Les niveaux inférieurs des tours ne possèdent pas d’ouverture. On élève des voûtes sur croisée d’ogive et on aménage des planchers de bois pour séparer les étages. Pour l’étage supérieur, on élève une voûte en plein cintre et on ouvre une fenêtre de 1 mètre de large sur 2 mètres de haut. Les sommets et les défenses ont disparu…

Des blocs appareillés en pierre de taille
Pour construire les fondations du rempart antique de Bourges, les maîtres d’œuvre utilisent des gros blocs appareillés en pierre de taille. Ces blocs atteignent six à huit mètres de largeur à la base du soubassement.
On élève ensuite une muraille de trois mètres d’épaisseur. Les parements sont réalisés grâce à un assemblage de moellons cubiques et de briques, typique de l’époque de la Gaule Romaine. Mais ce rempart va subir de nombreux remaniements…
LUGDUNUM CAPITALE DES TROIS GAULES
La cité antique de Lyon, Lugdunum, se situe sur la colline de Fourvière, au confluent du Rhône et de la Saône. La vue emporte notre regard jusqu’aux Alpes… À l’époque romaine, la ville fondée en 43 avjc, est la capitale des Trois Gaules : la Lyonnaise, l’Aquitaine et la Gaule Belgique…

Un forum et un quartier résidentiel
Au IIIe siècle, le cœur de Lugdunum englobe le forum, le théâtre, l’odéon et le sanctuaire de Cybèle. Au Nord, se trouve le sanctuaire fédéral des Trois Gaules. Le temple dédié au culte impérial abrite un autel encadré par deux colonnes surmontées de Victoires.
À l’Ouest du forum, de luxueuses résidences sont installées sur l’île des Canabae, dont la partie Nord regroupe des ateliers de poteries, des bâtiments commerciaux et des entrepôts. Le nom de Lugdunum renvoie à Lug, dieu celtique et gaulois. Lugdunum signifie « forteresses de Lug », Lugu-dunum en latin.
Voir aussi l’article Lug et les dieux celtiques de l’Autre Monde

Amphithéâtre et odéon, deux prestigieux monuments
Tout proche du forum de Lyon, les bâtisseurs construisent un vaste amphithéâtre au début du Ier siècle, vers 19 apjc, sous le mandat de l’empereur romain Tibère (mort en 37 apjc). Ce lieu sera le théâtre des premières persécutions chrétiennes en Gaule. Adossé à la pente de la colline, le théâtre de Lugdunum est l’un des plus vastes de la Gaule.
Orienté à l’Est, le théâtre se déploie sur 108 mètres de diamètre et peut accueillir jusqu’à 10 000 spectateurs. Ses premiers gradins s’appuient au sol, les autres sont supportés par des systèmes de voûtes rayonnantes. La scène, l’orchestra, est magnifié par un riche pavement au décor géométrique.


D’après une maquette, temple et portiques, Lugdunum ; et un extrait de la stèle de l’amphithéâtre des Trois Gaules ; Lugdunum, Lyon, Ier siècle, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle)
Un somptueux pavement coloré
Pour créer ce somptueux pavement, les artistes jouent sur la couleur de la pierre… et on ne lésine pas sur les dépenses. On utilise des matériaux parmi les plus onéreux de l’époque romaine : du porphyre vert de Grèce, du porphyre rouge et du granit d’Égypte, du marbre jaune d’Afrique, et du marbre violet et rouge en provenance d’Asie Mineure…
DES MONUMENTS D’ARCHITECTURE SUR LE MODÈLE ROMAIN
En quelques décennies, de nombreux et somptueux monuments sont érigés à l’intérieur des villes gallo-romaines. Symboles de la prospérité des cités, ces ouvrages d’architecture sont érigés grâce à la générosité de riches particuliers, de notables ou d’empereurs romains…

Techniques de construction romaines
Les érudits parlent d’un phénomène d’évergétisme, un terme associé à la fois à une forte romanisation et à la mise en valeur de traditions locales. Certains monuments sont élevés selon le modèle romain, d’autres édifices expriment des caractères particuliers propres à la Gaule et à ses différentes régions…
Appareillages en pierre de taille
Par contre, les techniques de construction sont romaines. Les artisans bâtissent avec des grands et des petits appareillages en pierre de taille. Le choix des matériaux, les techniques et les styles de décors sont empruntés à l’art romain ou bien ils sont fortement influencés par l’art romain.

PARIS : LES ANTIQUES ARÈNES DE LUTÈCE
Les spectacles du théâtre-amphithéâtre de Lutèce
Les architectes construisent l’amphithéâtre de Lutèce, aujourd’hui rue de Navarre, à Paris, vers la fin du Ier siècle. Le monument s’appuie sur la colline Sainte-Geneviève et se déploie alors sur un hectare (soit cent ares ou dix mille mètres carrés).
Mais seulement un tiers des vestiges de l’amphithéâtre de Lutèce subsistent.. Au XIXe siècle, Victor Hugo bataille pour préserver et restaurer ce patrimoine antique.
Un mur de scène de 40 mètres de long
Sur certains gradins, des blocs gravés portent un nom ou une date, peut-être pour réserver des places attitrées à des spectateurs « VIP »… À la fois théâtre et amphithéâtre, ce grandiose monument possède à l’origine un mur de scène de théâtre de 40 mètres de long, décoré, et pourvu d’une bonne acoustique.

Gladiateurs, fauves, acrobates, danse…
S’y ajoute un cirque destiné aux arènes… Des espaces réduits sont aménagés sous les premiers gradins de l’arène de Lutèce, sans doute pour servir de cages pour les animaux. Plus de 15 000 personnes viennent assister à différents spectacles…
On peut assister alors à des combats de gladiateurs et de bêtes fauves, des spectacles de chasse avec des animaux sauvages, des numéros d’acrobates ou de mimes, sans oublier des spectacles de musique et de danse… On ramène des animaux exotiques des lointaines provinces romaines d’Orient et d’Afrique.
Rempart, mur de quai, contreforts, habitations, hypocauste…
D’autres vestiges de l’antique Lutèce ont été dégagés, enfouis sous le parvis Notre-Dame dans l’île de la Cité à Paris. Rempart, mur de quai, édifice à solides contreforts, habitations, système de chauffage par le sol appelé hypocauste…

Les Nautes de Lutèce, bateliers et marchands de l’eau
Il existe aussi à Lutèce des aménagements portuaires qui permettent l’embarquement et le débarquement des voyageurs et des denrées. Des poteries en provenance de l’Aveyron, de la région de Lyon et même d’Angleterre, démontrent que les Nautes, bateliers et marchands de l’eau parisiens, assurent un rôle important dans le transport des marchandises…
La circulation terrestre, fluviale et maritime favorise le commerce et la prospérité des cités de la Gaule. Vers la fin du IIIe siècle, l’empire romain se fragilise. Comme dans beaucoup d’autres villes gauloises, on construit alors des remparts défensifs autour Lutèce, sur l’île de la Cité…

SAINTES EN GAULE AQUITAINE
« Mediolanum Santonum », capitale de la Gaule Aquitaine
Non loin des rives de l’Atlantique et de l’estuaire de la Gironde, la ville antique de Saintes, Mediolanum Santonum, est alors la capitale de la Gaule Aquitaine.
À l’époque de la Gaule romaine, Mediolanum Santonum apparaît comme une cité florissante.. Dans l’organisation et l’administration romaine, cette cité semble presque aussi importante que la capitale des Trois Gaules, Lugdunum (Lyon).
Les gladiateurs dans les arènes de Saintes
La construction des arènes de Saintes commence sous le règne de Tibère et s’achève dans les années 40-50 apjc, sous celui de Claude. L’empereur Claude naît en Gaule, à Lugdunum (Lyon) en 10 avjc. Claude s’emploie à défendre l’accès au sénat de Rome pour les notables Gaulois romanisés. Il règne sur l’empire romain de 41 à 54 apjc.

Environ 15 000 spectateurs dans les gradins
L’amphithéâtre antique de Sainte peut accueillir 15 000 spectateurs environ, soit l’ensemble des habitants de la ville gallo-romaine. Ce grand espace théâtral se déploie sur 126 mètres de long et 102 mètres de large. Ce sont des dimensions similaires à celles des monuments voisins à Bordeaux, Périgueux ou Agen.
Du côté du vallon des arènes de Saintes, à l’Est, les architectes érigent des murs d’appui. Les maîtres d’œuvre exploitent partout ailleurs le dénivelé du terrain pour asseoir le monument, dont le style se rapproche des amphithéâtres de Pompéi ou de Fréjus. L’amphithéâtre de Saintes est l’un des plus anciens de la Gaule et l’un des mieux conservés.
La réutilisation des pierres au fil des siècles…
Mais la cité gallo-romaine de Saintes décline dès le IIe siècle… Comme d’autres monuments de la Gaule, on utilise l’amphithéâtre comme carrière de pierres au fil des siècles. Les superstructures et les gradins disparaissent, à l’exception des gradins du podium réservés aux notables, et des fondations et de l’arène.
Des arcs de triomphes entre cité et campagne
En Italie antique, des arcs de triomphe monumentaux sont construits à l’origine pour exalter la gloire des généraux de Rome. En Gaule Romaine, dans les villes qui ne possèdent pas de remparts, les arcs de triomphe marquent aussi le passage entre le monde urbain et le monde rural.

LA VOIE AGRIPPA
La « Via Agrippa » relie Saintes à Lyon…
La Via Agrippa relie Saintes à Lyon, capitale des Trois Gaules… Ce réseau transversal de circulation est aménagé sous l’égide du général romain Agrippa, à qui Auguste (Caius Octavius, 63 avjc-14 apjc) avait confié l’organisation des Gaules au Ier siècle avjc…
L’Arc de triomphe de Saintes
L’Arc de Germanicus, à Saintes, appelé aussi l’Arc de triomphe de Saintes, magnifie l’entrée principale de la ville antique de Mediolanum Santonum. Érigé à l’avant du pont de la rivière la Charente, au tout début du Ier siècle (vers 18 ou 19 apjc), il ouvre sur la Via Agrippa…
C’est un notable romanisé du nom de Caius Julius Rufus qui initie la construction de l’Arc de Germanicus. Ce monument commémore l’achèvement de la Voie Agrippa, la grande route transversale qui relie à l’époque romaine la capitale des Gaules Lugdunum (Lyon), à la capitale de la Gaule Aquitaine, Médiolanum Santonum (Saintes).

Un arc de triomphe dédicacé
Sur le fronton de l’Arc de Germanicus, les artisans gravent des inscriptions qui précisent que cet arc de triomphe est dédié à l’Empereur Tibère (42 avjc-37 apjc), à son fils Drusus et à son neveu et fils adoptif Germanicus. Dessous la dédicace, une autre inscription – que l’on retrouve sur chaque face du monument – mentionne le nom du donateur C. Julius Rufus et son ascendance.
L’Arc de Triomphe d’Orange
Situé sur la voie d’Agrippa, on dédie l’arc de triomphe d’Orange à la gloire des fondateurs de la colonie romaine d’Orange. Les artistes sculptent des reliefs qui représentent des Gaulois captifs, affichant ainsi la domination de Rome. D’autres reliefs représentent des trophées maritimes, sans doute pour évoquer la suprématie des Romains sur les mers…

Saint-Rémy-de-Provence et les fruits de la « Pax Romana »...
L ‘arc de triomphe de Saint-Rémy-de-Provence est érigé au début du Ier siècle (entre 10 et 25 apjc). Le monument, restauré au XVIIIe siècle, a perdu une grande partie de sa partie supérieure. Il mesure actuellement 8 mètres de haut. Cet arc de triomphe est orné de reliefs sur le thème de la conquête des Gaules par César.
Cet arc de triomphe célèbre le triomphe de Rome. Les sculpteurs créent là encore des motifs de fruits et de feuillages foisonnants pour symboliser la prospérité de la cité, l’abondance et les bienfaits de la Pax Romana en Gaule. On peut rapprocher la conception de ce monument de celle de l’arc de triomphe d’Orange…

Aqueducs, fontaines et châteaux d’eau
En Gaule Romaine, les populations adoptent un mode de vie à la romaine et consomment beaucoup d’eau. L’aqueduc appartient aux constructions inédites et originales de l’époque gallo-romaine. Ce système d’acheminement de l’eau permet d’alimenter les villes en eau.
Des systèmes de canalisations élaborés
Grâce à l’aqueduc romain, le château d’eau peut se remplir d’eau. Centre de distribution de l’eau, le château d’eau est relié à un système de canalisation qui permet ensuite de guider l’eau au cœur des villes.


D’après le Pont du Gard, construit au milieu du Ier siècle, Vers-Pont-du-Gard, entre Uzès et Remoulins, Gard ; et des vestiges de château d’eau, castellum divisorium, Nîmes ; France, Gaule Romaine. (Marsailly/Blogostelle). (Marsailly/Blogostelle)
L’eau des aqueducs alimente les fontaines publiques, les thermes, et même des résidences particulières. Certaines riches demeures possèdent chauffage au sol et installations thermales…
Parmi les constructions monumentales gallo-romaines, les installations thermales en ville et à la campagne contribuent à cultiver un art de vivre à la romaine. Thermes, vastes résidences aux décors luxueux, spectacles…, les plus riches des citoyens de la Gaule Romaine profitent de la Dolce Vita, à l’italienne…
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Sommaire Rome antique – Gaule Romaine
Un livre? La guerre des Gaule, les commentaires de Jules César, rédigés au Ier siècle avjc (entre 58 et 51 avjc). Une BD? Astérix le Gaulois (René Goscinny – Albert Uderzo). Une BD historique? Arelate, de Laurent Sieurac, avec Alain Genot, archéologue : Arles à l’époque de la Gaule romaine.
