Le Sacré en Égypte ancienne. Temples, chapelles et stèles votives se multiplient à Abydos, sanctuaire d’Osiris

D'après le culte d'Osiris, Abydos, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Osiris, seigneur de L’Occident

Les anciens Égyptiens élèvent à Abydos le plus grand sanctuaire dédié au dieu Osiris et à la triade Osiris-Isis-Horus. Lieu sacré depuis les premières dynasties égyptiennes, Abydos abrite le cénotaphe (tombeau fictif) d’Osiris et devient un très haut lieu de pèlerinage à partir du Moyen Empire. Rois, grands personnages et particuliers se placent sous la protection d’Osiris espérant une bienheureuse survie dans l’au-delà…

Par Maryse Marsailly (@blogostelle)
– publié le 25 janvier 2024 –

D'après la triade Osiris, Isis, Horus, pendentif d'Osorkon II, or, lapis-lazuli, XXIIe dynastie, Troisième période intermédiaire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la triade Osiris, Isis, Horus, pendentif d’Osorkon II, or, lapis-lazuli, 874-850 avjc, XXIIe dynastie, Troisième période intermédiaire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

REPÈRES CHRONOLOGIQUES. Époque Thinite vers 3400-2980 avjc. Ancien Empire 2980-2475 avjc. Moyen Empire 2160-1788 avjc. Nouvel Empire 1580-1090 avjc. Troisième période intermédiaire 1090-663 avjc. Basse Époque 663 avjc – 332 avjc (domination Perse 525 avjc – conquête Alexandre le Grand 332 avjc). Époque ptolémaïque 332-30 avjc. Époque Romaine 30 avjc- IVe siècle.

LE CULTE D’OSIRIS À ABYDOS

Le sanctuaire d’Osiris attire à Abydos de nombreux pèlerins dès le Moyen Empire, quand le culte d’Osiris supplante celui de Rê, dieu solaire des pharaons de l’Ancien Empire. Réservé jusqu’alors aux rois et à quelques privilégiés, le rituel funéraire se démocratise. Osiris apparaît plus proche des humains et plus accessible à tous que le lointain et suprême dieu Rê.

D’après l’offrande du roi au reliquaire de la tête d’Osiris, emblème de la cité d'Abydos, relief peint, chapelle d’Osiris, temple de Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après l’offrande du roi au reliquaire de la tête d’Osiris, emblème de la cité d’Abydos, relief peint, chapelle d’Osiris, temple de Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Le reliquaire d’Abydos

Lieu sacralisé situé au nord de la Haute-Égypte, Abydos est censée abriter la relique mythique de “la tête d’Osiris”, symbole du récit de la quête d’Isis. L’épouse d’Osiris retrouve un à un, et en différents endroits, les morceaux épars du corps de son époux tué puis dépecé par Seth. À chaque trouvaille, la déesse érige un tombeau symbolique d’une relique d’Osiris.

Au fil du temps à Abydos, haut lieu du culte d’Osiris, une dizaine de temples sont construits et divers pharaons y laissent leur empreinte. Abydos accueille par ailleurs une nécropole des souverains de l’époque Thinite (vers 3400 – 2980 avjc), premières dynasties de l’Égypte ancienne. 

D’après le reliquaire d’Osiris porté en procession, ostracon, calcaire peint, Abydos, 1295 – 1069 avjc, XIXe -XXe dynastie, Nouvel Empire ; et base de reliquaire d’Osiris ornée d’un lion, diorite, Abydos, 664 – 525 avjc, XXVIe dynastie, Basse Époque ; Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Le reliquaire d’Osiris est l’emblème de la cité d’Abydos et de son nome (province). Sur un relief peint de la chapelle d’Osiris dans le temple de Sethi Ier, le roi fait des offrandes aux emblèmes des divinités et au reliquaire d’Abydos. Les symboles des dieux Oupouaout (canidé), Anubis (chacal), Amon (oie), Horus (faucon) et Seth en protecteur de la barque solaire campent sur des hampes.

D’après l’offrande du roi au reliquaire de la tête d’Osiris, emblème de la cité d'Abydos, relief peint, chapelle d’Osiris, temple de Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après l’offrande du roi au reliquaire de la tête d’Osiris, emblème de la cité d’Abydos, relief peint, chapelle d’Osiris, temple de Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Le reliquaire d’Osiris est par ailleurs l’objet de processions. On célèbre à Abydos des fêtes en l’honneur d’Osiris, composées de diverses cérémonies réactualisant les épisodes du mythe d’Osiris : l’assassinat et le démembrement du dieu par son frère Seth, la quête de son épouse Isis, la naissance de leur fils Horus et la résurrection d’Osiris. Le mythe d’Osiris inspire aussi des Mystères réservés à des initiés…

Voir aussi les articles Le mythe d’Osiris, de la déesse Isis et de leur fils Horus – La quête de la déesse Isis et Les dieux Osiris et Seth forment un duo mythique fondateur 

D’après les vestiges du temple de Séthi Ier, dit Temple des millions d'années, XIXe dynastie, Abydos, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après les vestiges du temple de Séthi Ier, dit Temple des millions d’années, XIXe dynastie, Abydos, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Les pharaons comme les particuliers cherchent à posséder un cénotaphe (un tombeau fictif) à Abydos. Dès l’Ancien Empire, le pèlerinage d’Abydos inspire l’iconographie funéraire : scènes d’adoration et d’offrandes, repas funéraires et survie dans l’au-delà sous l’égide d’Osiris…

De nombreux fidèles se font construire des petits cénotaphes en briques qui abritent des stèles ornées de bas-reliefs et de dédicaces pour obtenir la protection du dieu Osiris dans l’au-delà.

D'après la stèle de Dédia, triade Osiris, Isis, Horus, règne de Séthi Ier, diorite monolithe, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la stèle de Dédia, triade Osiris, Isis, Horus, règne de Séthi Ier, diorite monolithe, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Sur la stèle de Dédia, chef des dessinateurs d’Amon sous le règne de Séthi Ier, Dédia et son épouse  apportent des offrandes aux dieux d’Abydos, Osiris, Isis, Horus…

“Pour qu’ils leur accordent toutes sortes de choses bonnes et pures, du vin, du lait, le doux souffle du vent du Nord, d’être bienheureux au ciel, riches sur terre, acquittés dans le monde des morts…” Au dos de ce monument funéraire, apparaît le reliquaire d’Abydos (en haut), les déesses Isis, Maât, Nephtys, Hathor et le dieu Thot.

D’après la stèle de Dédia dédiée à la triade Osiris, Isis, Horus, règne de Séthi Ier, diorite monolithe, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Les dédicaces de la stèle de Dédia précisent encore : “ô vous tous les prêtres et scribes du temple d’Osiris qui lirez cette stèle érigée en l’honneur du Maître de l’éternité (Osiris), puissiez-vous réciter la formule d’offrande funéraire et verser de l’eau sur le sol, pour le chef des dessinateurs d’Amon, Dédia, et pour son épouse !… 

… Alors le dieu Ounnefer (Osiris “l’être parfait”), vous récompensera, vous pourrez transmettre vos charges à vos enfants après une longue vieillesse et vous bénéficierez de ce qui a été offert aux dieux Amon, Mout et Khonsou… »

D’après Osiris trônant devant des offrandes et un couple en adoration, stèle funéraire, calcaire peint, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Osiris trônant devant des offrandes et un couple en adoration, stèle funéraire, calcaire peint, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Une stèle en calcaire peint du musée du Caire montre au registre supérieur le dieu Osiris devant une table d’offrandes chargée de victuailles. Face à lui, un couple de défunts le salue dans un geste d’adoration. Au registre inférieur, le couple installé sur des sièges bénéficie d’un somptueux repas funéraire avec des serviteurs…

En haut de la stèle, trône le symbole de l’infini évoquant une longue survie bienheureuse sous la protection d’Osiris, maître de l’Éternité. Une stèle comparable à celle de l’artisan Irynefer et de sa famille (provenant de Deir el-Médineh) qui se placent sous la protection d’ Osiris accompagné d’Anubis, dieu embaumeur.

D’après Osiris et Anubis, stèle funéraire, calcaire peint, tombe de l'artisan Irynefer, 1300-1250 avjc, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Deir el-Médineh, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Osiris, maître de l’Occident, et Anubis, stèle funéraire, calcaire peint, tombe de l’artisan Irynefer, 1300-1250 avjc, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Deir el-Médineh, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La stèle de l’artisan Minhotep met en scène les divinités funéraires Osiris, Anubis à tête de chacal et Imentet, déesse de “l’Occident”. Imentet accueille les défunts dans l’au-delà, comme parfois aussi les déesses Nout, Maât, Hathor ou Neith, autres visages de la grande déesse égyptienne…

Voir aussi les articles Le Sacré en Égypte ancienne : Le culte solaire nourrit la symbolique funéraire et Isis et les multiples visages de la déesse égyptienne

D’après Osiris, Anubis, Imentet, déesse de l’Occident, stèle de l’artisan Minhotep, calcaire peint, XVIIIe dynastie, Deir el-Medina, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Abydos, haut lieu du culte d’Osiris

C’est dans le centre de l’ancienne cité Kom el-Sultan, installée en hauteur et entourée d’épaisses murailles de briques crues, que les Égyptiens élèvent un premier temple à Abydos. Ce modeste sanctuaire clos consacre alors le dieu Khenty-Imentyou (ou Khentamentiou), « Celui qui est à la tête des Occidentaux (des défunts) ». 

D’après le temple de Séthi Ier, plan, de John Baines et Jaromir Málek, Atlas of Ancient Egypt, Oxford, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le temple de Séthi Ier, plan, de John Baines et Jaromir Málek, Atlas of Ancient Egypt, Oxford, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Pour les anciens égyptiens, “l’Occident” correspond au royaume de l’au-delà. Le Soleil se couche à l’Ouest et renaît à l’Est. Le dieu solaire disparaît la nuit avant de renaître régénéré, s’identifiant à Osiris. La course du Soleil dans sa barque nourrit la symbolique funéraire égyptienne.

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D’après la barque d'Amon, relief peint, Osireion, corridor, époque de Mérenptah, XIXe dynastie Abydos, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la barque d’Amon, relief peint, Osireion, corridor, époque de Mérenptah, XIXe dynastie Abydos, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Au Moyen Empire, Abydos devient un haut lieu du culte d’Osiris. A partir de la XIIe dynastie, un second temple est érigé dans une enceinte sacrée, adossé au premier sanctuaire. Les lieux sont dédiés au dieu Osiris ressuscité devenu souverain de “l’Occident”. 

Les sanctuaires d’Abydos voués à Osiris sont ensuite remaniés et agrandis au fil du temps. Entre la première et la XXVIe dynastie, neuf ou dix temples sont dédiés à Osiris sur le site d’Abydos. 

D’après le temple de Séthi Ier, façade et reliefs peints, Temple des millions d’années, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Durant les IIe et IIIe dynastie, l’enceinte du sanctuaire d’Osiris est remaniée, puis l’ancien temple disparaît au début de la IVe dynastie. Les architectes égyptiens érigent un petit édifice qui, après avoir été détruit, est à nouveau reconstruit sous le règne du roi Khéops (IVe dynastie), sous l’Ancien Empire.  Par la suite, presque tous les pharaons de l’Ancien Empire interviennent en ce lieu, y laissant leur empreinte. 

Par ailleurs, les Égyptiens élèvent à Abydos un grand temple pour la purification des offrandes. Les archéologues y découvrent une salle abritant des sculptures en ivoire et des objets qui remonteraient à la première dynastie égyptienne (vers 3400 – 3200 avjc) et autres artefacts.  

D’après la statuette de Khéops, ivoire, 2930-2750 avjc, IVe dynastie, Ancien Empire, Abydos, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après la statuette de Khéops, ivoire, 2930-2750 avjc, IVe dynastie, Ancien Empire, Abydos, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Tels un vase orné de hiéroglyphes et d’incrustations d’émail et une statuette en ivoire du roi Khéops avec sa titulature, seul portrait connu à ce jour de ce souverain de la IVe dynastie (2930-2750 avjc).  

Voir aussi l’article L’Art de l’Égypte ancienne, le temps des tombeaux pharaoniques

Sous la VIe dynastie (2625-2475), le pharaon Pépi Ier fait élever une chapelle funéraire dans le temple d’Osiris, dont des vestiges perdurent encore. Pépi Ier lance une nouvelle reconstruction du temple, ajoutant une entrée monumentale en pierre devant l’espace sacré, ainsi qu’une seconde entrée avec colonnade entre les portes. 

D’après le temple de Séthi Ier, colonnes et reliefs peints, XIXe dynastie, Abydos, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)  

Le culte d’Osiris prend de l’ampleur au Moyen Empire

Au Moyen Empire (vers 2160-1788 avjc), le roi Montouhotep Ier de la XIe dynastie (2134-1991), fait ajouter un reliquaire au temple existant, des colonnes et des autels. Puis Montouhotep II renouvelle entièrement le temple, une fois encore. Le sanctuaire s’enrichit d’une chaussée en pierre et de chambres. 

Une tête colossale de Sésostris III, dont les traits sont empreints de gravité, place ce pharaon de la XIIe dynastie sous la protection d’Osiris à Abydos…

D’après Sésostris III, tête colossale coiffée de la couronne blanche de Haute Égypte, granit rouge, XIIe dynastie, temple d'Osiris, Abydos, Moyen Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après Sésostris III, tête colossale coiffée de la couronne blanche de Haute Égypte, granit rouge, XIIe dynastie, temple d’Osiris, Abydos, Moyen Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Sous la XIIe dynastie ( vers 2000- 1788 avjc), le roi Sésostris I érige des fondations en pierre sur le pavement de son prédécesseur. Un grand espace sacré plus vaste est aussi aménagé au dehors et le temple est agrandi. Le sanctuaire fait alors trois fois sa taille originelle. 

Au Moyen Empire, après les affres d’une période troublée, le culte d’Osiris prend une ampleur considérable et les rituels funéraires se démocratisent. Les stèles votives possèdent une efficience magico-religieuse qui permet aux défunts de profiter de nourriture, de boissons et de bien-être dans l’au-delà. 

D’après la stèle de Senousert, chancelier et trésorier, 1970 – 1900 avjc, et la stèle de l’intendant Senousret, calcaire peint, 1963 -1862 avj ; reliefs peints, calcaire, Abydos, XIIe dynastie, Moyen Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Grâce à leurs stèles votives, les dévots espèrent la protection du dieu Osiris, souverain de l’au-delà et Juge des morts. Ils bénéficient aussi des offrandes funéraires de victuailles… pour l’éternité.

Voir aussi l’article L’Art de l’Égypte ancienne, les images et les hiéroglyphes perpétuent l’essence de l’éternel

Haut lieu de pèlerinage, Abydos accueille de nombreux fidèles. Des chapelles et des stèles familiales sont érigées dans l’aire des processions et à proximité du temple d’Osiris. 

D’après la stèle de Sakherty, directeur du trésor au service du roi Sésostris Ier, le défunt, son épouse et ses parents, 2000-1900 avjc, relief peint, calcaire, Abydos, XIIe dynastie, Moyen Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la stèle de Sakherty, directeur du trésor au service du roi Sésostris Ier, le défunt, son épouse et ses parents, 2000-1900 avjc, relief peint, calcaire, Abydos, XIIe dynastie, Moyen Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Chacun perpétue ainsi sa présence auprès d’Osiris grâce à des cénotaphes (tombes fictives) pour bénéficier d’une survie heureuse dans l’au-delà, profiter des offrandes et des prières de la foule des pèlerins.

Les stèles votives d’Abydos ont permis aux archéologues de reconstituer l’histoire de familles entières. Les noms, titulatures et statuts mentionnés dans les dédicaces funéraires immortalisent des lignées et des personnalités. 

La stèle de Sakherty, directeur du service intérieur du roi Sésostris Ier et chef du trésor, représente le défunt et son épouse, Ankhes, face à ses parents, Nakhti et Senetba. Les deux couples profitent d’un copieux repas sur une table garnie d’offrandes… pour l’Éternité.

D’après la stèle de Sakherty, repas funéraire, le défunt, son épouse Ankhes et les parents de Sakherty, Nakhti et Senetba, règne de Sésostris Ier, 2000-1900 avjc, relief peint, calcaire, XIIe dynastie, Moyen Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la stèle de Sakherty, repas funéraire, le défunt, son épouse Ankhes et les parents de Sakherty, Nakhti et Senetba, règne de Sésostris Ier, 2000-1900 avjc, relief peint, calcaire, Abydos, XIIe dynastie, Moyen Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La stèle votive de Sakherty porte des écrits qui précisent les vœux du défunt.  “Le chef de service Sakherti dit : vous qui vivrez sur terre et qui passerez devant cette stèle en allant ou en venant, si vous aimez la vie et détestez la mort, dites : qu’il y ait 1000 pains, 1000 pots de bière,…

… 1000 pièces de viande, 1000 volailles pour le protégé du grand dieu (Osiris), seigneur de la belle région de l’Occident (l’au-delà), le directeur du trésor qui faisait ce qu’aimaient les hommes et ce qui plaisait aux dieux, Sakherty… J’ai donné de l’eau à celui qui avait soif, des vêtements à celui qui était nu, je n’ai jamais fait de mal à personne.” (stèle de Sakherti)

D’après la stèle votive de Sakherty, détails, porteurs d’offrandes et victuailles, règne de Sésostris Ier, calcaire peint, 2000-1900 avjc, XIIe dynastie, Abydos, Moyen Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)  

Sur une autre stèle d’Abydos, un certain Aakheperou-men-sou-iam s’adresse à Osiris, à la triade d’Abydos et aux dieux… :  “à Osiris qui dans l’Amenti, dieu grand, seigneur d’Abydos, à Horus qui rend hommage à son père, à Isis-Thermouthis, aux dieux qui sont dans Abydos… 

… et à tous les dieux de Tosar, qu’ils donnent une demeure approvisionnée d’aliments et de boissons… toutes les choses bonnes et pures, des libations, du vin…  à l’être du serviteur du roi… et à son épouse la dame Mâ, justifiée”

D’après la stèle porte-étendard du roi Aakheperou-men-sou-iam, dédiée à Osiris, règne d’Amenhotep II, relief peint, calcaire, XVIIIe dynastie, Abydos, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Abydos au Nouvel Empire

Au Nouvel Empire, les activités de construction culminent à Abydos avec l’élévation des temples de Séthi Ier et de Ramsès II. Comme à Thèbes, ces “Temples de millions d’années” sont voués au culte funéraire royal : défunt, le pharaon s’identifie à Osiris, le dieu ressuscité…

D’après la déesse Isis, Osiris et le pilier Djed, relief peint, temple du roi Séthi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après la déesse Isis, Osiris et le pilier Djed, relief peint, temple du roi Séthi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Sous la XIXe dynastie (1350-1205 avjc), Séthi Ier élève à  Abydos un nouveau temple au Sud de la cité, dédié aux pharaons des précédentes dynasties. Ce temple possède des monolithes de granit rouge sculptés, des reliefs peints et abrite La Liste royale d’Abydos.

Voir aussi l’article L’Art de l’Égypte ancienne, le talent des artistes du Nil – Sous les premières dynasties Thinites, le dieu faucon confère la royauté…

D’après la liste royale d’Abydos, Séthi Ier et Ramsès II faisant des offrandes, temple de Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

La Liste royale d’Abydos énumère 76 pharaons depuis Horus Menej Ménès (parfois assimilé à Narmer), fondateur de la première dynastie Thinite. Des bas-reliefs représentent Séthi Ier (1313-1292 avjc) et Ramsès II (1292-1225 avjc ) faisant des offrandes devant la liste sacrée des anciens souverains de l’Égypte. 

Le temple de Séthi Ier, sur la rive Est du Nil, se situe à la limite du désert. Son plan en L comprend deux salles hypostyles, sept chapelles, un corridor orné d’un relief sur lequel Ramsès II et son fils capturent un taureau, une salle des ancêtres qui abrite la liste royale d’Abydos. L’ensemble abrite aussi des magasins et un palais royal.

D’après le temple de Séthi Ier, dit Temple des millions d’années, monolithes de granit rouge et Ramsès II et son fils capturant un taureau, relief en creux, corridor ; Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Le complexe funéraire de Séthi Ier englobe encore le cénotaphe de Séthi Ier identifié à Osiris. La construction de cette tombe fictive commence sous Séthi Ier avant d’être achevée soixante-dix ans plus tard par son petit-fils Mérenptah (XIXe dynastie).

Un mur construit en briques cache alors l’entrée d’un long corridor en forme de  L menant à une chambre funéraire souterraine, située à quelques centaines de mètres de l’Osireion, tombeau fictif d’Osiris.

D’après le roi Séthi Ier faisant une offrande d’encens à Osiris, relief peint ; pylônes et vestiges du cénotaphe de Séthi Ier, dit Osireion ; temple de Séthi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Les parois du corridor du cénotaphe d’Abydos sont ornées de textes funéraires du Livre des portes et du Livre de l’Amdouat. À l’origine, la tombe abrite un sarcophage sur un monticule, le tout sur une petite esplanade entourée par les eaux d’un canal.

D’après Séthi Ier faisant offrande d'encens et libation à Osiris et Horus, temple Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après Séthi Ier faisant offrande d’encens et libation à Osiris et Horus, temple Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Voir aussi l’article L’Art de l’Égypte ancienne, les artistes illustrent des univers mythiquesOsiris préside l’Au-delà et Horus règne sur les Deux Terres

Les lieux célèbrent Osiris et le roi Séthi Ier, identifiés au dieu solaire renaissant. À l’origine, l’Osireion est recouvert par de la terre pour créer une butte plantée d’arbres afin de reproduire la tombe mythique d’Osiris et son bosquet sacré. 

D’après la barque processionnelle d’Amon-Rê, dieu solaire, époque Mérenptah ; le roi devant Amon-Rê coiffé de ses deux hautes plumes ; reliefs peints, temple de Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

La butte sacrée symbolise le tertre primordial surgit des eaux du Noun (l’Océan originel) duquel s’élève le Soleil, créant ainsi le “Premier Jour”. Toutefois, diverses versions mythiques de la tradition égyptienne évoquent la création originelle…

Voir aussi les articles Le Sacré en Égypte ancienne : Un dieu solaire aux multiples facettes qui émerge du Noun et Le dieu Rê crée le Premier Jour

D’après le tombeau mythique d’Osiris, butte surmontée d’un arbre et hiéroglyphe d’Osiris, stèle en grès, temple de Karnak, XXXe dynastie, époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)  
D’après le tombeau mythique d’Osiris, butte surmontée d’un arbre et hiéroglyphe d’Osiris, stèle en grès, temple de Karnak, XXXe dynastie, époque Ptolémaïque, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)  

Par ailleurs, un sanctuaire d’Osiris se trouve sur l’île de Biggeh, face au vaste temple de la déesse Isis de Philae. L’épouse d’Osiris et mère d’Horus se fond à Philae à la puissante déesse Hathor. 

Tous les dix jours, l’effigie de la déesse Isis rejoint le sanctuaire de son époux, l’Abaton de Biggeh. Là, entouré d’un bosquet sacré, se trouve un tombeau mythique d’Osiris sous une butte surmontée d’un arbre.

Voir aussi l’article Le Sacré en Égypte ancienne : La déesse Isis, icône universelle de Philae, et Osiris à Biggeh

D’après une scène de purification du roi par les dieux Horus et Thot, relief peint, temple de Séthi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après une scène de purification du roi par les dieux Horus et Thot, relief peint, temple de Séthi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Les reliefs peints du temple du roi Séthi Ier

Le temple du roi Séthi Ier, riche de nombreux reliefs peints. Parmi les images peintes, on peut voir une scène de purification du roi par les dieux Horus et Thot.

Le dieu Thot  brandit deux déesses cobras coiffées des couronnes de la Haute-Égypte et de la Basse-Égypte, la couronne Blanche et la couronne Rouge, emblème du royaume unifié. Horus incarne le premier pharaon mythique qui règne sur les « Deux Terres » d’Égypte.

D’après le roi faisant une offrande à Horus Faucon, et Thot brandissant les emblématiques déesses de Haute et de Basse Égypte ; reliefs peints, temple de Sethi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Ailleurs, Oupouaout, dieu « ouvreur des routes », maître de la cité d’Assiout, mène les processions célébrant Osiris dans les cérémonies d’Abydos. Oupouaout et Anubis, tous deux à tête de canidé, se confondent parfois. Oupouaout guide les dieux et les rois, mais aussi les défunts. Il œuvre au service d’Osiris…

D’après le dieu Oupouaout tenant les insignes de la royauté, relief peint, temple de Sethi Ier, chapelle d’Isis, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après le dieu Oupouaout tenant les insignes de la royauté, relief peint, temple de Sethi Ier, chapelle d’Isis, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

Ce dieu à tête de chien se dédouble parfois en un Oupouaout du Nord et un Oupouaout du Sud. Comme le dieu embaumeur Anubis à tête de chacal, Oupouaout peut prendre la forme animale d’un chien (debout) ou celle d’un dieu anthropomorphe à tête de chien. Anubis, sous la forme d’un chacal, est représenté le plus souvent couché. 

Qualifié de Fils du roi décédé à l’origine, Oupouaout ouvre la voie, à Abydos, aux processions d’Osiris. Il est aussi celui qui sort pour sauver son père, s’appropriant les qualités du fils d’Osiris, Horus, et celles de la déesse Isis…

D’après Osiris recevant une offrande du prêtre Padiamun, au centre l'emblème d'Anubis, stèle votive, bois de cèdre peint, XXIe dynastie, Troisième période intermédiaire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 
D’après Osiris recevant une offrande du prêtre Padiamun, au centre l’emblème d’Anubis, stèle votive, bois de cèdre peint, XXIe dynastie, Troisième période intermédiaire, Égypte Ancienne. (Marsailly/Blogostelle) 

Le temple de Séthi Ier à Abydos est parachevé par Ramsès II, roi de la XXe dynastie (1200-1090 avjc). Ramsès II fait encore bâtir un autre sanctuaire, de moindre dimensions, magnifié par de très beaux reliefs colorés.  

A la Basse Époque (663-332 avjc), les fidèles du culte d’Osiris se font ériger des tombes privées à Abydos avec petites pyramides de briques et pyramidion en pierre. Sous la XXVIe dynastie (663-525), le souverain Amasis (570-526) reconstruit à nouveau le temple d’Osiris qui se distingue par ses monolithes de granit rouge. 

D’après pharaon et le pilier Djed d'Osiris, "colonne vertébrale" du dieu et symbole de stabilité, relief peint, temple de Séthi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)
D’après pharaon et le pilier Djed d’Osiris, « colonne vertébrale » du dieu et symbole de stabilité, relief peint, temple de Séthi Ier, Abydos, XIXe dynastie, Nouvel Empire, Égypte ancienne. (Marsailly/Blogostelle)

On élève le dernier édifice sacré d’Abydos sous la XXXe dynastie des Nectanebo. À l’époque Ptolémaïque, le site est de plus en plus délaissé, même si le culte d’Osiris y perdure au cours de l’époque gréco-romaine… 

Osiris, dieu ressuscité, règne sur l’au-delà assisté d’Anubis l’embaumeur. Chacun aspire à devenir “un osiris” pour accéder au Salut et à la survie éternelle. À la porte de l’au-delà, chaque défunt doit se soumettre à la “Pesée du cœur” dans la “Salle des deux Maât”. Osiris, juge et maître de l’Éternité, préside à la “Pesée du cœur”…

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Sommaire HISTOIRE DU SACRÉ

Des écrits sacrés ? Les Textes des Pyramides, qui remontent à l’Ancien Empire (entre 2980 – 2475 avjc) ; Les Texte des Sarcophages, depuis la fin de l’Ancien Empire et au Moyen Empire (vers 2160 – 1788 avjc) ; Le Livre pour Sortir au Jour (dit Livre des Morts), au Nouvel Empire (vers 1580 – 1090 avjc)…

Un roman ? Sinouhé l’Égyptien, de Mika Waltari, les aventures de Sinouhé, médecin et espion du pharaon Aménophis IV (Akhénaton)… Un conte initiatique ? Her-Bak Pois Chiche, de Isha Schwaller de Lubicz, qui raconte l’éveil d’un jeune égyptien sous la XXe dynastie, dans la région de Thèbes (Karnak, Louxor).

Publié par Maryse Marsailly

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